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Daniel Becquemont (Éditeur scientifique)Edmond Barbier (Traducteur)Jean-Marc Drouin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080706850
608 pages
Flammarion (04/01/1999)
4.03/5   240 notes
Résumé :
La publication en 1859 de L'Origine des espèces a marqué une révolution intellectuelle, comparable à celle qui est associée au nom de Copernic et de Galilée. En proposant une "théorie de la descendance avec modification" et de la "sélection naturelle", Darwin apportait des réponses aux questions qui préoccupaient les naturalistes de son époque. Le caractère radical de ses réponses aussi bien que les problèmes qu'elles laissaient en suspens, ont alimenté d'emblée pol... >Voir plus
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Mes chers amis, mes chères amibes,
je souris ce matin. Non tant que l'époque ou la situation fussent particulièrement risibles à l'échelle où nous nous trouvons, vous et moi, mais elles le sont sans doute, forcément, à une échelle autre. Laissez-moi tenter d'illustrer cette affirmation. Peut-être avez-vous vu l'épisode 9 de la quatrième saison de la série Mad Men ?

Si tel n'est pas le cas, laissez-moi, très brièvement, vous brosser la scène à laquelle je songe. Nous sommes dans une agence de publicité new-yorkaise qui bat de l'aile dans les années 1960. Des clients, qui n'ont rien de sensationnels, sont là en salle de réunion et l'équipe dirigeante, composée de créatifs et de commerciaux, essaie tant bien que mal de décrocher un contrat avec eux. Pendant ce temps, l'une des vieilles secrétaires de l'agence vient de tomber raide morte à son bureau.

Imaginez la situation, les dirigeants, la sueur au front, la mâchoire crispée, essayant de garder la face, de donner le change et surtout, d'éviter que les clients ne se retournent et n'aperçoivent le cadavre de la secrétaire derrière la cloison vitrée. de leur côté, les autres secrétaires et employés effondrés, sous le choc, s'échinant à déplacer le macchabée hors de la vue des clients.

Nul doute que pour les dirigeants de l'agence, cette situation est un véritable calvaire. Nul doute que pour l'assemblée des secrétaires apprenties croque-morts également. Mais pour nous autres, spectateurs avachis, situés là d'où nous sommes, le cocasse, l'incongruité de la scène est à mourir de rire.

Eh bien c'est peut-être ça que nous vivons en ce moment, vous ne croyez pas ? Peut-être nous suffirait-il de changer de point de vue pour trouver la situation incroyablement désopilante et c'est peut-être notre vieil ami Charles Darwin qui pourrait nous y aider, pourquoi pas ?

J'ai sous les yeux un article du Monde diplomatique datant du mois de mars 2021 intitulé : « Les Brevets, obstacle aux vaccins pour tous ». le ton y est, comme souvent, sombre, solennel, démoralisant, écoeurant, révoltant, larmoyant… Jugez plutôt : « Et à l'intérieur même de l'Union européenne, les premières livraisons ont révélé des inégalités flagrantes : l'Italie a reçu 9.750 doses, la France 19.500 et l'Allemagne 151.125 (suit une référence à un article de Virginie Malingre publié dans le Monde du 6 février 2021). Même ramenés à la population respective de ces pays, ces écarts demeurent inexplicables et semblent suggérer que certains sont plus égaux que d'autres. L'Allemagne, de surcroît, négocie de gré à gré pour se procurer des doses supplémentaires, en dépit de son adhésion au mécanisme d'achat conjoint de vaccins par la Commission. » etc., etc. dans la même veine jusqu'à la fin.

On y apprend que derrière tout ça, des laboratoires peu scrupuleux, notamment américains (directement ou indirectement via leurs actionnaires) s'attachent à s'en mettre plein les fouilles, bien cachés derrière un joli paravent de langue de bois et d'apparente miséricorde universelle, etc., etc. Or, que je sache, chaque président de ce joli pays que l'on nomme États-Unis d'Amérique, depuis que la fonction existe, prête serment tous les quatre ans sur un gros bouquin poussiéreux où il est écrit en toutes lettres quelque part — j'ai vérifié — « Les premiers seront les derniers ».

Je me suis laissée dire qu'outre chez Bob Dylan, on trouvait une formule approchant dans le Coran et sans doute dans pas mal d'autres livres où les préceptes, maximes et lignes de bonne conduite se ramassent à la pelle. Mais qu'est-ce que ça veut dire au juste « Les premiers seront les derniers » ?

Serait-ce, les premiers (de la classe, à savoir les vipères à veston de type Emmanuel M. & consort, tous copains de promo, d'une même année ou des années précédentes voire suivantes) seront les derniers (à comprendre ce qui se passe vraiment pour la population et la lame de font qui monte du côté des gilets jaunes et affiliés) ?

