Quelle magnifique épopée ! Un livre fétiche.
Commenter  J’apprécie         20
La mêlée fut affreuse. Chaque chef clamait très haut ses titres et ses exploits. On combattait avec des flèches, des sabres, des piques, et les pasteurs des tentes noires, habiles à lancer le lasso, saisissaient de loin leurs adversaires, les jetaient à bas de leurs montures et les traînaient sur le sol où les chevaux les piétinaient.
Ainsi, furent capturés les deux généraux Mentchén Koula et Tongtchoung, que leurs vainqueurs voulaient montrer vivants à Guésar. Koula fut étendu par terre et l’on ebfonça des piques dans ses quatre membres, le clouant au sol. Tongtchoung fut enchaîné. Lorsque Guésar les vit, il dit aux siens en désignant Koula :
- Celui-ci est un véritable fils et chef de démons. Sa peau possède des propriétés magiques que j’ai discernées par ma clairvoyance. Un jour viendra où elle me sera utile. Je la veux. Quand à Tongtchoung, il a des ancêtres divins. Je lui donnerai, plus tard, un poste important dans mes états. Ne le tuez pas, mais gardez-le prisonnier et enchaîné jusqu’à la fin de la guerre.
Les soldats emmenèrent donc Tongchoung et le donnèrent en garde à Todong. Quant à Mentchén Koula, ils l’écorchèrent vivant et, lorsqu ‘il fut mort, ils jetèrent son corps dans un trou profond sur lequel, par la suite, fut érigé un large Chörten blanc
Près de mourir, Tharpa Nagpo comprit que le résultat des actions criminelles qu’il avait accumulées en si grand nombre allait être une renaissance dans le plus terrible des purgatoires et il forma un voeu : « Comme il est vrai, dit-il, qu’en vivant comme je l’ai fait j’ai véritablement cru me conformer aux préceptes de mon maître, puissé-je après avoir expié mes mauvaises actions, jouir du fruit de ma sincérité. Je désire renaître sous la forme d’un être ayant trois têtes et six mains et devenir le seigneur du monde entier. »
Comme beaucoup d’autres légendes, celle de Guésar repose probablement sur une base historique. Le chef guerrier divinisé, dont la personnalité véritable est aujourd’hui cachée sous des récits fantastiques, a sans doute existé, et peut-être existé à une époque relativement récente, entre le septième et le huitième siècle.
Il existe ainsi, au Thibet, en marge du lamaïsme officiel, nombre de légendes se rapportant au Bouddha. Je citerai l’une d’elles qui prétend relater le début de la longue suite des existences vertueuses qui aboutirent à celle du « Parfait » en tant que le Prédicateur de la « Bonne Loi » dans l’Inde.
Vidéo de Alexandra David-Néel