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EAN : 9782376650355
224 pages
Contre Allée (13/01/2023)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Dans un golfe étroit veillé par des montagnes jumelles et des forêts ogresses, un couple traverse l’obscurité de l’hiver boréal. Deux solitudes, deux funambules qui marchent à gestes et pas comptés sur une ligne, entre sauvagerie et civilisation, monde animal et humain.

Lou Darsan cartographie avec finesse nos désirs et nos failles, révélant brillamment les tensions qui nous parcourent.

Voyage au cœur d’une nature sublime, mais aussi vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mon histoire avec Lou Darsan tourne autour de la Comédie du Livre et je ne pouvais qu'acheter et lire son deuxième roman. Elle l'a écrit en partie lors d'une résidence à Lattara, avant la Comédie du Livre 2021. C'est à cette occasion qu'une amie m'avait acheté son premier roman et que je l'avais ainsi découvert. J'ai eu la chance de la rencontrer à la Comédie du Livre 2023, de lui raconter mon histoire amico-littéraire qui l'avait touché, de récupérer des dédicaces pour moi et mon amie puisque j'ai bien l'intention de lui offrir ce deuxième roman... maintenant que je l'ai lu ! (c'était aussi ce qu'elle avait fait !).

Lou Darsan n'a pas froid aux yeux. D'abord parce que la majeure partie de son livre se déroule dans une cabane dans le Grand Nord... Ensuite parce qu'elle s'attaque à ce qu'il y a de plus difficile pour moi en littérature : raconter le bonheur, le calme, la sérénité, l'introspection. Dans un monde qui ne s'arrête pas d'avancer (mais peut-être pour tourner en rond), elle décide de se poser, de faire escale, de faire résidence en couple d'artiste, lui dessinateur, elle romancière nomade, dans ce Grand Nord si éprouvant. On voit tout de suite les écueils, pour eux comme pour le lecteur : l'ennui, le manque de rebondissements, le quotidien monotone qui peut user la plus puissante des passions.

Alors qu'elle avait choisi de raconter dans son premier roman le voyage, réel et initiatique mais aussi intérieur, d'une héroïne en pleine renaissance, elle ose la première personne (ce qui fait s'interroger sur le côté sans doute en partie autobiographique du premier livre) et l'immobilisme. Se lançant dans le récit du couple, elle ne recule pas devant les scènes très sensuelles et très douces, d'un érotisme troublant. Elle garde tout son sens de l'observation de la nature, son art du dialogue entre les animaux, les végétaux et son intériorité ; sa volonté de passer par l'onirisme, la fantasmagorie pour mieux saisir l'essence de l'être. Alors qu'elle flirtait avec la poésie avec son style dans L'arrachée belle (quel titre...), elle s'y confronte sans détour ici, avec des passages dont la forme indique clairement le choix poétique. Elle n'oublie pas non plus de venir interroger son époque, dans le rapport au matériel, dans les constructions luxueuses abandonnées faute de moyens qui défigurent certains littoraux visités dans ses pérégrinations.

