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La Trilogie russe tome 1 sur 3
EAN : 9782742796762
339 pages
Actes Sud (09/03/2011)
3.88/5   30 notes
Résumé :

URSS, 1985. Dans une chambre de Moscou, on découvre les corps de Sonia, employée de l'ambassade du Danemark, et de Véra, une prostituée russe, clans des circonstances qui ne laissent aucun doute quant aux jeux érotiques qui ont précédé leur mort.

Autour d'elles : des vidéos pornos et des dollars - pièces à conviction des deux plus graves délits reconnus par le régime en place. Jack Andersen, diplomate danois, ne croit pas à la thèse de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu envie de lire ce livre parce que entre 1989 et 1999, j'ai fait de nombreux séjours à Moscou. Quelques années plus tôt, se déroule l'histoire de la chanteuse russe, juste avant le début de la perestroika incarnée par Gorbachev.
Leif Davidsen rend parfaitement compte de l'atmosphère de cet avant.
" La société de l'union Soviétique excelle à décrire le mensonge comme si c'était la vérité et à regarder le mensonge en face, pour finir par lui tourner le dos en prétendant qu'il n'existe pas.
Bien que la chanteuse russe s'inscrive à mi-chemin entre le polar et le roman d'espionnage. Leif Davidsen nous montre à voir ce qu'est la société russe et l'émergence de cette nouvelle société dans ses années d'ouverture sur l'occident.
Cela lui permet par exemple de nous parler et nous faire connaître le mouvement Pamiat se présentant comme un mouvement néofasciste, ultranationnaliste et antisémite qui émerge à Moscou dans les années 80 avec son redoutable leader: Pamioukov.
Ce roman est complet, il est un bon polar teinté d'une histoire d'amour mais surtout une très bonne iniation à ce monde russe.
"Je suis un artiste russe. Je sais qu'il faut que l'âme crie sa douleur et ses désirs."
Bref, un très bon moment de lecture.
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A Moscou en 1985, deux femmes sont retrouvées mortes dans l'appartement de fonction de l'une d'elles. Sonia, secrétaire à l'ambassade du Danemark à Moscou, semble s'être ouvert les veines dans sa baignoire après avoir étranglé Véra, une prostituée soviétique, lors de jeux sado-masochistes. Jack Andersen, un Danois employé par l'ambassade, est appelé sur les lieux pour découvrir les corps en même temps que la police soviétique. Il décide alors de mener son enquête…

La chanteuse russe (1988) est le premier roman du Danois Leif Davidsen. Il a été publié en France par Gaïa, avant d'être repris par Actes Sud dans la collection Babel noir. A noter qu'il a été publié en France après Un russe candide, troisième roman de Leif Davidsen. Ce n'est pas un hasard si plusieurs des romans de Leif Davidsen traitent de la Russie. Ils lui ont été inspirés pas les quatre années qu'il a passées à Moscou comme correspondant de Radio Danemark.

Dans La chanteuse russe, c'est Jack Andersen qui raconte l'histoire à la première personne. Passionné par la Russie, il a choisi la carrière diplomatique pour ne pas devenir prof de russe au Danemark. Mais il détonne pas mal dans ce milieu, sans doute en raison de ses origines modestes.

Jack a beau adorer la Russie, il est tout de même très critique face au régime soviétique. Il décrit cette société où l'on manque de tous les biens de première nécessité et où l'on n'a aucune liberté. En tant qu'étranger, il a pourtant plus d'argent et plus de liberté de mouvement que les Russes, mais il est surveillé en permanence, les téléphones sont sur écoute et les relations avec les Russes presque interdites. C'est cette dernière règle que Jack va enfreindre quand il va rencontrer Lilli. Lilli est la soeur de Vera. C'est aussi la chanteuse russe qui donne son titre au roman. Elle se produit avec un petit orchestre dans un restaurant où elle chante de la variété. Mais elle aime surtout le rock et tout ce qui vient de l'Occident. Réunis par un tube de Bruce Springsteen, Jack et Lilli ne vont pas tarder à tomber amoureux…

