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EAN : 9782843047510
315 pages
Zulma (18/09/2015)
4.15/5   134 notes
Résumé :
Dixième roman de Dany Laferrière, Le Cri des oiseaux fous est aussi l'ultime récit de sa vaste " autobiographie américaine ". Le narrateur apprend que les tontons macoutes ont tué son ami, que lui-même est sur la liste, que cette nuit sera sa dernière nuit en Haïti, celle du départ. Tout le récit coule des yeux et des pensées, des peurs et des méditations de ce jeune homme de vingt-trois ans confronté au crime et forcé à l'exil. Ses paroles sont parfois naïves, parf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Dany Laferrière a une écriture « bavarde ». Il avoue aimer profondément les mots et en effet il se les approprie et s'en sert de manière extrêmement détaillée, avec le talent de rendre bien vivantes des ambiances et des émotions.

Dans le Cri des oiseaux fous il s'attarde longuement sur les des dérives de la dictature de la terreur en Haïti qui le contraint à quitter son pays sous menace de persécution.
Il défend et dénonce les abus du pouvoir, devenant ainsi l'ennemi de l'état.
L'exil est la seule solution !

Ce roman autobiographique qui raconte sa dernière nuit avant l'exil repasse en revue le passé et le présent d'un pays et d'une génération gangrenés par les dégâts de la vie sous la dictature.
La faim, la peur et l'urgence l'ont formé !
Dans cette nuit en accéléré qui semble durer une vie, le romancier se livre avec une grande sensibilité, reproduisant avec puissance le climat de cauchemar éveillé qu'il a vécu depuis sa plus tendre enfance.

Rien n'est cousu de fil blanc. C'est romanesque, effrayant et beau à la fois. La narration de Dany Laferrière est très créative et envoûtante.
Il oscille souvent entre la douceur des souvenirs empreints de mélancolie et la peur de cet avenir inconnu auquel il se prépare, laissant derrière lui des lambeaux de lui-même.

J'adore lorsqu'un roman me pousse à approfondir mes connaissances sur un pays, une époque, une façon de vivre et d'y aller plus loin dans l'exploration du sujet.
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Rendez-vous raté avec Dany Laferrière. Et c'est une grosse déception pour moi. En effet, j'avais acheté ce livre en 2012, à l'époque où je lisais beaucoup cet auteur, et je suis sûre que je l'aurais apprécié si je l'avais lu à ce moment-là. Eh non, j'ai manqué ce rendez-vous et n'ai pas aimé le Cri des oiseaux fous.

Ce roman avait pourtant tout pour me plaire : Dany Laferrière est journaliste, il vit en Haïti, sa vie est en danger à cause de Duvalier et de ses Tontons macoutes et il se prépare à quitter son pays en urgence pour éviter la mort. Il raconte donc ses dernières heures en Haïti, récit ponctué d'anecdotes sur des sujets aussi divers et variés que la nourriture, le café, le sexe, ses amis, sa famille, le théâtre et Antigone, son obsession pour la belle Lisa, le luxe de Pétion-ville et la misère de Port-au-Prince. C'est probablement cela qui m'a gênée : toutes ces digressions qui éloignent du sujet principal qui est l'exil imminent. Elles sont pourtant très importantes puisqu'elles nous permettent quand même de comprendre comment l'auteur en est arrivé à cette situation et de nous faire une idée sur la situation politique, économique, sociale et culturelle très instable de ce pays (Papa Doc, Baby Doc, la dictature, etc.). Mais je me suis perdue dans toutes ces anecdotes, elles m'ont profondément ennuyée, j'ai fait plusieurs pauses au cours de ma lecture et j'ai réussi à le finir mais j'ai failli l'abandonner. Je pense que les amours sont mortes entre la plume de cet auteur et moi. Et ça m'a convaincue qu'il peut y avoir des moments plus propices que d'autres pour certaines lectures.

