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Citations sur Sous des nuées d'orage (10)

Les manifestations de la dévotion populaire se ressemblent dans tous les pays du monde. Les figures des statues vénérées sont différentes, comme différents, aussi, sont les rites du culte, mais l'esprit qui anime les fidèles est identique : il s'agit toujours , pour eux, d'obtenir quelque chose. L'un désire la guérison des maux dont il souffre, un autre souhaite la prospérité de ses affaires, il aspire à la richesse ; d'autres encore sont travaillés par l'ambition : ils veulent des situations sociales éminentes, la célébrité, ou de hauts postes officiels comportant, à la fois, considération et profits. Et presque tous, effrayés à l'idée de quitter ce monde, sollicitent le don d'une longue vie.
Pour se faire accorder ce qu'ils convoitent, ces êtres vénaux ne conçoivent rien de mieux que de trafiquer avec leurs dieux qu'ils imaginent vénaux à leur image. Ils les cajolent insidieusement, multipliant les marques de respect, les prosternations et les offrandes, brûlant des parfums en leur honneur et illuminant leurs autels. Ils les harcèlent avec des prières qui, chez certains, deviennent presque comminatoires, ou cherchent à les tenter par des promesses. Dans leurs supplications, ils incorporent tous les arguments que leur suggèrent leurs pauvres cervelles, pour établir la justesse de leurs revendications, leurs droits même d'être exaucés. Il est imprimé, en des livres de prières, d'effarantes formules de demande, et que serait-ce si l'on pouvait entendre les requêtes que présentent, en silence, les dévots de toutes les confessions ?
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L’aventure de Yongden m’avait amusée, comme l’été suivant, devaient m’amuser les nudités de Kyoto : le brave commerçant, vêtu avec une simplicité presque toute édénique, qui me vendait des pellicules pour mon appareil photographique et les baigneurs, en caleçons faits de filet à larges mailles, qui hantaient les bords de la rivière. Je riais, faute d’habitude, mais, au fond, je trouvais que les Japonais avaient mille fois raison ! Notre pudeur hypocrite n’est qu’un produit de l’impureté de notre esprit.
Toutefois, n’ayant pas contracté, dès l’enfance, cette saine et aimable simplicité de manières, je m’abstins toujours des baignades collectives et, lorsqu’il m’arrivait de descendre dans des hôtels purement japonais, je postais toujours Yongden devant la porte de la salle de bains, tandis que je procédais à mes ablutions. Il avait appris quelques mots de la langue du pays et pouvait faire comprendre, à ceux qui se présentaient, qu’une dame étrangère désirait demeurer seule pendant quelques instants.
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Je suis "partie" bien des fois, sans "arriver" jamais.
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Il s’ensuit que ma situation ne peut pas être comparée à celle des gens habitant les pauvres cabanes que j’ai remarquées en Sibérie. Ceux-ci ne les ont pas élues par goût ou ne s’y sont pas réfugiés, temporairement, dans des circonstances exceptionnelles. Elles constituent un foyer permanent où, dans beaucoup de cas, toute leur vie s’écoulera et, comme telles, on peut, avec raison, les déclarer « franchement misérables ».
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Toutefois, le but de mon voyage n’étant pas le tourisme, mais l’étude, je m’imaginai que des facilités particulières me seraient volontiers accordées et je décidai d’entreprendre des démarches pour faire connaître mes desiderata à ceux que je croyais capables d’en assurer la réalisation.
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J’entrepris, ensuite, de recommencer, une fois de plus, mon voyage, toujours contrarié, jusque-là, vers Lhassa9. De la frontière mongole, je retraversai, une fois de plus, la Chine du nord au sud par le Szetchouan et le Yunnan d’où je pénétrai au Tibet en franchissant le massif du Kha Karpo au col de Dokar (5 412 mètres d’altitude). Quatre mois de marche, toujours à pied, le sac au dos, m’amenèrent à Lhassa où je séjournai. Vinrent, ensuite, le pays historique de Yarlung, l’Himalaya et l’Inde où j’avais déjà vécu pendant longtemps à différentes périodes de ma vie.
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Tandis que j’écrivais la présente relation de voyage, j’étais loin de croire que lorsque le manuscrit en arriverait à Paris, la France serait en état de guerre. Sans doute, les présages devenaient alarmants et, depuis mon départ, en décembre 1936, les « nuées d’orage » sous lesquelles je devais voyager, à travers la Chine, s’accumulaient, aussi, dans le ciel de l’Europe. Cependant, le doute s’attardait encore dans mon esprit, comme en celui de beaucoup d’autres. Nombreux étions nous, luttant contre une évidence de plus en plus marquée et nous refusant à admettre qu’une nouvelle explosion de démence nous ramènerait, décuplées, les horreurs de cette « Grande Guerre » qui, par comparaison avec celle qui lui succède, risque de perdre, dans l’histoire, la triste gloire du record qu’elle paraissait avoir établi.
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La peur, surtout, jette les hommes vers la crédulité. Lorsque leur est démontrée l’impossibilité, ou l’extrême difficulté, d’échapper par des moyens naturels, aux dangers qui les menacent, ils se tournent vers les interventions surnaturelles.
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Au Tibet, les maîtres qui enseignent ces théories, ou d’autres analogues, leur donnent, d’ordinaire, comme berceau, Chambhala, un légendaire pays septentrional tenu, tantôt, pour être la Sibérie et, tantôt, pour une île située dans l’océan Glacial. Toutefois, bien que – tout comme la Thulé des anciens géographes – Chambhala, sujet de multiples légendes, appartienne en partie à la Fable, il semble probable que ce nom s’applique à une cité ayant eu une existence réelle : la capitale de la Bactriane dont l’emplacement paraît être occupé, de nos jours, par Balkh en Afghanistan.
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Je n’étais pas encore très solide sur mes jambes, lors de mes premiers « départs ». Le décor qui les entoure m’apparaît, tout au fond de ma mémoire, comme la grille d’une porte de jardin devant laquelle passait une route. Franchir cette grille, essayer quelques pas sur la route, là se bornait le voyage, mais je devais y prendre grand plaisir car l’on m’a raconté que je le répétais sans cesse, malgré les réprimandes qu’il m’attirait. Le jardin était vaste ; j’aurais pu y exercer amplement l’activité de ma toute petite personne, mais « l’au-delà » me fascinait déjà.
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