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Critique de Presence


Ce tome fait suite à un tome pas encore paru, au moment de la parution de celui-ci, à savoir X-Factor Epic Collection 6. Il comprend les épisodes 71 à 83 de la série X-Factor, ainsi que le numéro annuel 7, et les épisodes 390 à 392 de la série Incredible Hulk, initialement parus en 1991/1992, tous écrits par Peter David, à l'exception de l'histoire principale du numéro annuel écrite par Fabian Nicieza. Larry Stroman a dessiné les épisodes 71 à 75, 77, 78 (avec l'aide de Brandon Peterson), 80, 81. L'épisode 76 a été dessiné par Tom Raney & Kevin West, le 78 par Jim Fern, le 82 par Rurik Tyler, le 83 par Mark Pacella. Tous les épisodes ont été encrés par Al Milgrom. Les 3 épisodes de Hulk ont été dessinés par Dale Keown et encrés par Mark Farmer. Enfin l'histoire principale du numéro annuel 7 a été dessinée par Joe Quesada et encrée par Joe Rubinstein.

Épisodes 71 à 75 - Les membres originels de X-Factor ont réintégré les X-Men et Valerie Cooper organise une équipe gouvernementale pour remplacer Freedom Force. Elle se compose de Havok (Alex Summers), Polaris (Lorna Dane), Multiple Man (Jamie Madrox), Quicksilver (Pietro Maximoff), Wolfsbane (Rahne Sinclair), Strong Guy (Guido Carosella). Alors que les membres de l'équipe essayent d'ouvrir un pot de mayonnaise Grey Poupon, Havok se fait recruter par Valerie Cooper, avec un petit coup de pouce de Charles Xavier. Jamie Madrox est victime d'un assassinat en pleine rue. le professeur Vic Chalker construit un robot pour détruire les mutants. X-Factor finit par se battre contre les Nasty Boys (Gorgeous George, Slab, Hairbag, Ramrod, Ruckus) et leur mystérieux chef. Hulk 390 à 392 + X-Factor 76 - Hulk et le Panthéon interviennent pour aider des rebelles dans la nation de Trans-Sabal. Leur armée dispose de l'appui d'un stock de Mandroïds récupérés dans les surplus du SHIELD. Galvin (agent de la CIA) demande au gouvernement américain d'envoyer des agents en renfort pour assister Farnoq Dahn, le chef du gouvernement. C'est X-Factor qui s'y colle.

Épisodes 77 & 78 - le Front de Libération de Mutants vient récupérer des membres des Nasty Boys, et Cannonball (membre de X-Force) vient discuter avec Rahne Sinclair. Annuel 7 - Spiral est à la recherche d'Arize dans le Dakota du Sud. X-Factor est envoyé pour enquêter sur l'apparition de Spiral, et si possible l'arrêter. Épisodes 79 à 81 - Quicksilver & Multiple Man enquêtent sur un meurtre impliquant une mutante, professeure de musique à Two Forks dans le Maine, pendant que le reste de l'équipe doit se battre contre les Hell's Belles, un groupe de supercriminelles composé de Flambé, Vague, Briquette et Tremolo. Ils découvrent en plus que ces dames sont commanditées par un ennemi de Wolverine qui a empoisonné Strong Guy. Épisodes 82 & 83 - Les membres de X-Factor interviennent pour gérer un problème d'immigration clandestine de mutants, en provenance de Genosha, sur un navire ayant accosté au port de New York. Sur place, Bart Coswell, agent du service d'immigration, essaye de gérer la situation, malgré la présence de Karl Lykos.

X-Factor est une équipe qui a été créée en 1986 par Bob Layton et Jackson Guice, sur le principe de réunir les X-Men originels : Cyclops, Marvel Girl, Beast, Iceman et Angel. En 1991, les responsables éditoriaux de Marvel décident de les réintégrer dans les équipes X-Men principales. Peter David est appelé pour succéder à Louise Simonson sur la série et au passage de Chris Claremont, Jim Lee et Whilce Portacio. Il compose une nouvelle équipe à partir de mutants n'ayant pas la place d'exister dans les titres principaux (Havok, Polaris, Wolfsbane), de seconds couteaux ayant du mal à trouver leur place (Quicksilver, Multiple Man) et d'un personnage secondaire assez obscur Guido Carosella, le garde du corps de Lila Cheney. le scénariste choisit de constituer une équipe gérée par le gouvernement par le biais d'une responsable sans superpouvoir, Valerie Cooper, bien connue des lecteurs des X-Men, car apparue pour la première fois en 1988 dans l'épisode 176. Au cours de 13 épisodes de la série X-Factor, Peter David s'intéresse d'abord à Jamie Madrox, sous l'angle des conséquences de son pouvoir (créer des doubles de lui-même) et de leur potentielle autonomie, thème qu'il reprendra dans le prologue de la série de X-Factor de 2005 : X-Factor: Madrox ? Multiple Choice avec Pablo Raimondi. Il met également en avant Guido Carosella à plusieurs reprises, à la fois parce qu'il s'agit d'un personnage encore neuf, à la fois parce qu'il n'apparaît pas dans d'autres séries mutantes. Outre ces 2 personnages mis un peu avant, le lecteur peut apprécier l'ambiance légèrement sarcastique qui règne entre les membres, donnant une tonalité un peu moqueuse, et un peu adulte.

