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Critique de Pois0n


Pois0n
18 septembre 2016
Une police gothique, un décor médiéval, un personnage encagoulé: malgré leurs aplats de couleur archi-saturées franchement laides et un trait assez simple, les couvertures de Chat Noir font le job et reflètent le contenu.
Le premier contact n'est donc pas forcément engageant ; encore moins lorsque l'on feuillette et que l'on tombe sur un dialogue où l'auteur a cru bon de... retranscrire à l'écrit l'accent d'un personnage. le résultat? (Cat)astrophique! Heureusement, il s'agit là du principal défaut de Chat Noir, qui, à la lecture, s'avère ne pas être présent trop souvent. Il y a donc bien quelques passages qui sont de vraies purges à lire (ceux avec le Moine donc), pour le reste, on se fait assez vite au parler très particulier de Cagouille. Et le reste du temps, il n'y a rien à déplorer.

Malgré une première impression assez mitigée donc, j'ai quand même acheté, plus parce que les histoires de voleurs et moi c'est une grande histoire d'amour que par coup de coeur. Et les trois tomes, tant qu'à faire, suite à la lecture de critiques ici même mettant en garde contre l'impossibilité de lire les tomes indépendamment. En vérité, c'est encore pire que ça: il n'y a purement et simplement pas de fin, ni même de "fausse conclusion temporaire" à l'issue du Secret de la Tour Montfrayeur! La plupart des questions restent sans réponses, et l'histoire commence à peine.
Chat Noir n'est donc pas vraiment une série, mais plutôt une histoire qui a été coupée en trois, sans doute pour ne pas faire fuir les jeunes lecteurs devant un énorme pavé...

Si, au début, le récit a des allures de fiction historique, le lecteur aura environ à mi-parcours la confirmation d'avoir affaire à un récit de fantasy. Mais de la fantasy très sobre, en tout cas en ce qui concerne ce premier tome, où l'ambiance médiévale prédomine largement sur l'aspect fantastique d'un monde pourtant imaginaire. Allergiques aux mages surpuissants, aux gobelins & co, vous êtes ici bienvenus!

L'histoire nous est narrée au présent, du point de vue du héros. Et même si le truc est destiné aux préados à la base, le héros en question est un jeune homme de seize ans. Pas forcément dégourdi dans tous les domaines (la fille sur laquelle il a flashé pourrait avoir « garce-qui-se-fout-de-ta-gueule » peint en rouge sur le front qu'il ne s'en apercevrait toujours pas), mais qui ne devient pas un héros du jour au lendemain et reste avant tout un jeune de son âge, le même que quelques jours plus tôt, à un détail ou deux près. Il connaît la peur, le doute. Et même s'il est très naïf, il est le premier à le reconnaître. Bref, un protagoniste qui n'est pas parfait, avec ses forces et ses faiblesses, qui ne manquera pas de plaire au lectorat visé, sans pour autant lourder les adultes et assez attachant. de ce côté-là, mention spéciale à son meilleur pote, très... spécial mais par moments tellement acide, fataliste et réaliste qu'on ne peut QUE l'adorer.

Et si on déplorera la façon vraiment très maladroite et beaucoup trop légère dont Yann Darko a traité un élément déjà assez casse-margoulette de son scénario, on lui pardonnera en songeant que trop de noirceur n'aurait pas collé à l'ambiance du roman. Parce que Chat Noir, c'est de l'aventure, de l'humour, quelques passages assez épiques, mais il ne faut jamais oublier qu'on n'est pas dans Les mensonges de Locke Lamora ou dans Thief, ce n'est *pas* de la dark fantasy, même si ça aurait très facilement pu le devenir si ça n'avait pas été un roman jeunesse. Mais chouiner sur ce qu*aurait pu être* Chat Noir serait se gâcher le plaisir. En l'état, c'est déjà une lecture agréable et légère, et parfois, c'est bien de ne pas chercher plus loin.
On a donc "juste" affaire à une enquête pour découvrir ce qu'il se passe dans la cité de Deux-Brumes, tout simplement. Et ça marche. Si l'histoire se veut très lente à démarrer, le temps de bien poser le contexte et les personnages, quelque chose d'infiniment appréciable au milieu de tous ces romans jeunesse qui commencent trop vite, passé la moitié du tome, Yann Darko nous embarque dans son univers et ne nous laisse pas en repartir. Heureusement pour moi que j'avais la suite sous la main, ou la frustration en tournant la dernière page aurait été extrême.

... Coup de coeur, finalement? Non, toujours pas. Mais c'est bien? Oui, c'est quand même vraiment plaisant à lire, même si ça n'est pas le roman fantasy jeunesse du siècle non plus. Et le lecteur adulte amateur de pavés que je suis reste pleinement convaincu.e que Chat Noir aurait gagné à ne *pas* être découpé en plusieurs tomes. En l'état, il est difficile d'attribuer une note à ce premier, puisque l'histoire s'arrête d'un seul coup et en plein milieu.
S'il y avait eu une fin, même largement ouverte, le Secret de la Tour Montfrayeur aurait sans doute hérité d'une étoile de plus...
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