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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bien avant de débuter ses Ignorants, Étienne Davodeau militait déjà pour le documentaire en bande dessinée franco-belge et ce roman graphique « Rural » fut le premier de ses retours répétés au genre. Politique, défense du savoir-faire des anonymes et amour du local, tous les ingrédients sont déjà là.

Dès le départ, Étienne Davodeau énonce ses buts et sa problématique directrice. Il cherche non seulement à faire entrer la bande dessinée dans l'ère du documentaire contemporain, mais également à faire parler les petites gens, ceux qui n'apparaissent pas ou peu dans notre monde du tout-représentation. Pour cela, il va s'intéresser, et nous intéresser, à quelques coteaux angevins où vivent des gens comme vous et moi, mais où va bientôt passer l'autoroute Angers – Cholet – La Roche-sur-Yon. Cette infrastructure de transport, considérée comme un projet d'intérêt public, chamboule tout sur son passage, de son ordonnancement à sa conception. C'est cette collision politique, au plus concret des sens, que nous découvrons dans ces pages.
En effet, le phénomène NIMBY (Not In My Back Yard) joue à plein dans cette plongée intimiste et honnête au sein de la campagne angevine. Étienne Davodeau a suivi pendant un an les aléas de trois agriculteurs qui tentent le pari de cultures biologiques, dans une industrie favorisant ceux qui détruisent la terre à grands coups de pesticides, mais également un couple qui retape un vieux bâtiment pour en faire la maison de leurs rêves. Pour les uns comme pour les autres, voir l'autoroute passer dans leurs champs ou leur jardin ruine tout ou une partie de leur avenir. Et c'est en effet à un récit profondément militant auquel nous avons affaire, l'auteur ne s'en cache pas dès son introduction (d'autant que José Bové préface l'ouvrage) et cela n'en est que plus agréable à lire.
Honnête, vrai, immersif, documenté... nous commençons à avoir franchement l'habitude des récits à la Davodeau. Il nous transmet la vie de ses contemporains, de préférence ceux qui ont le moins la parole dans notre société politique. Par des visions calmes de paysages apaisants, par les odeurs de la ferme, mais aussi l'âpreté du travail avec les vaches et les récoltes tout comme celui des travaux constants, tout cela participe à rendre cette chronique concrète et attrayante. Impossible, finalement, de ne pas garder en tête Pipo, le chien nouvellement arrivé à la ferme, comme la mascotte rigolote et touchante de cet ouvrage honnête et vivant.

Bien sûr, beaucoup trouveront l'ensemble trop simpliste, en accord avec ce dessin noir et blanc tout en finesse et en humour, mais c'est pourtant là que réside l'attrait de ce petit roman graphique : respect et simplicité à tous les étages.

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Après l'Amour est dans le pet , innommable bouse télévisuelle présentant d'avenants agriculteurs semblant toutes et tous baigner dans l'opulence la plus totale et en recherche urgente de bai...heu d'amuuuur , Davodeau , à contrario , fait dans le didactique , l'honnête , le vrai ! Celui qui vous donne l'irrépressible et immédiate envie de sortir gambader dans les champs , le tarin immédiatement assailli par moults odeurs aussi enivrantes qu'entêtantes , le sourire béat aux lèvres , l'esprit joueur toujours partant pour taquiner les pis de Blanchette , Paquerette ou bien encore la Noiraude . Oups , au temps pour moi Inséminator , de dos j'ai cru...Bref , comme une envie d'ailleurs foncièrement ancrée dans le réel ? Rural se pose sans conteste comme le véritable plaidoyer d'une certaine agriculture bio raisonnée et maitrisée , comme une ode vibrante à une mère nature tailladée au vil profit d'un grand réseau autoroutier ( ASF pour ne pas le nommer ) beaucoup plus prompt à s'enrichir qu'à s'inquiéter de son prochain !

Le pot de terre contre le pot de fer revisité !
En effet , ASF versus le GAEC du Kozon associé aux divers riverains concernés , les moyens de coercition sont forcément disproportionnés ! A terme , c'est un GAEC morcelé , des maisons de particuliers totalement rasées afin de légitimer cette future balafre autoroutière semblant désormais inéluctable . Pendant un an , Davodeau tentera de retranscrire le plus objectivement possible la vie totalement bouleversée pour les plus chanceux ; dévastée pour ceux en attente d'expropriation , leur maison , rêve de toute une vie , ayant été bien souvent montée pierre par pierre pour être , au final , vouée à être rachetée pour une somme infamante , ajoutant encore au sentiment entubatoire persistant !
De belles tranches de vie où l'humain , hélas , ne semble déjà plus être perçu comme tel .
Un monde agricole accessible et formidablement dépeint . Une aventure , des aventures individuelles devenant collectives et faisant la part belle à la ténacité et l'amitié finale qui en découle .
Un combat infect et nauséabond , que l'on sait déjà perdu d'avance , mais qui n'en demeure pas moins fascinant !
Un dessin minimaliste et bicolore complétant parfaitement un récit tristement sordide .

