Je dois dire que j'ai été troublée par ce roman. La plume de
G.H. David est telle qu'elle m'a plongée quasiment instantanément dans son récit. de plus on voit rapidement que son métier lui plaît au travers de la façon dont Sacha parle du sien et le vit.
Sacha Grasset est une "messagère". Je crains de n'avoir pas les mots adéquats pour expliquer exactement son rôle psychique. En résumant succinctement je dirais qu'elle permet au travers d'objets (pour elle ce sont principalement les bijoux) de transmettre des messages vers les vivants.
Athénaïs, de son côté est romancière et femme de caractère. Moderne et féministe pour son époque, elle vit en 1870, elle est aussi éperdument éprise de son époux Adolphe de Pierrepont.
Qu'ont-elles en commun pour que leurs destins les rassemblent ici ? Nous allons le découvrir assez rapidement au travers des rêves de Sacha, au travers desquels elle va s'incarner sous les traits d'Athénaïs. S'incarner c'est-à-dire, vivre, ressentir, toucher et aimer aussi fort que le fait Athénaïs.
Ce qui m'a vraiment intriguée et plongée plus avant dans ce scénario c'est la manière de l'auteure de rendre cela possible, quasi réel. En fait, je n'ai pas lu les incarnations ou "voyages" de Sacha mais je les ai vécus. Tout comme elle. Au travers de ses ressentis et des miens.
Les différents personnages croisés au détour de ses allers-venues ou dans la vie réelle sont intrigants.
Athenaïs et Adolphe, forcément pour la part importante qu'ils tiennent dans ce roman mais surtout dans la vie de Sacha. Couple complice et presque fusionnel. Pourquoi la hantent-ils?
Aurélien Lefevre. Bel homme au charme désuet et pourtant torride. Il est mystérieux.
Et les bruns mystérieux, moi j'aime, pas vous?
De plus, sa présence en des lieux où il ne devrait être va rendre son rôle bien énigmatique. Ami ou ennemi ?
Sa tante Julie. J'avoue avoir été longue à me faire un avis sur elle. J'ai eu du mal à comprendre sa façon de faire. Et même après certaines révélations qui ont changé la donne je me demande encore dans quel camp elle se situe. Accusée d'être folle, enfermée dans un asile, il y a de quoi se demander ce qui est la réalité à ses yeux ou la folie.
Chaque personnage est ainsi important. Chacun apporte quelque chose au récit même si ce n'est parfois qu'une présence rassurante. Ou, au contraire, anxiogène.
Les pages se tournent ainsi, m'emportant de plus en plus loin dans la vie de Sacha, dans ses recherches pour en savoir plus sur Athénaïs et leur place à toutes deux dans ces incarnations. Mais aussi dans l'évolution que l'on voit apparaître sur le rôle de certains personnages.
Et vous? Vivrez-vous, vous aussi, ce roman comme une rencontre plutôt qu'une lecture parmi tant d'autres?
Entrerez-vous dans la trame des secrets de la famille Grasset ? car il y en a.
Un autre point qui m'a agréablement surpris c'est l'utilisation parfois d'un vocabulaire plus châtié que ce que l'on voit d'ordinaire.
Un bémol cependant pour cette fin, outre qu'elle donne furieusement envie d'attaquer à la suite le tome 2. J'ai trouvé que les derniers événements passent trop vite, cette expérience semble se dérouler sans nous. Contrairement à tout le roman où l'on vit au travers de Sacha, ici il m'a paru trop extérieur, comme au travers d'un voile. Après, au vu du final, on peut aussi concevoir que l'auteure l'a voulu. Pourtant cela fait comme un effet d'interrompu qui m'a dérangée.
Il n'en demeure cependant que ce roman est une pépite, que les informations sur les âmes, les passeurs d'âmes, les incarnations et autres bizarreries spirituelles de cet acabit semblent tirés d'une réalité inconnue à mon niveau mais qui me parle. J'ai donc hâte de découvrir le deuxième tome sur les guides après avoir fait connaissance au fil de la vie de Sacha des messagers.