La chanteuse russe n'est pas à proprement parler un roman policier, ni même un roman d'espionnage. Il s'inscrit entre ces deux genres, mais l'enquête sur la mort des deux jeunes femmes est de toute évidence un prétexte pour évoquer la fin du régime soviétique, décrire ce monde dominé par le marché noir, la corruption, et où les ennemis du régime, ou plus simplement ceux qui en savent trop, ont d'étranges accidents ou se suicident subitement. Mais rien de tout ça n'est très nouveau. En lisant ce roman, je n'ai pas appris grand chose sur la Russie et ne me suis pas passionnée pour la résolution de l'affaire policière. J'ai pourtant beaucoup aimé ce roman. Il est l'oeuvre d'un véritable écrivain, qui décrit merveilleusement les lieux, les sentiments, les états d'âme, et nous permet de bien sympathiser avec son narrateur. Je retrouverai donc très certainement Leif Davidsen bientôt, probablement avec le Danois serbe dont l'action se situera cette fois au Danemark.
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A l'occasion d'un passage en revue de tous ces petits pays producteurs de polars et situés entre ici et le cercle polaire arctique, je découvre aujourd'hui le Danemark et son écrivain Leif Davidsen. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne suis pas revenu déçu du voyage ! Ancien correspondant à Moscou et ancien reporter dans les pays de l'Est pour Radio Danemark, Leif est un spécialiste du sujet et décrit à la perfection l'ambiance fin de règne de l'union soviétique juste avant la glasnost et la perestroïka. Leif Davidsen est un équivalent danois de John le Carré (on imagine d'ailleurs très bien la même histoire se produisant avec des ressortissants britanniques).
Jack Andersen est un diplomate danois en poste à Moscou, en voie de divorce rapide et mal accepté par une partie de ses collègues en raison de ses origines modestes et de son inaptitude chronique à la langue de bois en vigueur dans le monde feutré des ambassades (ce qui nous le rend d'emblée sympathique). Un appel téléphonique l'informe que Sonia, l'une des assistantes de l'ambassade, et une prostituée russe notoire, ont été retrouvées mortes dans des circonstances compromettantes. Jack entreprend alors une enquête personnelle, la thèse officielle de l'accident et du suicide ne trouvant à ses yeux aucun semblant de crédibilité.
Jack va donc réveiller ses contacts (au Danemark, à l'ambassade américaine, chez les officiels soviétiques et dans les milieux artistiques). Au cours de son périple, Jack fait la connaissance de Lilli, une mystérieuse chanteuse russe qui va littéralement bouleverser son existence.
Le roman est bâti en trois parties, très inégales en longueur (la première étant de loin la plus développée, les deux autres peuvent presque passer pour des épilogues successifs). Ce triptyque donne une nouvelle dimension au roman qui prend alors l'ampleur d'une fresque et raconte une toute autre histoire, s'étalant sur plusieurs années : retour au Danemark et changement de cap pour Jack, coup de balai réformateur de la perestroïka, reprise à zéro et résolution de l'enquête dans le cadre du nouveau pouvoir, et surtout, magnifiques histoires personnelles de Jack et Lilli qui finiront par unir leurs destins lors d'une course contre la montre digne des plus grands thrillers.
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Davidsen Leif - «La chanteuse russe», publié aux éditions Acte-Sud-Babel Noir en mars 2011, précédemment publié chez Gaïa en 1999 (cop. 1988 pour l'édition danoise originale)

Le récit prend pour cadre l'Union Soviétique au moment de sa déliquescence.
Rappel historique : Leonid Brejnev était mort le 10 novembre 1982 dans un état de santé qui ne lui permettait plus de vraiment gouverner tout en offrant un spectacle lamentable pour l'opinion publique ; c'est lui qui avait pris, en décembre 1979, la désastreuse décision d'intervenir militairement en Afghanistan. Iouri Andropov (né en 1914) lui avait alors immédiatement succédé, dès novembre 1982, lançant quelques réformes ainsi qu'une certaine lutte contre la corruption, mais il mourut (lui aussi de "maladie grave" à la mode KGB ?) en février 1984, après avoir exercé le pouvoir suprême pendant à peine 15 mois.

