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Critique de pve735


Cette nouvelle édition est la traduction française de la première édition écrite par Darwin en 1859. Les éleveurs constatent la transmission des caractères par l'hérédité sans connaître encore le mécanisme génétique qui ne sera découvert que plus tard. Darwin croit que nombre de variétés domestiques descendent souvent d'une seule espèce. Il discute d'un exemple qu'il connaît bien pour en avoir élevé lui-même, le pigeon domestique. Il évoque l'effet indéniable de la sélection méthodique et inconsciente effectuée par les hommes depuis que les animaux sont domestiqués, sorte de sélection bien imparfaite s'attachant surtout à l'aspect extérieur de l'animal. La plasticité des variétés y est mise en évidence par de nombreux exemples. Il est à noter que l'idée de la plasticité des espèces entre en conflit avec la notion biblique de la création divine des animaux dans le dessein de servir l'homme. L'extraordinaire résistance, pour ne pas dire de mauvaise foi, que rencontre le darwinisme depuis plus de 150 ans n'est pas étrangère à ce conflit d'idées.

Le deuxième chapitre s'intéresse à l'action de la sélection naturelle sur les animaux à l'état de nature. Les différences individuelles sont un terreau fertile sur lequel peuvent naître les variétés. Il y a cependant une grande difficulté, même pour les spécialistes, à différencier une variété d'une espèce. À l'observateur expérimenté, la variété mue en variété plus prononcée, puis en sous-espèce, puis en espèce distincte. Ces transformations ne sont pas le fait de facteurs externes, mais de la sélection naturelle. Par ailleurs, les espèces des genres riches ressemblent davantage à des variétés que les espèces des genres pauvres qui ont des traits mieux délimités. Par définition, les variétés ont des distributions géographiques restreintes.

Comment expliquer les admirables adaptations dans le monde animal entre des plantes et des animaux? Comment expliquer aussi que les espèces naissantes deviennent de vraies espèces distinctes? C'est la lutte pour la vie qui explique cette évolution. Grâce à cette lutte, une variation, aussi minime soit elle, qui avantage un animal a davantage de chance d'être transmise à sa descendance et à favoriser sa survie. C'est ce principe de préservation que Darwin nomme sélection naturelle, opposé à la sélection effectué par l'homme. La lutte pour l'existence implique des relations mutuelles de dépendances, mais aussi l'aptitude à laisser des descendants. La quantité d'individu naissants est telle qu'il faut une réduction sensible de la masse des êtres qui parviennent à la vie sans quoi la terre ne pourrait rapidement plus supporter l'ensemble de la biomasse. La concurrence, la prédation, le climat, le type de végétation, la lutte entre individus de la même espèce ne sont que quelques-uns des aspects de la très grande complexité de cette lutte universelle.

Qu'en est-il du principe de la sélection naturelle à l'état de nature? Il y a un nombre infini de variations individuelles, la force des tendances héréditaires, les rapports étroits des êtres complexes les uns avec les autres. Peut-on douter qu'un individu ayant un léger avantage ait de meilleurs chances de survie? de plus, les modifications n'ont pas besoin de grands bouleversements pour surgir. L'action de l'homme est minime, variable et établie en fonction de ses besoins; en comparaison, l'action de la nature s'exerce au bénéfice des animaux sur des temps géologiques sinon les animaux finiraient par disparaître. La sélection sexuelle se produit lors de la lutte des mâles pour choisir les femelles. Les combats ne sont pas toujours mortels, comme chez les oiseaux où les femelles choisissent certains mâles pour leur plumage. Darwin discute ensuite de plusieurs exemples.

La sélection naturelle tend à la divergence des caractères. Les variétés cherchent à occuper des niches inoccupées car plus les organismes diffèrent les uns des autres sous les rapports de la structure, des habitudes et de la constitution, moins âpre est la lutte entre les variétés. Les souches proches ont tendances à s'éliminer entre elles; il en résulte que les descendants sur des milliers de générations finissent par se différencier davantage. Ce sont les espèces les plus riches qui varient le plus et qui transmettent à leur descendants les avantages qui leur permettent de se maintenir à travers les variétés qui apparaissent et la sélection naturelle tend à faire disparaître les espèces intermédiaires moins perfectionnées. Voilà ce qui explique toutes les affinités que nous voyons dans la nature et que nous ne verrions pas si toutes les espèces étaient entièrement distinctes. Il y a vraiment une ramification de la vie, comme dans les branches d'un arbre, si on remonte assez loin on finit par retrouver un ancêtre commun.

