Virtus et Honor

J'avais très très hâte de lire ce livre. On en trouve peu qui se déroulent à cette période de l'histoire et j'étais très intriguée par les extraits. Résultat, j'ai adoré. Pour trois choses : le style, les personnages et le réalisme ambiant.

Le style est très bon. C'est vraiment bien écrit. Seul reproche à faire, ce serait sur certains dialogues qui sonnent parfois de manière un poil trop moderne. Mais c'est volontaire, rien de grave et ça ne nuit en rien au réalisme ou à la cohérence du récit.

Les personnages m'ont captivée et je m'y suis beaucoup attachée. Ceux qui me connaissent savent que j'aime les beaux personnages bien dessinés. Quand des héros sont creux et ne communiquent rien, même si le récit est absolument fantastique à côté, il me manquera toujours quelque chose. Et ici, Astreos et Valens sont magnifiques. Deux hommes vrais et nuancés, avec des caractères forts, des désirs compréhensibles et des défauts extrêmement bien rendus qui sonnent justes dans le cadre des événements. On est complètement dans cette précision que j'aime et qui se fait trop rare en romance. Une justesse dans les réactions et les dialogues qui accompagne chaque évolution, qui colle au développement du récit et qui apporte, de ce fait, énormément de crédibilité au bouquin. On vit avec eux, on ressent ce qu'ils ressentent, on les accompagne au fil de leur voyage et de leurs pérégrinations, aussi bien réelles qu'intérieures, et c'est justement ça qui est bon. Je pense que ce que j'ai le plus apprécié, c'est le respect mutuel qu'ils se vouent. La relation pleine de pudeur et d'attachement qui s'établie entre eux, deux hommes de valeur, intelligents, conscients de leur position, de leurs faiblesse et du poids de leurs responsabilités. Leur intimité n'en est que plus belle et les moments de tendresse qui ponctuent le récit m'ont remué l'estomac, surtout vers la fin.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste et s'illustrent constamment aux côtés de nos héros. Crispin, Octavia, Lucius... Tous possèdent quelque chose de particulier. Derdre, druidesse et prêtresse d'Hygie, a été une excellente surprise et j'ai beaucoup apprécié son caractère entier et courageux, ses nombreuses connaissances dans le domaine des plantes ainsi que ses paroles pleines de tolérance qui s'accordent à ses actes.

Quant au cadre du récit, que dire à part qu'on est totalement embarqué dans ce voyage dans le temps. de l'an 120 à 127, on voyage de Rome à la Grèce en passant par les provinces barbares, les camps militaires, les palais et les grandes cités antiques. Ce n'est pas un décor en carton pâte que nous offre Maya David mais une véritable plongée dans l'antiquité, dans un passé très coloré, dépeint avec une grande justesse, rempli de sons, de couleurs, d'odeurs qu'on s'imagine sans difficulté. Chaque détail de l'époque est savamment retranscrit sans lourdeur, en nous permettant de nous immerger dans cette époque lointaine ramenée à la vie, sans se sentir noyé sous des flots d'informations. On sent le travail fourni sur la précision des tenues, des objets, de la nourriture, des villes; les centaines d'heures passées à rédiger cette histoire qui fourmille de détails et d'anecdotes passionnantes destinés à nous offrir une expérience parfaite et précise. Les connaissances de l'auteur sur l'armée, la Gaule, les combats, les métiers d'autrefois sont un plaisir à découvrir. Elles indiquent surtout sa passion pour la vie sous le règne d'Hadrien (dont elle offre un portrait attachant et profondément humain) - passion qu'elle nous transmet tout du long, sans temps mort, sans ennui.

Maya David manie les mots comme Varens et Astreos manient la subtilité des tactiques militaires. Elle se joue de l'époque, insufflant à son récit un souffle de réalisme qui vous hante bien longtemps après l'avoir terminé.

Pour un premier livre, c'est une réussite.