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Critique de Cannetille


Paula Modersohn-Becker (1876 - 1907) est une peintre allemande méconnue en France, même si elle y vécut quelque temps et rencontra alors les artistes de Montparnasse. Elle épousa un autre peintre, Otto Modersohn, et fut très proche du poète Rilke. Etre femme et peintre à cette époque impliquait d'office d'immenses difficultés pour se faire un nom, et convoquait d'emblée un destin hors du commun, une liberté bien au-delà de la norme.


Ce courage et ce non-conformisme se retrouvent dans la peinture de Paula, en rupture avec les conventions de son temps, et témoignant d'un style très personnel. Malgré sa modernité, Paula fut toutefois cruellement rattrapée par la condition féminine de son époque, puisqu'elle mourut à trente-et-un ans des suites d'un accouchement. Elle a laissé environ 750 toiles, dont beaucoup disparurent au cours de la seconde guerre mondiale, et qui la classent parmi les plus précoces expressionnistes allemands.


Marie Darrieussecq a choisi de faire revivre Paula en raison d'une émotion toute personnelle ressentie devant ses toiles, mais aussi d'une sympathie évidente pour cette femme qu'elle a décidé de rappeler à notre mémoire. Elle a écrit ce roman biographique en préparant une exposition sur Paula au Musée d'Art Moderne de Paris en 2016. Rien n'est inventé. Tout est fidèle à la trace qu'elle a pu reconstituer au travers d'un important travail de documentation.


Plus que son oeuvre qu'il vous faudra découvrir sur internet, c'est surtout Paula en tant que femme que nous fait connaître ce livre, dans ses espoirs et ses désillusions, son combat de pionnière pour parvenir à exister comme peintre et à affirmer son propre style. le récit, vivant et fluide, est empreint d'émotion et de tendresse pour les personnages depuis longtemps disparus, qu'il ressuscite en pointillés à travers la brume du temps, grâce aux lettres et aux extraits de journaux qui nous sont parvenus. le tout est globalement empreint d'une certaine tristesse, d'une sorte de compassion pour cette femme dont la vie fut si brève, mais qui réussit malgré tout, grâce à son talent, à laisser une empreinte restée injustement dans l'ombre des grands noms masculins de la peinture.


Ce livre est donc un hommage, mais aussi une tentative de réparation d'un préjudice, qui fait qu'encore aujourd'hui, le talent d'une femme tombe plus facilement dans l'oubli que celui de ses homologues masculins. Il laisse sur une frustration, celle de devoir se rendre à Brème pour contempler l'oeuvre de Paula Modersohn-Becker.


Prolongement sur la colonie d'artistes de Worpswede en Allemagne, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/darrieussecq-marie-etre-ici-est-une_26.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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