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4,08

sur 637 notes
Davodeau nous convie à un nouveau périple géographique et humain .
A une petite page d'histoire courant sur près de 40 années propices aux bouleversements les plus notoires . Pour nos amis scientifiques , l'auteur se propose d'évoquer les 30 glorieuses + 8 ! A vos calculettes...Un indice , pour vous qui êtes chez vous , l'accession de F. Mitterrand au pouvoir viendra clore un récit , non pas haut en couleur , l'utilisation cependant judicieuse de Black and White - santé - réduisant fortement le champ des possibles , mais riche en savoir et en émotion .

Pays de Mauges , 1945 .
Marie-Jo et Maurice , alors enfants , ne se connaissent pas encore .
Un début de parcours personnel hésitant , terriblement ardu , puis survient la rencontre , comme une évidence , de celle qui vous marque à jamais en vous serrant le coeur rien que d'y penser .
L'histoire se conjugue désormais à deux dans une adversité de tous les instants .

De la main mise de l'église aux cadences infernales des usines déshumanisantes en passant par un syndicalisme balbutiant alors ses premières gammes mais cependant à même d'engendrer un militantisme puissamment actif , Davodeau fait interagir brillamment son histoire personnelle avec L Histoire alors foisonnante !
J.O.C , C.F.D.T , S.M.I.G , A.N.P.E , LOL , P.C , P.S - sauras-tu découvrir l'intrus - autant de sigles , désormais remisés pour certains , qui faisaient alors la une de l'actualité .
Et quelle actualité ! Un pays cicatrisant ses blessures guerrières et se reconstruisant au travers de conflits sociaux illustrant parfaitement le combat héroïque presque vain du pot de terre contre le pot de fer .
Ses parents en furent des témoins privilégiés et des acteurs notoires .
Ceci est leur éprouvante mais attendrissante histoire...

Les Mauvaises Gens : c'est çui qui dit qu'y est !
http://www.youtube.com/watch?v=pPR-HyGj2d0
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Les mauvaises gens, c'est ainsi que l'on surnomme les habitants des Mauges, une région rurale, catholique et ouvrière de l'Ouest de la France.
Dans ce roman graphique qui se déroule de l'après-guerre à l'élection de François Mitterrand, on suit l'histoire de deux militants, Maurice et Marie-Jo, mais aussi de toute cette région dans un monde en profonde mutation.
Sur ces terres catholiques et conservatrices, on découvre l'importance pour les jeunes de la JOC, qui va leur permettre de s'émanciper, de se former et d'accéder à l'action militante. On suit ensuite la vie de ces gens simples et honnêtes, qui se battent pour leurs idéaux et pour une vie meilleure.
A travers l'expérience de ses parents, Etienne Davodeau dresse un portrait passionnant et émouvant du monde ouvrier et de ses combats
J'ai été profondément touchée par cet album car j'y ai retrouvé beaucoup de scènes vécues avec mes propres parents, qui étaient eux aussi des militants. Alors bien sûr, la Lorraine de l'époque était très différente des Mauges, il n'y avait pas la même tradition rurale et catholique, les usines sidérurgiques et les mines étaient différentes des usines décrites dans l'album, mais sur le fond le combat du monde ouvrier était le même.
Un énorme coup de coeur donc pour cet album profondément humain d'Etienne Davodeau, un auteur qui m'avait déjà beaucoup touchée avec Les ignorants.
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Jusqu'à présent, j'ai bien aimé les bandes dessinées de Davodeau et, le sujet de celle-ci m'intéressant particulièrement, je n'ai pas hésité une seconde avant de l'emprunter à la médiathèque.

De quoi ça parle ? Eh bien, de la classe ouvrière dans l'époque contemporaine - plus précisément des années 30 aux années 80 - en France, dans la ville de Mauges. Etienne Davodeau raconte le parcours des mauvaises gens (ce qui aurait donné son nom, avec la contraction des deux mots, à la commune). Dans cette région rurale, ce sont l'agriculture et les usines qui donnent du travail aux habitant•es. Deux d'entre elleux témoignent ici de leur passé, de leur travail, de leur parcours militant dans la lutte ouvrière.

