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Elias Sanbar (Traducteur)
EAN : 9782742770175
132 pages
Actes Sud (03/09/2007)
4.06/5   27 notes
Résumé :

Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenaità une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national ! Mahmoud Darwich poursuit dans ce recueil une recherche commenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Savourez la beauté ineffable de ce titre : "Comme des fleurs d'amandier ou plus loin". Mais comment peut-on décrire ces fleurs altières, fragiles et sublimes ? le poète ne le peut même en ayant recours à la métaphore ! Mais quoi de plus précis que cette image des fleurs d'amandier pour décrire la situation et le passé du poète.

Mahmoud Darwich est l'un des poètes majeurs de la littérature mondiale à la deuxième moitié du XXème siècle. le fait qu'on l'emprisonne dans la simple image de poète résistant est injuste. Certes, sa poésie est hantée par la condition de son pays, la Palestine, mais Darwich a su avec subtilité comment toucher l'universel avec sa poésie et décrire la situation de l'homme face à son destin.

Dans sa poésie, il existe tout un univers de symboles où certains mots qui deviennent des notions sont omniprésents comme la fleur d'amandier, le nuage, le train, les violons... Darwich a cette maîtrise incomparable de la métaphore. Il sait comment créer une image, une scène à partir de l'agencement de mots simples et accessibles pour développer une situation d'insolite et d'inouï.

Ce recueil respecte parfaitement cette poétique. En plus, il regroupe des pièces très connues du poète comme "Pense à autrui" ou encore "Je ne dors pas pour rêver", que Darwich a déjà récités comme il sait si bien le faire grâce à sa voix retentissante, pendant les lectures assez fréquentes de sa poésie à travers le monde. de nombreux sujets chers au poète palestinien se trouvent ici : la fragilité du présent, l'avenir incertain, le passé qu'on tente de reconstituer, l'identité perdue, le moi fugace, la terre et l'exil… plusieurs poèmes sont écrits sous forme de dialogues entre le poète et un inconnu, un passant qui n'est autre que lui-même ; son moi fuyant et insaisissable ayant perdu son passé, sa terre et son identité.

"Comme des fleurs d'amandier ou plus loin" se compose de huit sections : Toi, Lui, Moi, Elle et quatre longs poèmes intitulés : Exil I, Exil II, Exil III et Exil IV. Dans les quatre premières sections, on trouve de merveilleuses petites pièces qui nous ouvrent un champ d'imagination et d'évasion entre l'intimité de l'amour retrouvé ou perdu, le calme d'une promenade perturbé par des pensées nostalgiques ou la fuite vers l'imaginaire dans un lieu clos,… Dans les quatre dernières sections, on trouve plutôt l'errance du poète dans l'exil ; exil spatial mais aussi exil dans la poésie. Là il rencontre des inconnus mais dans la dernier poème, il s'agit d'un dialogue imaginaire avec son ami le théoricien et écrivain Edward Saïd, le palestinien exilé aux Etats-Unis.
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Qu'il m'est difficile de parler de ce recueil...

N'étant pas une grande lectrice de poésie, et l'auteur usant abusivement de métaphores et de "métonymie", terme qu'il semble particulièrement apprécié ;), ma lecture a été quelque peu fastidieuse.

Mahmoud Darwich est un virtuose de la langue, l'écriture est magnifique, et je sors de cette lecture avec la tête pleine d'images éthérées, mais... car il y a toujours un mais, dont le sens m'a complètement échappé. Je me sens frustrée de n'avoir pu apprécié ces poèmes à leur juste valeur. Comme devant une "toile" de Maître dont on admire la beauté sans comprendre ce qui retient notre attention.

La deuxième partie du recueil avec ses poèmes plus longs, m'a semblé beaucoup plus accessible.
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Deux parties distinctes composent selon moi ce recueil de poèmes. La première est formée de quatre parties (toi, lui, moi, elle) à l'intérieur desquelles on trouve plusieurs poèmes brefs qui abordent des thèmes variés et universels tels que l'amour, la solitude, l'imagination. La deuxième partie de ce recueil est composée de quatre longs poèmes intitulés chacun exil 1, 2, 3 et 4. Comme leur nom l'indique, ils évoquent plus spécifiquement les sentiments du poète en exil loin de sa terre. Tous ces poèmes sont emprunts de métaphores et d'une beauté de la langue que la traduction n'a pas altérée pour le plus grand plaisir du lecteur. Je me suis laissée emportée par le tourbillon d'images qu'à su faire naître en moi la poésie de cet auteur que je ne connaissais pas mais qui apparaît incontestablement comme un des poètes majeurs du XXème siècle.
J'ai particulièrement apprécié le poème “pense aux autres” si simple mais si juste.
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De la poésie, c'est viscéral la poésie, ça parle aux tripes, au coeur, à l'âme.
Pourquoi, comment décrypter les sensations qu'elle fait naître ? Que dire ? Peu importe qu'elle évoque l'amour, la vieillesse, la liberté, les fruits, les feuilles, les fleurs ou les branches, ce qui importe, c'est qu'elle nous touche, nous émeuve.

