Les Animaux du Bois de Quat'sous : L'exode

Ce roman est aujourd'hui une référence en matière de fantasy animalière. Dans les pays anglophones, du moins. Car il est triste de constater que la France ne lui a laissé aucune chance. Et cela, je ne me l'explique pas.
Il est vrai que l'intrigue n'est pas si originale que ça: des animaux fuyant l'inévitable destruction de leur forêt, le bois de Quat'sous, par les hommes désireux de moderniser l'endroit. Dès lors, c'est l'inquiétude qui gagne les résidents à fourrure, à plumes et à écailles. Que faire ? Où aller ?
C'est là que leur camarade Crapaud leur raconte son voyage lors duquel il découvrit un véritable paradis: le parc du Daim Blanc, réserve naturelle protégée et idyllique. Alors c'est décidé, c'est là qu'ils iront vivre désormais ! Patte dans la patte, prédateurs et proies font le serment de s'allier contre toute attente. Seulement; le voyage sera bien entendu long et truffé d'obstacles.
Et c'est une véritable ménagerie que nous découvrons. Au programme: un blaireau, un renard, une belette, un faucon crécerelle, un chat - huant, une taupe, un crapaud, des faisants, des hérissons, des lièvres, des lapins, des écureuils, des campagnols, des mulots, des lézard et une vipère.
Et vraiment, je me demande pourquoi on ne lui a pas laissé sa chance. Car tout dans ce livre a de quoi charmer le lecteur. On s'attache à chaque personnage, du courageux Renard au débonnaire Blaireau, en passant par Vipère, pas si méchante qu'elle n'en a l'air. L'écriture est sublime, et décrit à merveille la solidarité et l'entraide dont les animaux font preuve les uns aux autres, et les dangers auxquels ils sont exposés. Chasse à courre, rivière déchainée, incendie ravageur, autoroute... Rien n'épargne nos courageux animaux, et pourtant rien ne les détourne de leur destination finale.
Et même si l'homme est clairement le responsable de leur situation, l'auteur prend la peine de ne pas mettre tous les humains dans le même sac en précisant que certains s'emploient à venir en aide aux animaux, ce que ces derniers savent bien malgré tout.
Le seul défaut du livre ? Sa rareté ! En VF, il est quasiment introuvable et j'ai eu de la chance de pouvoir me le procurer, d'autant qu'il est publié en deux tomes, L'exode et L'espoir, mais je me permet de réunir les deux dans cette critique. Et après cette lecture coup de coeur, je n'ai qu'une chose à dire: il FAUT rééditer ce chef d'oeuvre, avec ses magnifiques illustrations ! Et traduire tous les autres livres de Colin Dann !