Moi, ça ne me sourit pas de prendre des tisonniers rougis dans le rectum.
Ça est là, me fait-il avec un bon sourire qui reflète autant d'intelligence qu'une portion de brie.
Je me dirige vers un café. Car, de même que les fleurs se tournent vers le soleil, le gars San Antonio se tourne, de préférence, du côté des bouteilles, à la condition expresse qu'elles soient pleines.
Mais pour l'instant, là n'est pas la question, comme disait le bourreau au condamné qui se trompait de porte.
Le propriétaire se nomme Bourgeois et il est d'origine française par un ami de son père.
Le type qu’on s’apprêtait, autrefois, à balancer dans l’huile bouillante afin de lui faire subir le jugement de Dieu, ne devait pas être plus optimiste que moi. Je me dis, avec un rien d’amertume, que mes carottes sont cuites et que ce qui va m’arriver sera tellement cuisant que ma carcasse ne ressemblera plus à rien d’ici le retour du soleil.
Je crois bien que je n’ai jamais trouvé saveur plus merveilleuse à l’air nocturne que ce soir. On peut vous amener tous les alcools du monde, vous n’en dénicherez pas un qui soit davantage corsé que la liberté.
Nous voici dans l’intimité. Le salon est cossu, comme tous les salons belges. Les Belges sont des gars qui savent vivre, la preuve c’est qu’ils ont tous des bagnoles grandes comme le Normandie et qu’ils achètent les deux tiers de notre production de bourgogne.
Je ronfle, je m'entends ronfler ! Les voisins doivent s'imaginer qu'il s'agit d'un raid américain et ils commencent à préparer leurs fringues pour descendre aux abris.
Je me vois sur la Côte d'Azur, aux côtés de cette gamine, en train de lui roucouler des machins tellement glands qu'un veau de trois mois en pleurerait…