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EAN : 9782213012544
452 pages
Fayard (11/05/1983)
3.6/5   5 notes
Résumé :

Par sa situation, son système social et la continuité de sa civilisation, l'Inde constitue une sorte de musée.Son histoire n'est pas une chronologie, une série de récits de batailles, de conquêtes ou de révolutions de palais, c'est l'histoire de l'homme, de notre humanité avec ses découvertes dans le domaine des sciences, des arts, des techniques, des structures sociales, des religions, des concepts de la philoso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Histoire de l'inde , poids 600 grammes , belle couverture cartonnée rouge sur thématique mogole … ? à part cela ?
Si vous ignorez tout de l'histoire de l'Inde je ne sais pas trop si on doit conseiller cette lecture , tant elle est à manier avec précaution .

Globalement , c'est de l'histoire ancienne, antique et médiévale , pas mal de l'histoire moderne et très peu contemporaine .
C'est avant tout d'histoire politique dont il est question , avec un catalogue des dynasties , des batailles , assortie d'une étude assez minimale sur l'histoire économique et sociale .
L'étude des structures politiques et administratives est quasiment inexistantes.

Pour l'époque médiévale au sens large le livre est quand même appréciable , parce qu'il met en lumière le caractère brillant du moyen-âge indien , richesse , l'ampleur des échanges commerciaux .
Et il insiste bien sur l'ampleur impressionnante du développement urbain médiéval et sophistiqué , aussi .

Pour l'antiquité et les vagues de peuplement du sous-continent . l'auteur est embrouillé et empêtré dans un fatras très politisé . C'est un sujet très chaud en Inde et l'auteur est assez irrationnel de ce point de vue .
Il est véhémentement hostile aux invasions musulmanes , non sans bonnes raisons d'ailleurs , mais le problème c'est qu'il n'avance que très peu d'arguments pour justifier et relativiser son catastrophisme , qui est d'ailleurs exagéré dans la mesure où il est présenté comme
assez irrémédiable … Comme si l'inde n'était jamais redevenue authentique et fonctionnelle … , comme si elle n'avait pas digéré l'islam …

Enfin il est très idéologique dans son approche du colonialisme britannique , au point que le lecteur se demandera comment il est possible que l'Inde se soit tellement nourrie de l'exemple britannique pour ce qui est de ses structures politiques contemporaines .
De même le lecteur aura du mal à comprendre pourquoi cette société intrinsèquement inégalitaire avec de très fort préjugés élitistes , très ancrés et structurels , a pu devenir une incontestable démocratie , longtemps très sociale . Et il aurait raison d'ailleurs de se poser des questions ce lecteur , car sans l'osmose britannique et indienne , jamais l'Inde ne serait devenu la démocratie que nous connaissons .

Pour conclure , ce bouquin est recommandable pour l'histoire politique médiévale et moderne . Pour le reste il est surtout le reflet des troubles politico idéologiques qui traversent en profondeur la société indienne contemporaine .
Et surtout , il ne vous permettra pas de comprendre pourquoi L'inde est passée du rang de plus grande puissance monétaire ( dans un monde enclavé cependant ) aux 16 – 17 -18 e siècles , à celui de pays lourdement sous développé en 1945 ( avec un très fort potentiel , néanmoins ) , au grés d'un processus très compliqué dans lequel les élites indiennes ont jouées un grand rôle . le colonialisme n'explique pas tout , contrairement à ce que pense l'auteur …

Pour l'histoire ancienne l'auteur est aussi problématique .
Il met en avant et c'est intéressant , la thèse d'un peuplement apparenté aux dravidiens qui était rependu du Proche-Orient au sud de l'inde. A ce propos ses arguments sont faibles pour ne pas dire inexistant et c'est dommage d'ailleurs … Tel quel , c'est un peu incantatoire .
Pour ce qui est des invasions aryennes l'auteur les remet véhémentement en cause . Au point que le lecteur se demandera késako ?

L'inde c'est compliqué alors je voudrais souligner quelques données objectives pour aider comprendre ce pays monde qui est une des plus vieille civilisation du monde .