Ou bien, comme le suggère un vieux maître à penser comme Jared Diamond, les premiers (à morfler des épidémies dans les centres populeux des premiers bassins de population antiques) seront les derniers (à résister encore aux maladies, notamment lors de la colonisation du territoire américain par les conquistadors) ?

Ou bien encore, les premiers (antibiotiques utilisés) seront les derniers (qu'on vous administrera aujourd'hui car les résistances bactériennes sont telles que cela ferait pire que mieux) ?

Alors qu'ajouter à la fin de : Les premiers (pays largement vaccinés) seront … … … (je vous laisse compléter vous-mêmes) ? Charles Darwin nous explique ça très bien, et ça fait même plus de 150 ans qu'il nous l'explique très bien, malgré quelques petites évolutions, depuis lors, dans la théorie de l'évolution. Quel est le business plan le plus viable pour tout être vivant ? Avoir une pléthorique descendance (plus qu'il n'en peut survivre), espérer qu'au sein de cette descendance il y ait nombre de variants, laisser calmement agir la sélection naturelle en fonction des avantages sélectifs propres à chaque variant afin d'éliminer ceux qui s'avèrent inaptes à la survie à long terme. L'équation est finalement fort simple : mutation + sélection = adaptation.

Qu'est-ce que ça veut dire « être adapté » pour un virus ? Torpiller le plus de monde possible ? Terrasser son hôte du mieux qu'il peut ? ou le laisser au contraire sagement survivre afin qu'il dissémine au mieux la précieuse semence tout du long de sa courte vie terrestre ? Allez, comme ça, citez-moi de mémoire un virus mortel. Paf ! très bien, très bon choix mademoiselle, le virus herpès. Comment ? Mortel un bouton de fièvre ? Oui, monsieur, parfaitement, dangereux à crever, capable de vous balayer un régiment en un rien de temps… enfin, ça, c'était avant…

L'herpès A, c'est-à-dire le nôtre, est absolument terrifiant pour d'autres espèces de singe (car nous sommes des singes, est-il besoin de vous le rappeler, que cela vous plaise ou non). En retour, politesse oblige, l'herpès B, celui qui ressemble comme un frère au nôtre mais qui touche les babouins & macaques en les faisant marrer s'avère mortel pour nous. C'est régulier de leur part, il fallait s'y attendre : ça se passe comme ça chez les virus, un peu comme au foot quand les capitaines s'échangent leur fanion avant le match…

Le SIDA, ça vient des chimpanzés, n'est-ce pas ? Et qu'est-ce que ça leur fait à eux ? Un gros rhume… Imaginez, il y a cent ans, lorsqu'un médecin se penchait sur la poitrine d'un enfant malade avec son stéthoscope. Toute la famille, livide, se mangeait les doigts au bord du lit. le médecin se relevait, la mine grave, et disait, telle une sentence divine : « C'est la grippe espagnole, Mesdames, je suis désolé ! » Toutes les mamans, les soeurs, les grands-mères se mettaient à hurler, à chialer, à s'arracher les cheveux, à s'allumer des cierges et à se compter les graines de chapelet en se pleurnichant des Ave Maria et des Confiteor en face de leurs crucifix.

Aujourd'hui, le gosse ne se sent pas très bien, le médecin arrive, il l'ausculte : « Ce n'est qu'une grippe, Madame, tout va bien. Un bouillon, du Doliprane et au lit. Dans une semaine il pètera le feu, je vous le garantis.
— Ah, ouf ! répond la mère reconnaissante, j'ai eu peur que ce soit un truc grave ! »

Bon, vous avez compris, je pense. « Être adapté », pour un virus, ça veut dire, devenir de moins en moins virulent et de plus en plus contagieux. Quels sont, sans volonté de psychose aucune, les virus suprêmes de l'espèce humaine ? Les virus provoquant des rhumes, pas vrai ? Or… or… un tiers sont des… des… coronavirus ! « Oh ! non, la vache ! Dites-moi pas qu' c'est pas vrai ! Putain d' merde ! Comment qu'on va faire, alors ?! »

Ah, Charlie ! Mon p'tit Charlie, mon p'tit Chacha Dada, mon p'tit Darwin, tu sais que je t'aime bien, en fait. Car dans le fond, on sait très bien que c'est exactement ce qu'il lui arrivera au corona machin 19 bidule truc, hein Charlie, exactement comme tous les virus avant lui et comme tous les virus après lui. Au départ, par maladresse, ils sont violents ces petits ballots, puis, au fur et à mesure, ils se corrigent comme l'a expliqué papa Darwin, ils savent se tenir : mutation, sélection, adaptation ; mutation, sélection, adaptation ; mutation, sélection, adaptation… « En somme, qu'il se dit, le machin, en langage ARN, si j'ai le mauvais goût de faire trépasser tout mon petit monde, je vais y perdre à la bourse de Wall Street des virus et alors, des petits malins de virus, moins virulents mais plus contagieux vont me passer devant en parts de marché et me faire couler la boutique. Faut que je réagisse, y a pas de raison ! »

