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EAN : 9781606995785
240 pages
Fantagraphics books (14/03/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
Tales From the Crypt was the quintessential American horror comic book, and Jack Davis the quintessential Tales From the Crypt artist: A brilliant virtuoso whose long-limbed, cartoony-but-hyperdetailed slapstick both cut against and amplified the weird and nauseating grotesqueries that spilled from the EC Comics writers’ fevered minds, including ― as seen in this volume ― “’Taint the Meat... It’s the Humanity,” an evil-butcher horror story that ends pret... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le troisième d'une série de réédition d'histoires de l'éditeur EC Comics, publiées par Fantagraphics Books. Il est consacré à l'un des dessinateurs qui a forgé l'image des publications EC Comics : Jack Davis, en dessinant les histoires présentées par le Gardien de la Crypte (Crypt keeper), dans le magazine "Tales form the crypt". Il comprend 25 histoires dessinées par Jack Davis, initialement publiées entre 1951 et 1955. Ces histoires sont reproduites en noir & blanc. Ce tome comprend également (1) une introduction de 5 pages de William Stout mettant en exergue les caractéristiques remarquables des dessins de Davis histoire par histoire, (2) 3 pages de texte consacrées à la carrière de Jack Davis, (3) 1 page de présentation succincte des 4 scénaristes, et (4) 3 pages de contextualisation des EC Comics dans les années 1950.

Chacune des 25 histoires est indépendantes des autres. Elle comporte une image d'introduction par le Gardien de la Crypte faisant de mauvais jeux de mots pour en donner le thème. Elle s'achève de même par un petit mot plus ou moins drôle, plus ou moins moralisateur du Gardien. Chaque histoire est construite sous la forme d'un suspense impliquant un élément surnaturel et se terminant pas une chute de nature horrifique. D'épisode en épisode défilent une médium invoquant les esprits de l'au-delà en butte à un sceptique railleur, un chasseur de gros gibier victime d'un accident de la route, le secret de maquillages plus vrais que nature, la récupération de cadavres pour dissection, l'ami imaginaire d'un enfant maltraité par son père, un chercheur d'or difficile à tuer, un boucher trafiquant au marché noir, avec des difficultés d'approvisionnement, une momie amoureuse d'un jeune homme bicéphale, des empoisonnements, des expériences post-mortem, sans oublier les monstres classiques (monstre de Frankenstein, loup-garou, vampire, goule, rats).

Sur ces 25 histoires, 19 sont écrites par Al Feldstein, 2 par Otto Binder, et 4 par Carl Wessler. En termes de narration, les cellules de texte et les phylactères représentent régulièrement jusqu'à la moitié d'une case. Il en résulte une lecture assez copieuse et longue de chaque histoire (et parfois un peu fastidieuse). Les scénaristes se reposent plus sur les textes pour raconter l'histoire, que sur les dessins. Chaque histoire est racontée du point de vue d'un personnage principal qui pourra aussi bien être un héros, qu'un criminel d'un genre ou d'un autre (qui subira un châtiment bien mérité à l'issue du récit). La majeure partie d'entre elles reposent sur un projet criminel (un mari souhaitant s'approprier la fortune de sa femme qui a 20 ans de plus que lui), un sentiment exacerbé (la haine d'un artiste voulant se venger des aigrefins qui ont fait leur beurre sur son dos), ou des manifestations surnaturelles maléfiques, suivant un schéma classique de vengeance se retournant contre son instigateur, ou de criminel châtié par une forme de justice poétique. Néanmoins quelques récits sortent du lot, soit par leur inventivité (l'ambre gris régurgité par la baleine, le récit des origines du Gardien de la Crypte), soit par leur noirceur (maltraitance d'enfant, lutte pour la survie opposant un homme et un rat sur une île déserte, trafic de viande), soit par un humour noir moqueur (le pauvre criminel dont le cadavre de la victime refuse de disparaître, avec un point de vue très original). D'autres, au contraire, se distinguent par leur dispositif trop gros à avaler (le meurtre commis à l'intersection des frontières de 4 états), ou leur aspect dérivatif de resucée et de pâle copie (le village roumain où se côtoient véhicules à moteur et diligence tirée par des chevaux).

