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EAN : 9782226179753
565 pages
Albin Michel (22/08/2007)
2.89/5   47 notes
Résumé :
«Deux tours américaines fracassées par le ciel. Une mystérieuse valise violette dans les mains d’un homme libre. Un tueur impitoyable prétendant être le frère du Diable diffuse en direct ses propres crimes sous les yeux du monde entier…»
Trois fictions encore plus vraies que la vérité, trois fictions qui n’en font qu’une seule, où vous descendrez vous-même les escaliers de la tour Nord du World Trade Center dans les hurlements des aciers vaporisés.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Retour à Dantec, avec ce roman si particulier, recueil de novellas. J'ai toujours été très étonné de la violence de certaines critiques même pour cette oeuvre-ci, me disant que, malgré les outrances stylistiques indéniables du bonhomme, ces histoires-là seraient plutôt plaisantes par rapport à ses pavés, surtout la première. J'avais hâte de le lire pour me faire mon propre avis, c'est chose faite, et je rejoins en partie certains lecteurs ici, tout en réaffirmant certaines frustrations que j'ai pu avoir par le passé avec mes lectures de Dantec.

Le problème avec Dantec, ce n'est pas tellement ses opinions (au contraire, c'est la dernière chose qui me dérange chez un écrivain de talent) mais c'est qu'à partir de Villa Vortex, dont je garde pourtant un souvenir incroyable, il ne sait pas tenir un pitch. Il détient un pitch incroyable, mais il le délaisse à la moitié pour des considérations mystiques, chrétiennes et deleuziennes où son personnage, qui est en permanence (mais vraiment) un double de lui, connaît des révélations de cet ordre, énoncées à coups de paradoxes antithétiques répétés encore et encore. Dantec avait été comparé à Hugo un jour sur Internet dans l'outrance stylistique, le fait qu'il écrive trop, qu'il se déverse, qu'il faille trier dans l'excellent et dans les répétitions et redites en moins bien, et sur ce point, ils se ressemblent beaucoup, bien que totalement opposés idéologiquement (sauf dans la chrétienté) et ne jouant pas du tout dans la même catégorie. L'exécution de l'idée ne vaut jamais non plus le potentiel de l'idée. Je regrette que tous ses éditeurs successifs n'aient jamais essayé ou réussi à lui faire élaguer certains passages ou certaines scories qui gâchent ses romans, car il a un style impressionnant, même si énervant à la longue et qu'on peut facilement pasticher (un peu comme le grand Hugo, là encore^^).

La première novella, Vers le Nord du Ciel, est la meilleure, la plus réussie, celle où son histoire est vraiment tenue du début à la fin, même si elle possède tout de même les défauts habituels, mais dans un degré moindre. le 11 septembre 2001, le narrateur, apparemment un extraterrestre, se réveille dans la Tour Nord du World Trade Center avec pour mission auto-attribuée d'y sauver une petite fille, avec qui il effectuera un roadtrip jusqu'au Canada pour la remettre au vaisseau-mère de son espèce. C'est honnêtement un des meilleurs textes de l'oeuvre de Dantec, avec de très belles descriptions, notamment dans les paysages américains, la forêt, le chapitre "Le monde de blanc en blanc", pleins de passages coups de poing... le fait que ce narrateur alien soit un énième double idéologique de Dantec et le côté kitsch de son univers de SF sont atténués par le twist final à la Shyamalan très appréciable. Certains passages de la vie à l'américaine du narrateur avec la petite Lucy m'ont immanquablement rappelé Lolita de Nabokov, sans le côté sexuel. On en vient même à songer à une lecture autobiographique de cette vie en Amérique, un souvenir de séjour de vacances entre Dantec et sa fille immortalisé en fiction, la part d'autofiction étant indéniable dans son oeuvre. On a plaisir à retrouver une nouvelle fois le roadtrip qui est vraiment un leitmotiv des romans de Dantec.

