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Critique de Louise1200


Dans son livre, Les naufragés du Batavia, Simon Leys prétend que le livre de Mike Dash, L'Archipel des hérétiques, serait le meilleur livre et le plus complet relatant le naufrage du Batavia, un navire commercial de la République des [Sept] Provinces-Unies (= les actuels Pays-Bas), en 1629, au large de l'actuelle Australie.

Personnellement, le livre de Mike Dash ne m'a pas convaincue. La traduction française plus qu'approximative y est sans doute pour beaucoup. L'emploi du terme hérétique » (qui ne souscrit pas à la doctrine d'un groupe) laisserait penser à un épisode des guerres de religions à la Renaissance en Europe, alors que le titre original «Batavia's Graveyard» (le cimetière du Batavia) fait directement référence au navire et au nom donné à une des îles de l'archipel par les rescapés du naufrage. le titre anglais prête également à confusion pour certains : un magazine anglophone à Jakarta l'a présenté comme un livre de référence sur les cimetières coloniaux de l'actuelle capitale de l'Indonésie.

Je n'ai pas pu (encore) me procurer la version originale anglaise du livre de Mike Dash pour vérifier si les erreurs et approximations qui rendent si pénibles la lecture de ce livre, sont l'oeuvre de l'auteur et/ou du traducteur. La synecdoque systématique de l'emploi de « hollandais » pour « néerlandais » - la Hollande étant la province la plus riche et la plus peuplée des sept Provinces-Unies - est une erreur courante en France, alors que le terme anglais « dutch » est beaucoup plus général. On se demande comment des phrases comme « Il venait d'Anvers, la grande rivale d'Amsterdam, sise dans le sud du Nederland … » (page 23) [au lieu de Pays-Bas méridionaux ou Pays-Bas espagnols] et page 96 « Les sept provinces, qui devaient par la suite se fédérer pour constituer la République de Hollande, … » ont pu être imprimées.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire, voici un bref résumé. le Batavia, un navire marchand de la Compagnie des Indes Orientales (Verenigde Oostindische Companie - VOC) des Provinces-Unies a coulé lors de son voyage inaugural en direction de Batavia, le port de l'île de Java qui était le comptoir de la VOC et des Provinces-Unies pour l'approvisionnement en épices (poivre, cannelle, girofle, muscade, …), qui faisait la richesse de la compagnie maritime. le bateau était parti avec plus de 300 personnes à bord (marins, mais aussi militaires et passagers). En pleine nuit, le navire a heurté des récifs au large de l'Australie. Une grande partie de l'équipage et des passagers ont pu se réfugier sur les récifs, mais sans parvenir à sauver nourriture et eau potable en suffisance. le capitaine, une partie des marins et les officiels de la VOC sont partis avec les deux chaloupes pour tenter de rejoindre Batavia pour y chercher du secours et surtout récupérer l'or et l'argent destinés à payer les épices et la solde de la garnison de Batavia. Ils parviendront à rejoindre l'île de Java en un mois, après un périple de plus de 3000 km, sans perdre un seul passager.
Pendant ce temps, le second de la VOC, Jeronimus Cornelisz, devint le chef des survivants de l'archipel. Malgré les pluies qui amenèrent de l'eau douce et la présence d'otaries et de langoustes, il devint rapidement évident que les vivres ne suffiraient pas pour tous. S'il voulait, avec l'aide de quelques comparses, s'emparer d'un bateau à l'arrivée des secours pour fuir avec l'or et l'argent récupérés dans l'épave du bateau, il conviendrait d'éliminer le plus de personnes possibles ...

De nouveaux ouvrages consacrés aux naufragés du Batavia ne cessent de paraître. En français, La tragédie du Batavia de Philippe Godard, Massacre des Innocents de Marc Biancarelli, ou la bande dessinée en trois tomes : Jéronimus, de Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx.
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