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Roger Ripoll (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070393657
290 pages
Gallimard (23/01/1997)
3.76/5   36 notes
Résumé :
" Quel drôle de pays, pas moins, que cette Suisse..." s'écria Tartarin. Bompard se mit à rire. " Ah ! vaï, la Suisse... D'abord, il n'y en pas, de Suisse ! La Suisse, à l'heure qu'il est, vé ! monsieur Tartarin, n'est plus qu'un vaste Kursaal, ouvert de juin en septembre, un casino panoramique, où l'on vient se distraire des quatre parties du monde et qu'exploite une Compagnie richissime à centaines de millions de milliasses, qui a son siège à Genève et à Londres. I... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Té, je l'avais sous la main quand Bookycooky m'en a suggéré la lecture. Alors zou ! Et vaï pour le lire avé le parler de Tartarin. Il va se prendre pour un alpiniste en escaladant le Jungfrau en Suisse, puis le Mont-blanc. Un fort en gueule qui s'invente des péripéties glorieuses. Faut le pardonner, car je cite : « C'est notre soleil qui veut ça, on naît avec le mensonge... Vé! moi... Ai-je dit une vérité depuis que je suis au monde ?... Dès que j'ouvre la bouche, mon Midi me monte comme une attaque. »
La façon de parler peu être gênante au début, mais l'humour rattrape tout.
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Avec Tartarin, convenez-en, Alphonse Daudet a créé un type, un drôle de type, et un type drôle : un de ces types qui ont les défauts et les qualités à égalité, mais portés à la puissance x. Tartarin est généreux à l'excès, vantard outre mesure, il ne sait pas faire dans la demi-mesure. Curieusement, s'il a une susceptibilité à fleur de peau, il n'a pas le sens du ridicule, (dans certains cas, ça peut n'être pas un défaut). Oui, un type littéraire particulier, qui tient du Gargantua dans la démesure, du Don Quichotte dans le caractère, et qui se veut provençal dans la parole et dans le geste (ce que les provençaux ont reproché à Alphonse Daudet, estimant que Tartarin était une caricature). Bien sûr que c'était une caricature, mais c'était aussi un hommage d'amour à une région, à un type humain particulier, où le coeur sans doute parle plus que la raison, en tous cas parle plus haut (et moins pointu).
Un tel personnage ne pouvait se livrer à une seule aventure. Il faudra cependant 13 ans pour qu'Alphonse Daudet accorde une suite à l'ineffable héros tarasconnais. Après l'Algérie (le chaud), ce sont les Alpes (le froid) qui accueilleront notre Tartarin. Comment est-il arrivé là ?
A Tarascon les plus hauts reliefs ne sont pas les Alpes, ni les Alpilles, mais « les Alpines, cette chaîne de montagnettes parfumées de thym et de lavande, pas bien méchantes ni très hautes (150 à 200 m au-dessous du niveau de la mer) … et que l'imagination locale a décorées de noms fabuleux et caractéristiques : le Mont-Terrible, le Bout-du-Monde, le Pic-des-Géants, etc. » La fièvre montagnarde ayant supplanté la fièvre cynégétique, Tartarin s'est trouvé nommé à l'unanimité président du Club des Alpines (P. C. A.). Mis au défi par ses concitoyens, il se voit contraint d'escalader de bien plus imposantes montagnes, et c'est ainsi qu'il se retrouve, piolet à la main, et cordes en bandoulière, au pied du Rigi (1797 m). Il a la surprise d'y trouver un compatriote, Bompard, avec lequel il va vivre des aventures épiques, tragiques, comiques, tragi-comiques, comme seuls des Tarasconnais peuvent en connaître dans ces contrées sauvages. Après le Rigi, la Jungfrau, après la Jungfrau, le Mont-Blanc, quo non ascendet ? (Jusqu'où ne montera-il pas ?) Dans leurs péripéties, nos héros croisent des nihilistes russes, des Anglais plus British que nature, des Allemands bons garçons, et des Suisses pour le moins industrieux (Daudet nous montre bien que leur sens de l'hospitalité cadre parfaitement avec les opportunités du tourisme alpestre, et leurs dispositions innées pour la banque et ses mystères) …
« Tartarin sur les Alpes » est en effet un roman à plusieurs tiroirs : au-delà de l'odyssée tartarinesque, on peut voir en filigrane une satire de ces vautours du tourisme naissant, et une dénonciation aussi d'un snobisme de la montagne (comme il y a à la même époque un snobisme de la mer, ou un snobisme des stations thermales). D'un autre côté, Daudet, qui est aussi un poète, saisit la majesté des cimes, la beauté des neiges éternelles, ses descriptions sont toujours précises et évocatrices, « carte postale » si l'on veut, mais assez réalistes pour qu'on imagine parfaitement le décor dans lequel évoluent nos héros.
