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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
S'il y a bien une créature qui n'a pas bonne réputation dans le milieu de la fantasy, se sont bien les trolls. Laids, brutaux, stupides, maladroits... : la manière de les présenter varie peu et les cantonne au sempiternel rôle de méchants, certes un peu pénibles à abattre, mais dont on ne s'embarrasse pas bien longtemps (or on sait tous qu'il en existe pourtant de très sympathiques !). Ce n'est toutefois pas le parti pris de Marie Catherine Daniel qui met le troll à l'honneur dans ce petit roman fort plaisant paru en avril chez ActuSF. On y fait la connaissance d'Arsouille, un vieux troll qui n'attend plus grand chose de la vie, jusqu'à ce qu'il reçoive un jour une lettre de son frère jumeau qu'il n'a pas revu depuis plus de cinquante ans. Nulle brouille à l'origine de cette séparation, mais un caprice de la génétique puisque, à l'adolescence, le frère adoré s'est transformé... en ogre. Et oui, naître troll ne garantit pas de le rester ! La chose ne serait pas si tragique si l'un et l'autre n'étaient justement pas si différents. Bagarreurs, incultes et dotés d'une compréhension limitée, les trolls font office de main d'oeuvre bon marché et vivent sous le joug impitoyable des ogres qui, dotés d'une intelligence (et d'une dentition !) très supérieure, se sont naturellement placés en haut de la hiérarchie. La surprise est d'autant plus grande pour Arsouille que les ogres sont censés ne rien pouvoir éprouver, pas le moindre sentiment. Comment, alors, se fait-il que son jumeau lui écrive pour lui faire part de sa douleur d'avoir été séparé de lui toutes ces années ? Ni une, ni deux, voilà notre vieux troll en route pour résoudre ce mystère et, peut-être, renouer avec ce frère qu'il n'a cessé d'aimer en dépit de sa nature.

Le roman est court et bien rythmé, les péripéties s'enchaînant rapidement et permettant de révéler à chaque fois un aspect différent de l'univers de l'auteur. Un passage dans l'équivalent de l'éducation nationale, un voyage en train très mouvementé, un aperçu de la guerre particulièrement meurtrière menée contre le voisin... : les rebondissements ne manquent pas ! Si les aventures d'Arsouille sont intéressantes, c'est malgré tout le fonctionnement de la société telle que dépeinte ici par l'auteur qui intrigue avant tout le lecteur. On l'a dit, les trolls et les ogres appartiennent à deux races bien distinctes (quoique pas si éloignées puisqu'un représentant de l'une peut soudainement passer à l'autre), ce qui justifie la suprématie de l'une sur l'autre. Si le ton se veut volontiers léger au début du récit, cette légèreté ne suffit toutefois pas à cacher la violence omniprésente qui règne dans cette société. Ce qui choque dans un premier temps, c'est évidemment la brutalité des trolls entre eux (et en cela ils s'avèrent fidèles à leur triste réputation) puisqu'Arsouille s'attarde à plusieurs reprises sur les guerres de gangs que se livrent ses concitoyens chez qui la loi du plus fort règne en maître (notre héros trouve ainsi tout à fait normal de se faire attaquer par une bande de jeunes trolls en maraude : il n'avait cas pas avoir l'air aussi vulnérable !). Et puis, petit à petit, on se rend compte que ce comportement bestial adopté par les trolls (et qui sert à justifier leur exploitation) est avant tout la conséquence de la violence à laquelle ils sont quotidiennement confrontés de la part des ogres. Une violence qui s'exerce d'ailleurs dès le plus jeune âge, les écoles chargées d'accueillir les trolls n'étant rien d'autre que de géantes garderies où l'on essaie même pas d'éduquer les « trollinous » (j'adore ce terme) mais où on leur faire bien comprendre qu'ils ont tout intérêt à craindre les ogres.

