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Critique de Arimbo


Par les effets conjugués de la courbure de l'espace-temps et de la belle critique récente de mon ami babeliote Isidoreinthedark, le Mont Analogue m'est réapparu.
En effet, au début des années 60, alors que nous étions encore des lycéens boutonneux, mes camarades et moi partagions le goût pour des écrivains et poètes libertaires ou loufoques, tels Vian, Queneau, Ionesco, mais aussi Prévert, Desnos, etc…Il y avait aussi Daumal et le mythique Mont Analogue, mais je n'avais pas lu le livre en ce temps là.

Maintenant, c'est chose faite et ce fut un régal.
Le Mont Analogue, ce « roman d'aventures alpines, non-euclidiennes et symboliquement authentique » est un récit alerte, plein de fantaisie, d'humour, malicieusement pseudo-scientifique, mais aussi une sorte de quête initiatique, de dépouillement du superflu.

Tout part d'un article écrit par le narrateur, Théodore, qui, passant en revue les différentes mythologies, évoquait le passage à la « normalité » de ces montagnes mythiques, Mont Olympe, Mont Sinaï, etc…et avançait son hypothèse de l'existence, unique géographiquement, d'une montagne symbolique, le Mont Analogue, « dont le sommet est inaccessible et la base accessible ». Cette élucubration va l'amener à être contacté par un savant extravagant, le Père Sogol, un ancien moine devenu inventeur, et ce dernier va lui affirmer sa conviction que le Mont Analogue existe.
Une expédition va alors se monter. le Père Sogol va expliquer aux candidats au départ ses arguments en faveur l'existence du Mont Analogue fondés sur la courbure de l'espace-temps (la théorie de la Relativité Générale d'Einstein date de quelques dizaines d'années!), sa localisation probable et le moyen d'arriver à sa base.
Dès lors, c'est le roman d'aventures qui commence, agrémenté d'histoires pittoresques et loufoques, mais derrière lesquelles se dessinent à la fois une quête du dépouillement de soi et aussi une authentique fable écologique, mettant en avant la nature comme un tout, et la nécessité absolue du respect du vivant.

Mais malheureusement pour nous, le récit, qui devait comporter 7 chapitres, s'arrête au milieu d'une phrase du cinquième, car René Daumal ne le terminera jamais, emporté par la tuberculose à 36 ans.
A nous lecteurs frustrés d'imaginer la fin, ou peut-être l'absence de fin, de cette quête de l'inaccessible, ou de l'invisible, de l'au-delà, de l'infini.

Et tout cela écrit dans un style impeccable, d'une incroyable fraîcheur.
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