Qui l'eut cru ? Ou lustucru comme l'aurait dit Béru, pas si nouille que ça…
Oui, qui l'eut cru que ce premier San-Antonio Hors-série, obtiendrait le record des ventes de 1964 : 350 000 exemplaires ! Bon. Ça, c'est le côté mercantile de l'affaire que nous décrit avec une grande lucidité le célèbre commissaire, en avertissement aux lecteurs : « il faut toujours donner aux adultes l'illusion que certaines lectures leur sont réservées, tout en faisant croire aux enfants que certaines lectures leur sont interdites. de cette façon, les uns et les autres achètent le livre en grand secret et ça fait marcher l'édition. »
Oui, encore, qui l'eut cru, alors qu'aucune rue, aucune école ne porte son nom ; qui l'eut cru que la famille Bérurier se serait illustrée à travers les âges ; de Bérurix au grognard Bérurier, « dit Beau-Gosier, dit Joli-Coeur, dit Pa-pan-la-tunique », tombé au champ d'honneur, après avoir provoqué le fameux mot de Cambronne, à qui il venait de piquer accidentellement le prose de sa baïonnette. On croise Bérugnan, le mousquetaire…
Le premier Hors-Série, Cartonné, sous jaquette illustrée par Dubout, comme toutes les illustrations dans le texte ; un hors-série qu'ado, on se refilait sous le manteau en édition de poche…
Bien qu'amateur de San- Antonioniaiseries, voilà un bouquin que je n'ai pas pu lire d'une traite : il m'a fallu quelques petites pauses et le reprendre en livre de chevet, pour finir… Il y a pourtant matière, mais le bouquin est bâti sur la même trame, quelle que soit l'époque « étudiée » : un vague « cours », suivi d'une lecture incorporant l'arbre généalogique de Bérurier. A la longue, c'est fatiguant.
Reste un bon souvenir de lecture d'ado, au collège… C'est truculent, iconoclaste, improbable… Une autre façon d'aborder l'Histoire… Par la porte de service… Un cours d'histoire qui prend ses aises avec l'Histoire, celle avec un grand H, l'officielle...
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L'Europe qui en avait sa claque de Napoléon c'est aussitôt coalisée pour le virer. Elle était rassurée par le gros Louis XVIII, l'Europe. Elle se disait qu'avec ce gros lard podagre, les faits d'armes ne pouvaint avoir lieu que sur une table de piquet. Napoléon reprenant possession de la boutique, c'était les ennuis garantis. Pas de ça, Lisette! Et je te mobilise à tout va : Anglais, Prussiens, Autrichiens, Russes! Alors c'est le désastre de Waterloo morne-plaine. La Vieille garde meurt. Pas un seul homme n'en réchappe. Cambronne y lance son mot historique et les grognards se laissent hacher sur place en criant : " Vive l'Empereur!"
Oh ! oui : ne laissez pas traîner ce livre à la portée de toutes les mains. Il est très instructif, mais il n'est pas pour autant destiné aux enfants de choeur. Et si d'aventure les enfants de choeur l'achètent, qu'ils évitent de le montrer à leur parents. Ce petit avertissement est destiné à vous exciter un brin car il faut toujours donner aux adultes l'illusion que certaines lectures leur sont réservées, tout en faisant croire aux enfants que certaines lectures leur sont interdites. De cette façon, les uns et les autres achètent le livre en grand secret et ça fait marcher l'édition.
Si qu’on expecte François 1er qui a encouragé les lettres et les lézards, ces Valois, ils valaient pas le coup de cidre !
Béru donne un énergique coup de sonnette sur l’air de « Tagada gada
veux-tu souffler dans ma trompette ». Sa Baleine vient ouvrir. Ce matin, B.B. (Berthe Bérurier) c’est un spectacle à ne pas manquer. Il est réservé toutefois aux adultes, car si un jouvenceau s’amenait chez le Gravos, la vue de cette ogresse le dégoûterait du beau sexe pour le restant de ses jours et le petit malheureux se consacrerait à la jaquette flottante.
— Ce Dagobert, il était aussi chouette à la ville qu’au trône ?
— C’était un sacré paillard, le renseigné-je. Comme il n’avait pas de
lardon avec Gomatrude, sa première femme, il l’a répudiée pour épouser une bergère moins stérile. Seulement, avec la seconde ça n’a pas mieux gazé.
« Cette compilation qui se voudrait anthologie complète […] a pour but de proposer aux lecteurs de revisiter l'oeuvre de l'auteur par la lorgnette des aphorismes, des fragments, des éblouissantes et percutantes réflexions qui ont traversé son esprit entre 1943 et 1987 […]. » (Préalable & remerciements)
« […] La meilleure histoire belge, je vais te la dire, c'est la plus terrifiante de toutes : « Il est une fois Scutenaire et les Belges n'en savent rien ». Et les Français non plus. (...) Il dit tout, mais par brèves giclées, Scut. Il sait la vie, la mort, l'avant, l'après (...), l'amère patrie, le surréalisme, les frites, les cons, les moeurs, les larmes et la façon dont, chez lui, il doit éteindre au rez-de-chaussée avant d'éclairer au premier pour ne pas faire sauter le compteur électrique. » (Frédéric Dard)
« le texte lapidaire est une spécialité belge. […]
[…] cet orpailleur de l'apophtegme reste merveilleusement méconnu […]. « J'écris, dit Scutenaire, pour des raisons qui poussent les autres à dévaliser un bureau de poste, abattre un gendarme ou son maître, détruire un ordre social. Parce que me gêne quelque chose : un dégoût ou un désir. » […] Scut le météorite a tout lu, tout vu, tout englouti et tout restitué dans un habit neuf.
« J'ai quelque chose à dire et c'est très court. » Maximes en percussions et sentences en saccades sont étrillées, débarbouillés au gant de crin. Sa façon de dire merde alentour est à nulle autre pareille. […]
[…] Réfractaire, récalcitrant, insoumis sous toutes les latitudes, Scutenaire n'est point de ceux qu'on puisse congédier en ambassade. Dans les poussées d'angoisse, il usait, comme d'un remède à toute épreuve, des aspirines de l'humour. Elles ne le guérissaient pas mais l'apaisaient.
[…] » (Patrice Delbourg, les désemparés, Éditions le Castor Astral, 1996)
« Mes inscriptions sont une rivière de Californie, il faut tamiser des tonnes de sable et de gravier pour trouver quelques pépites, voire des paillettes. Remarquez, sable et
gravier ne sont pas matières inutiles. » (Louis Scutenaire)
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Référence bibliographique : Louis Scutenaire, J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court., Collection d'Inscriptions, évocations et autres textes rassemblés par Jean-Philippe Querton, Cactus Inébranlable éditions, 2021.
https://cactusinebranlableeditions.com/produit/jai-quelque-chose-a-dire-et-cest-tres-court/
Image d'illustration :
https://www.kobo.com/us/en/ebook/louis-scutenaire-1
Bande sonore originale : Crowander - Don't You Leave
Don't You Leave by Crowander is licensed under an Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site :
https://freemusicarchive.org/music/crowander/from-the-piano-solo-piano/dont-you-leave
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