La deuxième nouvelle, Artefact, est la plus controversée et il y a de quoi. Beaucoup plus courte, et heureusement, un narrateur amnésique, et même vierge de toute connaissance sur lui-même, se réveille un matin dans une maison vide, en Toscane, dans un décor italien estival et maritime pour le moins inédit chez Dantec. Il trouve une machine à écrire grâce à laquelle il écrira la nuit, sans en avoir le moindre souvenir et ces séances d'écriture lui permettront de modifier/découvrir son identité, changeant peu à peu le décor également, en mode écrivain démiurge, narrateur performatif, parole en acte, etc. Il y a de très belles descriptions et le personnage évolue dans un univers vide, lynchéen, avec plusieurs ambiances successives... Ce simple pitch est gâché par les réflexions du narrateur/de Dantec sur les paradoxes et antithèses néo-hugoliennes du processus de création et autres concepts deleuziens sur lesquels il peut tourner en rond pendant des pages, le problème étant que le lecteur est saoulé et que Dantec cherche à rendre complexe quelque chose qui ne l'est pas vraiment... Comme souvent.

Enfin, la dernière, le Monde de ce Prince, est un récit narré par un personnage qui prétend être le petit frère du Diable et qui va commettre moult massacres sur la Terre. D'entrée, on reconnaît encore Dantec derrière sa voix, mais Dantec très énervé, qui va s'en prendre à ses cibles habituelles : Les progressistes, ceux qu'il considère comme les collaborateurs de l'Islam radical, les écologistes, les journalistes, les pédophiles, les serial killers, les gourous de sectes... Il est d'ailleurs très étrange et contradictoire que ce narrateur apparenté au Diable, qui cautionne les actes du Diable, s'en prenne alors aux marionnettes du Diable en condamnant leurs actes...! Dantec essaie de justifier la logique de son narrateur mais cela reste boiteux tout du long, jusqu'à une révélation finale que l'on sentait venir et qui rend tout un peu plus cohérent. le Monde de ce Prince est divisée en deux moments, outre la fin en Enfer : Les tueries individuelles, spécifiques, du narrateur dans un premier temps, avec parfois des machines de tortures dignes de Saw, puis les tueries de masse dans diverses grandes villes, où il va même faire jouer l'humanité pour qu'elle décide du sort de tout un chacun dans une sorte de téléréalité ultra-morbide révélant son individualisme et ses tendances qu'il exècre, faisant jusqu'au bout son procès, jusqu'à son auto-destruction totale. Là encore, il y a des passages extraordinaires, le début, certaines victimes, la Love Parade de Berlin, le métro parisien, certaines morts horribles... mais d'autres endroits auraient dû être complètement amputés par Dantec ou par Albin Michel, où Dantec n'en finit plus d'insister sur les paradoxes, inversions et symétries de tels ou tels dispositifs dans lesquels les victimes sont enfermées...

Chaque nouvelle incarne une facette différente de Dantec, tantôt la science-fiction, tantôt la théologie, tantôt le polar ultra-violent, même si en fait chaque genre vient déborder sur les autres et qu'aucune n'est entièrement ceci ou cela. Mais encore une fois, au risque de me répéter autant que lui, s'il avait taillé à la serpe plutôt que de réasséner 15 fois les mêmes principes que lui seul fascinent, le résultat aurait été meilleur. Avec le Monde de ce Prince, il y avait de quoi pondre Les Racines du mal 2.0, et ça n'est pas vraiment le cas, certains passages sont plutôt inspirés, d'autres vraiment inutiles, et globalement, on le trouve moins inspiré que dans ses plus grands romans. L'épiphanie du narrateur a lieu lors d'une phrase à rallonge à la David Peace, mais sous David Peace. Dantec a fait mieux... Je maintiens que Vers le Nord du Ciel, elle, reste incontournable pour tous ses lecteurs, même ceux qui ont décroché après les années 90.

En somme, j'ai bien apprécié, mais c'est encore une oeuvre de Dantec gâchée par ses tics et ses scories, et on aurait bien voulu qu'il entende raison là-dessus de son vivant...


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Edition originale : 2007

Temps de lecture :
un peu moins de 8h00 pour un lecteur moyen (300 m/m)

Un mot sur l'auteur : Maurice Georges Dantec est un auteur Canadien d'origine française né en 1959 et mort en 2016. il est connu pour ses polars mâtinés de science-fiction ainsi que pour ses prises de positions radicales (il se disait « catholique - royaliste » et était farouchement opposé à la religion musulmane et plus particulièrement ses dérives intégristes).

Synopsis : il s'agit non pas d'un roman mais de trois courts romans (ou longue nouvelles…)


Que faut-il en retenir ?
Dantec se considérait comme un auteur d'Amérique du nord. On retrouve effectivement le style « sériel et chronique » d'un Ellroy ou d'un Burroughs.

Les trois textes n'ont que peu de liens entre eux.