Les indo-aryens :
Ils posent un problèmes aux spécialistes . En effet , les manuels d'histoire de l'inde et le sens commun occidental vous diront que ces barbares viennent ravager les brillantes civilisations dravidiennes , dont ( peut-être ) celles de l'Indus et qu'ils se répandent ensuite le long du Gange ….
Et ils apportent avec eux le védisme et ils altèrent définitivement les religions originelles du sous-continent ( probable … ) .
Le problème , c'est que ces messieurs n'ont laissé aucune traces sérieuses de leur violentes destructions et que même les études génétiques balbutiantes plaident pour une pénétration lente , excessivement ancienne et plutôt sans douleurs , effectivement d'abord le bassin de l'Indus et ensuite la vallée du Gange et les hauts du décan . Leur apport démographique fut incontestablement important . Il y eu une prise de contrôle politique du nord l'inde mais l'hindouisme témoigne de ce qu'il est émergeant , de l'inde elle-même aussi , et cela même si le védisme des envahisseurs est assez dominant du point de vue rituel , du panthéon , mais il est loin de résumer à lui seul le fond religieux du monde hindou .
Il y eu une invasion aryenne (à écrire au pluriel très probablement) et un syncrétisme religieux très poussé aussi , mais quand ? et selon quelles modalités concrètes … ? , on préféra donner sa langue au chat plutôt que de postillonner avec Daniélou ….
Sachez que les langues dravidiennes ont influencé le sanskrit lors de son arrivée c'est net , et que ensuite , par le vecteur du védisme et de l'hindouisme , le sanskrit a influencé dans un second temps les langues dravidiennes .

L'inde et l'histoire :
L'Inde ne se préoccupe d'histoire que depuis très récemment . Pendant longtemps elle avait autre chose à faire avant de se payer ce luxe , mais l'histoire ne faisait pas partie de ses préoccupations .
Maintenant ce pays pour qui l'histoire fut toujours le cadet ses soucis , se passionne pour son histoire . Cet élan est très politisé du fait de la violence des conquêtes musulmanes dont les traces sont toujours palpables , du fait du sujet brulant des castes , du fait du colonialisme britannique et du fait de la violence de la partition de l'Inde et du Pakistan lors de l'indépendance. Sachez que l'Inde ne s'est jamais préoccupée de sérieusement préserver ces archives autres que religieuses et ses édifices autres que ses temples , et que à part des codes de lois assez antiques et bien certainement une littérature épique abondante et sophistiquée . Il y a peu de sources disponibles pour servir l'histoire de l'Inde . le climat n'aide pas d'ailleurs , il détruit tout à cause de l'humidité .
Pour les indiens il y eu longtemps le passé très vague , le présent et pas vraiment de futur … « le passé est ancien , c'est tout et il dure jusqu'à demain « …
Ceci explique que l'Inde contemporaine doive gérer des démons et gérer aussi ses effets quelquefois spectaculaires et désastreux . le fait est par exemple qu'elle ne parvient pas à percevoir que les conquêtes musulmanes appartiennent désormais à un lointain passé , et que les anglais sont partis depuis longtemps.
Mais regardez , cette dynamique alimente aussi l'essor durable et solide des partis nationalistes hindous . Ces partis reposent sur l'hindutva (indianité) . Ces mouvances politiques libérales du point de vue économique , prétendent effacer et réparer les meurtrissures des dominations musulmanes et dans une moindre mesure coloniales et chrétiennes . Mais les institutions démocratiques tiennent bon et elles freinent efficacement cet élan irrationnel , qui il faut le souligner , n'est pas totalement injustifié . Les missions chrétiennes ont longtemps acheté des âmes avec leur missions charitables et intéressées.