Parallèlement, nous autres, et malgré l'outrecuidance ambiante de penser que l'on puisse s'extraire nous même du mécanisme de sélection naturelle, nous allons aussi évoluer, que cela vous plaise ou non et selon le même procédé. Si vous ne me croyez pas, allez voir le taux de résistance naturelle au paludisme, vous verrez qu'entre le Pakistan et l'Allemagne, il y a une sacrée différence. Même chose quant à notre aptitude à digérer le lactose à l'âge adulte. Pratiquement 100 % de lactase adulte chez les peuples sibériens ou lapons, là où la consommation du lait était par le passé un enjeu vital, pratiquement 0 % pour les peuples vivant autour de l'équateur dans la zone intertropicale, là où le lait était dispensable, à tout le moins non conservable, et l'élevage des grands mammifères, difficile.

Donc, oui, une fois encore, n'est-ce pas Mathieu, les premiers seront les derniers… « Certes, certes, diront certains, mais certainement pas, en ce qui me concerne, moi, ça me déconcerte, ces villes désertes, ces enseignes vertes, ces cris d'alerte, ces bouches ouvertes. C'est pas le tout, j'ai envie d'échapper à la mort, moi, et pour de bon ! »

Hmm… échapper à la mort, tiens, tiens, quelle drôle d'idée… Quand je vois nos dirigeants qui s'agitent, les Emmanuel Macrel, les Angela Merkon & autres virus apparentés, qui se mettent en quatre, disent-ils, pour « éviter des morts », pour nous « sauver des vies », ça me fait délicatement sourire… Ça me rappelle une fable que j'ai lu il y a longtemps. Elle s'appelait comment déjà ? le Mièvre et la Tordue, peut-être bien, à moins que ça ne soit La Porc et le Moucheron, ou alors Pire Être et le Poteau laid… je ne sais plus, c'est dingue que je ne puisse pas m'en souvenir… J'ai beau transpirer, j'ai beau suer, je n'y arrive pas…

Tiens, tiens, j'ai beau suer… J'ai Bossuet… Que disait-il lui déjà à ce propos ? Je l'avais noté quelque part, pourtant, il faut que je regarde dans mon calepin, permettez, une seconde, je tourne les pages… ah, voilà ! Je la tiens, tenez : « J'ai échappé la mort à telle et telle rencontre : c'est mal parler, j'ai échappé la mort : j'ai évité ce péril, mais non pas la mort : la mort nous dresse diverses embûches ; si nous échappons l'une, nous tombons en une autre ; à la fin, il faut venir entre ses mains. »

Mais avant cela, tout de même, il nous reste une petite chose à faire : lire au moins une fois dans notre vie minuscule, vie minutée, vie pipée, mais vie tout de même, jusqu'à échéance, jusqu'à déchéance, l'un des plus grands textes fondateurs de la science et de la philosophie modernes. Et pour le reste, souvenez-vous, c'est bien peu de chose qu'un avis sur internet, et tout ce qui a fin est bien peu de chose. le temps viendra où cet avis qui vous semblait si long ne sera plus, où il sera comme l'enfant qui est encore à naître, où il ne sera rien. Si longtemps qu'on soit au monde, y serait-on mille ans, il en faut venir là.

P. S. : je me souviens encore, quand j'étais gamine, cet article dans un numéro de Science & Vie où le journaliste s'extasiait qu'on eût enfin pu photographier LE fossile vivant, c'est-à-dire, sous sa plume, un coelacanthe vivant dans les profondeurs de l'Océan Indien non loin des côtes africaines. Quel dommage, s'il avait ne serait-ce que lu la quatrième de couverture de L'Origine des Espèces, il aurait pu s'éviter pareille erreur et mesurer l'étendue de l'ineptie qu'il venait de débiter. On entend ça aussi parfois des limules… Fossile vivant ! Quelle sottise ! Quel contresens ! En réalité, les fossiles vivants, ça n'existe que dans les rédactions de Science & Vie ou de toute autre enseigne s'ingéniant à colporter de telles absurdités.

Est-ce qu'une espèce peut s'arrêter d'évoluer ? Évidemment non, donc, si elle ressemble trait pour trait à son ancêtre d'il y a des millions d'années, cela veut seulement dire que les pressions de sélection qui s'exerçaient alors s'exercent toujours maintenant pour cette espèce donnée, rien de plus. le fait qu'on « n'évolue pas » apparemment, ou au contraire, qu'on évolue très vite sous certaines conditions ne doit pas nous faire perdre de vue l'essentiel : l'adaptation au moyen de la sélection naturelle. Pour ceux que la question intéresse, je conseille volontiers L'Éventail du vivant, La Vie est belle, L'Équilibre ponctué, voire La Structure de la théorie de l'évolution de Stephen Jay Gould qui rafraîchissent, qui mettent à l'heure la théorie de Darwin en y adjoignant des connaissances nouvelles depuis 1859 et qui ont permis d'affiner la compréhension du mécanisme évolutif.