Rural , la patte sobre et humaine de Davodeau dans toute sa splendeur !
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Etienne Davodeau avait envie depuis longtemps de faire un reportage BD et non de défendre une cause, l'agriculture bio en l'occurrence. C'est pourquoi il s'est mis en scène dans « Rural » pour bien montrer qu'il s'agit uniquement de sa vision des choses et non d'un travail journalistique.

En janvier 2000, il décide donc de suivre le travail quotidien de trois agriculteurs organisés en GAEC (Groupements Agricoles d'Exploitation en Commun). Animés de convictions fortes, ils élèvent des vaches laitières dans le Maine et Loire et adhèrent à la Confédération paysanne. Force est de constater qu'ils vivent dignement de leur travail mais cette année-là, une ombre venait assombrir ce tableau presque idyllique, le projet de construction de l'A87 reliant Cholet à Angers par ASF . L'inquiétude est à son comble, ils font partie d'une association d'opposants à ce projet et le tracé de l'autoroute comporte bien des aberrations !

Etienne Davodeau au cours de son enquête, rencontre différents protagonistes locaux et l'on s'aperçoit une fois de plus qu'il s'agit de la lutte du pot de terre contre le pot de fer… La famille Soresi, voisins des trois agriculteurs, expropriée de manière assez brutale, en fera les frais de manière dramatique.

«Rural» est un récit instructif, vivant, un témoignage plein d'empathie pour trois hommes engagés.
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Rural est une bande dessinée documentaire où Etienne Davodeau retransmet par dessin et par écrit le combat d'individus qui voient leurs vies chamboulées par la construction d'une autoroute.
Que ce soient les agriculteurs qui font de l'agriculture biologique, le couple qui a construit une maison avec patience et amour ou toutes les personnes qui ont l'écologie à coeur, les discours sont touchants et sonnent justes.
Le documentaire est intéressant, on en apprend beaucoup sur les syndicats paysans, les quotidiens de ces personnes, leurs activités, la lutte écologique et les sobres dessins renvoient toute la force de leurs espoirs.
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Collision entre une autoroute et des champs, des agriculteurs, des maisons construites avec patience et passion. Le plus fort gagne. Peu importe que vous soyez lancés dans une aventure de production bio et que la pollution de l'autoroute viendra perturber votre bel univers. Peu importe que vous ayez trouvé le coin de paradis pour vivre paisiblement, vous devez déguerpir, vous êtes sur le chemin du grand serpent.

Grand serpent car, en effet, cette autoroute est sinueuse, elle dessine de drôles de zigzag. Et oui, certains sont plus puissants que d'autres, le grand serpent les évitera, il contournera leurs propriétés.

Etienne Davodeau nous fait découvrir le monde rural avec ses joies et ses peines. Il s'est immiscé dans la vie de ces agriculteurs, convaincus du bienfait de leurs actions sur l'environnement. « le monde n'est pas une marchandise » et l'agriculture n'est pas une industrie. Il faut agir délicatement avec les ressources, agir pour le long terme, la santé de tous mais surtout, la santé de la Terre.

On rencontre des militants de l'association « sauvegarde Layon Hyrôme », mettant tout en œuvre pour contrer ce projet néfaste pour l'environnement. Progrès, vitesse, politique et pouvoir se heurtent à l'harmonie, le bien-être, la tranquillité et le bon sens.
Les trois jeunes agriculteurs réunis en G.A.E.C. nous font découvrir leur travail quotidien, leur philosophie de vie, leur lutte au sein de la confédération paysanne, œuvrant pour une agriculture bio à taille humaine.

Une BD documentaire très intéressante et en plein cœur de l'actualité. Que l'on soit rural ou citadin, l'agriculture, la préservation des sols, des paysages, c'est l'affaire de tous.
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Rural est la première bande dessinée sous forme de reportage d'Étienne Davodeau. le dessin se rapproche de la prise de notes, le ton est assez didactique, parfois même agrémenté de schémas. Dans cet album, il va évoquer le monde de l'agriculture, le monde rural à travers deux aspects, l'évolution vers le “bio” et la construction d'une autoroute qui va balafrer le paysage, entre Angers et Cholet. Ce reportage est à la fois touchant et enthousiasmant d'un côté et révoltant et dur de l'autre. C'est très détaillé, les points de vu économiques, politiques, biologiques, culturels et humains sont mis en balance. Pour moi qui ne suis pas totalement ignorant, il y a tout de même beaucoup de découvertes. Comme les autres bandes dessinées reportages d'Étienne Davodeau, c'est édifiant, parfois on se dit que notre société marche sur la tête, et je ne vais pas résumer en détails, je vais juste rajouter que “c'est à lire”.
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Une chouette BD sur le monde des éleveurs laitiers et la conversion de leur exploitation en Bio. Avec humour Davodeau balaie aussi les méfaits du productivisme, le manque de considération de l'état pour les paysans, la construction d'une autoroute nécessitant la démolition d'une maison de famille, la confédération paysanne, la vie à la campagne, le fonctionnement d'une ferme...
Toujours avec un regard très humain, Davodeau anobli la profession et dresse un portrait piquant et juste.