L'inde est confronté au niveau historique à deux processus de décolonisation , le premier avec les britanniques et le second officieux ( ambigu et tabou) , avec six siècles de dominance politique musulmane , très indianisées d'ailleurs et jamais sur la totalité de l'Inde c'est à souligner . Les vives tensions avec le Pakistan jettent d'ailleurs de l'huile sur le feux régulièrement et quelquefois spectaculairement .
La destruction en pratiquement une journée , par une foule en délire et joyeuse , de la mosquée d'Ayodhya , pour reconstruire le berceau de Ram , est d'ailleurs bien dans cet élan .
Voilà c'est donc beaucoup pour ces raisons , que Daniélou et nos sympathiques amis indiens enflammés perdent le nord .
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Voulant en savoir plus sur ce sous-continent fascinant j'avais acquis cet ouvrage : certes il m'a permis d'y voir plus clair dans l'histoire ancienne mais j'ai découvert peu à peu que les parti pris idéologiques de l'auteur biaisaient ses analyses. Il ( mais je ne l'ai découvert qu'après ) est très proche des thèses les plus rétrogrades du nationalisme hindou ( anti musulman très clair) et du conservatisme religieux ( soutien au système des castes , au « sati » , à l'élimination des filles à la naissance …) .De plus l'ouvrage est trop court pour analyser un ensemble si complexe et il y règne une certaine confusion.

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L'Histoire de l'Inde de Jean Daniélou vaut principalement parce qu'elle est un des très rares ouvrages sur l'Hisoire - et principalement L Histoire ancienne, de ce pays. Mais le livre commence à être ancien (malgré une édition revisitée au début des années 80) et sa bibliographie date, les plus récents ouvrages remontant aux années 70, et la majorité des livres listés datent d'avant la seconde guerre mondiale.
De plus, l'auteur ne cite quasiment jamais ses sources, ce qui rend ses affirmations invérifiables (et certaines sont controversées) et le livre contient moins d'une demi-douzaine de cartes, ce qui est vraiment très peu pour couvrir près de cinq mille ans d'Histoire ...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire de l'Inde nous transporte parfois des îles de l'Océanie jusqu'aux rives de l'Atlantique. Mais, par un curieux phénomène de l'esprit indien, les divers courants qui se sont rencontrés sur le territoire de l'Inde, au lieu de se détruire, de se substituer l'un à l'autre, sont, une fois arrivés sur cette terre magique, demeurés figés, immuables, côte à côte, dans une extraordinaire atmosphère d'éternité, où l'évolution semble abolie et où des événements appartenant à des civilisations séparées ailleurs par des millénaires apparaissent presque comme contemporains.
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Les danses érotiques sont indispensables pour assurer le bonheur des futurs époux, ainsi que pour les fêtes des semailles et du printemps, dont nous retrouvons un vestige dans nos carnavals et dans les gestes à caractère obscène qui servent à conjurer le mauvais sort en Italie du sud et dans tous les pays méditerranéens.
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L'arbre appelé Karam ou Karma joue un rôle très important. Le roi du Karam et la reine du Karam sont des esprits particulièrement puissants. Des branches de Karam sont essentielles à toutes les cérémonies. Mais, avant de pouvoir les obtenir, il faut trouver dans la forêt un arbre qui veuille bien accepter de donner ses branches et permettre qu'elles soient coupées.
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Nous avons probablement beaucoup à apprendre de l'Inde , de la manière dont une civilisation ,proche à l'origine de celle de l'Occident , a abordé les problèmes religieux , sociaux , raciaux , moraux,l'organisation de l'état , les relations des diverses classes sociales et professionnelles et le perpétuel conflit entre la liberté individuelle et l'intérêt général.
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Les langues munda, particulièrement riches en voyelles et demi-consonnes, utilisent des préfixes, suffixes et infixes, le singulier, le duel et le pluriel. Elles ne font pas de distinction entre le masculin et le féminin mais entre les genres « animé » et « inanimé ». Il n'y a pas d'adjectifs, mais des substantifs juxtaposés, jouant le rôle de qualificatifs. Quelques travaux ont été faits sur les langues munda, mais il ne semble pas que l'on ait cherché des survivances éventuelles de ces langues, très anciennes, dans le Proche-Orient, en Europe et en Afrique (Madagascar excepté). Dans le domaine de la musique, en revanche, il subsiste des formes qui semblent apparentées, non seulement en Malaisie, en Polynésie, en Australie, mais aussi chez les peuples montagnards de l'Asie et de l'Europe et dans le centre de l'Afrique. Il existe des similarités frappantes entre certains chants populaires avec yodel du Caucase, du Tyrol ou des Pygmées, et ceux des Gond de l'Inde.
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