Des trois textes, le premier me paraît à la fois le plus accessible et le plus abouti. L'histoire touchante de cet « extra-terrestre » qui à décidé de trahir les siens pour sauver une petite fille du world trade center lors des attaques du 11 septembre, offre de beaux moments (et ce, même si la fin à rebondissement a déjà été vue/lue mille fois).

Le second texte tient un bon sujet : une machine a écrire tape durant la nuit ce que le narrateur à vécu la journée. Malheureusement le traitement « stylistique » est tellement exagérément pompeux que le thème se dilue pour finalement n'être plus qu'une bouillie confuse.

Le troisième texte est une succession quasi continue de toutes les tortures les plus violentes. Une liste à la Prévert de sévices physiques que le narrateur décrit avec force détails. Sur le fond, à nouveau, l'idée est digne d'intérêt : quels sont les limites de la tolérance face à la violence ? le pardon ? Celui de la société, celui des individus ? le narrateur choisit d'opposer la violence à la violence. Aucune tolérance pour le journaliste faisant acte de complaisance vis à vis de l'intégrisme djihadiste ; aucune tolérance pour la star de cinéma qui n'a de considération que pour elle-même… tout cela avec le soutien / l'aval du public friand de cette télé-réalité débile et ultra-violente que le narrateur diffuse sur internet. OUI MAIS, encore une fois, c'est bien difficile à lire (outre la cruauté parfois insoutenable des sévices) du fait de la « lourdeur » stylistique, usant à outrance de répétitions (de redondances serait plus adapté) d'inversions (du genre « je vis pour manger / je mange pour vivre ») et de phrases pseudo-métaphysiques…