Dans ce livre, Davodeau interroge ses propres parents qui vont tour à tour raconter leur lutte pour les droits des ouvrier•ères. C'était très intéressant d'en apprendre plus sur ce que nos parents - ou grands-parents - ont pu faire pour acquérir de meilleures conditions de travail.

L'auteur nous dresse un portrait de la vie rurale et ouvrière dans la seconde moitié du vingtième siècle. C'est très intéressant et cela permet de ne pas oublier les luttes sociales, en l'occurrence ici celle des travailleur•euses de la commune de Mauges.
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Ce titre un peu bizarre serait en fait l'étymologie supposée de Meauges, qui est la partie vendéenne du Maine et Loire (ville principale, Cholet). Cette bande dessinée n'est pas une fiction, la particularité de l'oeuvre d'Étienne Davodeau c'est de proposer des reportages sous forme de bande dessinée. C'est une page de notre Histoire qu'il nous propose là, l'Histoire de la France qui va de la fin de la libération de 1944 à l'élection de François Mitterrand en 1981. C'est une lecture sociale de cette Histoire, l'industrialisation des campagnes, les luttes sociales, le changement de comportement de l'Église, les patronages, le basket et le théâtre, la création des syndicats, JOC, JOCF, CFTC, CFDT... l'évolution de la société (tirage à gauche). Ce témoignage prend comme point de départ la vie de ses parents et particulièrement leur action militante. C'est assez proche de la vision que j'en avais, étant de la même génération qu'Étienne Davodeau, c'est un peu ce qui c'est passé dans la campagne Brestoise d'où je suis originaire, forte implantation du catholicisme, relative pauvreté économique et cette lente évolution vers un sentiment de gauche, même si l'industrialisation est restée chez nous plus cantonnée aux villes. le graphisme est en noir et blanc, il maintient une certaine pudeur, c'est un dessin en lavis, assez brut, comme pris sur le vif, sans recherche le lyrisme et le pathos, il reste en retrait par rapport au sujet et le récit est facile à suivre. Au final, ce livre est très édifiant, il a le mérite de mettre des mots et des images sur ce qui nous a construit, ce qui fait notre identité. C'est l'Histoire comme elle doit être racontée, une Histoire proche de nous et c'est ce que je trouve particulièrement intéressant chez Étienne Davodeau.
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J'ignorais tout des Mauges avant la lecture de cet album. C'est une région vallonnée qui couvre le quart sud-ouest du département du Maine-et-Loire. Ce pays rural et profondément religieux va connaître une forte industrialisation au cours du XXème siècle. Les enfants du pays quittent les champs pour entrer dans les usines. Les conditions de travail sont pénibles ; un mouvement syndical va naître et s'organiser. Les revendications sociales et la culture catholique vont s'allier dans des mouvements tels que la Jeunesse Ouvrière Chrétienne ou le syndicat CFTC. Ce qui ne sera pas sans heurts, les patrons se réclamant eux aussi de l'Eglise. Pour retracer l'histoire de cette région, Etienne Davodeau dresse le portrait de ses parents qui se sont investis dans de nombreux mouvements. Syndicat, association chrétienne, mouvement de consommateur, parti politique… Après huit heures passées à l'usine, une fois les enfants couchés, des réunions se tiennent dans une cuisine embrumée par la fumée des Gauloises. C'était une autre époque, une autre génération, celle des Trente Glorieuses, militante et pleine d'espoirs, à la veille de notre période désenchantée. Cet album dépeint avec beaucoup d'humanité l'émancipation d'une génération catholique et ouvrière. Un témoignage tendre et didactique.
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Désobéissant à ses parents qui ne voulaient pas que leur fils fasse d'eux des "héros", Etienne Davodeau a bien fait de ne pas les écouter.
Davodeau part à la rencontre de Marie-Jo et Maurice, dont on doute assez vite que ce sont ses parents. A la manière d'un journaliste, il enquête sur leur passé. C'est alors que nous sont dévoilés leur enfance, leurs actions militantes, leurs conditions de vie...
Dans ce pays des Mauges, réputé conservateur, traditionaliste, ouvrier et catholique, Marie-Jo et Maurice ont bataillé ferme pour faire valoir les droits des ouvriers (qui, pour nous aujourd'hui, nous semblent acquis de droit).
L'écriture et les dessins, en noir et blanc, sont épurés. Davodeau va à l'essentiel. Les flash-back et la mise en scène rendent cette histoire très vivante.
Un bel ouvrage d'histoire et de politique. Une dernière image symbolique: la victoire de Mitterrand, gagnant les élections de 1981, preuve que leur combat n'a pas été vain.
Un très bel hommage qu'Etienne Davodeau rend à ses parents et à tous ses hommes et ses femmes qui se sont battus pour leurs droits.
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Petit, Etienne Davodeau lisait Astérix et rêvait de ce chanceux d'Obélix qui était tombé, petit, dans le chaudron de potion magique. Adulte, il s'est rendu compte qu'il était, lui aussi tombé dans un chaudron, celui du monde ouvrier et de ses combats. Si l'histoire de France qui filtre à travers les épisodes d'Astérix m'apparaît simpliste et quelque peu caricaturale, celle de ce petit coin de France est sacremment enthousiasmante. Quelle excellente idée d'avoir fait ce retour en arrière sur la vie de ses parents et amis de ses parents, qui ont su s'émanciper, collectivement.