Il en va de même de ce fameux dessin, vu, revu, détourné, parodié, usé et qui est censé représenter « l'évolution » de l'homme depuis un ancêtre australopithèque. de petit, rabougri, poilu, l'homme devient grand, droit, glabre, remarquablement beau, fort et intelligent… Ouais, bon, il suffit de sortir dans la rue pour constater que tel n'est pas forcément le cas, et surtout, quel homme peut être assez idiot et prétentieux pour croire qu'il pourrait battre à la course ou en force pure un Néandertalien ? Et même en intelligence pure, face à un nouveau problème, n'ayant pas de rapport avec la technologie numérique, je serais curieuse de voir comment un Néandertalien et un homme d'aujourd'hui s'y prendraient. Personnellement, j'aurais tendance à miser sur le plus poilu des deux…

Bref, il faut tordre le cou à ce concept trompeur « d'évolution » dans l'acception qu'y donnent certaines ou certains. Lorsqu'on observe « l'évolution » d'une maladie, cela ne présage en rien du sens de cette évolution. Aussi, il faut se retirer de l'esprit ce qui est également un contresens, à savoir le mythe du progrès, du schéma divin, le plan préétabli vers une supposée perfection. Personnellement, je n'aurais aucune confiance en un dieu aussi mal bâti et qui ferait à son image ses créatures bourrées de contrefaçons. Pourquoi la crosse aortique ? Pourquoi l'appendice ? et la liste est infinie.

Il n'y a pas de sens à l'évolution, il n'y a que l'adaptation. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder à quoi ressemblaient les ancêtres de la sacculine (parasite de l'abdomen des crabes) pour s'apercevoir qu'elle suit apparemment le chemin inverse de l'homme vers plus de simplicité. Il faut se retirer de la bouche des horreurs du type « l'homme est plus évolué que le ver de terre ». L'homme est, par définition, « aussi évolué que » le ver de terre. Dire qu'il est plus complexe, ça c'est autre chose. En revanche, le lombric est plus évolué, au sens propre, que des animaux aussi complexes que le grand pingouin, le mammouth ou le tigre de Tasmanie, du fait même que les pauvres ont arrêté d'évoluer, grâce aux bons soins de nos amis les hommes modernes…
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L'Origine des espèces a secoué le monde scientifique et a donné lieu à des débats enflammés qui ne se sont pas encore éteints aujourd'hui. Darwin développe dans cet ouvrage les concept de « sélection naturelle » et de « descendance avec modification », qu'il étaie avec une foule d'exemples issus de la biologie et de la géologie, et de son expérience personnelle.

La version que j'ai lue est une des plus tardives, et il prend le temps de répliquer aux principales critiques des opposants à sa théorie (critiques qu'il prend très au sérieux, se disant quelque fois ébranlé par les arguments avancés).

Chose inattendue pour moi, aucune mention de l'homme dans cet ouvrage. J'avais dans l'idée que l'origine des espèces était LE livre qui avait posé l'idée que le singe et l'homme avaient des ancêtres communs, mais rien du tout. Darwin parle principalement des plantes, et des animaux les plus petits comme les insectes.

Il est amusant de constater que certaines critiques (les organes trop complexes, le manque de fossiles des « chaînons manquants ») avaient déjà été avancées du temps de Darwin, et qu'il y avait répondu. Il a notamment mis en avant quelques « candidats » intermédiaires de l'oeil. Pourtant, les critiques modernes continuent de mettre en avant ce problème de l'oeil, sans tenir compte des explications de l'auteur. Autre critique qu'on fait à la théorie de l'évolution, le manque de réfutation possible. Darwin dit cependant à de nombreuses reprises « Si quelqu'un met telle chose en évidence, ma théorie est fausse ».