Je commence ce recueil, je n'adhère pas au texte, je le trouve plat, je m'ennuie. Et puis, je vais écouter l'auteur lire, dire, faire vivre sa parole, re créer le texte. Je ne comprends pas un mot d'arabe, mais peu me chaut, l'émotion arrive et me submerge.
Ce n'est pas un problème de traduction, je n'ai juste pas pu saisir la musicalité du texte sans la voix chaude et lente de Mahmoud Darwich.
Pas de note, la poésie, ça ne se note pas non plus.
Pour écouter le poète
https://www.dailymotion.com/video/x6eb5q
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Ce recueil de poèmes sera une étape de plus dans mon « tour du monde ».
J'ai d'abord été séduite par le titre, « Comme des fleurs d'amandier ou plus loin », qui est un poème en lui-même.
Ensuite, ces poèmes en prose sont parfois… poétiques, parfois hermétiques. J'en ai aimé certains, qui m'ont touchée ; je suis passée à côté d'autres, que je n'ai ni compris ni sentis.
Perdue dans la « métonymie » (je n'avais jamais autant rencontré ce mot). Manque de certaines références, que j'irai rechercher (le « Collier du pigeon » par exemple).
A découvrir, pour se faire sa propre idée selon son ressenti.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J’ai dit : je témoignerai que je suis toujours vivant,
même de loin, que j’ai rêvé que celui
qui rêvait comme moi était moi, nul autre…
que mon jour, le mardi, était long et accueillant,
que ma nuit était brève
telle une courte scène rajoutée
à la pièce après le tomber de rideau. Mais
je ne ferai de tort à personne…
si j’ajoutais : c’était une belle journée
pareille à une véritable histoire d’amour
dans un train rapide.

‘’EXIL (1) – C’est mardi et le temps est clair’’ (Extrait)
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Il dit : Je suis de là-bas. Je suis d'ici
et je ne suis pas là-bas ni ici.
J'ai deux noms qui se rencontrent et se séparent,
deux langues, mais j'ai oublié laquelle était
celle de mes rêves.
J'ai, pour écrire, une langue au vocabu­laire docile,
anglaise
et j'en ai une autre, venue des conversa­tions du ciel
avec Jérusalem. Son timbre est argenté, mais
elle est rétive à mon imagination !



Et l'identité ? je dis.
Il répond : Autodéfense...
L'identité est fille de la naissance. Mais
elle est en fin de compte l'oeuvre de celui qui la porte, non
le legs d'un passé. Je suis le multiple... En moi,
mon dehors renouvelé... Mais
j'appartiens à l'interrogation de la victime.
N'étais-je
de là-bas, j'aurais entraîné mon cœur
à y élever la gazelle de la métonymie...
Porte donc ta terre où que tu sois…
et sois narcissique s’il le faut.
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Pense aux autres


Extrait 1

Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
pense aux autres.
(N'oublie pas le grain aux colombes.)

Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres.
(N'oublie pas ceux qui réclament la paix.)

Quand tu règles la facture d'eau, pense aux autres.
(Qui tètent les nuages.)

Quand tu rentres à la maison, ta maison,
pense aux autres.
(N'oublie pas le peuple des tentes.)
...

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Comment les fleurs d'amandier
resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
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Pense aux autres


Extrait 2

Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
pense aux autres.
(Certains n'ont pas le loisir de rêver.)

Quand tu te libères par la métonymie,
pense aux autres.
(Qui ont perdu le droit à la parole.)

Quand tu penses aux autres lointains,
pense à toi.
(Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir ?)
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Videos de Mahmoud Darwich (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mahmoud Darwich
Le 07 octobre 2007, le poète palestinien Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) lisait son poème “Pour décrire les fleurs d'amandier” au Théâtre de l'Odéon (Odéon - Théâtre de l'Europe). Traduction de l'arabe vers le français : Elias Sanbar. Lecture de la traduction française : Didier Sandre. Peinture : Vincent Van Gogh, “Amandier en fleurs”, 1890. “Pour décrire les fleurs d'amandier” :
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais la passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Source : France Culture
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