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EAN : 9782226392732
512 pages
Albin Michel (24/01/2018)
3.84/5   34 notes
Résumé :
Au café existentialiste
La liberté, l'être & le cocktail à l'abricot.

Paris, 1932. Trois amis se réunissent dans un célèbre café de Montparnasse. Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir écoutent Raymond Aron , de retour de Berlin, parler d'une forme de pensée radicalement neuve qu'il a découverte : la phénoménologie.
"Si tu es un phénoménologue, lance-t-il à Sartre, tu peux parler de ce cocktail et c'est de la philosophie !"
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« Tu vois mon petit camarade », dit Aron à Sartre, ainsi qu'il l'appelait affectueusement depuis leurs études, « si tu es un phénoménologue, tu peux parler de ce cocktail et c'est de la philosophie ! »
Nous sommes en 1932 quand le couple Beauvoir-Sartre découvre le concept philosophique de la phénoménologie, courant qui consiste à appréhender l'essence des choses par la conscience. Par la suite, les deux écrivains-philosophes vont largement s'en inspirer pour donner naissance à la célèbre théorie existentialiste sartrienne qui a marqué l'époque des trente glorieuses.
Dans le présent essai, mélange de théorie, de biographie et d'anecdotes marquantes, l'auteure nous convie dans l'antre des plus grands penseurs du XXème siècle : Edmund Husserl, Martin Heidegger, Karl Jaspers, Maurice Merleau-Ponty, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Simone Weil et Simone de Beauvoir...
Dans cet ouvrage inclassable et non dénué d'humour, Sarah Bakewell nous fait découvrir un milieu intellectuel foisonnant dont certains des acteurs principaux seront parfois en prise avec des querelles de clochers ou finiront par se brouiller définitivement en raison de divergences d'opinions philosophiques et/ou politiques.

Érudit sans être indigeste, cet essai de Sarah Bakewell se laisse parcourir avec assez d'aisance, permettant au néophyte en la matière de se familiariser avec des théories philosophiques pas forcément évidentes à saisir de prime abord. Un bon point pour l'auteure qui nous livre un ouvrage clair, concis et accessible à tous. Seul petit bémol, j'ai constaté que dans ce livre de 500 pages nous avions pratiquement une centaine d'entre elles réservées aux références bibliographiques, notes diverses et illustrations en noir et blanc, ce qui m'a donné l'impression que l'éditeur et son auteure cherchaient à faire du remplissage. Cela-dit, si vous recherchez un abordable et sympathique ouvrage de synthèse concernant les philosophies existentialistes, cet essai devrait vous intéresser !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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Un zeste de Sartre, une rasade de Camus, une bonne dose d'anecdotes et une longueur en bouche phénoménologique… Sarah Bakewell a mis Saint-Germain-des-Prés dans son shaker pour en tirer un nectar revigorant qui marie à merveille nostalgie, clarté et rigueur.

Publié dans

116
Février 2018
Tags
Sarah Bakewell, Existentialisme, Sartre, Merleau-Ponty, Camus, Husserl, Heidegger

L'existentialisme, passé de mode ? Sartre, Beauvoir et Camus ont beau avoir disparu, on chasse toujours leur fantôme à la terrasse du Café de Flore, armé de perches à selfie. le mot convoque aussi bien des sentences à prononcer d'un air pénétrant du haut de son pull à col roulé – « l'existence précède l'essence » –, que les caves enfumées des clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés ou les yeux cerclés de noir de Juliette Gréco. Pour nous Français, sans parler des Parisiens blasés, c'est presque du folklore. Les universitaires sont passés à autre chose, les anecdotes alimentent les guides touristiques, « et voilà », comme aiment à nous moquer les Anglo-Saxons. C'est justement avec cette admiration teintée d'ironie que l'essayiste britannique Sarah Bakewell s'empare du cliché un rien jauni et affirme sans complexe : « Les idées sont intéressantes, mais les gens le sont bien plus. »

