J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pense de cette oeuvre ambitieuse qui retrace la vie d'une famille canadienne des années trente jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix.
Maurice Dionne et son épouse Jeanne ont eu neuf enfants qui quittent le foyer familial les uns après les autres. La retraite pointe son nez pour Maurice, toujours aussi égoïste et coléreux, pingre de nature, sauf quand il lui prend l'idée de changer son char !
Leurs enfants connaissent les travers d'une société qui évolue, vivent parfois le divorce, sont contemporains de la contraception et d'un début d'égalité entre hommes et femmes. Leur émancipation avec un père aussi dur que Maurice n'est pas toujours de tout repos, mais au fond, la famille reste unie dans le temps.
Le monde change, on parle référendum d'indépendance au Québec, de l'élection de
Ronald Reagan, de la montée des tensions au Moyen-Orient, de Jeux Olympiques, de Trudeau et de
René Lévesque… Si les jeunes se passionnent pour ces bouleversements, Maurice et Jeanne se montrent indifférents. Maurice fête ses soixante ans, la vieillesse approche et les enterrements succèdent aux fiançailles, aux mariages, aux naissances mais également aux divorces…
La retraite se profile, le couple maintenant seul se lance dans les voyages et l'amélioration de leur maison du boulevard Lacordaire, lui aussi en pleine transformation.
Les chapitres courts se lisent avec délectation. J'ai un peu l'impression de faire partie de la famille Dionne depuis le temps ! L'auteur sait faire vibrer la corde sensible de son lecteur. Certains passages sont émouvants et
Michel David est un virtuose de la mise en scène. Pourtant l'humour est toujours présent et la subtilité des rapports entre les personnages donne une authenticité aussi plausible que réjouissante. Les tournures de langage très canadiennes n'y sont pas étrangères.
L'histoire est ordinaire sans être simpliste. Ce pourrait être l'histoire de n'importe quelle famille. le style est alerte sans être extrêmement riche. Mais chaque lecteur se retrouve dans les portraits évoqués avec tact mais assurance. C'est la force de cette saga et de cet écrivain peu banal.
Michelangelo 6/02/2021
Citation :
Quelques minutes plus tard, la plupart des invités envahirent la piste de danse. Paul, demeuré seul à sa table, fixait d'un air absent les premières tavelures apparues dernièrement sur le dessus de ses mains. Il sentit soudain une main se poser sur son épaule. Sa mère se pencha pour lui dire à l'oreille :
- Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, mon garçon. Ces taches-là, c'est la poussière laissée par le temps. (Fin de la Saga)
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