Ce livre n'est pas indispensable pour comprendre la théorie de l'évolution moderne (il y a des imprécisions et des arguments considérés comme faux aujourd'hui), mais c'est vraiment intéressant de comprendre comment un scientifique a pu passer de la théorie d'une création indépendante de chaque espèce à une théorie de l'évolution, en suivant son raisonnement, en analysant ses indices et en constatant les « trous » que les théories existantes à l'époque étaient incapables de combler.
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Prenez un jeune anglais espiègle et distrait, qui s'ennuie un peu sur les bancs de l'école. Ne lui procurez ni de télé, ni de téléphone portable, ni internet : la zone. le morveux va se mettre à ramasser tout un tas de trucs qu'il trouve par terre : des coquilles, des pièces de monnaies, des cailloux et même des chenilles. Un bon à rien, quoi. Destinez-le à devenir curé, ou médecin. du coup, le garnement devenu jeune homme va se faire la malle pendant cinq ans sur un bateau, pour tenir compagnie à un capitaine irascible. Là, il va faire le tour du monde, et continuer à ramasser tout un tas de cochonneries : des oiseaux morts, des insectes bizarres, des vers dégoûtants. Une fois revenu à Londres, enfermez-le pour qu'il réfléchisse à son comportement inadéquat pour quelqu'un de sa classe, tout juste pourra-t-il correspondre avec les meilleurs spécialistes en zoologie d'Angleterre.
Laissez-ce vaurien mijoter pendant vingt ans.
Vous obtenez ce livre qui va révolutionner la biologie, et, au-delà de ça, replacer l'homme au sein du monde animal. Donc contribuer à changer la vision que nous avons du monde.
Le livre en lui-même ne fait pas dans le sensationnel : pas de photos chocs ni de formules chics ; il ne s'agit que « d'une longue argumentation », s'appuyant sur « d'innombrables petits faits », comme dit Stephen Jay Gould.
Ce livre résume le fruit de longues années d'observations minutieuses, de prises de notes, de la culture de deux cents trente-trois plants de choux, d'échanges avec des éleveurs de pigeons ou de naturalistes amateurs, de comparaisons de crânes, d'études de géologie, de physiologie, de géographie, des poils sur le poitrail des dindons mâles, et aussi, de discussions avec d'éminents spécialistes. C'est un traité sur l'élevage des animaux domestiques, un traité de botanique, un ouvrage de zoologie, tout cela à la fois.
Le génie de Darwin, c'est que, de tout ces humbles et sans doute peu glorieux travaux, il tire des conclusions extraordinaires : la descendance induit des variations de l'espèce, et de cette descendance, seuls les plus aptes survivent, sélectionnés par les conditions naturelles. Il n'y a plus d'espèces fixes, créées ex-nihilo.
Cependant, Darwin sait qu'il demeure de nombreux points obscurs à sa théorie : parmi ces points, la question des formes intermédiaires. « Pourquoi ne trouvons-nous pas, dans toutes les formations géologiques, une grande abondance de ces formes intermédiaires ? » se demande ce sacré Charles. C'est qu'il s'accroche à sa conception de transformations lentes et graduelles ! La réponse est : « Parce qu'il n'y en a pas, Charles ! »
Mais impossible de lui en vouloir : Darwin faisait avec les connaissances scientifiques de son époque, et, malgré ses qualités de déduction extraordinaires, il ne pouvait quand même pas tout découvrir. Il lui manquait la biologie moléculaire, la génétique, la théorie des équilibres ponctués, l'embryologie, et toutes ces sciences qui ont amélioré et continuent à affiner cette magnifique théorie, qu'il avait tracée dans les grandes lignes. Chapeau, Monsieur Darwin !
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Dans la présentation de cette réédition, Jean-Marc Drouin cite Wilberforce, l'évêque anglican d'Oxford qui demandait ironiquement au zoologiste Thomas Huxley « s'il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère ». Huxley lui rétorquait en substance « qu'il rougirait plutôt d'avoir un ancêtre comme l'évêque qui se mêle de problèmes qu'il ne connaît pas dans le seul but de les embrouiller ».
Malheureusement, nombreux sont encore ceux qui, sans aller, comme les adeptes du créationnisme, jusqu'à nier l'évolution des espèces vivantes, n'en tirent pas toutes les conséquences philosophiques sur l'interdépendance et la fraternité universelle. Aujourd'hui, ces successeurs de Wilberforce ne peuvent plus nier cette filiation, mais ils ont honte de leurs ancêtres. Ils veulent encore, en dépit de toutes les évidences, se sentir étranger au monde réel, séparés, différents et, bien sûr, supérieurs ! C'est bien dommage pour eux et pour le monde car ils perdent le bonheur de faire partie d'un fantastique organisme planétaire vivant et ignorent donc, ou sous-estiment, toutes les conséquences concernant notre immense responsabilité, en particulier dans le domaine de l'écologie.
Les rééditions de ce texte fondateur de Darwin sont d'utilité publique !
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Cette nouvelle édition est la traduction française de la première édition écrite par Darwin en 1859. Les éleveurs constatent la transmission des caractères par l'hérédité sans connaître encore le mécanisme génétique qui ne sera découvert que plus tard. Darwin croit que nombre de variétés domestiques descendent souvent d'une seule espèce. Il discute d'un exemple qu'il connaît bien pour en avoir élevé lui-même, le pigeon domestique. Il évoque l'effet indéniable de la sélection méthodique et inconsciente effectuée par les hommes depuis que les animaux sont domestiqués, sorte de sélection bien imparfaite s'attachant surtout à l'aspect extérieur de l'animal. La plasticité des variétés y est mise en évidence par de nombreux exemples. Il est à noter que l'idée de la plasticité des espèces entre en conflit avec la notion biblique de la création divine des animaux dans le dessein de servir l'homme. L'extraordinaire résistance, pour ne pas dire de mauvaise foi, que rencontre le darwinisme depuis plus de 150 ans n'est pas étrangère à ce conflit d'idées.

