Ce tome contient les épisodes 1 à 5 de la série "Batman - Dark Knight", parus en 2011, écrits par
David Finch, dessinés par Finch (numéros 1 à 3),
Jason Fabok (épisodes 4 & 5), encrés par
Scott Williams (épisodes 1 à 3),
Richard Friend (épisode 3), Batt &
Ryan Winn (episode 4), Greg Adams, Batt, Ray McCarthy, Jaime Mendoza,
Sal Regla (épisode 5). La série à redémarré dans le cadre de l'opération "New 52" (suite au crossover Flashpoint) avec Terreurs nocturnes (épisodes 1 à 9 d'une nouvelle série débutée en 2011).
Ces derniers temps, Bruce Wayne repense à la relation qu'il entretenait avec Dawn Golden quand ils étaient encore enfants, sous la surveillance de leurs parents. Elle lui avait perdu son cerf-volant. Il faut dire qu'elle vient d'être enlevée et que la police est sur les dents (surtout le commissaire Gordon et Harvey Bullock). Mais Batman a sa petite idée : Killer Croc a repris du service il y a peu de temps et il est peu probable qu'il soit innocent. Après un interrogatoire musclé, il crache le morceau : il travaille pour Oswald Cobblepot. Pendant ce temps là, les SDF de Gotham ont remarqué que plusieurs des leurs avaient disparu sans laisser de trace, comme enlevés par un psychopathe. Et Mira (une jeune fille) a réussi à s'introduire dans la Batmobile.
Fin 2010, les responsables éditoriaux de DC claironnent haut et fort que
David Finch a quitté Marvel, qu'il a rejoint DC Comics et qu'il va écrire et dessiner une nouvelle série mensuelle dédiée à Batman. 1 an plus tard,
David Finch a écrit 5 épisodes et en a dessiné 3. La majeure partie des lecteurs s'est sentie flouée car ces 5 épisodes peinent à former une histoire complète.
À la relecture à tête reposée, il s'avère que le scénario de ces épisodes n'est pas très dense, mais qu'il ne présente pas d'incohérence flagrante.
David Finch écrit pour pouvoir se faire plaisir en temps que dessinateur, réaliser de belles planches mettant en valeur Batman dans toute sa splendeur, toute sa force virile, et son aspect gothique, face à des méchants très méchants. le lecteur sent bien que les responsables éditoriaux lui ont lâché la bride et ne lui ont pas imposé de s'en tenir rigoureusement à la continuité. Par exemple, l'interprétation du Pingouin s'éloigne du de la version alors en vigueur (magouilleur trafiquant d'informations, sous une façade respectable de responsable d'un club huppé Iceberg Lounge dans le port de Gotham). Finch en fait un individu grimaçant avec une dentition de requin, qui se fait briser plusieurs membres par un Batman qui frappe d'abord et pose des questions après.
Effectivement côté histoire, le lecteur a droit à une tranche d'une épaisseur normale pour 5 épisodes (pas d'étirement inhabituel de l'intrigue) qui met en place un enlèvement d'une nouvelle femme ayant connu Bruce Wayne dans le passé (point de départ assez classique pour Batman, avec 2 possibilités pour la nouvelle venue : soit elle s'installe durablement dans les personnages secondaires, soit son espérance de vie est très courte). Batman se montre très sombre, très intense, polarisé sur sa recherche, plus violent et expéditif que d'habitude. Parallèlement Finch met en place 2 intrigues secondaires qui arrivent plus ou moins à leur terme : l'une concernant une possession surnaturelle de Ragman (Rory Regan, personnage occulte secondaire) avec apparition d'Etrigan (Jason Blood), l'autre concernant Mira la demoiselle piratant la Batmobile. Enfin si, elles arrivent peut-être à leur terme, mais alors de façon très abrupte pour tout boucler avant la relance de "New 52". Et le lecteur occasionnel de l'univers partagé DC se posera bien des questions sur le personnage de Blaze.
Ce n'est pas la première fois qu'il prend l'envie à un dessinateur d'enfin pouvoir écrire des histoires qui soient à la hauteur de son talent artistique (c'était le crédo de
McFarlane, Larsen, Liefeld et consort lorsqu'ils ont créé Image Comics). Et le lecteur qui a acheté ce tome est avant tout venu pour s'en mettre plein la vue avec les dessins de Finch qui avait déjà redonné un sacré coup de jeunes aux (New) Avengers (The New Avengers, tome 1, puis Breakout).
Dès les premières planches,
David Finch en met plein la vue, avec un niveau de détails obsessionnel, une belle demeure, un grand parc, une pièce intérieure cohérente avec la forme extérieure du bâtiment, et un petit coté Jim Lee, renforcé par l'encrage de
Scott Williams (l'encreur attitré de Jim Lee). La première apparition de Batman s'effectue sur un dessin occupant 2 tiers d'une double page, sous la pluie qui ruisselle et dégouline, dans la nuit avec des ombres apportant tout le mystère nécessaire, avec un grand soin apporté aux textures des façades et canalisations. Et quand Batman s'élance pour tomber sur Killer Croc, il ne manque pas un seul motif sur le dessous des semelles de Batman. le combat est brutal et les coups portés font mal. Il est également chorégraphié avec intelligence, c'est-à-dire que le lecteur peut inscrire l'enchaînement de coups portés dans une suite logique. Il n'y a qu'une bizarrerie : la pâle lumière jaune émise par l'insigne de la chauve-souris sur la poitrine de Batman. de ce point de vue, et tout au long des 3 épisodes qu'il illustre, le lecteur en a pour son argent : des dessins vifs, sérieux, premier degré, détaillés, mettant en valeur ce héros sombre et intense. Lorsque Fabok remplace Finch, les dessins perdent peut-être un peu en intensité et en détail (et encore ce n'est pas si visible que ça). Ils perdent peut-être un peu en dramatisation par le cadrage. Mais la transition se fait sans hiatus, dans une continuité de style très impressionnante.
Évidemment il est tentant de comparer "La nouvelle aube" à Silence de Jeph et Jim Lee. le premier constat est que le scénario n'est pas de même niveau.
Jeph Loeb avait imaginé une vraie histoire sur 12 épisodes, mettant en scène les supercriminels les plus connus de Batman pour que Jim Lee puisse avoir l'occasion de les dessiner tous. L'ambition de Finch est moins importante, d'autant (qu'à la réflexion) il a certainement dû les revoir à la baisse et tout boucler en 5 épisodes (d'où un sentiment d'incomplétude pour les intrigues secondaires liées à Mira, à Etrigan et à Ragman). Sur le plan visuel,
David Finch n'est pas Jim Lee, mais il soutient la comparaison sans rougir et son Batman en impose, la ville de Gotham est palpable, les autres personnages dégagent une forte présence. Il a apporté une touche personnelle à son costume avec cet ovale luminescent, des gants munis de renforts, une étrange coquille de protection au niveau des bijoux de famille et une ceinture plus high-tech. Ses versions d'Etrigan et de Ragman sont plus traditionnelles.