Quand une BD raconte l'histoire de la France à...contre-pied !
Ah ces cinquante années de 1930 à 1982 ! Il s'en est passé des événements !
Et mes connaissances sur cette période, dont j'ai vécu une bonne partie, sont celles du discours mediatico-politique ambiant.
Le mérite de cette BD c'est de donner un autre éclairage, celui de nos parents, concitoyens qui ne "font pas avec" ce discours anesthésiant. Ceux dont, aujourd'hui, on a presque oublié qu'ils ont un jour éxisté et bataillé pour obtenir de meilleurs conditions de vie : les militants syndicaux et ceux qui s'impliquent dans la vie de la communauté.
Pourtant, la région où ils vivaient n'était pas particulièrement "rouge" ! le paradoxe est bien là : ils sont parti d'un environnement catholique et pratiquant, donc idéologiquement et de fait très encadré. Et c'est déjà un éclairage révélateur : même avec une éducation plus ou moins orientée, même si on appartient à un niveau social de non-notables, simplement avec l'envie de se fédérer, d'obtenir de meilleures conditions de vie, ils y sont arrivé sans se prendre pour de super-héros.
Voila qui me laisse songeuse. Ils ont fait évoluer leur monde non pas à partir de grandes idées, sans les avis contradictoires de différents experts, mais en se rencontrant, se soutenant, à partir de petits pas, de petites défaites et de petites victoires et au bout du compte ils nous ont tricoté une société un petit peu plus respirable. Et de nos jours ?
BD à lire et à...méditer.
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Entre l'église et l'usine, pas facile de rêver d'autre chose, d'une autre vie. N'y a-t-il vraiment rien d'autre ? C'est ce qu'il semble dans cette France rurale de l'Ouest, très catholique. Pourtant, partout ailleurs ça bouge, ça change ! Alors, y a pas de raison !
Davodeau conte une vie d'engagement militant, celle de ses parents. D'abord à travers l'Église, qui se modernise petit à petit, qui intègre la classe ouvrière à ses préoccupations. Puis en se syndiquant. Une vide de combats, de défaites et de victoires. Une vie pas toujours facile, mais riche et gratifiante.
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En 2005, Etienne Davodeau signait cette BD hommage à ses parents, militants ouvriers, fortement impliqués dans la prise de conscience d'une génération de leurs droits sociaux. Davodeau prend le prétexte de la vie de ses parents pour décrire sa région, les Mauges (le sud-ouest du département du Maine et Loire), zone rurale où de nombreuses petites usines se sont implantées après guerre, notamment dans la chaussure ou l'électronique. Les jeunes y entraient tôt, femmes et hommes travaillaient à la chaîne, les syndicats étaient absent. Dans cette région de tradition chrétienne, ce sont les prêtres-ouvriers, les patronages et des organisations, comme la JOC, qui ont aidé à la prise de conscience de la possibilité d'autres rapports sociaux.

