Tu regardais la mer...
Extrait 1
Tu regardais la mer, tu voyais que la mer, te regardait.
On ne sait jamais ce qui va vous atteindre dès lors que l’on lève les yeux sur le monde, quelle averse de lumière, quel champ de blé, quelle balle pure cherchant à se loger.
Ni pourquoi ce moment-là fut qui demeure seul vivant entre les morts.
Comme un chien orphelin survivant jusqu’à son maître avance distrait dans le jadis abstrait et calme.
Combien de vers iront ton chemin, combien d’âmes mortes, combien de reflets.
Dans le grain de tes yeux s’additionne tout ce qui se refuse, le nombre creux, la somme basse mordante de toutes les marées.
La mer devant s’agite comme un sang benêt s’épuise à se penser loi et reine.
Quand de grands végétaux mobiles, poursuivent leur chemin, et qu’une étoile souple, s’appuie contre ton dos.
Tu me dictes la rime au henné, et tu dors dans les parts, comme un qui n’est plus rivé à la forme….
Seul ce qui longe la mer n’est pas bordé…
Seul ce qui longe la mer n’est pas bordé.
Ce qui fascine le regard n’est pas bordé.
Le Verbe nulle part n’est bordé.
Ce qui n’est pas bordé n’est pas mathématiquement formulable.
Ni quantifiable.
La parole verticale, qui est pure expansion, n’a pas de bords.
Le poème nulle part n’est bordé.
Centre advenant du centre, il est partout centre.