Mais l'intérêt principal de cette compilation réside dans le travail du dessinateur. Ces histoires sont toutes extraites de la série "Tales from the crypt" (27 numéros entre 1950 et 1955), sachant que Jack Davis a également participé à "Haunt of fear" (28 numéros entre 1950 et 1954) et "Vault of horror" (29 numéros entre 1950 et 1955). Il a été l'un des 3 dessinateurs majeurs à définir le style EC Comics sur ces magazines, avec Johnny Craig et Graham Ingels. Au total il a dessiné de l'ordre de 120 histoires pour ces 3 revues.

Le style de Jack Davis se caractérise par une apparente facilité à tout dessiner de manière réaliste, en conservant une forme de fraîcheur, d'apparence ordinaire et évidente, une incroyable capacité de conviction. Chaque dessin semble à la fois fouillé et rapide à lire, chaque personnage semble à la fois unique et ordinaire, chaque expression est à la fois juste et exagérée. D'un coté, Davis semble se contenter d'être purement descriptif et efficace. Aussi vite aperçu, le dessin est assimilé par le cerveau qui passe tout de suite au suivant sans s'attarder. de l'autre, Davis croque une Amérique légèrement archétypale et fantasmé qui vaut le coup d'oeil, qui vaut que l'on s'y arrête un instant. La majeure partie des histoires commence par un dessin occupant un tiers de la page et mettant en scène le Gardien de la Crypte. Davis insiste lourdement sur les traits distendus de son visage, sur ses pustules, sur ses cheveux filasse, pour apparence sale, répugnante et repoussante. À l'aune des critères actuels, il s'agit d'un dessin de personnage laid et vaguement inquiétant, pour faire peur pour de rire. Mais le soin apporté par Davis introduit un soupçon de malaise déstabilisant. En arrière plan de ce dessin d'ouverture, il ajoute des détails macabres, souvent des têtes de monstres de foire (là encore à la frontière entre le second degré un peu fauché, et l'anormalité dérangeante).

Dans certaines histoires, il est possible de distinguer des ressemblances avec la manière de dessiner de Steve Ditko ou de Jack Kirby lorsqu'ils réalisaient des histoires de monstres avant l'avènement des superhéros Marvel. Il est possible également d'établir un lien de parenté dans la façon dont Davis dessine ses personnages en train de tourner le regard vers le lecteur plutôt que vers leur interlocuteur, avec des regards en coin. D'ailleurs, c'est l'une des grandes forces de Jack Davis que de croquer des trognes d'individus qui regardent le lecteur droit dans les yeux avec un regard habité, et très intense. Par ce biais, Davis fait passer la force de leurs sentiments, le regard décalé qu'il porte sur les autres du fait de leur riche vie intérieure, en marge de ce qu'il conviendrait d'appeler la normalité. Il n'est pas possible de rester insensible à l'incroyable présence de ces individus, à leur magnétisme.

Les dessins de Davis présentent encore une autre caractéristique qui facilite l'immersion dans chacune de ces histoires : sa capacité exceptionnelle à évoquer un endroit. Il ne s'agit pas là d'une représentation photographique. Il suffit de regarder les plaques de rues dans Paris ("Well-cooked hams") pour se rendre compte que Davis invente (il dessine un mat de panneau américain), plutôt que de se documenter, ce qui n'empêche en rien d'avoir l'impression d'être dans une rue calme d'une ville européenne. de la même manière, il lui suffit de représenter 3 croix, et un peu de terre remuée pour faire apparaître un cimetière sous les yeux du lecteur. Avec 4 rondins de bois, le lecteur est transporté dans le camp de fortune d'un chercheur d'or. Avec quelques lignes courtes et sèches, il se retrouve sur une plage, sous un soleil de plomb. Davis excelle à créer une ambiance donnant la sensation au lecteur d'être sur place.

Avec ce tome, le lecteur découvre des récits à la narration noyée sous des textes qui donnent l'impression de vouloir porter toute l'histoire à eux tous seuls, allant du conte moral à la chute choc très classique, jusqu'à des récits bien noirs mettant en scène les turpitudes malsaines de la condition humaine. Il découvre également un dessinateur qui semble savoir tout dessiner avec une aisance et une évidence déconcertante. Il a l'occasion de se forger son opinion sur les récits d'horreur des EC Comics qui ont fini par déclencher la censure des associations américaines. D'un point de vue historique, ce recueil remplit parfaitement son office, avec une qualité de reprographie et de contextualisation irréprochable. D'un point de vue divertissement, il est difficile de ne pas soupirer de temps à autre sous la narration pachydermique.
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