D’après les Tibétains, c’est Guésar de Ling, leur héros national dont je viens de citer quelques exploits, qui réapparaîtra. Lui aussi a quitté ce monde par un prodige, sans mourir, et, comme ses collègues Messies, il reviendra en tant que guerrier destructeur. « … tenant un sabre dans chaque main pour trancher les têtes des maîtres qui veulent dominer et celles des esclaves qui s’entêtent à demeurer esclaves… » ainsi que je l’ai entendu chanter dans les solitudes tibétaines par une barde spécialiste de la geste de Guésar.
Depuis des siècles, l’histoire du Tibet est intimement liée à celle de la Chine. Depuis des siècles, Tibétains et Chinois se sont mesurés sur des champs de bataille et sur le terrain d’une diplomatie rustique, mais non dénuée d’astuce, sans jamais réussir à se séparer complètement les uns des autres. Les relations entre Tibétains et Chinois remontent à une époque antérieure au début de notre ère. Les chroniques chinoises les mentionnent dès le Ier siècle avant Jésus- Christ, et, d’après ce qui nous en est rapporté, nous comprenons qu’elles n’en étaient pas, alors, à leur début.
Les populations dispersées sur la vaste étendue de territoire qui constitue le Tibet sont loin d’être uniformes. À défaut d’informations historiques précises sur lesquelles nous puissions nous fonder, les variétés de types physiques que nous rencontrons chez les Tibétains suffisent à démontrer la multiplicité de leurs origines. Les Tibétains n’ont jamais formé non plus une véritable nation. L’idée de nation est de date récente parmi eux et le sentiment de solidarité qu’elle comporte y demeure très vague, souvent complètement inexistant.
Vidéo de Alexandra David-Néel