Les lois de la variabilités sont encore inconnues parce que les gènes ne sont pas découvert, mais une observation attentive montre des tendances lourdes appelées lois concernant l'environnement dans une faible part, l'habitude d'utilisation ou non des parties de l'anatomie, les parties fortement développées, les parties secondaires plus variables que les parties centrales, les caractères spécifiques, plus variables que les caractères génériques, les caractères sexuels secondaires très variables. La sélection naturelle n'a pas eu le temps de maîtriser la tendance à la variabilité ultérieure ou au retour de certains caractères.

Dans le chapitre sur les difficultés liées à la théorie, on y apprend qu'il y a énormément de variétés mais peu de formes radicalement originales les unes des autres. Il y a peu de gradations intermédiaires entre les espèces en partie parce que la sélection naturelle agit lentement sur quelques parties et que la sélection implique l'extinction des formes intermédiaires antérieures. Aussi, les formes intermédiaires sont moins nombreuses que les formes établies et disparaissent plus vite. Il faut accueillir avec prudence l'impossibilité d'un changement graduel; une espèce peut changer ses habitudes et ne pas sembler totalement bien adaptée à son environnement. le problème de la perfection de l'oeil n'est qu'un problème apparent, il est possible que la sélection naturelle puisse faire apparaître un oeil au cours de gradations simples s'échelonnant sur une longue période. Des parties atrophiées peuvent redevenir importantes et inversement des parties importantes peuvent s'atrophier dans la suite des temps. La sélection naturelle ne peut produire chez un animal une partie seulement pour nuire à un autre animal; mais elle peut créer des parties très utiles ou très nuisibles à d'autres animaux. Les habitants d'une région plus petite disparaissent plus rapidement que ceux d'une région plus grande. Ceux d'une plus grande région seront en général plus parfaitement adapté que les animaux des régions plus petites. Enfin, la nature ne progresse pas par sauts brusques, mais par lentes et petites évolutions. La formation de tous les animaux repose sur deux grandes lois: l'unité de type et les conditions d'existence. Les conditions d'existences étant supérieures à l'unité de type car elles comprennent, par l'hérédité, l'unité de type elle-même. Les opposants à la théorie de l'évolution utilisent encore aujourd'hui les mêmes objections soulevées par Darwin en leur donnant un statut définitif comme si ces objections réfutaient la théorie alors que Darwin énonce clairement à plusieurs reprises que malgré parfois d'énormes difficultés, rien dans tous ces obstacles ne remet en question la validité fondamentale de ses axiomes. J'y vois une preuve éclatante que les opposants à la théorie de l'évolution n'ont jamais lu Darwin, se contentant de répéter machinalement des objections dont ils ne comprennent ni la portée, ni l'importance. Après le travail colossale d'observation effectué par Darwin, il faut pour le moins être imbu d'une idéologie aveuglante doublé d'un ego hypertrophié pour oser affirmer que cette théorie est fausse.

Comme les formes biologiques, l'instinct est soumis à la sélection naturelle. Les habitudes mentales sont variables et héréditaires. Darwin discute longuement de l'instinct esclavagiste des fourmis et de l'instinct des abeilles à construire des rhombes (alvéoles) de cire d'une symétrie parfaite avec une économie de moyen favorisant la survie de la ruche, autre manifestation de la sélection naturelle.

Comment se fait-il qu'il y ait si peu d'espèces de transition dans les archives fossiles? Les archives fossiles sont d'abord et avant tout très incomplètes. Si en plus, les espèces intermédiaires sont remplacées plus rapidement par les espèces dominantes, il est normal que les chaînons manquants soient plus difficile à trouver. Darwin discute ensuite des laps de temps immenses des époques géologiques à l'aide de observations des dépôts et des couches de sédiments sous toutes leur forme et de la très grande imperfection des archives géologiques.

À ce stade, je n'ai lu que le résumé des deux chapitres sur la distribution géographique, et sur les affinités mutuelles des êtres organisés et n'ai lu ni la récapitulation ni la conclusion.

Voici l'une des grandes oeuvres de l'humanité, manifeste du génie d'observation et de déduction de l'esprit humain. C'est un peu soporifique par moments, et j'aurais aimé un peu plus de concision, plus de 500 pages, c'est trop long, mais dans l'ensemble, une lecture passionnante que je recommande à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur la vie et ses ramifications.
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