Sur le mode « Il était une fois », elle raconte la frénésie intellectuelle qui agite la France après la Libération et qui fait de l'existentialisme l'étendard de toute une génération avide de liberté. Il y eut bien sûr la célèbre conférence de Sartre donnée en 1945, « L'existentialisme est un humanisme ». La salle trop petite pour la foule, Sartre qu'on entend et voit à peine – il mesurait 1 mètre 53 –, les journalistes tout flash dégainé, les évanouissements… L'histoire est connue. Sarah Bakewell ne se prive pas de cet épisode à la fois légendaire et légèrement ridicule, tout comme elle reprend ce moment d'épiphanie où trois amis découvrent qu'ils peuvent philosopher à partir d'un simple cocktail à l'abricot, ou d'une bière selon les versions. Mais pour l'essayiste, l'anecdotique n'est qu'un tremplin à quelque chose de bien plus excitant que la composition précise d'une boisson : la phénoménologie, le gros mot qui se cache derrière celui, plus poétique et romanesque, d'existentialisme.

La phénoménologie naît dans les années 1920 à Fribourg, ville prisée des skieurs, des randonneurs et des étudiants en philosophie – assez loin des terrasses parisiennes. Derrière ses lunettes rondes et sa barbe bien taillée, Husserl y enseigne une discipline nouvelle qui invite à s'intéresser « aux choses elles-mêmes pour les décrire ». L'idée peut sembler évidente, mais c'est une véritable révolution, les philosophes s'étant jusque-là principalement attelés à définir des choses aussi abstraites que la connaissance, Dieu ou le bien. Désormais, il est permis de penser à partir d'un simple cocktail, des sensations qu'il procure, de l'incidence qu'il a sur le corps et l'esprit. le « phénomène cocktail » est tout aussi digne d'intérêt que l'énigme plus vague de la liberté : voilà qui bouleverse la génération de Sartre. La guerre aidant, cette attention nouvelle au monde implique, selon les têtes, nausée, appétit de vivre, engagement, soit une pensée ancrée dans la vie qui prend en France le nom d'existentialisme.

Sous ses airs faussement badins, la Britannique s'avère une fine lectrice de tous les protagonistes de cette aventure : Husserl, Heidegger – on a rarement lu des pages aussi claires sur « le magicien de Messkirch » –, Kierkegaard, Merleau-Ponty, Jaspers, Patočka. Son récit a ceci d'entraînant qu'il naît d'un enthousiasme sincère, du souvenir de l'adolescente Bakewell sidérée par la lecture de Sartre et bien décidée, à son tour, à devenir existentialiste. Elle écrit sur la philosophie comme on évoque, avec une tendresse et une émotion toujours vives, un amour de jeunesse qui nous aurait transformés à jamais. Et s'il y a bien un phénomène qui ne passera jamais de mode, sur lequel les existentialistes ont d'ailleurs planché, c'est le coup de foudre… (philo magazine)
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Sarah Bakewell qui m'avait séduit avec Comment vivre ? : une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse aborde ici un pan totalement différent de l'histoire de la philosophie avec, toutefois, une approche semblable, présenter les idées à travers les gens, à travers les expériences de vie de ces protagonistes, à travers la société qui a permis l'éclosion de ces notions ou de ces concepts. J'étais curieux de voir comment se traduirait ce contact avec l'existentialisme. le premier chapitre, dont le titre, à la manière des romans-feuilletons du XIXe siècle, est très descriptif (L'existentialisme, quelle horreur! Où trois personnes boivent des cocktails à l'abricot, d'autres s'attardent à parler de liberté, et plus encore de changer leur vie. On se demande aussi ce qu'est l'existentialisme.), m'a enchanté. La naissance de l'existentialisme, survenant à la table d'un bar de la rue du Montparnasse à Paris, y ait joliment décrite. Les trois jeunes philosophes qui sont ici attablés, ce sont Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron. Ce dernier, de retour de Berlin, faisait part à ses comparses d'une découverte qu'il y avait faite, une philosophie du nom de phénoménologie. Sartre, s'emparant de ce concept, le relit, le réinterprète, l'applique à la vie des gens et permet l'éclosion d'une nouvelle philosophie, l'existentialisme moderne.

Sarah Bakewell, à ma grande surprise, présente un roman que j'ai lu et apprécié, La Mezzanine de Nicolas Baker, comme un roman foncièrement phénoménologique. Et puis, en y repensant, en comprenant un petit peu mieux ce qu'est la phénoménologie, j'adhère à cette idée. La réflexion qui s'enclenche lorsque le protagoniste du roman casse son lacet alors qu'il le tirait dans le but de le nouer est une réflexion de type phénoménologique et cette réflexion s'étend sur l'ensemble du roman et de ses notes de bas de page.

