Michel David était un auteur québécois que j'apprécie beaucoup. C'est la 5ème saga familiale que je lis et je me suis régalée une fois de plus.
Nous faisons connaissance ici de Laurette, jeune femme au caractère bien trempé, de 1930 jusqu'à la fin des années 40. de sa vie de jeune fille, à celle d'épouse puis de mère de famille.
J'aime beaucoup les expressions rigolotes des québécois et les scènes de la vie quotidienne tantôt cocasses, tantôt tristes.
La fin du roman est particulièrement émouvante et j'ai eu les larmes aux yeux.
C'est avec plaisir que je continuerai la suite de cette saga.
Me voilà partie pour une nouvelle aventure avec la lecture de cette saga "Chère Laurette". J'ai tellement aimé les autres saga de Michel David que je ne pouvais qu'être déçue. Eh bien non, pas du tout, bien au contraire : dès les premières pages de ce premier tome "Des rêves plein la tête", me voilà embarquée, partageant avec bonheur le quotidien de Laurette jeune fille, puis jeune épouse, puis jeune maman. Encore une fois, le personnage principal est une femme au caractère bien trempée, une femme de tempérament auquel il est impossible de ne pas s'attacher, on aime tout, même ses défauts ou sa mauvaise fois. Nous traversons les décennies avec les Morin, leurs enfants et leur famille, leurs coups de coeur et leurs coups de gueule, et pour ma part j'en redemande. D'ailleurs, à peine avais-je refermé ce premier tome que je m'embarquait pour le second, avec l'impatience de découvrir l'avenir de Laurette sa famille au fil du temps. Quel formidable conteur que cet auteur, qui nous livrait à chaque nouvelle saga des personnages tellement authentiques !
C'est le premier roman de Michel David que j'avais la chance de lire, mais ce n'est certainement pas le dernier. Ses personnages plus vrais que nature et l'histoire des familles Brûlé et Morin, m'ont fait découvrir sous un autre oeil les événements historiques ayant eu lieu à l'époque tant au Québec qu'en Europe. Ce premier tome de la saga « Chère Laurette » m'a laissée sur ma faim; en ce sens qu'il me tarde de lire le suivant.
Une bonne description des année 30-40-50... j'ai retrouvée mon enfance. Je connais toutes les rue qui ne sont pas démolies ou remplacées par de grosses bâtisses. J'ai eu du plaisir à lire cette saga.
J'ai découvert la littérature québécoise à la faculté. Je l'ai très vite beaucoup appréciée. En lisant ce tome 1, j'ai été plongée dans une ambiance qui m'a un peu rappelé celle de «Les chroniques du plateau Mont Royal» de Michel Tremblay. Mêlant l'histoire de ses personnages à l'Histoire du Canada, Michel David évoque paysages, coutumes, événements importants... Outre la crise, les personnages seront confrontés à la seconde guerre mondiale. Elle aura d'ailleurs un effet revigorant sur l'emploi.
L'ambiance ne serait pas ce qu'elle est si les dialogues ne regorgeaient pas d'expressions québécoises, assortis à une syntaxe populaire. Ce n'est quand même pas du joual, mais cela s'en rapproche. Je trouve que cela contribue beaucoup au fait que le livre est vivant. D'ailleurs, l'auteur se contente de faire parler ses personnages normalement. J'aurais trouvé étrange que la langue parlée soit du «français standard».
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Depuis deux ou trois ans, Gérard se faisait de plus en plus coquet, sans qu'elle trouve à y redire. Le père de famille avait choisi de soigner son apparence. Il ne sortait jamais de la maison avec une mise débraillée, même lorsqu'il allait chez Comtois pour acheter son tabac ou son journal. Lors de leurs sorties, il n'était pas question de porter autre chose qu'une chemise blanche dotée d'un col rigide. Il portait évidemment une cravate et un veston. Pour aller au travail et en revenir, il avait toujours des vêtements propres et était minutieusement peigné. Parfois, il osait même faire à sa femme une remarque sur sa tenue. En ces occasions, Laurette ne manquait jamais de laisser éclater sa mauvaise humeur.
- Moi, ta famille, je peux plus la sentir ! s'emporta-t-elle.
— Qu'est-ce qu'elle a, ma famille ?
— Elle a qu'elle manque jamais une chance de nous mépriser. T'as entendu ta mère. Nous autres, les pauvres, on reste dans un trou. C'est pas comme chez ta sœur qui, elle, va rester dans un château ! Même si ta mère continue à me dire «vous» pour me faire sentir que je suis une étrangère, elle rate pas une occasion de m'écœurer. J'ai profité des Parenteau, à cette heure, et je les ai maltraités, à l'entendre. Elle est bonne, celle-là ! Pas de saint danger qu'elle me demande mon opinion. Ben non ! Moi, je suis juste la bru, celle qui a pas de classe, celle qui fume et qui parle mal.
Avant même qu'il s'en rende compte, Laurette avait traversé la rue, l'avait saisi par une oreille et lui avait envoyé une gifle propre à lui arracher la tête. Le vaurien se retrouva par terre, les quatre fers en l'air, tout étourdi. Devant l'impétuosité de l'attaque, Bessette avait lâché sa victime pour faire face à la jeune fille, un sourire mauvais aux lèvres. S'il pensait intimider la fille d'Honoré Brûlé, il en fut pour ses frais. Elle fonça sur lui, l'attrapa par les cheveux et, avant même qu'il puisse esquisser le moindre geste de défense, lui écrasa le nez d'un solide coup de poing. Stupéfait, le voyou retrouva son complice par terre en tenant à deux mains son nez ensanglanté.
Bonyeu, on prend des remèdes quand on est malade, pas quand on est en santé ! s'emporta Laurette, en répétant sans s'en rendre compte ce qu'avaient dit ses aînés. En tout cas, je t'avertis, Gérard Morin, si c'est pour faire un drame chaque fois que je dois leur faire prendre ça, c'est toi qui vas leur faire avaler leur cuillerée. C'est pas écrit sur la bouteille que ça doit être pris le matin, cette affaire-là. Ça peut être le soir. Je suis tannée d'être la seule à m'obstiner avec eux pour leur faire faire des choses qu'ils aiment pas.
Lorsque l'enfant revint à la maison ce midi-là, il n'eut qu'un seul commentaire :
— J'aime pas ça, l'école. C'est plate.
— Eh ben, mon petit gars, t'es mieux de t'habituer parce que je te garantis que t'en as pour un bon bout de temps à y aller, lui dit sa mère. Tu viens juste de commencer ajouta-t-elle pour le rassurer, tu vas finir par aimer ça.
Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell