Le retour de Martin Guerre

Je dois avouer que je n'ai jamais vu le film.... Certes je connaissais l'histoire et encore dans ses très grandes lignes.... En fait c'est le commentaire de Jeanmarc30 qui m'a donné envie de découvrir ce récit (merci !).
Et me voilà embarquée dans un court récit tiré de faits réels et étonnamment précis et détaillés grâce aux notes conservées du magistrat qui a traité l'affaire.
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1560 : après 10 ans d'absence Martin Guerre revient auprès des siens. Mais est-il bien celui qu'il dit être ?
Aujourd'hui l'affaire aurait été traitée en une poignée de jours, un test d'ADN et hop !
Là le magistrat devra se limiter aux compétences de l'époque et donc à la clairvoyance, aux témoignages (contradictoires), aux échanges.... Ca rend le récit passionnant ! Car certes chacun dans le village y va de son avis, mais pas toujours pour de bonnes raisons.
J'ai aimé l'ambiance rendue d'un village de l'époque, les caractères qui apparaissent, les explications psychologiques. Franchement le texte est court mais il mérite qu'on s'y arrête ! Je me suis régalée du début à la fin.
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Mention spéciale pour Bertrande, l'épouse....
Maintenant évidemment j'ai bien envie de voir le film.....

Comme bien des lecteurs, je ne connaissais de l'histoire de Martin Guerre que le film avec Gérard Depardieu et Nathalie Baye. L'aspect le plus intéressant de cet ouvrage est sa qualité narrative (le récit provenant d'une servante) et de son authenticité historique, les personnages du récit ayant bel et bien existé et le procès qui découle de cette "affaire" étant l'un des plus exemplaires en matière d'usurpation d'identité.

Avec son talent de scénariste incontournable, Jean-Claude Carrière (entre autres),nous livre un thriller médiéval à sa façon, absolument captivant, et rend compte par un remarquable travail de recherche en amont des conditions de vie au XVIe siècle.

L'histoire incroyable d'une imposture : en 1560, Martin Guerre revient dans son village d'Artigat, où près de quinze ans plus tôt il avait abandonné sa femme, Bertrande de Rols. Or cette dernière vit depuis plusieurs années avec... Martin Guerre ! C'est l'histoire du procès, à la jugerie de Rieux puis au Parlement de Toulouse, d'Arnaud du Tilh, formidable imposteur qui avait pris trois ans durant l'identité du paysan basque. Comment a-t-il pu berner non seulement la communauté d'Artigat, mais aussi la famille même du vrai Martin Guerre ? Bertrande de Rols était-elle complice ou naïve ?

Nathalis Zemon Davis, historienne américaine, spécialiste reconnue de l'histoire sociale et culturelle de la France des XVI° et XVII° siècles, avait conseillé Jean-Claude Carrière et Daniel Vigne pour le tournage du Retour de Martin Guerre. Elle livre ici une triple leçon.
Une leçon narrative, d'abord : le Retour de Martin Guerre est un récit admirablement construit sur une intrigue efficace. L'énigme est réelle, le procès fascinant, le texte est captivant.
Une leçon d'histoire, ensuite. le procès du faux Martin Guerre avait fasciné la société française au XVI° sècle; les ouvrages de Jean de Coras, le juge qui dirigea le procès à Toulouse, et de Guillaume le Sueur, publiés quelques mois à peine après les faits, sont vite devenus des "best sellers". C'est ce caractère exceptionnel et, au sens propre, admirable de l'affaire qui fascine : il révèle par contraste la norme qui régissait la société française d'alors. Et c'est cela même que Nathalie Zemon Davis, grande spécialiste de la question, dévoile : elle éclaire en détail, mais sans jamais tomber dans la leçon docte et sèche, la société française du XVI° siècle, ses structures sociales, ses croyances, sa diversité culturelle, ses tensions religieuses, etc. Passionnant.
C'est enfin une vraie leçon d'historiographie. Les historiens apprécieront la préface de Carlo Ginzburg, "Preuves et possibilité", qui interroge les tensions soulevées par l'ouvrage de Nathalie Zemon Davis entre recherches historiques et enquêtes judicaires - entre le possible et la preuve-, narration et écriture historiographique - où la notion d'invention est largement soumise à caution -, etc.

En somme, un ouvrage passionnant, savant et enrichissant. Un ouvrage qui fait découvrir plaisamment une société dont nous héritons directement et qui, pourtant, nous est si différente.

Acrévindiou! Dis-moi pas qu'cest pas vrai! Y a l'Martin qu'est rev'nu d'la guerre.

Mais Martin Guerre doit être l'ancêtre de Martin Mystère parce que ses pieds ont RAPETISSÉ…
Le doute s'installe dans les chaumières et ça jase d'autant plus à la veillée que la Bertrande a reconnu son mari… au touché.

Cette authentique histoire du XVI ème siècle a été portée à l'écran et même reprise par le cinéma américain ("Sommersby" Jodie Foster et Richard Gere ). le romanesque et l'histoire s'y côtoient pour notre plus grand bonheur.

Bien que ne laissant peu de place au suspense, elle passionnera le lecteur d'aujourd'hui, autant qu'elle passionna le gueux d'alors.

Les Babelionautes plus très jeunes se souviennent sans doute du film de 1982 avec Nathalie Baye et Gérard Depardieu en paysans du Moyen-Age. Les hasards d'une boîte à livres m'ayant mis celui-ci entre les mains, je l'ai emporté pour me remémorer la fin, dont je n'étais plus très sûre. En fait, je me trompais tout-à-fait, manifestement influencée par « Sommersby », le remake américain version guerre de Sécession, avec Jodie Foster et Richard Gere, sorti 11 ans plus tard. Je ne vous la dévoilerai bien sûr pas.
100 pages pour l'histoire, qui n'est pas pure fiction, et 150 pages de commentaires d'historienne : c'est peut-être un peu disproportionné pour le lecteur lambda. de la seconde partie, je retiens surtout les pratiques maritales que je n'imaginais pas avoir existé à cette époque (XII-XVIeS) où l'Eglise n'avait pas réussi à s'imposer autant que je le croyais. Un simple engagement mutuel, même sans témoin, suffisait à rendre valides et indissolubles les mariages de mineurs, de consanguins, de gens déjà mariés par ailleurs... On en apprend tous les jours !