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Mike Davis (Directeur de publication)Daniel Bertrand Monk (Directeur de publication)Étienne Dobenesque (Traducteur)Laure Manceau (Traducteur)Éric Hazan (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782350960074
315 pages
Les Prairies Ordinaires (16/10/2008)
4.12/5   4 notes
Résumé :

Série d'études urbaines saisissantes sur Le Caire, Pékin, Johannesburg, Dubaï, Kaboul, Managua, etc., Paradis infernaux pourrait être l'anti-guide des " mondes de rêve " engendrés par le capitalisme contemporain. De la désormais classique gated community de l'Arizona aux camps retranchés de Kaboul, en passant par la Californie de synthèse importée à Hong-Kong et ailleurs, ou par la spectacularisa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Capitalisme cannibale.

Paru en 2007 aux éditions Les prairies ordinaires, cet ouvrage rassemble quatorze textes d'auteurs et de nature très différents, sous la direction de Mike Davis et Daniel B. Monk, mais qui tous dénoncent à travers les lieux et les villes, de Dubaï à Kaboul, les conséquences désastreuses du «capitalisme sauvage et fanatique qui caractérise notre époque», en termes d'accaparement et d'épuisement des ressources par les riches et d'exclusion des pauvres.

Ce qui est parfaitement illustré ici est l'avènement hallucinant d'un clivage spatial sans précédent depuis les années 1990, avec la création «d'univers alternatifs pour formes de vies humaines privilégiées», catastrophe morale et écologique, source de désir et de révolte pour ceux qui en sont exclus, soit avec la création ex-nihilo de villes ou communautés de luxe, comme à Arg-e Jadid en Iran ou dans les Nouveaux territoires à Hong Kong, soit avec la gentrification de villes entières comme à Paris, soit avec la création d'enclaves de luxe dans un océan de violence et de misère comme à Kaboul ou Managua, créant des crises écologiques – en premier lieu la pénurie d'eau – dont les pauvres subiront en premier les conséquences.

Aux sources de cette forme ultime du capitalisme, Marco d'Eramo («Du Minnesota à l'Arizona») décortique les ressorts de cette incarnation de la dévoration du collectif qu'est le Mall of America, mastodonte de 390 000 m² inauguré en 1992, et qui aspire à remplir toutes les fonctions sociales en les marchandisant, et de la ville privée de Sun City en Arizona, ségrégation volontaire de personnes âgées riches dans une ville-bunker régie par un règlement de copropriété aux milliers d'articles qui prend le pas sur le droit constitutionnel (interdiction de recevoir des jeunes de moins de 18 ans chez soi plus de 30 jours par an, interdiction aux employés de parler aux résidents, etc.) : lorsque l'utopie prend les traits du cauchemar.

Coup de grâce aux utopies de villes sur les mers, «Utopies flottantes» de China Mieville dévoile les dessous peu reluisants du projet avorté de Freedom ship, forme ultime de la «gated community» pour permettre à 100 000 fortunés de prendre littéralement le large, dévoiement d'une forme d'utopie par les libertariens qui érigent «une avarice toute banale – la réticence à payer des impôts – en combat de principe pour la liberté politique».

Le chapitre sur Dubaï de Mike Davis, archipel clinquant du luxe utopique dans une planète de bidonvilles, mérite une lecture intégrale dans le livre de 2006 «Le stade Dubaï du capitalisme».

Dans ce livre décapant et nécessaire on mesure à quel point l'appellation de libéralisme est usurpée tant nous sommes loin des soi-disant mécanismes autorégulateurs des marchés mais dans un programme de privatisation systématique des services publics rentables, de détournement des fonds publics au profit de groupes d'individus proches du pouvoir, de gangsters milliardaires et des riches en général, avec des pratiques et une explosion des inégalités qui rappelle l'ère des barons voleurs, dans un monde où les valeurs collectives et les ressources naturelles sont menacées d'épuisement.
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Cet ouvrage collectif est anti-guide de variations urbaines. C'est aussi la description précieuse d'un futur déjà présent, de l'étalage nauséeux des richesses dilapidées.

Les libéraux réellement existants fêtent la chute du mur de Berlin, tout en multipliant les constructions de murs, de frontières intérieures visibles et invisibles, de camps retranchés, d'objets fétiches et d'enclaves diverses.