Je me souviens encore aujourd'hui de la stupeur générale lorsque nous parvinrent les premières images de son successeur, Konstantin Tchernenko : né en 1911, âgé donc de 73 ans à son accession au trône, ce vieillard était déjà à demi grabataire et ne parvenait pratiquement pas à lire l'éloge funèbre de son prédécesseur ! Il fallut le hisser sur le mausolée de Lénine, et l'en redescendre à bras d'homme ! Il prétendait mettre fin à l'expérience dite «libérale» lancée par Andropov pour revenir au bon vieux communisme stalinien à la Brejnev et à la guerre froide. A ce moment-là, pas mal de gens en Occident eurent vraiment peur qu'un tel dirigeant physiquement aussi diminué, manipulé par l'état-major de l'armée devenue une puissance économique en soi, ne se lance dans une guerre désespérée n'importe où sur la planète.
C'est alors, en mars 1985, que les dirigeants soviétiques se décident à élire un «jeune» réformateur qui piaffait en coulisses, à savoir Mikhaïl Gorbatchev, 54 ans, l'adepte et le promoteur de la Perestroïka qui finalement détruisit le système communiste.

Le roman de Davidsen se déroule précisément pendant le bref intermède de Tchernenko, alors que l'URSS craque de partout. L'énigme proposée – deux femmes retrouvées mortes assassinées – n'est qu'un vague fil conducteur qui permet au personnage central, Jack Andersen, de parcourir diverses strates de la société moscovite, et surtout d'exhiber cette déliquescence du système soviétique qui a directement mené à ce que personne n'avait prévu, à savoir l'effondrement de l'URSS par l'intérieur même du pouvoir et de la société, par la pourriture inhérente à ces cercles dirigeants communistes corrompus jusqu'à la moelle.