Quelques pages plus loin, l'auteure, en faisant référence à une conférence que Heidegger fit en 1929 à la station alpine de Davos, mentionne qu'il s'agit là du décor du roman de Thomas Mann La Montagne magique, roman publié en 1924, que Heidegger avait lu et qui est en ce moment sur ma table de lecture...

Sarah Bakewell va même jusqu'à citer une blague adaptée d'un texte d'Ernst Lubitsch : « Jean-Paul Sartre entre dans un café, et le garçon lui demande ce qu'il souhaite : « Un café avec du sucre, mais sans crème. » le garçon s'éloigne, puis revient en s'excusant : « Désolé, monsieur Sartre, nous n'avons plus de crème. Que diriez-vous d'un café sans lait?»

Plusieurs pages sont consacrées à Simone de Beauvoir et cela est d'un grand intérêt. Et, en parlant de Simone de Beauvoir, l'auteure conclut :
«Outre son travail dans le champ du féminisme et de la fiction, dans ses écrits philosophiques elle explora comment les deux forces de la contrainte et de la liberté jouent au fil de nos vies, alors que chacun de nous devient lentement soi-même.»

Pour ma part, bien que je dois avouer que, sur l'ensemble des chapitres, ceux consacrés à Husserl ou à Heidegger, m'ont paru plus difficiles d'approche, mes connaissances préalables étant à ce titre plus minces, je ne regrette d'aucune façon l'ensemble de cette lecture qui m'a ouvert sur d'autres univers, qui m'a permis de mieux situer ce mouvement et l'image qu'on pouvait s'en faire, qui m'a livré d'autres outils pour la réflexion et l'approche au monde.

Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Les limites de la philosophie

A tous ceux qui comme moi ont été dégoûtés de la philo au lycée, ce livre est fait pour vous. Il vous permettra de revisiter vos cours, et mieux, de comprendre comment ont surgi les grands courants philosophiques du Xxème. Sarah Bakewell aborde son sujet du côté du vécu. Elle vous invite à côtoyer ses protagonistes au sein du café existentialiste, si bien qu'une forte envie vous prend de vous délecter du fameux cocktail à l'abricot. Révolte et anticonformisme sont au programme.

Lorsqu'on entre dans le vif du sujet, quand on aborde la phénoménologie de Husserl et Heidegger, Au café existentialiste devient malheureusement obscur et nettement ennuyant. Même si l'auteur évoque une »étrangeté ressentie » revendiquée par Heidegger lui-même, le sentiment de désintérêt pour le sujet est bien là. La déception sera-t-elle finalement au rendez-vous ? Décidément, je crains que la philosophie ne me soit irrémédiablement interdite, faute d'attrait de son contenu, quelque soit l'approche choisie. Je m'en trouve néanmoins complètement décomplexée. Sarah Bakewell ne mentionne-t-elle pas en effet à deux reprises que Sartre et Beauvoir eux-mêmes ont reconnu ne rien comprendre à Qu'est-ce que la métaphysique ? de Heidegger.

Sartre et Beauvoir font l'objet de portraits plutôt pathétiques. Sarah Bakewell nous peint des personnages angoissés, stressés, alcooliques et accros aux amphétamines, loins de l'épanouissement personnel auquel devrait donner accès la philosophie.

Finalement, non seulement la philosophie s'impose encore une fois comme un sujet obscur et rebutant, mais comme le montre Sarah Bakewell, elle s'avère impuissante à éduquer les esprits. A quoi sert la philosophie face à la montée du totalitarisme? Son objet, apprendre à penser, rester libre, semble inefficace lors de la montée du nazisme. Sarah Bakewell décrit les relations entre Sartre, Camus et Merleau Ponty comme conflictuelles. Là encore, la philosophie semble totalement impuissante à rassembler, surtout associée aux engagements politiques.
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Livre intéressant, pas toujours facile, je l'avais commencé puis abandonné. J'ai eu envie de m'y remettre ces temps ci.
Les livres de philosophie me tentent parfois.
C'est une lecture très différente des romans, il faut être attentif, concentré. Parfois il faut relire la page, le chapitre, s'arrêter sur un paragraphe, et pourquoi pas, c'est un bon exercice.
D'autant que Sarah Bakewell, mêle biographies et exposés. Les parties biographies sont intéressantes par elles même, mais elles éclairent les exposés. Il n'y a d'ailleurs pas de chapitres séparés, la biographie et l'exposé sont entremêlés.