J'y reviens mais j'aurais dû lire ce roman au moment où je l'ai acheté – période où je clamais que Dany Laferrière était un de mes auteurs préférés – ça m'aurait évité une grosse déception neuf ans plus tard. J'avais lu, entre autres, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer (qui est resté longtemps dans mes « Livres pour une île déserte »), Eroshima et L'énigme du retour que j'avais beaucoup aimés. Mais plus récemment (l'an dernier), Pays sans chapeau m'avait également déçue, ennuyée. Ça aurait déjà dû faire « tilt ». J'ai voulu retenter. Ce fut un échec. Tant pis. Mais je ne veux plus de rendez-vous ratés avec Dany Laferrière, alors je n'en prendrai plus.
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Sans aucun doute le roman le plus noir, le plus violent de Dany Laferrière, lui qui se caractérise en général par une certaine légèreté dans le ton. C'est aussi un roman plus dense, aux chapitres plus longs, plongeant dans de plus amples réflexions sur la vie et la mort réelle et non d'un point de vue philosophique, sur la politique aussi. Tout ce qui différencie ce roman, celui de la transition entre le Haïti de l'enfance et le Québec de l'âge adulte, de ses autres romans.
Une nuit dans la vie du jeune Dany Laferrière, 24 heures à peine qui changeront définitivement sa vie.
Dany a 23 ans et est journaliste à Port-au-Prince. Dans la culture, même pas dans la politique. Pourtant, son ami Gasner vient d'être assassiné par les Tontons Macouts et le jeune Dany est le prochain sur la liste. Sa mère lui trouve un passeport et un billet pour Montréal, il doit partir le lendemain. Et absolument garder le secret de ce départ pour ne pas risquer sa vie.
Ces 24 heures seront l'occasion pour le jeune Dany mais aussi le narrateur 20 ans plus tard de déambuler une dernière fois dans Port-Au-Prince, de revoir ses amis, d'observer son pays d'un regard neuf et déjà étranger, sa pauvreté, sa corruption, ses décennies de dictature, de Duvalier à Bébé Doc en passant par Papa Doc (celui qui au passage avait déjà poussé le père de Dany à s'exiler près de vingt ans plus tôt), ses prostituées, la mort à chaque coin de rue même en plein jour, les trahisons, le sexe aussi, comme symbole de vie, l'engagement politique ou non, l'amour de sa mère, et l'exil à venir.
Une nuit d'errance dans la ville teintée de magie par la présence (réelle? imaginée? de Legba, divinité qui ouvre les portes d'un monde à l'autre).
Grande lectrice de Dany Laferrière, j'ai aimé le découvrir sous un autre jour, beaucoup plus tragique et plongé dans un monde de violence si différent du Haïti de son enfance auprès de Da, sa grand-mère.
J'ai aimé que cela se passe sur moins de 24 heures, et que cette errance (en partie fantasmée sans doute et réécrite par le Dany de 20 ans plus tard sous l'aune du voyage d'Ulysse) soit le moyen pour l'auteur de tenir en cercle autour de lui tant de réflexions si précieuses sans que cela ne soit ennuyeux, au contraire.
J'ai aimé encore une fois son vrai talent de conteur-magicien, capable de nous faire traverser le temps (lui qui dit qu'il confond souvent passé et avenir), de nous perdre dans la temporalité, le réel et l'imaginaire.
Et j'ai réellement découvert cette fois-ci cette violence subie des Haïtiens que l'auteur, pour une fois, nous révèle sans détour. On peut comprendre le malaise qu'il a dû longtemps ressentir, de s'être enfui "comme un lâche" du jour au lendemain laissant ses amis pour se réfugier au Québec, cette culpabilité avec laquelle il tente ici de se réconcilier par le récit de cette nuit d'errance.
La fin du roman annonce L'Enigme du Retour, autre roman plus grave de l'auteur, mais qu'il ne publiera que 9 ans après celui-ci.