Pour conclure :
un avis assez mitigé ma foi… en effet, il y a vraiment de belles idées et (parfois) des pensées profondes parées de belles tournures. Hélas ! Ces petits diamants sont trop souvent enfouis dans un galimatias logorrhéique vaguement ésotérique dont la lecture est éprouvante. Loin d'être le meilleur Dantec… et à ne conseiller qu'aux masochistes littéraires.
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Le nouveau roman de Dantec, un pavé de 566 pages, est en fait un recueil de trois textes distincts. le premier texte Vers le nord du ciel débute avec l'effondrement des tours du World Trade Center de New York. Un homme – mais la suite nous révèlera assez vite que ce n'est pas vraiment cela – sauve une petite fille de l'attentat gigantesque dans une entame de roman fabuleuse puisqu'ils vont dévaler les escaliers de la tour qui s'affaisse sous les gravats et plafonds qui cèdent sous le poids des étages supérieurs qui explosent, avant qu'ils ne soient tous deux poursuivis par de mystérieux hommes en noir. Un début digne de la Tour Infernale le film avec Bruce Willis, pour un texte qui peut relativement s'inscrire dans la lignée de la Sirène Rouge l'un de ses opus précédent. le second texte Artefact est quasiment illisible et pour moi je n'y vois qu'une explication, Dantec a voulu se foutre de la gueule des critiques ou de ses admirateurs bornés qui boivent comme petit lait tout ce qu'il écrit. Une mise en abîme où un amnésique se réveille dans une chambre où une machine à écrire « écrit » tous les jours ce qui lui est arrivé la veille. Est-ce lui qui tape ce texte la nuit ? L'homme et le texte ne font bientôt plus qu'un. « Je suis l'artefact. Je suis le « je » secret, le « je » qui s'efface pour faire jaillir le Verbe, le je qui disparaît pour qu'apparaisse la personne. » Pour sûr ! Enfin le dernier texte le Monde de ce Prince est une métaphore sur notre monde où la violence est partout, chaque jour plus ignoble et poussée ici à son paroxysme puisqu'un psychopathe se déclarant frère du Diable, diffuse sur Internet les films des horreurs qu'il commet et dont l'intensité va crescendo, torture de la femme complice d'un pédophile, enfermement d'un black et d'un nazi jusqu'à ce qu'ils s'étripent etc. Les actes de violence et les tortures particulièrement gratinées sont décrits avec une certaine complaisance et on est à la limite de la nausée. Par ailleurs ces crimes étant commis sur des personnes elles-mêmes coupables de perversités, pédophilie, racisme, attentats islamiques etc. on flirte souvent avec la ligne jaune du populisme d'extrême droite, une pente savonneuse difficile à maîtriser … du lard ou du cochon, on ne sait pas trop sur quel pied Maurice G. Dantec veut nous faire danser ? Entre une idéologie douteuse, des références constantes à Dieu et au Diable dans un galimatias pompeux et ses obsessions constantes aux technologies modernes, on finit le bouquin (déjà un bel exploit !) laminé, épuisé et écoeuré par ce monde où l'auteur nous plonge le nez, comme on met la truffe de son chien dans la merde qu'il a chiée sur le tapis pour qu'il ne recommence plus. Mais peut-être est-ce le but ultime de cet ouvrage ?
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Demandez à quelqu'un de votre entourage s'il connait Maurice Dantec, et vous avez toutes les chances de le voir vous sourire béatement en éludant la question d'un geste vague de la main, murmurant : le Chorégraphe ? Non, non, l'écrivain. Celui de la Sirène rouge, celui des Racines du mal. Celui là donc. Maurice G. Dantec, l'un des types les plus doués de sa génération. Un type dont le talent semblait aussi prometteur que celui de Nicolas Anelka à ses débuts (pardonnez l'abstraction comparative), le même enthousiasme, le même potentiel, la même technique à tomber par terre et qui vous fait dire que vous êtes en train d'assister à l'éclosion d'un grand parmi les grands, la seule superstition vous empêchant d'aller jusqu'au cliché de la prédisposition divine. Mais le cri d'instinct qui ressemble à : ce gars va devenir l'as des as dans son domaine s'étouffe comme une quinte à l'opéra. La réalité est plus têtue que le talent brut. Je laisse ici les grands espoirs portés à l'adresse de Nicolas Anelka pour me consacrer sur celui qui nous livre ce recueil de trois nouvelles concentrant à elles seules tous les espoirs et toutes les errances de notre animal de foire.
Car il faut le dire et le redire, le travail de Dantec mérite souvent tous les superlatifs : histoire forte, style impeccable et jouissif, des plages de puissance littéraire à vous couper le souffle. Mais son travail flirte aussi de plus en plus tôt avec le précipice et nous fait voir avec acuité le danger, le piège, l'orgueil qu'il y a d'accorder à son intelligence la tribune qu'elle ne mérite pas. Si Dantec se satisfaisait de nous raconter des histoires sans nous faire la démonstration qu'il est le seul à comprendre vraiment la nature des choses, nous gagnerions en plaisir de lecture sans gâter le vaste et complexe continuum mondial.
Qu'on soit pour ou contre, les digressions métaphysiques de notre ami sont souvent promptes à nous filer la nausée sans nous avoir au préalable conduit à l'ivresse. Il faudrait que Dantec cesse de vouloir être plus que lui-même pour se contenter de devenir, et c'est déjà pas mal, l'un de nos écrivains le plus doué et le plus enthousiasmant du siècle. Je doute qu'il n'y arrive jamais, car sa maladie n'a pas l'air de se résorber et il tombe de plus en plus vite dans ses travers pâteux et gonflés à la sémantique technico-religieuse, qui forme comme des abcès à la surface de son oeuvre. Tout est là, Vers le nord du ciel, la première nouvelle, commence par une description ahurissante de de la chute de la première tour du World Trade Center avant que l'histoire ne déraille par le truchement insupportable de l'auteur à nous démontrer qu'il est un monde à lui tout seul. La seconde est une histoire à la lourdeur d'une métaphysique de secte scandinave, quand à la troisième, le monde de ce Prince, même rythme, même force des débuts qui s'étiole dans le néant de considérations complexes et littéralement, c'est un comble, vide de sens.
Saint Maurice Dantec, trouvez l'humilité de vous contenter de nous raconter des histoires. Pardonnez-nous notre ignorance, mais pour l'amour du ciel, revenez à vos sujets. Ne nous privez pas de vos meilleurs livres sous prétexte de collusions avec la pensée, vous devriez savoir, vous, que l'essentiel de la littérature n'est pas dans ce qui est dit, mais dans ce qui est montré. Et votre force en ce domaine n'est pas à discuter. Je vous lance cet appel, prenez le comme celui d'un admirateur fidèle et ne vous en offusquez pas. Dans vos meilleurs moments, vous faites de l'ombre à tous ceux qui écrivent en France depuis plusieurs décennies, dans les pires, vous donnez l'occasion à ceux qui n'ont pas un micron de votre talent de dormir tranquille, battez-vous donc pour construire une nouvelle échelle dont vous ne seriez pas prêt d'être chassé, battez-vous pour nous faire connaitre de nouvelles nuits blanches.
On peut toujours rêver.

