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Critique de paulmaugendre


En 1904, Alex Lex, le narrateur de ce roman-miroir-tiroir, est devenu à vingt ans l'assistant de Gaston Leroux. Il est reporter et l'a assisté au cours de nombreux reportages, notamment à Venise où le hasard se transforme en un coup de dé. Un dé lancé en l'air, providentiellement, mais dont Alex Lex, dont le second prénom n'est pas Dura, et qu'il ne s'explique pas.

Et en cette année 1910, alors que ses reportages sont régulièrement publiés dans des journaux tels que le Matin ou L'Excelsior, que ses nouvelles policières ou d'anticipation le sont dans le journal des voyages, qu'il dessine et peint, ayant illustré les fascicules populaires du Sâr Dubnotal, en cette année 1910 donc, tandis qu'en compagnie de son amie Aline, qui cumule les emplois de secrétaire et de maîtresse, il est dérangé dans une séance de baisers mouillés au champagne par un visiteur impromptu.

Ce visiteur ne lui est pas inconnu. Il s'agit de Rainer Maria Rilke qui fut le secrétaire d'Auguste Rodin, et le poète autrichien lui demande de lui rendre un petit service. Mais aucun des deux n'imagine que ce service va entraîner Alex Lex dans une aventure gigogne.

En effet, il implore Alex D aller rendre visite dans l'atelier de Rodin afin d'admirer les fragments de plâtre de l'immense composition à laquelle travaille depuis de nombreuses années le sculpteur. Je vous en conjure, allez voir cette oeuvre tragique aux bubons de plâtre effervescents. Alex Lex ne peut se défiler et il effectue un repérage en compagnie d'Aline, qui n'est pas partie et donc il n'a pas besoin de crier son nom.

Il s'introduit dans la magnifique demeure entourée d'un jardin de ville champêtre, et, hypnotisé, il franchit cette Porte de l'Enfer de plâtre.
On retrouve Alex Lex qui vit dans une boîte de bouquiniste accrochée sous le pont du Rialto. Il se rend, comme tous les jours chez son ami Despons qui a repris un café, le Rosa Salva, mais qui également spécialiste dans l'archéologie des mondes anciens et a établi sa fortune dans le trafic d'antiquités. Il a aussi rendez-vous avec le Doge lequel lui confie une mission qui ressemble à une supercherie. Plutôt, les individus sur lesquels il doit enquêter semblent issus d'une supercherie. Des écrivains morts depuis longtemps et qui violent, volent et tuent un peu partout dans la Sérénissime. Trois revenants qu'il doit découvrir et réexpédier dans leur foyer, c'est une image, et qui ont pour noms Lord Byron, Giorgio Baffo et Baron Corvo. Et un ami du Doge, un original centenaire du nom d'Estanidov avec qui il déguste un fragolino, se plaint d'avoir été spolié de six aquarelles originales d'Hugo Pratt. Des illustrations pour les poésies érotiques de Baffo.

Et c'est ainsi qu'Alex Lex se trouve entraîné dans une sorte de spirale infernale débutant dans la Venise 2 du Möbius à la recherche des Surréalisés de Venezia. Il rend souvent visite à Denska Stevenson, qui vit dans la bibliothèque Saint-Marc fondée par Pétrarque. Il sera amené à voyager ainsi entre la Sérénissime et le Paris 3 à la recherche de surréalisés qui commettent les mêmes crimes et qui se nomment Lautréamont, Sade et Colin des Cayeux.

Cette spirale se recoupe mais à chaque fois, lors des points de jonction, Alex se retrouve dans Venise ou Paris, mais des différences notables changent le décor, jusqu'au moment où les deux cités n'en font plus qu'une, le Parnise.



On retrouve dans ce roman tout ce qui alimente, attise, nourrit les passions de François Darnaudet. Venise, La Sérénissime, qui sert de décor à de nombreux ouvrages, mais également la peinture et la sculpture, Auguste Rodin en tête. Sans oublier la littérature avec en tête de gondole Isidore Ducasse, alias Lautréamont.

Un roman envoûtant qui absorbe le lecteur, le vampirise, le phagocyte, l'ingère et le digère, par la magie des actions en forme d'allers et retours, par la magie aussi des décors, et naturellement de tous ces personnages qui évoluent dans des cités reconstituées.

Un roman déroutant ? Non, un roman déboussolant dans lequel François Darnaudet se hisse à la quintessence de son art littéraire et il marie avec élégance imaginaire et érudition.



Cet ouvrage contient en outre, Les nouvelles amères qi se décomposent ainsi :

Le retour de l'autobiographie fantastique.

Une baignoire en zinc dans la pièce du fond.

Le baiser de Möbius.

Dans les jardins vénéneux de l'Ombre.

Boris, ses motos, les Bardenas et autres déserts, dont vous pouvez retrouver une chronique ici.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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