Le deuxième chapitre s'intéresse à l'action de la sélection naturelle sur les animaux à l'état de nature. Les différences individuelles sont un terreau fertile sur lequel peuvent naître les variétés. Il y a cependant une grande difficulté, même pour les spécialistes, à différencier une variété d'une espèce. À l'observateur expérimenté, la variété mue en variété plus prononcée, puis en sous-espèce, puis en espèce distincte. Ces transformations ne sont pas le fait de facteurs externes, mais de la sélection naturelle. Par ailleurs, les espèces des genres riches ressemblent davantage à des variétés que les espèces des genres pauvres qui ont des traits mieux délimités. Par définition, les variétés ont des distributions géographiques restreintes.

Comment expliquer les admirables adaptations dans le monde animal entre des plantes et des animaux? Comment expliquer aussi que les espèces naissantes deviennent de vraies espèces distinctes? C'est la lutte pour la vie qui explique cette évolution. Grâce à cette lutte, une variation, aussi minime soit elle, qui avantage un animal a davantage de chance d'être transmise à sa descendance et à favoriser sa survie. C'est ce principe de préservation que Darwin nomme sélection naturelle, opposé à la sélection effectué par l'homme. La lutte pour l'existence implique des relations mutuelles de dépendances, mais aussi l'aptitude à laisser des descendants. La quantité d'individu naissants est telle qu'il faut une réduction sensible de la masse des êtres qui parviennent à la vie sans quoi la terre ne pourrait rapidement plus supporter l'ensemble de la biomasse. La concurrence, la prédation, le climat, le type de végétation, la lutte entre individus de la même espèce ne sont que quelques-uns des aspects de la très grande complexité de cette lutte universelle.

Qu'en est-il du principe de la sélection naturelle à l'état de nature? Il y a un nombre infini de variations individuelles, la force des tendances héréditaires, les rapports étroits des êtres complexes les uns avec les autres. Peut-on douter qu'un individu ayant un léger avantage ait de meilleurs chances de survie? de plus, les modifications n'ont pas besoin de grands bouleversements pour surgir. L'action de l'homme est minime, variable et établie en fonction de ses besoins; en comparaison, l'action de la nature s'exerce au bénéfice des animaux sur des temps géologiques sinon les animaux finiraient par disparaître. La sélection sexuelle se produit lors de la lutte des mâles pour choisir les femelles. Les combats ne sont pas toujours mortels, comme chez les oiseaux où les femelles choisissent certains mâles pour leur plumage. Darwin discute ensuite de plusieurs exemples.

La sélection naturelle tend à la divergence des caractères. Les variétés cherchent à occuper des niches inoccupées car plus les organismes diffèrent les uns des autres sous les rapports de la structure, des habitudes et de la constitution, moins âpre est la lutte entre les variétés. Les souches proches ont tendances à s'éliminer entre elles; il en résulte que les descendants sur des milliers de générations finissent par se différencier davantage. Ce sont les espèces les plus riches qui varient le plus et qui transmettent à leur descendants les avantages qui leur permettent de se maintenir à travers les variétés qui apparaissent et la sélection naturelle tend à faire disparaître les espèces intermédiaires moins perfectionnées. Voilà ce qui explique toutes les affinités que nous voyons dans la nature et que nous ne verrions pas si toutes les espèces étaient entièrement distinctes. Il y a vraiment une ramification de la vie, comme dans les branches d'un arbre, si on remonte assez loin on finit par retrouver un ancêtre commun.

Les lois de la variabilités sont encore inconnues parce que les gènes ne sont pas découvert, mais une observation attentive montre des tendances lourdes appelées lois concernant l'environnement dans une faible part, l'habitude d'utilisation ou non des parties de l'anatomie, les parties fortement développées, les parties secondaires plus variables que les parties centrales, les caractères spécifiques, plus variables que les caractères génériques, les caractères sexuels secondaires très variables. La sélection naturelle n'a pas eu le temps de maîtriser la tendance à la variabilité ultérieure ou au retour de certains caractères.