Et puis didactique avec ça : "_Ça me gêne toujours d'entendre des gens dire qu'ils mangent bio uniquement pour être en meilleure santé.
_En tout cas c'est pas seulement pour ça qu'on en fait.
_Le but de notre travail, c'est d'abord de trouver une façon de produire de la nourriture pour tous sans nuire à la terre. On cherche une technique que les générations suivantes d'agriculteurs pourront utiliser sans problème de durée. Et ça c'est impossible en technique "conventionnelle".
_Alors si ce gars dont tu me parle ne trouve pas de différence entre la bouffe Bio et l'autre, c'est vachement bien ! Ça prouve que c''est possible !
_ Acheter et manger Bio ne devrait pas être une démarche de précaution individuelle...
_ ...Mais c''est soutenir une idée d'inspiration collective sur le long terme...
_...Et si vous mangez tous Bio, nous produirons tous Bio. Et là, vous vivrez dans un environnement réellement meilleur pour VOTRE santé."

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On ne présente plus Étienne Davodeau qui nous offre depuis vingt ans une oeuvre maintenant devenue conséquente (dont Lulu, femme nue et Cher pays de notre enfance, peut-être les plus connues de ses bd et la dernière-née : Droit du sol) et surtout cohérente.
Rural (chronique d'une collision politique) date de presque vingt ans et n'a pas pris une ride, je dirais hélas, tant le thème est, et sera, toujours d'actualité. Comment le tracé d'une autoroute bouleverse les humains et les paysages. En reporter, Étienne Davodeau a enquêté pendant un an auprès de ceux pour qui le monstre de bitume a (et aura) un impact considérable :
comme ce couple qui, après des années de labeur à restaurer sa maison, en est expulsé car celle-ci se trouve sur le passage de la future autoroute, comme ces trois paysans qui s'interrogent sur le bien-fondé de leurs efforts d'être "passés bio" maintenant que leurs champs vont être cernés par une multitude de véhicules polluants.
Mais rien n'arrête le progres... surtout pas les politiques quand le profit prévaut. On est dégoûtés, mais pas surpris, quand on apprend que quelques huiles aux bras longs parviennent à modifier le tracé des autoroutes lorsque celles-ci passent trop près de leurs jolies maisons de campagne...
Étienne Davodeau signe là un bd docu-fiction solidaire, humaine et engagée.
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Je n'ai pas suivi la chronologie de l'écriture et j'ai enchainé cette lecture derrière celle des "mauvaise gens". Pas de surprise donc, on retrouve Etienne Davodeau et son style toujours très adapté au reportage, il se met toujours lui-même en scène, il s'investit toujours autant et nous livre un travail tout à fait honnête dans tous les sens du terme.
Après, "rural" me semble plus facile à lire : moins bavard ? la monde agricole se prête plus à l'exercice ? ou tout simplement l'habitude du travail de Davodeau ?
Mais "rural" à maintenant une douzaine d'années, il n'est peut-être plus aussi pertinent, il n' apportera aucune révélation à ceux qui s'intéressent au monde agricole et qui ont suivi les nombreux scandales autour des marchés publics.
Comme le maire de Saint-Lambert du Lattay et Davodeau, je ne vous dirai pas qu' Hervé de Charette, élu de la région et alors ministre à oeuvré pendant son séjour là-haut pour avoir son échangeur et serait donc ainsi en partie responsable du tracé aberrant (géographiquement et économiquement) de l'A87. Voilà, je ne le dis pas.

Si au final j'ai trouvé plus d'intérêts à la lecture de "mauvaises gens", "rural" reste un ouvrage tout à fait recommandable.
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Davodeau est un artiste qui ne se complaît pas dans un seul style de BD. Fiction, essais...mais ce en quoi il est le meilleur, c'est, pour moi, ce genre de BD que je qualifierai presque de journalisme BD d'investigation.
Quand on lit ce genre de BD on sent tout l'investissement que l'auteur peut mettre dans un sujet qui l'intéresse. Outre l'histoire en elle même, on peut entrapercevoir toutes les démarches, toutes les rencontres que Davodeau a faites pour nous livrer son oeuvre terminée et la plus complète possible.
Dans cette BD, par exemple, il part d'une coopérative laitière, de son exploitation par trois courageux et sympathiques agriculteurs bio qui se trouvent confrontés à l'implantation d'une autoroute qui va diviser leurs terres.
De là, nous sommes entraînes dans divers sujets : (entre autres) les expropriations liées à l'apparition de l'autoroute, les batailles juridico-politiques liées à cette autoroute, mais aussi la problématique des circuits bio/non bios et des répercutions sur le marché, les techniques d' inséminations des vaches (oui oui) etc
C'est très intéressant et c'est très bien fait.
Davodeau n'hésite pas à ce mettre en scène et est plutôt drôle.
Bref, j'ai passé un très bon moment de lecture, comme chaque fois que je vis un de ces ouvrages 'd'investigation'.
Cette BD a été la première du genre dans la production de l'auteur qui n'en est pas resté là. Dans le même esprit de Bd-documentaire, je conseille également Les ignorants (sur la viticulture) et Cher pays de notre enfance (sur l'assassinat du juge Renaud et les années de plomb).
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