L'auteur livre ici une très intéressante réflexion sur le déterminisme, l'éducation et l'impact de la violence. Ce qui commence comme une sympathique et légère petite aventure prend ainsi plus d'ampleur au fil du récit qui se fait de plus en plus sombre et de plus en plus profond. Cette évolution, on la constate également chez le protagoniste qui subit une grosse transformation au fur et à mesure que sa quête avance et qu'il réalise que quelque chose cloche dans le fonctionnement de la société dans laquelle il vit. Ce n'était pourtant pas gagné, Arsouille étant au début du roman un personnage assez antipathique car ayant intégré tous les codes et comportements négatifs typiquement associés aux trolls (avec notamment une manière de s'adresser et de considérer la gente féminine qui m'a, à plusieurs reprises, donné envie de l'étrangler). Et puis, peu à peu, l'auteur dégrossit son personnage qui se fait plus complexe et en vient à développer de l'empathie pour ceux qui l'entourent. Arsouille va évidemment croiser sur son chemin un certain nombre de personnages (des trolls, pour la majorité) qui se révèlent pour la plupart trop peu développés pour susciter l'affection du lecteur mais qui jouent malgré tout efficacement leur rôle d'acolytes ou de soutiens du héros. Autre aspect intéressant : s'il est évidemment facile de faire le rapprochement entre les thématiques traitées par l'auteur et notre propre société, le lien entre notre civilisation et celle-ci est bien plus étroit qu'il n'y paraît puisque le monde d'Arsouille est, d'une manière ou d'une autre, l'héritier du notre. Les humains sont en effet mentionnés à plusieurs reprises comme des êtres un peu légendaires qui auraient vécu il y a longtemps avant de disparaître (quoique...) tout en laissant quelques traces de leur passage que certains n'ont pas renoncé à tenter d'exploiter avec plus ou moins de succès (ordinateurs, véhicules, récits...).

Marie Catherine Daniel signe avec « Entre troll et ogre » un petit roman qui ne paye peut-être pas de mine au départ, mais qui se densifie au fil de la lecture pour nous offrir une véritable réflexion sur la nature humaine (ou trollesque). Porté par un personnage touchant qui entame (malgré son grand âge !) une véritable quête initiatique, le récit séduit autant par son sérieux sous-jacent que par la qualité de son univers et l'originalité de son sujet. Une sympathique découverte, à lire si vous voulez étoffer un peu votre connaissance en matière de trolls !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Ici, les humains ont quasiment disparu de la surface de la terre et celle-ci est désormais à partager entre trolls et ogres. Les premiers gentils, bêtes et patauds … les seconds brillants mais ne ressentent plus aucun sentiment. Toujours est-il que le destin de chacun n'est pas figé puisqu'on peut naître ogre et devenir troll à l'adolescence et inversement. C'est ce qui arrive à Arsouille et Arpète, jumeaux, qui n'auront d'autre choix que d'apprendre à vivre différemment.
Il est donc question de science-fiction et là vous vous dites « mais ouah quelle analyse pour un livre de chez ActuSF ! » et vous n'avez pas tort… !
Un format court qui nous entraîne rapidement dans le vif du sujet.
Une dystopie, roman d'anticipation ou post-apocalyptique, appelez ça comme vous voulez, où les membres de la société peuvent prendre des orientations radicalement différentes et où il s'avère alors qu'au sein même d'une paire de jumeaux, cela arrive.
La relation entre les deux frères est un prétexte pour en réalité observer le comportement de la société vis-à-vis des capacités, personnalités et modes de vie différents et bien entendu il est question de peur, de rejet, de racisme, de confrontation…

