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EAN : 9782264004987
10-18 (09/09/1998)
5/5   1 notes
Résumé :
"Imaginez la biographie romanesque d'une femme de lettres anglaise, mais imaginez que cette biographie nous soit offerte au cours d'une conversation entre cinq ou six
personnes qui s'interrompent mutuellement dès qu'elles ne sont pas du même avis, et ajoutez à ceci que cette biographie cahotée sera faite dans la nuit qui suivra la mort de la femme de lettres Madala Grey.
Une extraordinaire nervosité, une inquiétude générale s'emparent progressivement d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une véritable découverte! de Clemence Dane, j'ignorais tout, jusqu'au nom. Je me suis laissée séduire par la collection 10/18 qui me déçoit rarement (jamais en fait), la couverture un peu vintage et surtout le quatrième de couverture, l'extrait d'une critique d'Edmond Jaloux.
L'histoire est simple, il ne se passe rien ou presque. Ne fuyez pas... Ne dit-on pas que c'est la signature des grands-écrivains? Ils nous passionnent avec les riens de la vie.

Je reviens au sujet. Une jeune femme apprend que la biographie de Madala Grey vient d'être publiée par Anita Serle. Elle ne la lira pas, elle sait ce qu'elle contient et elle sait que c'est faux. Comment le sait-elle? Parente pauvre d'Anita, elle était présente la nuit où le projet s'est dessiné, la nuit de la mort de Madala Grey.

Elle nous raconte, ce qu'elle a vu et surtout entendue cette nuit là. Quatre autres personnes de lettre, amis de Madala Grey étaient présentes, ainsi qu'une vieille dame, la mère d'Anita. Plus tard un artiste peintre, venu apprendre à tous la mort en couche de Madala, rejoindra la réunion.

Les amis de Madala Grey, femme écrivain de grand talent, très charismatique et positive, ne s'expliquent pas le mariage subit de cette dernière avec un médecin de campagne un peu plus âgé. Clemence Dane avec maîtrise et simplicité va nous donner les clefs de compréhension, à travers le regard de la jeune-fille.

Tous cherchent des explications, ils se livrent à des "suppositions littéraires" qui pour la jeune-fille et nous-mêmes ressemblent beaucoup à de la médisance de bas étage.

Pourtant l'évidence leur crève les yeux, elle aimait son mari et l'aimait d'autant plus que contrairement aux autres, il l'aimait elle. Elle, la personne, pas l'artiste. Il n'avait pas lu ses romans. Il lui offrait la vie qu'elle souhaitait. Elle ne vouait pas un culte à la littérature, un simple moyen de gagner sa vie pour elle.

Nous comprenons aussi très vite les motivations cachées de chacun, l'ambigüité de sa relation avec Madala. Tous l'aimaient. Mais ils la jalousaient ou enviaient les relations qu'elles entretenaient avec les autres. Elle les fascinait, ils la vampirisaient. Seules des personnes éloignées du monde des lettres, la mère d'Anita, l'artiste peintre et la jeune-fille voient clairement la simple vérité et la femme.

La scène, car ce roman ressemble à une scène de théâtre (je crois qu'il a été adapté) se déroule de nuit dans une maison où l'on n'a pas installé l'électricité. de fait, la jeune-fille entend très bien les personnes présentes, mais elle les voit mal. Tantôt dans l'obscurité, tantôt sous la lumière crue et ombrée des chandelles, elles semblent grimacer comme si elles se cachaient mal derrière un masque qui laissait brusquement apparaître une partie de leur personne avant de la recouvrir à nouveau. L'ambiance sert merveilleusement le propos.

Qu'ajouter? que Clemence Dane, a fini de me bluffer en insérant des extraits de lettre ou de romans de Madala Grey, au sein du récit faussement simple de la jeune-fille. Les deux styles diffèrent totalement, nous les distinguerions même si ces passages n'étaient pas notés en italique.

Et nous avons même droit à une happy end suggérée plus qu'affirmée mais tout à fait crédible et bien amenée entre... non je ne divulgâcherai pas la fin, même si là aussi, nous devinons très vite. Clemence Dane nous rend intelligent: un peu comme Madala Grey, elle tire le meilleur de chacun.

Je m'interroge un peu sur les relations que Clemence Dane entretenait avec la littérature (et le groupe de Virginia Woolf). le monde de lettres qu'elle nous donne à voir, à travers les quatre écrivains, est égocentrique, artificiel et vain; en opposition avec les autres personnages, intelligents et sensibles à autrui. Madala, la plus talentueuse de leur petit groupe, s'en est détournée au profit d'une vie "normale" sans regret. Pire, elle fait peu cas de son art. Elle ne semble pas seulement dévaloriser un certain milieu, elle place aussi la littérature à une place secondaire, moins essentielle qu'une vie de femme, moins importante que les luttes de son mari contre la maladie et les effets de la pauvreté. La littérature vécue comme un loisir, un gagne pain.

Et bien sûr seuls quatre romans de Clemence Dane ont été traduits en français, dont deux n'ont pas été réédités depuis 60 ou 70 ans. Il faut vraiment que je progresse en anglais.
A moins que des éditeurs intelligents...au lieu de nous concocter un menu de navets avec "Jane Austen à la sauce vampire"...?Qui sait...

Trêve de médisance, si vous aimez Virginia Woolf et Jane Austen, si Agatha Christie reste la reine du huis clos inégalée et inégalable à vos yeux, si vous estimez que Barbara Pym se déguste comme des scones servis avec un bon thé un jour pluvieux et si Elizabeth Taylor fait partie de vos auteurs favoris, alors vous allez adorer Légende.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La pièce du fond qui donnait sur l'escalier était tapissée jusqu'au plafond de livres, tous si bien rangés, et par ordre alphabétique! Anita vivait pour les livres, mais je me demandais pourquoi. Elle ne les aimait pas vraiment. Ses livres ne s'ouvraient jamais, amicalement, à de certaines pages, et ils n'avaient pas l'odeur qu'il fallait. Je passait* l'index le long des "G" et je pris les portes de l'Eden. Je commençai* au milieu, naturellement. On tombe toujours au milieu de la vie d'une personne réelle, et un livre c'est bien une personne. On a toujours le temps de découvrir le passé lorsqu'on a décidé de lier amitié. Cela n'en vaut pas toujours la peine. Mais cela en valait la peine pour les portes de l'Eden. J'aimais la voix qui racontait l'histoire. Bientôt je commençais à me sentir plus heureuse. Puis l'émotion m'envahit. Cette voix me disait des choses que je m'étais toujours dites. Elle savait ce qui m'affectait, ce que je sentais: c'était extraordinaire. Il y a une page où l'héroïne vient à Londres. Les rues l'effrayent parce qu'elles vont, vont toujours en ligne droite, pareilles à un couloir dans un rêve. Comment était-elle arrivée à connaître ce rêve? Je revins à la première page et je me mis à lire d'une façon suivie.

*je n'ai pas corrigé les coquilles du texte d'origine
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