Dans le chapitre sur les difficultés liées à la théorie, on y apprend qu'il y a énormément de variétés mais peu de formes radicalement originales les unes des autres. Il y a peu de gradations intermédiaires entre les espèces en partie parce que la sélection naturelle agit lentement sur quelques parties et que la sélection implique l'extinction des formes intermédiaires antérieures. Aussi, les formes intermédiaires sont moins nombreuses que les formes établies et disparaissent plus vite. Il faut accueillir avec prudence l'impossibilité d'un changement graduel; une espèce peut changer ses habitudes et ne pas sembler totalement bien adaptée à son environnement. le problème de la perfection de l'oeil n'est qu'un problème apparent, il est possible que la sélection naturelle puisse faire apparaître un oeil au cours de gradations simples s'échelonnant sur une longue période. Des parties atrophiées peuvent redevenir importantes et inversement des parties importantes peuvent s'atrophier dans la suite des temps. La sélection naturelle ne peut produire chez un animal une partie seulement pour nuire à un autre animal; mais elle peut créer des parties très utiles ou très nuisibles à d'autres animaux. Les habitants d'une région plus petite disparaissent plus rapidement que ceux d'une région plus grande. Ceux d'une plus grande région seront en général plus parfaitement adapté que les animaux des régions plus petites. Enfin, la nature ne progresse pas par sauts brusques, mais par lentes et petites évolutions. La formation de tous les animaux repose sur deux grandes lois: l'unité de type et les conditions d'existence. Les conditions d'existences étant supérieures à l'unité de type car elles comprennent, par l'hérédité, l'unité de type elle-même. Les opposants à la théorie de l'évolution utilisent encore aujourd'hui les mêmes objections soulevées par Darwin en leur donnant un statut définitif comme si ces objections réfutaient la théorie alors que Darwin énonce clairement à plusieurs reprises que malgré parfois d'énormes difficultés, rien dans tous ces obstacles ne remet en question la validité fondamentale de ses axiomes. J'y vois une preuve éclatante que les opposants à la théorie de l'évolution n'ont jamais lu Darwin, se contentant de répéter machinalement des objections dont ils ne comprennent ni la portée, ni l'importance. Après le travail colossale d'observation effectué par Darwin, il faut pour le moins être imbu d'une idéologie aveuglante doublé d'un ego hypertrophié pour oser affirmer que cette théorie est fausse.

Comme les formes biologiques, l'instinct est soumis à la sélection naturelle. Les habitudes mentales sont variables et héréditaires. Darwin discute longuement de l'instinct esclavagiste des fourmis et de l'instinct des abeilles à construire des rhombes (alvéoles) de cire d'une symétrie parfaite avec une économie de moyen favorisant la survie de la ruche, autre manifestation de la sélection naturelle.

Comment se fait-il qu'il y ait si peu d'espèces de transition dans les archives fossiles? Les archives fossiles sont d'abord et avant tout très incomplètes. Si en plus, les espèces intermédiaires sont remplacées plus rapidement par les espèces dominantes, il est normal que les chaînons manquants soient plus difficile à trouver. Darwin discute ensuite des laps de temps immenses des époques géologiques à l'aide de observations des dépôts et des couches de sédiments sous toutes leur forme et de la très grande imperfection des archives géologiques.

À ce stade, je n'ai lu que le résumé des deux chapitres sur la distribution géographique, et sur les affinités mutuelles des êtres organisés et n'ai lu ni la récapitulation ni la conclusion.

Voici l'une des grandes oeuvres de l'humanité, manifeste du génie d'observation et de déduction de l'esprit humain. C'est un peu soporifique par moments, et j'aurais aimé un peu plus de concision, plus de 500 pages, c'est trop long, mais dans l'ensemble, une lecture passionnante que je recommande à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur la vie et ses ramifications.
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Il est intéressant de contempler un talus enchevêtré, couvert de nombreuses plantes de nombreuses sortes, avec des oiseaux qui chantent dans les buissons et des insectes variés qui virevoltent et des vers qui rampent dans la terre humide. Et de songer que ces formes construites avec raffinement, si différentes les unes des autres, et dépendant les uns des autres d'une manière si complexe, ont toutes été produites par des lois agissant autour de nous. Ces lois, prises dans le sens le plus large, sont : Croissance avec Reproduction ; Héritage, lequel est presque toujours impliqué par la reproduction ; Variabilité, à partir de l'action directe et indirecte des conditions extérieures de vie et de l'usage et du non-usage ; un Taux d'Accroissement si élevé qu'il conduit à une Lutte pour la Vie et, comme conséquence, à la Sélection Naturelle, ce qui entraîne Divergence de Caractère et Extinction des formes les moins améliorées. Ainsi, à partir de la guerre de la nature, de la famine et de la faim, l'objet le plus sublime qui nous puissions concevoir, la production des animaux supérieurs, s'ensuit nécessairement.