En termes d'intrigue, Peter David donne l'impression de ne pas top se fatiguer. L'équipe est rapidement constituée, et le fait d'être sous tutelle gouvernementale ne pose pas de problème particulier (de type cas de conscience) à ces membres. Cela fournit également une solution facile pour les envoyer dans des missions diverses et variées. le scénariste semble ne pas trop se fouler pour inventer des mutants un peu génériques que ce soit pour les Nasty Boys ou les Hell's Belles, et aller piocher des ennemis de ci de là, sans prendre le temps de les développer. le lecteur se frotte un peu les yeux lors des épisodes 390 & 391 de la série Hulk qui se résument pour 80% à une baston afin de donner l'occasion à Dale Keown de s'éclater dans la destruction, et de dessiner Hulk avec des pantoufles roses à tête de lapin. La dictature en Trans-Sa Bal est également vite expédiée, avec le rôle discutable des États-Unis plus cliché que critique. Dans ce registre, c'est presque l'histoire du numéro annuel écrite par Fabian Nicieza qui apparaît la plus intéressante en développant les origines de Spiral. Pour autant, Peter David reste un scénariste maîtrisant son métier, et sachant doser entre les dialogues informatifs, les émotions des personnages et les scènes d'action.

De prime abord, le lecteur peut également avoir l'impression que les dessins de Larry Stroman mettent plus en évidence ses limites par sa façon de s'économiser avec des traits géométriques, et par la répétition de certains plans de prise de vue. Si certaines cases se chevauchent parfois pour un effet très années 1990, le niveau de lisibilité reste satisfaisant, avec une fluidité correcte. Stroman maîtrise lui aussi les conventions propres à la narration visuelle d'histoire de superhéros et ses planches présentent un bon degré de spectaculaire quand les superpouvoirs sont utilisés, ainsi qu'une présentation des superhéros à leur avantage pour bien les mettre en valeur. S'il a déjà pu voir le travail d'encrage d'al Milgrom, le lecteur est impressionné par la manière dont il adapte son encrage aux traits de Stroman pour les respecter, sans plaquer un encrage générique. En comparant les 9 épisodes dessinés par Stroman aux autres, le lecteur prend conscience que ses tics visuels ne sont pas que des raccourcis pour masquer ses limites, mais qu'ils installent également une ambiance, très discrètement amusée. Il observe les personnages secondaires pouvant apparaître à l'occasion et y trouve une diversité savoureuse, généralement absente de ce genre de comics industriels. Au fil des épisodes, la personnalité graphique de Larry Stroman finit par se révéler comme authentique, plutôt qu'un ramassis d'artifices en toc. Cela devient une évidence avec les 2 derniers épisodes dans lesquels Rurik Tyler et Mark Pacella essayent de rester dans le ton Stroman, de manière plus laborieuse que convaincante. En termes de comics de superhéros, les dessins de Dale Keown semblent plus adaptés et plus dans le moule, avec une vitalité hors du commun, mais une saveur finalement plus convenue que celle des dessins de Stroman.

Petit à petit, le lecteur se rend compte qu'il se prend au jeu de voir comment tourneront les missions confiées à X-Factor même si l'incidence sur les personnages reste limitée. Il se rend compte que le scénariste ne se contente finalement pas d'enfiler les clichés du combat contre l'ennemi du mois. Il sonde les conséquences du pouvoir de Jamie Madrox avec une certaine rouerie, et une sensibilité dramatique inattendue. Derrière des dehors très détendus, Guido Caorsella révèle une personnalité assez crédible, en particulier quand il est confronté à la possibilité très réelle de sa mort suite à un empoisonnement. La dernière histoire (épisodes 82 & 83) aborde de front la question de l'immigration dans une configuration sortant d'une dichotomie manichéenne pour envisager la situation personnelle des émigrés et de leur sort. le lecteur se rend également compte que Peter David distille un humour discret pouvant aller jusqu'à l'absurde. La problématique de l'ouverture du pot de mayonnaise court tout du long du premier épisode, de manière surréaliste, mémorable au point que Nicieza la réutilise dans l'annuel. David se moque ouvertement des conventions des comics des X-Men avec la poignée de porte qui reste dans la main de Valerie Cooper quand elle veut ouvrir la salle des dangers de X-Factor. David s'amuse également à plusieurs reprises avec ce savant (Vic Chalker) qui a construit une armure pour détruire les mutants, avec un résultat des plus pitoyables, confinant à l'absurde.

Le titre promet une équipe toute neuve et toute différente, et en l'occurrence cette promesse est tenue par le scénariste et le dessinateur. Larry Stroman apporte une sensibilité un peu décalée par rapport aux dessins descriptifs lisses en vigueur dans les comics de superhéros, sensibilité qui s'exprimera de manière encore plus forte dans ses oeuvres ultérieures. Peter David tire profit d'avoir à mettre en scène une équipe composée de personnages de second plan, n'étant pas d'une importance vitale pour la franchise mutante de Marvel. Il sait faire apparaître la bizarrerie de 2 personnages (Jamies Madrox et Guido Carosella), et une partie de ces scénarios recèlent des enjeux qui dépassent la confrontation entre individus dotés de superpouvoirs, avec des touches d'humour plus sophistiquées que l'ordinaire des comics de superhéros. 4 étoiles pour une série originale qui ne réalise pas pleinement son potentiel à chaque épisode.
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