Lien : http://souslevolcan.over-blo..
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Critique de septembre 2007 :

Les amateurs de ce génial écrivain vont se régaler.« Artefact » se compose de trois récits formant une « Trinité » : « Vers le nord du ciel », « Artefact » et enfin « le monde de ce prince ». le premier texte a pour toile de fond le « ground zero », les attentats du 11 septembre contre les deux tours du World Trade Center. Un extra-terrestre ou un schizophrène (on ne le saura jamais vraiment) décide de sauver une petite fille prisonnière d'une des deux tours; par la suite, ils seront tous deux poursuivis par de mystérieux « hommes en noirs ». Un premier récit très agréable à lire, mêlant science fiction et émotion. le second texte, qui a donné son titre au livre, est certainement celui qui partagera le plus les lecteurs. Les critiques de l'oeuvre de Dantec souligneront l'aspect inepte de certains passages, l'absence d'intrigue, alors que d'autres y verront un texte philosophique sur le rôle de l'écrivain, le sens de l'écriture, l'origine de l'inspiration, Dieu et la réflexion sur la Révélation. Certes il ne faut pas se le cacher, ce texte est difficile à appréhender, les références sont nombreuses mais les dernières pages de ce « mini-roman » sont superbes et justifient à elles seules l'effort de lecture. Dantec y parle notamment de Grégoire de Nysse un théologien catholique du IVème siècle, abordant la difficile question de » l'habitation de la Trinité dans l'âme par la grâce « . Dieu apparaît à Moïse dans la lumière, puis dans la nuée, enfin Moïse contemple Dieu dans « la ténèbre » (écrit comme ceci dans le livre). Nous avons là la source de l'inspiration de Dantec pour l'écriture de ces trois « mini-romans ». Selon Grégoire de Nysse, l'âme doit emprunter trois grandes voies principales afin de s'élever :
– La première voie, celle de la lumière s'adresse aux nouveaux initiés (qui inspire le texte « Vers le nord du ciel » ). Elle s'oppose aux ténèbres de la Chute.
– La seconde voie est celle de la connaissance de Dieu dans le miroir de l'âme. C'est une expérience directe de la grâce, de la « présence » divine (qui inspire « Artefact » ). le fondement de cette expérience c'est précisément la troisième voie.
– La troisième voie est celle de la connaissance de Dieu dans et par « la Ténèbre » (qui inspire le texte « le monde de ce prince » ). Ce dernier texte est habité d'une violence qui n'est pas sans nous rappeller les meilleurs moments de son chef d'oeuvre « Les racines du mal ». Certainement le plus réussit des trois, le plus troublant aussi, tant son propos va à l'encontre des systèmes de pensée généralement admis par la « bien-pensance ».
Vous l'aurez compris, Maurice G Dantec dénote terriblement avec le reste de la production littéraire française : sur la forme, avec un style d'écriture exigeant mêlant théologie, philosophie, politique mais aussi bien sûr Science Fiction, des livres imposant (encore que ce dernier soit plus court qu'habituellement, avec tout de même 580p.) qui tranche avec les romans de moins de 200 p. si courant en cette rentrée littéraire. Mais Dantec dénote aussi (et surtout) sur le fond, par les idées qu'il défend, le courage de ses prises de position, son attitude si particulière dans les médias. Quoi qu'il en soit, tout cet aura sulfureux qui entoure chacune des apparitions de l'écrivain, ne doit pas faire oublier que Maurice G Dantec est l'un plus grands écrivains actuel en langue française. Ne pas lire Dantec, sous prétexte de désaccord politique serait une erreur, vous passeriez à côté de grands livres.
Alors pour conclure, si je n'ai qu'un conseil à vous donner, c'est de lire « Artefact » afin de vous forger une opinion par vous même, en faisant fi de l'image du Dantec polémiste, pour ne retenir que celle de l'écrivain de génie qu'il est, de visionnaire.
Lien : https://thedude524.com/2007/..
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivrons comme des résistants. Des maquisards. Des guérilleros. Quelques grandes villes, pour laisser des traces dans les hôtels, autant de leurres chargés de fabriquer un faux itinéraire, de fausses directions, un trajet truqué. Sinon, des motels isolés, des auberges perdues aux confins des petites villes côtières, au bord du Saint-Laurent, puis dès le printemps arrivé, le grand air, les campings, la nature, l'isolement de la vie semi-sauvage.
