Histoire du rugby en Pays Basque

Merci à Babelio et aux editions Sud-Ouest et exceptionnellement, je laisse la parole à mon mari qui décryptera mieux que moi ce trésor :

Bien que parisien j 'ai découvert le rugby dans le milieu des années 70 sur les terrains du collège Maurice Ravel de Saint Jean de Luz, fréquenté le "Pavillon Bleu" du SJLO et le Stade Hendayais. A l'occasion de leurs sélections en Equipe de France ou des phases finales, j'ai vibré pour Dospi, Pardo et Gonzalez, ou Blanco, Ondarts, Yachvilii , Traille et Harinordoquy.A 52 ans, toujours joueur vétéran , c'est en amateur éclairé et concerné que j'ai pris beaucoup de plaisir à livre l'ouvrage de "Référence" (c'est le nom idoine de la collection) d'Alban David.
Il s'agit d'une vaste fresque de l'Histoire du Rugby où l'auteur illustre son propos par de fréquents changements de perspective, où les événements locaux illustrent les évolutions et bouleversements de plus d'un siècle de Rugby. Et réciproquement.

Ouvrage de référence car, largement documenté, tous les thèmes sont abordés: l'acclimatation locale de ce jeu anglais pour initiés, la sociologie, l'économie, la fête, le chant, le professionnalisme et la télévision. Tout y est et c'est un régal, parfois bourratif comme le gâteau basque, mais comme lui , délicieux.

A offrir donc à tous les passionnés de toutes les régions de France

Ce livre est un livre important sur le sujet de l'évolution du rugby de ces 30 dernières années, nourri de témoignages. La démonstration est implacable. le fait qu'il parle de cette évolution au Pays-Basque, une des terres les plus traditionnelles du rugby, chargée d'histoire et d'affects, renforce encore le propos qui s'applique à d'autres régions, d'autres clubs. le livre est fort car c'est un constat plus qu'une thèse. Sa conclusion est pessimiste (cf la citation qui clôt le livre de Serge Kampf : "Bayonne et Biarritz, séparés, crèveront"). Et donc se pose la question finalement pour survivre dans le rugby professionnel faut-il gommer les identités, fusionner le BO et l'AB ? le "grand club basque" ne peut être une solution que s'il met la région en avant, s'appuyant sur la richesse des clubs amateurs et partageant avec eux (plutôt que de les piller). L'Atletico Bilbao en foot est un club basque qui, longtemps (je suis moins sûr que ce soit toujours le cas) refusait les joueurs non basques. Sans aller aussi loin, il faut réhabiliter l'ancrage régional au service d'un jeu séduisant pour les joueurs et les spectateurs. Et un projet cohérent saura aussi trouver ses partenaires économiques.

Alban David, dans un ouvrage fort bien structuré et richement documenté, fait une excellente synthèse de l'impact de ce jeu particulier ramené au contexte du Pays-Basque. Comment ce sport de gentleman british a séduit les laboureurs et les marins qui peuplaient cette contrée de l'extrême sud-ouest de la France ? Comment ce sport s'est ensuite développé, pour devenir une culture, un lien qui unit la communauté, une fraternité ?

Mais à travers cette exploration, l'auteur montre l'évolution du rugby en général : le paternalisme sportivo-économique, la transmission des valeurs humaines, du patrimoine, la vénération des anciens, toutes ces valeurs qui ont fondé ce sport amateur. Ici, l'exemple basque n'est pas isolé et dans bien des endroits (du sud de la France certes) l'évolution est la même. Des petites villes n'existent que par le rugby.

Ce modèle qui fera la gloire de nombreux clubs dans les années 1960 à 1990 va exploser complètement avec le professionnalisme. Certes l'argent a déjà fait irruption dans le sport, mais modestement, comme un tabou, comme un désir refoulé.

A partir de la coupe de monde de 1987, l'argent entre de plein pied, décomplexé, et irrigue toute la filière. La France tarde à accepter cet état de fait. le Pays-Basque y entre encore plus lentement. Peu à peu l'ancienne structure stable sur laquelle reposait le rugby s'effondre. Un nouveau monde éclot, avec des grands clubs, des supporters plus nombreux, la télévision, le marketing, le merchandising etc...

Le rugby nouveau est arrivé. Au Pays-Basque il se matérialise à travers deux clubs professionnels (Aviron Bayonnais et Biarritz Olympique). Mais faire vivre deux clubs professionnels pour un tissu socio-économique si faible n'est-il pas une utopie ?

Le Pays-Basque a t-il complètement fini sa révolution rugbystique ? Les années (voire les mois) à venir peuvent encore changer le paysage, et ce virage là il ne faudra pas le manquer, si l'on veut qu'il existe encore du rugby au Pays-Basque et si l'on veut que celui-ci fournisse au rugby français et mondial ses meilleurs joueurs.

Merci à Babélio et à Masse Critique de m'avoir permis de découvrir ce livre.
Lien : http://animallecteur.canalbl..

Lorsque je me suis inscrite à masse critique pour ce livre, je pensais qu'il s'agissait d'un livre documentaire. Aimant le rugby et le pays basque, j'ai trouvé que c'était un ouvrage intéressant. Quelle a été ma surprise -et ma déception- lorsque j'ai reçu cet essai, peu illustré et pas du tout documentaire, comme je me l'imaginais !
Mais bon, je me suis engagée à le lire...alors je me suis lancée. Au départ, j'ai trouvé le propos intéressant : la genèse et l'essor du rugby dans cette région était bien expliqué et j'ai appris des choses intéressantes. Mais rapidement, mon intérêt s'est émoussé : trop de répétitions, pas de clarté sur la ligne conductrice, beaucoup trop de citations qui finissent par nous perdre.
En fait, ce livre me fait penser à une note de synthèse : l'auteur s'est beaucoup documenté, a beaucoup lu et nous livre une synthèse de tout ce qu'il a découvert, mais c'est indigeste sous cette forme.
Le livre documentaire aurait vraiment été un support plus adapté car il aurait permis d'éclaircir le propos, de l'aérer et de faire la part belle aux photos. En effet les illustrations qu'on trouve dans cet ouvrage sont remisées en deux parties centrales qui ne les mettent aucunement en valeur.
J'ai toutefois trouvé intéressant le lien entre rugby, pelote basque et force basque, j'aurais même apprécié un chapitre plus développé à ce sujet.
En conclusion, c'est uniquement par honnêteté vis à vis de Babélio que j'ai avancé dans ce livre mais sincèrement, je ne crois pas aller jusqu'au bout : il me reste un tiers à lire et ça me pèse !