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En 1976, l'ami et collègue de Dany Laferrière, le journaliste Gasner Raymond, âgé de vingt-trois ans comme l'auteur, est assassiné en Haïti par les Tontons Macoute. Craignant d'être le prochain sur la liste, Dany Laferrière quitte de manière précipitée son île pour Montréal, n'informant personne de son départ, à l'exception de sa mère (qui est en fait l'instigatrice de son exil).
Dans le cri des oiseaux fous, il raconte cette journée et cette nuit terribles, entre le moment où il apprend la mort de son ami et celui où il prend l'avion pour Montréal ‘'qui ne l'attend pas''; cette journée et cette nuit qu'il passe à marcher dans sa ville, Port-au-Prince, secoué de colère et de chagrin, rongé par le doute, à rencontrer ses amis, ses connaissances, ses amours, à visiter les lieux qu'il aime, sans dire à personne la douloureuse décision qu'il a prise, sans pouvoir dire adieu, car c'est trop dangereux. Il croise aussi les bourreaux de son ami, ainsi que les informateurs qui grouillent partout, et à travers son récit l'on entrevoit l'atmosphère délétère et la terreur qui empoisonnaient alors Port-au-Prince, alors que les pères sont emprisonnés, exilés ou tués et que les mères tentent de protéger les fils, alors que l'on pouvait mourir d'être à la mauvaise place au mauvais moment ou parce que vous étiez le fils de quelqu'un ou parce que votre manque d'enthousiasme envers le régime avait déplu à quelqu'un… Terrifiant et bouleversant.
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Une nuit à déambuler dans les pas de Marcus rongé par le doute, la tristesse et la colère, dans les rues de Port-au-Prince, alors qu'il vient d'apprendre la mort de son ami Gasner, un jeune journaliste, un peu trop fougueux peut-être et que les dangers peuvent venir de partout dans cette ville. Dans cette dictature ubuesque, la mort est souvent le prix à payer pour vouloir que les gens soient bien informés de ce qui se passe dans leur pays.
Marcus est un rêveur dans un pays où l'on n'aime pas les rêveurs. Il refuse la fatalité, refuse de se limiter à discuter de la dictature et du pouvoir qui ne s'intéresse qu'à sa survie, ne veut pas attendre la fin du régime pour vivre. « Je m'agenouillerai devant aucun dieu. Je suis un prince sans terre ni couronne. Ma vie se passe maintenant. » Marcus est certainement sur la liste des hommes à abattre, alors il lui reste une dernière nuit avant la fuite, avant l'exil incontournable. Papa Doc avait chassé son père, Baby Doc le chasse à son tour.
Une nuit pour nous délivrer ses pensées, ses frustrations, il nous confie ses envies, ses idées, ses lubies ; nous sommes dans sa tête, dans ses émotions, dans son coeur, dans ses rêves. Au fur et à mesure que la nuit avance, ce sentiment d'injustice qui ronge Marcus nous gagne, nous happe, nous emprisonne. Les bassesses du pouvoir, l'absence de libertés, de droits, d'humanité nous sautent au visage, et une envie de révolte nous saisit.