Comparé au premier Tartarin (celui de 1872), le ton est un peu moins enjoué, un peu moins caricatural. Notre Tartarin est plus vieux de treize ans, son statut de président lui a donné une certaine sagesse qui a mis un frein à son explosivité naturelle. (Peut-être faut-il également voir dans cette nouvelle approche, plus réaliste, en effet de la fréquentation par Alphonse Daudet d'écrivains comme Flaubert, Zola et les frères Goncourt). Port-Tarascon, le troisième volume de la saga, aura une nuance encore plus sombre.


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A Tarascon, on s'estime sportif et même alpiniste quand on a escaladé les petites collines des alentours de la ville. On a même créé le Club des Alpines dont le Président est l'honorable Tartarin, ancien chasseur de fauves en Afrique. L'envieux Costecalde, armurier de son état, qui en est le vice-Président, n'a de cesse de vouloir prendre sa place. Pour faire taire une bonne fois pour toutes la cabale que le félon a organisé, Tartarin décide de frapper un grand coup : il va s'attaquer à un véritable sommet, la Jungfrau dans les Alpes Suisse. Mais après une ascension déjà périlleuse, il apprend que son rival s'apprête à faire monter les enchères. Il envisage d'escalader rien moins que le Mont Blanc. Il n'en faut pas plus pour que le héros de Tarascon ne décide de le précéder sur le sommet de l'Europe.
Un classique, un roman d'aventures picaresques, raconté sur un mode aussi malicieux qu'humoristique. On sent que Daudet aimait sa région et son personnage. Mais comme qui aime bien châtie bien, il ne laissait nullement dans l'ombre ses défauts : son outrecuidance, sa naïveté, sa fatuité et même sa sottise pour le plus grand plaisir du lecteur. Les personnages secondaires n'échappent pas à son scalpel qu'ils soient Russes comme les amis anarchistes de la belle Sonia, Anglais, froids, snobs et prétentieux, Allemands taciturnes ou Suisses toujours prêts à rentabiliser un site. le lecteur s'amuse beaucoup à cette agréable lecture. Il en apprend également pas mal sur les débuts de l'alpinisme et du tourisme de masse en cette fin de XIXème siècle. Un livre à lire ou à relire dans la joie et l'allégresse.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Nous quittons l'Algérie pour atteindre la Suisse. Piqué au vif par les Tarasconais qui commencent à douter de sa bravoure, Tartarin décide cette fois d'aller gravir les montagnes ! A Tarascon, n'est pas président du club des Alpines qui veut ! Lecture agréable, bien que moins entraînante et drôle que ses toutes premières aventures.
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Ce cher Tarascon s'en va à la conquête des Alpes et de ce petit pays s'y trouvant de l'autre côté.

Pérégrinations à suivre avec surprises et curiosités.

Jeu de caractère et de situations pour tous de 7 à 77 ans......
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Grande affluence, ce matin-là, à l’hôtel Bellevue sur la Petite Scheideck. Malgré la pluie et les rafales, on avait dressé les tables dehors, à l’abri de la véranda, parmi tout un étalage d’alpenstocks, gourdes, longues-vues, coucous en bois sculpté, et les touristes pouvaient en déjeunant contempler, à gauche, à quelque deux mille mètres de profondeur, l’admirable vallée de Grindelwald ; à droite, celle de Lauterbrunnen, et en face, à une portée de fusil, semblait-il, les pentes immaculées, grandioses, de la Jungfrau, ses névés, ses glaciers, toute cette blancheur réverbérée illuminant l’air alentour, faisant les verres encore plus transparents, les nappes encore plus blanches.

