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Critique de HundredDreams


J'ai choisi ce petit roman reçu lors d'une masse critique privilégiée pour son résumé qui a attiré mon attention et pour sa superbe couverture qui résume à elle toute seule l'ambiance de l'histoire.

L'histoire est très simple, elle nous raconte l'histoire d'un homme accusé de meurtre, sans aucune preuve, sur la seule base de ses origines ethniques.
Le roman aborde les thèmes du racisme, de l'amitié, des préjugés, de la justice, des dilemmes moraux et soulève de nombreuses questions sur les valeurs et leurs implications morales.

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Aidée de sa gouvernante noire, Blanche Lowery, mère célibataire de cinq enfants, Ora Lee Beckworth, sans enfant et veuve depuis un peu moins d'un an, mène une vie très confortable et agréable.
Lorsqu'Ora Lee engage, durant l'été 1976, Eldred Mims, un sans-abri afro-américain surnommé "Mr. Pecan" pour entretenir son jardin, la suspicion et le racisme prennent de l'ampleur jusqu'à ce que le fils du chef de la police, Skipper Kornegay, soit retrouvé assassiné près du camp où vit le vieil homme.
Eldred Mims est arrêté et accusé du meurtre.

Ora Lee connaît le meurtrier. Pourtant, elle va décider de se taire et même de mentir pour protéger ceux qu'elle aime.
« On a tous fait ce qu'on pensait être bien et maintenant il faut vivre avec. »

Aujourd'hui, vingt-cinq ans plus tard, à l'âge de 82 ans, la vieille dame souhaite alléger sa conscience avant de mourir, en révélant la vérité sur cette triste affaire.
En racontant son histoire, la narratrice brosse le portrait d'une petite ville de Floride où les tensions raciales, la discrimination ethnique, la méfiance et la suspicion font rage à la fin des années 1970.
Mais c'est surtout l'histoire d'une belle amitié avec Blanche et ses enfants, une histoire qui dépasse les préjugés liés à la couleur de la peau.

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Le personnage d'Ora Lee est plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Malgré ses défauts, sa voix est bienveillante, affectueuse, généreuse et digne de confiance.

Au fur et à mesure que l'histoire progresse, la narratrice évolue, se remet en question, posant un regard franc et honnête sur son attitude et ses décisions de l'époque. Elle acquiert une certaine lucidité, entrevoit les personnes différemment, au delà des apparences, non pas en fonction de la couleur de leur peau ou de leur position sociale.
Ainsi, en dévoilant les dessous de ce crime, Ora Lee apprend beaucoup sur elle-même. Blanche l'y a beaucoup aidée. Pourtant, malgré leur longue et solide amitié, beaucoup de choses resteront implicites entre les deux femmes, créant un tissu de secrets et de mensonges.
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Confrontée à ses erreurs passées, la narratrice a pris conscience que chaque mensonge appelait à de nouveaux mensonges afin que le premier ne soit pas découvert. Et surtout, qu'il fallait en accepter les conséquences et y faire face.

« Un mensonge en appelle une ribambelle d'autres. Non seulement on doit le répéter jour après jour, mais on est obligé de l'embellir, si bien qu'on finit soi-même par perdre de vue la vérité. J'ai menti chaque jour, chaque heure, chaque instant, le remords se révélant aussi suffocant qu'une couverture de laine en plein été. »

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Un autre thème est abordé, mais peut-être trop succinctement, c'est celui de la discrimination sexuelle et de la place des femmes dans la société américaine, cantonnées dans leur rôle de femme au foyer, de mère attentive, d'épouse dévouée et obéissante.

« J'avais eu une bonne vie et Walter m'avait gâtée d'un point de vue matériel. C'est juste que leurs questions me faisaient réfléchir au tour qu'aurait pris mon existence si je l'avais consacrée à mon propre épanouissement plutôt qu'à celui de l'homme que j'avais épousé. »

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Cassie Dandridge Selleck a écrit une histoire intéressante, douce amère, les personnages sont attachants, mais j'avoue qu'en ce qui me concerne, ce récit manque de profondeur psychologique et émotionnelle.
Le dernier secret révélé dans les dernières pages, même s'il m'a surpris, ne m'a également pas convaincue et n'apporte rien à l'intrigue.
L'auteure a pris le parti de faire témoigner uniquement Ora Lee, une femme âgée qui n'a plus tous les détails en tête. J'aurais aimé entendre d'autres voix afin de varier et multiplier les points de vue, en particulier celles de Blanche et d'Eldred Mims, mais aussi celles de Skipper Kornegay, l'adolescent assassiné ou de Dovey Kincaid, la voisine, stéréotype de la femme étroite d'esprit, raciste et médisante.

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Je referme ce petit roman avec une petite réserve et le sentiment d'être passée un peu à côté de ce roman. Bien entendu, ce n'est que mon point de vue, il n'engage que moi et je vous encourage à vous faire votre propre avis en lisant les autres commentaires et surtout en le lisant.

Je remercie infiniment toute l'équipe Babelio et les éditions Seuil qui m'ont permis de découvrir ce roman de la rentrée littéraire 2021. Merci pour votre confiance et j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop de mon honnêteté.
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