Nous vivrons alors sous le ciel boréal, comme personne, probablement, n'aura jamais vécu avant nous.
Elle est ma fille et je l'aime.
C'est une évidence plus solide qu'un mur de titane, plus lumineuse qu'un flash atomique, plus violente que la haine.
C'est pour elle que j'accomplis tout cela depuis deux ans et demi, c'est pour elle que je risque tout, y compris la Mission, y compris ma vie, la dernière qu'il me reste.
C'est pour elle que j'ai affronté la tour Nord. C'est pour elle que j'ai battu l'avion en feu. C'est pour elle que j'ai traversé la nuit et le brouillard.
Pour elle. Personne d'autre. Personne de ce monde, comme personne de celui d'où je viens.
Pour elle, uniquement pour elle.
Alors ce n'est pas un gouvernement humain, même le plus puissant de ce monde, qui sera en mesure de nous arrêter, elle et moi. Car c'est comme si nous n'étions déjà plus là.
La mort elle-même ne le pourra pas. Car elle est la porte par laquelle nous passons pour revivre, ailleurs, chez nous, loin de votre planète, loin de vos guerres qui ressemblent à des paix, loin de vos paix qui se révèlent pires que vos guerres.
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Introduction : je suis le Diable, j’invertis donc châtiment et récompense. Tes amis coupent des têtes, ils les séparent des corps vivants avec les moyens abjects que l’on a vus sur tant de vidéos. Je vais te filmer moi aussi. Mais je ne te couperai pas la tête, je ne séparerai aucun organe de ton corps.
Au contraire, comprends bien la ruse du Diable : je vais pratiquer exactement l’inverse.
Je vais te coudre.
1) Écraser tes phalanges une à une dans un étau pour chacun des écrits infâmes que tu as publiés.
2) Rotules trouées à la perceuse, modèle Black & Decker, pour toutes les « marches de solidarité » que tu as effectuées ou organisées avec tes amis assassins. Tes orifices ainsi percés permettront le passage des aiguilles de taille supérieure.
3) Acupuncture en guise de remède façon médecine douce, holistique, vaudou pop et tout et tout, comptabilité informatique des aiguilles plantées une à une sur toute la surface de ton corps, j’ai bien dit toute : deux mille sept cent cinquante-deux précisément, le nombre des victimes du 11 septembre dont tu t’es tant moqué. Les aiguilles serviront aussi à coudre avec attention tous les orifices par lesquels tu crois bon de t’exprimer.
4) Complément de l’expérience par carbonisation intégrale des membres inférieurs au chalumeau oxhydrique, c’est à peu près ce qui se produit lorsqu’un véhicule de combat prend feu suite à l’explosion d’un Improvised Explosive Device. Moi, l’improvisation, je suis vachement pour, je vais peut-être t’inscrire à la Ligue québécoise, je pense que tu auras tes chances.
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Ils ne comprendraient pas que, par cet acte, toutes les cités du monde étaient en flammes, que toutes les cités en flammes de l’histoire étaient venues se condenser ici, par une action humaine qui n’était que l’instrument de leurs brasiers, ils ne comprendraient pas que l’actualisation soudaine de l’événement n’était qu’un rebut de tout ce qui avait su annoncer, prédire la catastrophe, ils ne comprendraient pas qu’un seul acte de parole avait depuis longtemps laissé un cratère sur le ground zero de toute la société-monde.
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Nous avions quatre-vingt-sept étages à descendre, et il me restait moins de quatre-vingt-dix minutes pour y parvenir avant le crash de la tour. Cette équation, je la connaissais depuis un bon moment mais c’est à cet instant que je compris ce qu’elle impliquait vraiment, c’est pour cela que j’étais venu, c’est pour cela que j’avais décidé de renaître ici. Je voulais vaincre les nombres, certes, mais plus encore je voulais faire mentir la réalité, je voulais anéantir l’impossible.
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La haine est une machine. Tant que la source d’énergie l’alimente, elle tourne, nuit et jour, sans la moindre discontinuité. Et la source d’énergie, c’est elle-même. Visiblement, cela peut conduire à la cruauté la plus pure. Cela peut conduire au meurtre, bien sûr, mais il sera la conclusion d’une planification scrupuleuse, et surtout cela peut conduire à bien pire.
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