Un roman qui résonne évidemment avec notre société moderne et ses dérives mais dont on peut regretter qu'il survole certains aspects... la faute au format me direz-vous !
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C'est un titre qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. J'étais en confiance car sous le label bad wolf jusqu'à présent je n'ai eu que des bonnes lectures. Sauf que cette fois-ci ça n'a pas fonctionné, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire et une partie de moi se demande toujours s'il y avait vraiment une histoire où si on a juste une critique de la société. J'ai lu à peu près la moitié du récit sans avoir l'impression qu'il y ait un vrai fil conducteur narratif et sans trouver ce que j'attendais. Des trolls, des ogres, pour moi ça signifie une civilisation loin de la notre en mode de vie et de fonctionnement. Là j'avais l'impression de lire une allégorie de la vie dans une banlieue mal famée. La principale conséquence a été que j'avais beaucoup de mal à me mettre dans une ambiance de fantasy. Avec autant d'échos avec la vraie vie en banlieue, c'était facile de se dire qu'on n'est dans un contemporain avec juste un changement d'espèce (genre fable De La Fontaine). Une fois ce parallèle établi, j'ai passé ma lecture à faire les rapprochements : troll sans avenir sans soutien sans assez de temps à l'école vs ogre instruit qui domine, quelques changements en grandissant… Ce sentiment est amplifié par le style d'écriture et le vocabulaire. L'argot est très présent ce qui colle avec l'ambiance mais n'est pas ce que je préfère lire. le personnage principal a fini par me laisser indifférente et j'ai abandonné cette lecture.
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Il y a des rencontres qui ne se font pas. C'est ce qui s'est produit avec Entre troll et ogre de Marie-Catherine Daniel. Ayant déjà lu et apprécié deux autres ouvrages de l'auteure (une romance et un roman fantastique jeunesse), je me demandais ce qu'elle me réservait avec son nouveau roman de fantasy. Mais du registre fantasy, dans ce court roman, il n'y a que les trolls et les ogres, car tout se passe dans un monde moderne, où se côtoient immeubles, ordinateurs, train, camions, etc.

Je n'ai pas grand chose à reprocher à ce roman, si ce n'est de ne pas avoir su réellement éveiller mon intérêt. L'imagination de l'auteure fourmille de bonnes idées, et c'est sans doute pourquoi j'ai persévéré si longtemps dans ma lecture. La critique sociale est bien pensée et bien formulée, avec une écriture pleine de vocabulaire rigolo (je me souviendrais sans doute toute ma vie du mot trollinou, qui m'a fait rire à chaque apparition dans le texte) Quant à suivre un vieux troll perclus d'arthrose, j'ai adoré l'idée.

En revanche, même si j'étais intéressée par la quête du vieil Arsouille, du moins au début, j'ai trouvée l'intrigue principale trop diluée par des évènements annexes, évènements trop peu intéressants à mon goût. L'ennui a assez rapidement pointé le bout de son nez après la scène du train. Les personnages, globalement, ne sont pas très attachants. On ne trépigne pas d'impatience à l'idée de savoir ce qui va leur arriver (encore une fois, malgré toute la sympathie dégagée par ce vieil Arsouille... je sais, c'est un peu contradictoire).

En résumé, je dirais juste que l'histoire et le devenir des personnages n'ayant pas éveillé ma curiosité, la critique sociale du roman, même si elle était bien formulée, a fini par me paraître ennuyeuse et rébarbative. Dommage.
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Je remercie chaleureusement Jérôme et les éditions Actusf pour l'envoi de ce roman. Je prends toujours un grand plaisir à découvrir les classiques de la SFFF dans la collection Hélios. J'ai tout de suite beaucoup apprécié la couverture et l'opposition entre les armes, munitions et tasse de thé. Piquée au vif, j'ai tout de suite noté le titre pour pouvoir le découvrir.

Cette lecture n'a pas été de tout repos. J'avoue que je ne m'attendais pas à cela en lisant le résumé. le roman soulève des points très intéressants mais certains autres points ne m'ont pas plus plu que cela.