C'est aussi, faut-il le souligner, un usage privatif de biens communs confisqués pour des dépenses somptuaires, des horizons fragmentés ou des imaginaires frelatés « où les riches peuvent traverser en dieux tout-puissants les jardins cauchemardesques de leurs désirs les plus secrets ». C'est enfin une violence redoublée contre les autres, la majorité des populations.« Que nous révèlent les ‘‘mondes de rêve » de la consommation, de la propriété et du pouvoir sur le devenir de la solidarité entre les hommes ? »

Les territoires visités sont divers :

l Rêve américain d'une ville sans ville, du Mall, immense bloc de béton voué à la consommation, où « les activités publiques comme la promenade s'exercent dans un espace privé »,

l Barge colossale comme utopie flottante,

l Grandiloquente Dubaï et sa majorité de serfs invisibles,

l Chaos militaires et infidèles de Kaboul,

l Oasis californienne dans l'Iran des mollahs,

l Pékin et son olympisme néolibéral,

l Encore une Californie, mais cette fois de pure synthèse à Hong-Kong,

l Aridité, townships et tours de verre dans Johannesburg

l Capitalisme de copinage, rêves incontrôlés et violence néolibérale au Caire,

l Managua, ville délocalisée ou ville palimpseste,

l Medellin avant et après

l Budapest au l'heure du kisch néo-habsbourg

Et en guise de conclusion, un beau texte optimiste d'Eric Hazan sur Paris comme ombre portée « Ils sont trop incultes pour savoir que le vieux rêve d'enfermer Paris et de le vider de ses pauvres, de ses délinquants, de ses fous et de ses étrangers s'est souvent terminé par un réveil violent. L'ombre portée d'un tel événement s'étend loin devant lui. Ces temps derniers, on la voit avancer tous les jours. »

Les villes hallucinées du néo capitalisme sont les cauchemars des un-e-s, des utopies barbares pour d'autres, des paradis infernaux.

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Découvert par hasard parce que ma bibliothécaire était en train de le lire, voici un essai réussit.
Différentes études, donc, sur les "gated communities" qui se créent dans le monde ; sur leurs constructions anti-écologique et sur l'exploitation des travailleurs pauvres (esclavage moderne).
Ces "communities" ne sont que des copies d'un mode de vie californien et Walt-Disney-en.
La création de réseaux routiers pour déservir ces nouveaux quartiers créent une forme de ségrégation urbaine (comme l'ont expliqué Michel et Monique PINCON dans "Les ghettos du Gotha")
J'ai toutefois trouvé le chapitre sur Paris un peu court.

Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ils sont trop incultes pour savoir que le vieux rêve d’enfermer Paris et de le vider de ses pauvres, de ses délinquants, de ses fous et de ses étrangers s’est souvent terminé par un réveil violent. L’ombre portée d’un tel événement s’étend loin devant lui. Ces temps derniers, on la voit avancer tous les jours.
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Rêve américain d’une ville sans ville, du Mall, immense bloc de béton voué à la consommation, où les activités publiques comme la promenade s’exercent dans un espace privé
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Que nous révèlent les ‘‘mondes de rêve » de la consommation, de la propriété et du pouvoir sur le devenir de la solidarité entre les hommes ?
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A l'époque moderne, le gigantisme architectural est généralement le symptôme pervers d'une économie en état de surchauffe spéculative
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Video de Mike Davis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mike Davis
Les cartes ont des partis pris, des biais. Tentatives de retranscription du monde, elles sont aussi des moyens d'imposer une vision du monde, des objets de combats politiques, de propagande. Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu ne cessent d'en agiter en conférences de presse et jusqu'à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Depuis quelques années, dans le sillon de la géographie radicale et de ses grands noms, David Harvey et Mike Davis notamment, une cartographie radicale se développe. Cette dernière assume : l'exercice de représentation du monde est forcément subjectif et fondamentalement politique.
Dessiner le monde, c'est se le figurer, le nommer, l'organiser. Les cartes deviennent dès lors des champs de bataille et des outils de propositions politiques. Des peuples indigènes contestent les cartes hégémoniques pour imposer leur récit sur les terres dont ils sont issus. Des groupes de citoyens, d'académiciens ou de militants se retrouvent autour de projets de carte pour donner de la force aux habitants en matière d'aménagement du territoire. D'autres encore cartographient l'absence des femmes dans l'espace public, la gentrification…
Nous en parlons avec Philippe Rekacewicz, géographe et cartographe, chercheur associé à l'université de Helsinki et Nephtys Zwer, historienne.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 23 Décembre 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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