Au delà de Sartre et de son texte "l'existentialisme est un humanisme" qu'on lit (ou lisait) dans les classes de terminale, on découvre Simone de Beauvoir, Husserl, Heidegger, Merlau Ponty, Aron, Lévinas et quelques autres encore. On découvre des personnes hors du commun, pas toujours sympathiques au demeurant.

Il ne faut pas se leurrer, on ne connait pas parfaitement ni l'existentialisme ni la phénoménologie à la sortie du bouquin, mais on a une idée des réflexions de ces philosophes sur l'individu, et sur la conscience.
Aller plus loin est difficile, les textes des ces philosophes sont très complexes à lire.

De Sarah Bakewell j'avais déjà lu "Comment vivre" consacré à Montaigne et aux Essais. Je trouve ses livres intéressants, entre l'ouvrage théorique difficile et le livre de vulgarisation trop simpliste. Voilà qui me convient bien.
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critiques presse (3)
Bibliobs
11 avril 2018
L'Anglaise Sarah Bakewell a fait un carton en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. En retraçant les grands épisodes de l'épopée existentialiste.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
01 mars 2018
Dans une fresque remarquable, la Britannique Sarah Bakewell retrace l’effervescence intellectuelle des années 30 dans un café de Montparnasse.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
13 février 2018
Avec « Au café existentialiste », l’essayiste britannique propose une histoire du courant philosophique cher à Sartre dans un récit riche et vivant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
C'est donc en lien avec trois hommes que Simone de Beauvoir décrit l'origine de son grand ouvrage féministe, Le Deuxième sexe.
Peut-être le point de départ était-il une idée modeste qui avait besoin d'encouragement masculins, mais Beauvoir ne tarda pas à donner à son projet un tour révolutionnaire en tous les sens du terme : son livre bouscula les idées reçues sur la nature de l'existence humaine et invita ses lectrices à bouleverser leur existence.
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Sartre était profondément athée, humaniste jusqu'à la moelle. Il surpassa même Nietzsche par sa capacité à mener une vie courageuse et réfléchie dans la conviction qu'il n'y a rien au-delà, et qu'aucune gratification divine ne compensera rien sur la terre. Pour lui, cette vie est tout ce que nous possédons; nous devons en faire ce que nous pouvons.
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Il n'y a pas de voie toute tracée qui mène l'homme à son salut, il lui faut sans cesse inventer son chemin. Mais, pour l'inventer, il est libre, responsable, sans excuse, tout son espoir est en lui.
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Chaque soir, cependant, alors qu'ils retournaient derrière les barbelés, son groupe était accueilli par un chien errant qui avait trouvé moyen de rentrer dans le camp. Le chien aboyait et sautait comme font les chiens tant il était content de les voir. A travers les yeux en adoration du chien, les hommes avaient chaque jour un rappel de ce que voulait dire être reconnu par un autre: recevoir la reconnaissance élémentaire qu'une créature vivante accorde à un autre.
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Un jour, à l'époque du voyage de 1948 à Berlin, Beauvoir était assise, un stylo à la main, fixant sa feuille de papier. Alberto Giacometti s'adressa à elle : Que vous avez l'aire farouche ! Elle répondit : C'est que je voudrais écrire et je ne sais quoi. Il eut la sagacité que l'on a s'agissant du problème d'un autre : Écrivez n'importe quoi.
Ce qu'elle fit, et ça marcha.
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Videos de Sarah Bakewell (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sarah Bakewell
Sarah Bakewell - Comment vivre ? une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse .Sarah Bakewell vous présente son ouvrage "Comment vivre ? une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse" aux éditions Albin Michel. Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat. http://www.mollat.com/livres/sarah-bakewell-comment-vivre-une-vie-Montaigne-une-question-vingt-tentatives-reponse-9782226246936.html Notes de Musique : The birth of the violin - le miroir de la musique - 7 - Vigesima settima
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