Au travers de ce récit personnel, c'est l'histoire des 30 Glorieuses que l'auteur raconte, le basculement de la campagne à la ville, du plein emploi aux premiers plans sociaux. Les dessins de Davodeau sont fins et très travaillés dans les ombres, considérablement supérieurs à ce qu'il faisait dans la série Un monde si tranquille parue quelques années plus tôt. Un bel album, une bonne analyse des faits tels qu'ils ont été ressentis par de simples gens.
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Je retrouve Étienne Davodeau par hasard, avec une BD que je ne connaissais pas. Auparavant, j'avais beaucoup apprécié cet auteur dans Rural !, Un homme est mort et Lulu femme nue.

Les Mauvaises Gens nous emmènent dans les Mauges, une petite région pas très connue, sur les pas de Marie-Jo et Maurice. Dans le sud-ouest du Maine-et-Loire, la ville principale des Mauges est Cholet et Julien Gracq (1901 – 20007), homme du cru, en parle dans Carnets du grand chemin.
L'auteur parle de pays fermé, pays de bocage, pays religieux, pays farouche et sombre, pays dense et actif. C'est là que sont nés Marie-Jo et Maurice, à 3 km de distance l'un de l'autre. Comme d'habitude, Étienne Davodeau me captive par son dessin précis, expressif, toujours en noir et blanc et surtout son sens du social, écrivant, dessinant, décrivant la vie de gens simples, pris dans les traditions, surtout religieuses, et pourtant capables de secouer les atavismes et de lutter pour sortir d'un sillon qui semblait tout tracé.
Garçon enfant de choeur, fille recrutée pour un pensionnat menant tout droit au couvent, celle-ci doit arrêter les études à 14 ans et entrer dans l'usine de chaussures. En effet, si Romans-sur-Isère (Drôme) est la capitale de la chaussure, j'apprends que la région de Cholet produisait quantité de paires qui ont sûrement équipé plus d'un parmi nous, la marque la plus connue étant Eram. D'ailleurs, plusieurs pages sont consacrées aux luttes ouvrières pour obtenir des conditions de travail plus humaines dans les usines de cette marque.
Profondément croyants, Marie-Jo et Maurice sont très sensibles aux injustices et au sort des plus faibles. C'est pourquoi ils militent naturellement dans la JOC, la jeunesse ouvrière chrétienne puis dans l'ACO (l'action catholique ouvrière) et dans le syndicat CFDT.
Au fil des pages, c'est l'histoire récente de notre pays, dans une province où l'école catholique cherche à éliminer l'école publique. Cela n'empêche pas certains curés de militer aussi et de manifester aux côtés des ouvriers pour faire annuler des licenciements abusifs.
Enfin, il y a cette surprise délicieuse avant la moitié du livre, surprise qui rend les échanges entre l'auteur et ses deux héros encore plus savoureux.

Il faut lire Les Mauvaises Gens pour ne pas oublier ce que furent ces années de la seconde moitié du XXe siècle dans ce que certains nomment la France profonde mais qui est tout simplement celle où vivent des gens simples qui n'ont rien de mauvais… Mauges viendrait de mauvaises gens comme « certains historiens mal intentionnés » l'ont suggéré ? Je sais maintenant que ce n'est pas vrai.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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