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Critique de Pavlik


Jusqu'à présent, pour moi, Marie Darrieussecq était (roulement de tambour)...une page blanche (cymbale, éclats de rire).

C'est donc vierge de toute idée préconçue (si ce n'est qu'elle connut le succès avec son premier roman "Truisme") que je me lança dans cette lecture. J'ai mis du temps à me faire à sa plume, à ce style haché, en apparence assez impersonnel et froid, à cet abus de virgule. Et puis cette syntaxe toute personnelle, faite de phrase courte, de coupure abrupte. Au niveau du rythme c'est pas du binaire, mais c'est pas du ternaire non plus...En fait s'il fallait vraiment y accoler un adjectif, je dirais : déstructuré...moderne, en somme. Pour être honnête il m'agaça prodigieusement, ce style, pour finir par me séduire...

Voici pour la forme, mais le fond, la partie immergée de l'iceberg, la glace originelle enfouie sous 3000 mètres de couches successives de neige compressée ? Et bien ce n'est pas une histoire, non. Pas au sens d'un récit. Marie Darrieusecq entend plutôt nous parler, selon moi, de corps, du corps qui perçoit, qui sent, qui voit, qui entend, ressent...Du corps sensoriel. Et qui, triste condition que celle de l'homme, échoue à appréhender le réel, le monde, l'environnement. Ainsi, quoi de mieux que le pôle Sud comme impasse pour les sens, ce territoire grand comme l'Europe, où ciel et neige ne fond qu'un, où distances et proportions sont imperceptibles à leur juste valeur, "inconnaissable" en fait ?

C'est ainsi qu'elle y plonge Edmée et Peter, sous le vague prétexte d'une expédition scientifique (le projet White). Tous deux ne sont donc, au début, que des corps, traversées de quelques pensées. Puis, petit à petit, elle parsème son récit de bribes de leur passé. Tout deux sont, pour des raisons différentes, des déracinés. Tout deux sont hantés par des fantômes, des spectres que l'auteur fait parler à la première personne. A l'instar de la neige, ils s'accumulent et finissent par devenir envahissants. L'époque est incertaine, nous sommes dans un futur extrêmement proche et l'humanité s'apprête à poser le pied sur Mars (je dis ça pour les amateurs de SF mais au final, vous l'aurez compris, ce n'en est pas).

Ainsi, plus le récit avance, plus Edmée et Peter s'humanisent, sans pour autant devenir attachants. Dans le monde de Marie Darrieussecq, on ne pénètre pas le secret de l'intime...Y compris les intéressés eux-même. Voilà, j'ai plutôt apprécié. Pour autant la fin me laisse dubitatif, un peu comme une impression de hors-sujet (je n'en dis pas plus, à vous de voir...et de croire).
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