Ce que j'ai apprécié, c'est le fait de mettre en scène la créature qu'est le troll. On ne le perçoit que négativement. Je n'ai jamais lu un roman où le troll est le personnage principal. Non, le troll est une créature monstrueuse : bête, violente et sanguinaire. L'auteure décide de nous montrer autre chose et j'ai beaucoup apprécié cela.

On fait la rencontre d'Arsouille, un vieux troll qui n'attend plus grand-chose de la vie. Arsouille vit sa vie jusqu'à ce qu'il reçoive une lettre inquiétante bien que remplie d'émotions de la part d'Arpète, son frère jumeau, qu'il n'a pas vu depuis cinquante ans. Il n'y a pas forcément d'excuse à cette longue absence familiale. Là où j'aurais préféré creuser pour trouver un conflit familial, on se retrouve avec une raison plus « raciale ». Arpète est devenu un ogre, Arsouille est un troll. le monde vit sous la domination des ogres. Les trolls sont des créatures inférieures, sous fifres et esclaves des ogres qui régissent le monde.

Arsouille veut en avoir le coeur net et percer le mystère qu'est cette missive. Ainsi, il part à l'aventure pour essayer de retrouver son frère. Les différentes péripéties que va rencontrer Arsouille ne sont qu'un « tremplin » dans cette intrigue. En effet, si on peut penser qu'Arsouille et cette quête identitaire sont les principaux sujets de l'histoire mais pas du tout (enfin pour moi). L'aventure d'Arsouille va souligner et montrer comment le monde dans lequel les ogres et les trolls vivent.

Je reconnais bien volontiers que ce roman est plein de bonnes intentions mais j'ai eu du mal avec certains points. Dans un premier temps, l'homme. L'homme n'est présent que via des « souvenirs lointains » : ils ont existés mais on n'en sait pas plus. L'idée est que le monde dans lequel on évolue se déroule après l'extinction de la race humaine. On les trouve dans des livres ou encore dans des constructions comme l'ordinateur, les voitures, les immeubles… Honnêtement, je ne vois pas forcément ce que cette idée apporte de plus au roman. Dans un second temps, le point qui m'a chagrinée, c'est au sujet des personnages. Arsouille est le seul véritable personnage avec lequel on a de la matière. Les personnages secondaires sont là mais n'ont pas forcément beaucoup d'utilité : bien sûr ils sont là pour quelque chose mais cela ne va pas plus loin qu'un petit coup de main, un soutien. Ils viennent apporter un peu de matière aux deux peuples présents dans l'histoire. J'ai trouvé cela dommage.

Il faut quand même noter l'évolution incroyable d'Arsouille. Arsouille est un troll qui n'a pas forcément de quoi se vanter : misogyne, violent et ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, Arsouille apparait, au début du roman, comme une créature méprisable à laquelle on ne va pas savoir s'attacher. Rapidement, la caricature du personnage d'Arsouille se dégrossit et l'auteure en fait un personnage qui évolue vite. le lecteur se détend un peu et parvient à apprécier ce personnage, j'ai su l'apprécier et le trouver un peu plus agréable.

La manière dont est traitée l'intrigue montre que l'auteure souhaite mettre en avant la société dans laquelle évolue Arsouille, cette hiérarchie. Ce monde de guerre et de violence où la hiérarchie se discute à coup de sang et de force. C'est plutôt intéressant parce que l'on arrive à faire un parallèle avec la société actuelle. En effet, peut-être pas sur tous les points mais on parvient à créer des liens entre ce monde et le nôtre. On a ces deux peuples qui se déchirent, ces trolls premières victimes de la guerre qui secoue leur monde.

En définitive, je n'ai pas su m'immerger complètement dans cet univers sombre et violent. Arsouille est un personnage très intéressant qui évolue à travers les pages du roman de Marie-Catherine Daniel. Arsouille est le seul personnage remarquable de ce roman. La construction de la société dans laquelle évoluent les trolls et les ogres est très intelligente et complète.
Lien : https://satinesbooks.wordpre..
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