J'avoue avoir été légèrement moins transporté par celui-ci que par le précédent, sans doute que je dois comme tout le monde préférer la lutte âpre d'une jeune femme pour se reconstruire que le bonheur paisible d'un couple en harmonie. Je lui reconnais en tout cas un statut d'auteur nature writing à la française, dans un genre reconnu et florissant en Amérique du Nord et moins exploité ici. Elle développe au fil des livres une identité littéraire marquée et originale, bien dans l'esprit des Editions de la Contre Allée qui l'accueillent et la mettent en valeur. Parfois les rencontres auteur-éditeur sont des évidences et il faut soutenir ces initiatives pour que vivent toutes les formes de récit de notre monde.
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Roman minéral, organique, corporel, naturel, poétique, introversif, qui dans une recherche de précision confine à l'exercice de style. Mais il y a plus d'un style. Heureusement, Lou Darsan m'épargne des rimes.
Je pense que c'est le genre de livre qui peut bouleverser un humain qui croiserait précisément les affres et plaisirs du personnage.
L'histoire est simple, une femme qui choisit de partir s'isoler dans la nature froide d'un Nord indéfini, avec son compagnon puis sans, et qui croise par moments une "voisine", et qui se cherche et vit par cette nature environnante. Lou Darsan est donc assez précise dans ses descriptions et ses transe-criptions. Et par moments ça touche juste.
Je me répète, mais il est probable voire certain que si vos fêlures trouvent résonance avec le texte, ça peut bouleverser.
Vous pouvez aussi passer complètement à côté. Trouver le texte chiant, lourd tant il se veut léger et fluide, grotesque sur le plan des relations entre les personnages.
Pour ma part, j'aurais lu ce livre il y a deux-trois ans, j'aurais valdingué sur et en moi-même (j'ignore ce que je veux dire). Présentement, j'apprécie les qualités, je ne juge pas, je laisse ça comme c'est.
Trois étoiles et demi : un livre qu'on a bien eu raison d'éditer, qui n'est pas un chef d'oeuvre absolu, mais qui potentiellement peut toucher fort...
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Blancheur nocturnale d'un temps en retrait, arctique et amoureux, au-delà de l'attente, dans l'écoute onirique du dehors, de la faune et de la flore, des tremblements du Moi, des réchauffements de l'autre. Dans une belle écriture, sonore et sensible, ostensible parfois aussi hélas, Lou Darsan enregistre les frémissements de cette solitude partagée, l'immobilité des souvenirs nomades, leur confusion face à un paysage où froid et nuit étendent leur insidieux empire. Les heures abolies est une belle spéculation sur l'isolement, la rêverie, mais interroge sur l'individualisme de cette solitude à deux, amoureuse.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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J'ai été saisie par la beauté et la puissance d'évocation de ce livre. C'est une échappée onirique inoubliable dans le grand nord, riche en images et en sensations. J'avais adoré L'Arrachée belle, le talent et la plume de Lou Darsan se confirment avec Les Heures Abolies, merci pour ce nouveau voyage !
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critiques presse (1)
LeMonde
09 mai 2023
Carnet des quatre saisons, Les Heures abolies, deuxième roman de Lou Darsan, est un féerique conte d’hivernage.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je réalise que je ne sais plus porter mon regard vers les lointains : les yeux proches de l'écran, du téléphone, de l'ordinateur, du livre, toute la journée. Dehors, je fixe un point flou à proximité de moi, quelques mètres, le sol. (Herbes, fleurs, talus) Je dois me morigéner pour penser à lever les yeux vers le large, et lorsque je fixe l'horizon une sensation de brûlure et de tiraillement doublée d'un vague malaise s'empare de moi. Même quand je m'efforce de contempler le point le plus distant, je glisse vers le bas et j'achoppe sur une irrégularité du paysage (Îlot, maison, arbre, oiseaux.) Cela me semble lié à une diminution de ma concentration, mais peut-être est-ce au niveau musculaire que le problème se situe.
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Mais je n'oublie pas que je ne suis pas sauvage - le sauvage réside au cœur des forêts et sur les contreforts des montagnes, il est ce qui m'échappe, ce que je n'approche pas de près mais dont l'existence me conforte, ce qui arpente le seuil de mes rêves et ne se laisse apercevoir que dans la liminalité des haies & des orées, au crépuscule ou à l'aurore, quand les yeux se dessillent, que la conscience s'endort, que les portes entrouvertes laissent passer les courants d'air. Il est ce qui grogne et rugit, ce qui hante les cavernes et les interstices, ce qui ondoie dans les profondeurs glaciales, ce qui empoisonne ou guérit, ce que je ne cueille ou dont je ne ramasse les fragments qu'avec humilité, ce qui doit être réveillé.
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Ma peau membrane versatile est traversée
par la pluie par la nuit par tes souffles
ma peau qui absorbe, exhale, pleure, avale
qui souffle une brume de poussières si fines
que tu les absorbes involontairement
et elles crépitent sur ta langue
comme la poudre sucrée des soucoupes
ta langue alors brille et laisse sur mon corps
des traces nacrées
qui ondulent sur mon sacrum au creux
de mes coudes autour de mes malléoles
c'est une danse luisante et phosphorescente
qui me tatoue
- au contraire de tes souffles, ta langue ne traverse
pas la membrane de ma peau.
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Je n'écrirai pas notre rencontre, car à son récit je préfère la collecte de nos moments éphémères et de nos gestes infimes. Je voudrais les recueillir comme des coquillages sur la plage, et observer ce qui se déploie quand ils se mélangent au fond de ma musette, quand ils cessent d'être secoués par les marées et les tempêtes - là où tout s'apaise.
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Je ne m'accroche plus aux images
ma mémoire n'est pas corps-mort, c'est un flux
J'enfante des phrases qui se développent
dans mon utérus fécondé par lui-même
je fais descendre la matrice des poèmes
de mon cerveau à mon bas-ventre
je transforme mon corps entier
en organe de création [...].
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Videos de Lou Darsan (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lou Darsan
Soirée animée par l'Académie Hors Concours & Jean-Luc d'Asciano Lecture par David Sidibé
Créé en 2016, le prix Hors Concours défend une littérature engagée, et récompense exclusivement des éditeurs indépendants. Il offre la possibilité à ses lecteurs de découvrir des textes inédits de la littérature adulte, contemporaine et francophone, et de voter pour leur auteur favori. L'un de ces cinq finalistes repartira avec le prix de cette édition 2021 : – Demain la brume de Timothée Demeillers aux éditions Asphalte – Mars violet de Oana Lohan aux éditions le Chemin de fer – L'Arrachée belle de Lou Darsan aux éditions La Contre Allée – Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba aux éditions le Mot et le reste – Ultramarins de Mariette Navarro aux éditions Quidam
Cérémonie organisée à la Maison de la Poésie, en présence des auteurices, des éditeurices en lice et des membres du jury : Stéphanie Khayat, journaliste à Télématin, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste à La Grande Librairie, Ilana Moryoussef, responsable littérature à France Inter, David Medioni, rédacteur en cher d'Ernest ! et Isabelle Motrot, directrice de la rédaction du magazine Causette.
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