Ce roman est un témoignage intéressant en ce qu'il met à la portée du public occidental – fort ignorant de la réalité vraie des anciens pays communistes européens – diverses clés de compréhension de cet effondrement d'un système monolithique qui aura tout de même déterminé une bonne partie de l'histoire du vingtième siècle… et de notre jeunesse !
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Je voulais découvrir le roman policier danois, et cette découverte est à la fois ratée et réussie. Elle est ratée, car l'action se déroule en URSS. Minuscule bémol, en regard de la grande réussite qu'est ce roman.
La chanteuse russe nous plonge dans une époque que nous avons déjà oubliée, celle de l'URSS d'avant la Perestroïka, d'avant l'éclatement de l'URSS pour tout dire, bien avant la reconnaissance de l'indépendance des républiques baltes. L'action prend place du bon côté des choses, celui du monde diplomatique. Contrairement aux russes, les diplomates ne manquent de rien. Contrairement aux russes, ils ne sont pas obligés de rester ad vitam aeternam dans ce pays, qui n'est que l'avant-goût d'une meilleure affectation.
Le seul personnage qui tranche dans ce milieu est Jack Andersen. Il m'a été immédiatement sympathique. Lui aime ce pays, et c'est par amour pour lui, pour sa culture, qu'il a choisi cette affectation, hors de tout choix de carrière. Il n'a pas été élevé pour devenir un brillant diplomate et tranche avec ce milieu trop policé. Peu importe les piques qui lui sont lancés, il accentue comme à plaisir sa différence. Il refuse les discours convenus et déjà, le politiquement correct. Il lui importe peu que Sonia ait été légère et que sa compagne se prostituaient : justice doit leur être rendues.Il est le seul à en avoir envie puisque les intérêts du pays priment avant tout.
Il rencontre, au cours de son enquête, Lili, sa soeur de Véra, la seconde victime. Son histoire est si tragique et si absurde qu'elle serait inconcevable dans un autre pays. J'en connais même qu'elle pourrait faire rire. Lili est veuve et chante pour gagner sa vie, "sans ardeur ni intérêt", non parce qu'elle n'est pas douée, mais parce qu'elle n'aime ni ne vit ce qu'elle chante. Il n'en sera pas toujours ainsi, heureusement. le jazz, le rock, deux genres musicaux qu'elle pratique de manière quasi clandestine, lui permettent d'exprimer sa passion pour la musique. Jack, dont la vie sentimentale est un désastre, tombe amoureux d'elle, et un homme amoureux est bien plus fragilisé.
Il en faudra du temps, des renoncements pour que les meurtres de Sonia et de Véra soient jugés. Les ramifications du pouvoir sont telles, les intérêts des uns et des autres si variables suivant l'évolution du régime qu'un intermède sera nécessaire entre les deux temps forts de l'enquête pour que tout soit enfin résolu. Il en faudra aussi, des accidents qui n'en sont pas vraiment, des rencontres clandestines, des contournements des absurdes règles de vie en vigueur pour nous mener jusqu'au dénouement. Au milieu de ce chaos, l'amitié et l'amour sont les deux seules valeurs qui ne se monnayent pas - mince rayon d'optimisme, dans un récit dont l'issue restera incertaine jusqu'à la dernière page.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La société de l'union Soviétique excelle à décrire le mensonge comme si c'était la vérité et à regarder le mensonge en face, pour finir par lui tourner le dos en prétendant qu'il n'existe pas.
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Ce briquet, je l'ai pris dans la poche d'un soldat allemand juste devant Berlin. Il avait bien dix-sept ans. J'avais vingt ans et j'étais capitaine dans l'Armée rouge. Je l'ai étranglé de mas mains. C'était un petit village dont j'ai oublié le nom. Notre artillerie l'avait pulvérisé. C'était un jour d'avril et il pleuvinait. Alors, l'infanterie est entrée. Dans l'une des maisons dévastées, il y avait une poche de résistance. Un de mes camarades et moi étions à plat ventre derrière la façade. Alors, mon camarade a lancé une grenade par la porte. Nous avons attendu un petit moment, puis nous sommes entrés; il y avait quatre jeunes allemands dans des uniformes beaucoup trop grands pour eux. ils étaient tous morts; sauf un. Il a tiré une dernière fois avec un de ces pistolets allemands à long nez et il a démoli la figure de mon ami. Alors je l'ai étranglé, bien qu'il soit déjà à moitié mort et qu'il n'ait que dix-sept ans. J'ai continué avec les nôtres jusqu'à Berlin, mais je n'ai plus jamais tué personne volontairement et depuis, j'ai découvert qu'il n' y a pas de crime pire que celui de supprimer la vie. Je le revois devant moi. Il n'avait même pas un soupçon de barbe. Ses yeux se révulsaient, hurlaient au secours, mais je l'ai étranglé sans éprouvé la moindre pitié.
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Ce que j'ai toujours eu du mal à supporter, c'est l'Allemand que j'ai tué de mes mains nues. Pas les autres: les prisonniers de guerre qu'on fusillait, les grenades dans les bunkers, les lance-flammes, les officiers SS qu'on mettait en rangs avec les traîtres à la patrie et qu'on abattait en série pour manger ensuite leurs maigres rations, assis sur les cadavres. Mais ce jeune Allemand. Depuis, je n'ai plus assassiné. Depuis, j'ai chassé ceux qui assassinent. Depuis ce jour-là, j'ai contribué à construire pour assurer une vie meilleure à notre peuple. De nos jours, un peu partout dans la société, des gens parlent de sauvegarder. De nos souvenirs. Pamiat*, dit-il en russe. Ils se protègent, car à première vue, qui refuserait de soutenir une tâche aussi noble que de reconstruire les bâtiments élevés par des générations perdues? Qui refuserait ouvertement de contribuer à se souvenir et à relever la grande culture russe? Mais regardez sous la surface, M. Anderson, et vous verrez des vers qui dévorent des cadavres.

* Pamiat signifie en russe "la mémoire"
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" Avant tout, nous étouffons toute l'affaire. Ensuite, nous irons au protocole et nous présenterons nos excuses pour les cassettes pornographiques. Nous présenterons Sonia comme une malade mentale. Quelqu'un qui s'est révélé être un fruit pourri, en dépit de nos enquêtes scrupuleuses. Nous allons balayer cette saleté sous le tapis et nous dirons qu'il va de soi que l'ambassade n'a pas été mêlée à cette affaire.
- Autant pour Sonia. Tant pis pour elle, commentai-je.
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J'avais dix-sept ans quand je suis parti à la guerre. J'ai commencé à Stalingrad et fini à Berlin, et tout le temps, pendant la contre-offensive, je ne pensais qu'à une seule chose: quand nous aurons remporté la victoire, je veux contribuer à rebâtir ce pays et je veux décider de la façon dont ça se passera, et ce n'est possible que si je deviens membre du parti. Alors, je me suis inscrit. Ca n'a pas été un problème. Staline avait assassiné la plupart des gens et avec toutes mes décorations, j'étais qualifié pour être membre.
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