XIV. RÉCAPITULATION ET CONCLUSION.
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Il est intéressant de contempler un rivage luxuriant, tapissé de nombreuses plantes appartenant à de nombreuses espèces abritant des oiseaux qui chantent dans les buissons, des insectes variés qui voltigent çà et là, des vers qui rampent dans la terre humide, si l'on songe que ces formes si admirablement construites, si différemment conformées, et dépendantes les unes des autres d'une manière si complexe, ont toutes été produites par les lois qui agissent autour de nous. Ces lois, prises dans leur sens le plus large, sont : la loi de croissance et de reproduction ; la loi d'hérédité qu'implique presque la loi de reproduction ; la loi de variabilité, résultant de l'action directe et indirecte des conditions d'existence, de l'usage et du défaut d'usage ; la loi de multiplication des espèces en raison assez élevée pour amener la lutte pour l'existence, qui a pour conséquence la sélection naturelle, laquelle détermine la divergence des caractères, et l'extinction des formes moins perfectionnées. Le résultat direct de cette guerre de la nature, qui se traduit par la famine et par la mort, est donc le fait le plus admirable que nous puissions concevoir, à savoir : la production des animaux supérieurs. N'y a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d'envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule ? Or, tandis que notre planète, obéissant à la loi fixe de gravitation, continue de tourner dans son orbite, une quantité infinie de belles et admirables formes, sorties d'un commencement si simple, n'ont pas cessé de se développer et se développent encore !
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On ne peut s’étonner qu’il y ait encore tant de points obscurs relativement à l’origine des espèces et des variétés, si l’on tient compte de notre profonde ignorance pour tout ce qui concerne les rapports réciproques des êtres innombrables qui vivent autour de nous. Qui peut dire pourquoi telle espèce est très nombreuse et très répandue, alors que telle autre espèce voisine est très rare et a un habitat fort restreint ? Ces rapports ont, cependant, la plus haute importance, car c’est d’eux que dépendent la prospérité actuelle et, je le crois fermement, les futurs progrès et la modification de tous les habitants de ce monde. Nous connaissons encore bien moins les rapports réciproques des innombrables habitants du monde pendant les longues périodes géologiques écoulées. Or, bien que beaucoup de points soient encore très obscurs, bien qu’ils doivent rester, sans doute, inexpliqués longtemps encore, je me vois cependant, après les études les plus approfondies, après une appréciation froide et impartiale, forcé de soutenir que l’opinion défendue jusque tout récemment par la plupart des naturalistes, opinion que je partageais moi-même autrefois, c’est-à-dire que chaque espèce a été l’objet d’une création indépendante, est absolument erronée. Je suis pleinement convaincu que les espèces ne sont pas immuables ; je suis convaincu que les espèces qui appartiennent à ce que nous appelons le même genre descendent directement de quelque autre espèce ordinairement éteinte, de même que les variétés reconnues d’une espèce quelle qu’elle soit descendent directement de cette espèce ; je suis convaincu, enfin, que la sélection naturelle a joué le rôle principal dans la modification des espèces, bien que d’autres agents y aient aussi participé.
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La lutte dans la lutte doit toujours se reproduire avec des succès différents ; cependant, dans le cours des siècles, les forces se balancent si exactement, que la face de la nature reste uniforme pendant d’immenses périodes, bien qu’assurément la cause la plus insignifiante suffise pour assurer la victoire à tel ou tel être organisé. Néanmoins, notre ignorance est si profonde et notre vanité si grande, que nous nous étonnons quand nous apprenons l’extinction d’un être organisé ; comme nous ne comprenons pas la cause de cette extinction, nous ne savons qu’invoquer des cataclysmes, qui viennent désoler le monde, et inventer des lois sur la durée des formes vivantes !
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En premier lieu, notre ignorance est trop grande relativement à l’ensemble de l’économie organique d’un être quelconque, pour que nous puissions dire quelles sont les modifications importantes et quelles sont les modifications insignifiantes. Dans un chapitre précédent, j’ai indiqué quelques caractères insignifiants, tels que le duvet des fruits ou la couleur de la chair, la couleur de la peau et des poils des quadrupèdes, sur lesquels, en raison de leur rapport avec des différences constitutionnelles, ou en raison de ce qu’ils déterminent les attaques de certains insectes, la sélection naturelle a certainement pu exercer une action. La queue de la girafe ressemble à un chasse-mouches artificiel ; il paraît donc d’abord incroyable que cet organe ait pu être adapté à son usage actuel par une série de légères modifications qui l’auraient mieux approprié à un but aussi insignifiant que celui de chasser les mouches. Nous devons réfléchir, cependant, avant de rien affirmer de trop positif même dans ce cas, car nous savons que l’existence et la distribution du bétail et d’autres animaux dans l’Amérique méridionale dépendent absolument de leur aptitude à résister aux attaques des insectes ; de sorte que les individus qui ont les moyens de se défendre contre ces petits ennemis peuvent occuper de nouveaux pâturages et s’assurer ainsi de grands avantages. Ce n’est pas que, à de rares exceptions près, les gros mammifères puissent être réellement détruits par les mouches, mais ils sont tellement harassés et affaiblis par leurs attaques incessantes, qu’ils sont plus exposés aux maladies et moins en état de se procurer leur nourriture en temps de disette, ou d’échapper aux bêtes féroces.
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