Merci Monsieur Laferrière. Comme j'ai aimé le paragraphe sur les mots ! Votre livre est riche d'enseignement. Puisse la situation en Haïti devenir moins chaotique. Il serait temps que l'état d'Haïti devienne un état de Droit. Droit aux libertés fondamentales et à la justice sociale. Droit de vivre sereinement et librement.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Ce que j'aime, c'est écrire. Rendre une ambiance avec des mots. Faire vivre une situation avec des phrases. Je suis fou de mot. J'ai un cahier plein de mots rutilants (mais les plus beaux sont les plus simples). Leur sens se trouve caché dans leur musique. Des mots comme lune, mer, ciel, jaune ou coeur. J'aime le mot étincelle, qui me fait penser à une pluie d'étoiles. Et tout de suite mon enfance m'éclate à la tête. [...] Certains mots, même quand on ne les emploie plus, aiment rester dans l'air à flotter, attendant qu'un facétieux les attrape. J'aime surtout les mots simples que les gens emploient souvent. Des mots qui aiment se retrouver dans une bouche pour se faire manger, broyer, dévorer, mastiquer. Des mots bien domestiqués.Il m'arrive de prendre un de ces mots, un mot constamment utilisé par tout le monde, un mot qui a roulé sa bosse dans toutes les bouches ( des bouches édentées de vieux grincheux, des bouches parfumées d'enfants, des bouches affamées de pauvres ou arrogantes de riches) et de me concentrer dessus jusqu'à ce qu'il devienne tout neuf. Comme un sou. Tiens, le mot sou par exemple. Trois lettres seulement et tu achètes ce que tu veux avec, enfin ce qui est achetable, car rien de ce qui a une vraie valeur n'est achetable (la mer, le ciel, la lune, la couleur jaune ou le coeur). Faut quand même pas cracher sur le mot sou. Ce mot j'aime l'avoir dans ma poche. Je garde secrètement mon cahier noir parce que les gens que je côtoie ne comprendraient pas la passion naturelle que j'ai pour les mots. Un tel luxe pourrait les effrayer. Ils comprennent bien la passion du pouvoir, de la politique ou de l'argent. [...] J'allais oublier le mot café. Le mot fondamental de mon enfance. Son odeur m'habite. Tous mes amis se battent, avec raison, contre le pouvoir, tandis que moi (un chasseur de mots), j'ai l'impression de flotter comme une feuille légère et étourdie sur une mer de sang et de boue.
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Cela fait vingt ans que mon père a pris le chemin de l'exil. Tantôt ce sera mon tour. Les Duvalier sont toujours là. Les femmes aussi. Elles dureront plus longtemps que la dictature. Duvalier le sait. Les hommes d'ici ont l'habitude de se présenter, la poitrine en avant, face au danger le plus certain. Ils tombent tout de suite, cassés en deux sous la première rafale. Pendant ce temps, les femmes veillent à l'éducation des enfants, à la santé des vieillards, aux trois repas quotidiens, à la maison qu'il faut tenir propre quoi qu'il arrive, aux hommes qu'on doit sortir de prison, aux funérailles des fils, à entretenir le désir des maris comme un feu qui s'éteint dès qu'on ne l'évente pas, à trouver l'argent qu'il faut par tous les moyens à la disposition d'une femme, car, quand votre mari est en exil et que l'Etat vous a révoquée, il n'est pas facile de trouver quelqu'un pour prendre le risque de vous employer, et le désespoir qui s'installe au fond de votre coeur et qu'il faut chasser fermement pour ne pas donner aux enfants l'image d'une mère triste.
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Si je subis la dictature, je ne peux pas être celui qui doit la combattre. Faut pas trop demander. La même personne ne devrait pas faire les deux boulots à la fois. Le travail doit être divisé. On ne peut pas être à la fois la maladie et le remède. C’est pour cela que les dictateurs restent si longtemps au pouvoir. On demande à des éclopés de les combattre.
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Ma ceinture est déjà bouclée. Je m'apprête à faire face au plus terrifiant des monstres : l'inconnu. Que va-t-il m'arriver ? Je suis né en 1953, Papa Doc est arrivé au pouvoir en 1957, je n'ai donc connu qu'un seul système politique : la dictature. La faim, la peur, l'urgence m'ont formé. Que vais-je devenir à présent que je quitte cette constante agitation ? Le confort ! Cette idée m'a obsédé toute la nuit dernière. Que faire de tout ce temps que j'aurai à moi ? Combien de temps cela prend pour changer de système mental ?
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Je m'apprête à faire face au plus terrifiant des monstres : l'inconnu. Que va-t-il m'arriver ? Je suis né en 1953, Papa Doc prend le pouvoir en 1957, je n'ai donc connu qu'un seul système politique : la dictature. La faim, la peur, l'urgence m'ont formé. Que vais-je devenir à présent que je quitte cette constante agitation ? Le confort ! cette idée m'a obsédé toute la nuit dernière.
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Vidéo de Dany Laferrière
En 2015, l'écrivain canadien d'origine haïtienne, Dany Laferrière est reçu à l'Académie française. Il est l'auteur, entre autres, de Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer ou de L'Odeur du café. Son épée d'académicien est le fruit d'un dialogue avec le sculpteur haïtien Patrick Vilaire. Dans cet entretien, il revient sur les différents symboles qu'elle porte et sur ce qu'elle dit de la place de l'écrivain et de l'académicien au sein de nos sociétés.
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Dany Laferrière Écrivain et membre de l'Académie française
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Coordination scientifique Charline Coupeau, docteure en histoire de l'art et chercheuse à l'École des Arts Joailliers
Coordination éditoriale Constance Esposito-Ferrandi, chargée d'édition multimédia, BnF
Lieu de tournage Institut de France
© Bibliothèque nationale de France
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