Mais, depuis un moment, l’attention générale se trouvait distraite par une caravane tapageuse et barbue qui venait d’arriver à cheval, à mulet, à âne, même en chaise à porteurs, et se préparait à l’escalade par un déjeuner copieux, plein d’entrain, dont le vacarme contrastait avec les airs ennuyés, solennels, des Riz et Pruneaux très illustres réunis à la Scheideck : lord Chipendale, le sénateur belge et sa famille, le diplomate austro-hongrois, d’autres encore. On aurait pu croire que tous ces gens barbus attablés ensemble allaient tenter l’ascension, car ils s’occupaient à tour de rôle des préparatifs de départ, se levaient, se précipitaient pour aller faire des recommandations aux guides, inspecter les provisions, et, d’un bout de la terrasse à l’autre, ils s’interpellaient de cris terribles :
« Hé ! Placide, vé la terrine si elle est dans le sac ! – N’oubliez pas la lampe à chalumeau, au mouains. »
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[…] cette sensation de la mer et du large qu'il avait tout à l'heure en approchant du Guggi, Tartarin la retrouvait ici, en face de ces marins du glacier dans cette cabane étroite, basse et fumeuse, vrai entrepont de navire, dans l'égouttement de la neige du toit qui fondait à la chaleur , et les grands coups de vent tombant en paquet d'eau, secouant tout, faisant craquer les planches, vaciller la flamme de la lampe, et s'arrêtant tout à coup sur un silence énorme, monstrueux, de fin du monde.
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Au perron, l’arbalétrier ne fut plus qu’un gros homme, trapu, râblé, qui s’arrêtait pour souffler, secouer la neige de ses jambières en drap jaune comme sa casquette, de son passe-montagne tricoté ne laissant guère voir du visage que quelques touffes de barbe grisonnante et d’énormes lunettes vertes, bombées en verres de stéréoscope. Le piolet, l’alpenstock, un sac sur le dos, un paquet de cordes en sautoir, des crampons et crochets de fer à la ceinture d’une blouse anglaise à larges pattes complétaient le harnachement de ce parfait alpiniste. Sur les cimes désolées du Mont-Bla
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Tartarin entonnait son chant d'allégresse :
Grand souleu de la Provenço
Gai compaire dou mistrau(1)...
Une brusque secouée de la corde par devant et par derrière l'arrêta net au milieu de son couplet. « Chut !... chut !... » faisait Inebit montrant du bout de son piolet la ligne des séracs gigantesques et tumultueux, aux assises branlantes, et dont la moindre secousse pouvait déterminer l'éboulement. Mais le Tarasconais savait à quoi s'en tenir ; ce n'est pas à lui qu'il fallait pousser de pareilles bourdes, et, d'une voix retentissante il reprit :
Tu qu'escoulès la Duranço
Commo un flot dè vin de Crau (2),
Les guides, voyant qu'ils n'auraient pas raison de l'enragé chanteur, firent un grand détour pour s'éloigner des séracs[...]
(1)Grand soleil de la Provence, -Gai compère du mistral.
(2) Toi qui siffles la Durance – Comme un coup de vin de Crau.
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Et de toute l'expansion valeureuse de son âme, Tartarin s'épuise à ranimer, à frictionner à distance cette victime de Schopenhauer et de Hartmann, deux polichinelles qu'il voudrait tenir au coin d'un bois, coquin de sort ! Pour leur faire payer tout le mal qu'ils ont fait à la jeunesse...
Qu'on se représente, pendant cette discussion philosophique, la haute muraille de glace, froide, glauque, ruisselante, frôlée d 'un rayon pâle, et cette brochée de corps humains plaqués dessus en échelons, avec les sinistres gargouillements qui montent des profondeurs béantes et blanchâtres, les jurons des guides, leurs menaces de se détacher et d'abandonner leurs voyageurs. A la fin, Tartarin, voyant que nul raisonnement ne peut convaincre ce fou, dissiper son vertige de mort, lui suggère l'idée de se jeter de la pointe extrême du Mont-Blanc...
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Quel livre possède à la fois le parfum de l'enfance et tient lieu d'elixir de jouvence ? Un moulin… des lettres… et surtout le mistral et le chant des cigales…
« Lettres de mon moulin » d'Alphonse Daudet, c'est à lire au Livre de poche.
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