Le deuxième roman de
Kéthévane Davrichewy que je lis, après «
Quatre murs »… Une musique certaine, une sorte de légèreté pour exprimer les fêlures, les séparations, les malentendus…entre les êtres
De très nombreuses critiques excellentes ont déjà été rédigées… et je n'ai pas grand-chose à exprimer de nouveau… surtout que je suis embarrassée.
L'écriture , les thèmes de l'auteur me plaisent ; le style est fort agréable… et curieusement (et cela me déplaît fortement)… le souvenir s'estompe trop vite après la lecture. A quoi cela tient ? Mystère ? il est vrai que parallèlement, j'ai lu des textes de
Roger Grenier qui ont peut-être trop capté mon esprit….
Une relecture ultérieure… sera sûrement bienvenue. N'étais-je pas assez attentive ? Ce sont les mystères… du ressenti des livres… certains arrivent à point nommé, d'autres… on n'a pas l'état d'esprit requis à ce moment-là… cela fait partie des injustices… des oubliés, ou « trop vite -lus »…
Dans «
quatre murs », il s'agissait des retrouvailles contrastées d'une fratrie après la mort du père… Là, nous nous retrouvons à un point de non-retour de l'histoire d'une amitié fusionnelle, exclusive… qui s'est déconstruite au fil du temps, des non-dits, des mauvaises pensées tues, des petites jalousies, etc…
Quand le roman débute, le 10 mai 1981, Cécile et Alice ont seize ans. C'est l'euphorie de l'élection de
François Mitterrand, le début de leurs jeunes vies….les projets, les flirts, les études, les vacances en famille, partagés. Trente ans plus tard, celles qui s'étaient promis de ne jamais se quitter… se sont perdues inexorablement
Période de bilan, les deux voix des amies… vont s'entrecroiser au fil du roman…Cécile est dans le coma mais son esprit vagabonde , le passé, le présent se succèdent.
Alice se remémore tous les souvenirs communs qui ont construit leur complicité…et puis la mort du père d'Alice… et l'abscence de Cécile qui ne l'a pas soutenue ni aidée à partager sa peine…. Et le fossé commence à se creuser…
« Cécile était une disparue. le fait qu'Alice puise la croiser en chair et en os n'y changeaient rien. le plus dfficile était la solitude. Elles avaient été deux. le moindre détail du quotidien avait été partagé, le dîner des enfants, leurs projets professionnels, les rendez-vous chez le coiffeur, les gens qu'elles cotoyaient les films qu'elles voyaient, les livres qu'elles lisaient, leurs relations avec leurs maris. Les pensées d'Alice se heurtaient désormais à l'écho. Peut-être le miroir grossissant, le reflet rassurant mais déformé qu'elles se tendaient l'une à l'autre, était-il nuisible ? Qui a besoin de se voir de si près ?
Leurs images réfléchies devenaient obscènes, elles avaient tenté en vain de se ressembler puis elles avaient aspiré à la différence, à l'indépendance. Leur amitié ne s'en était pas remise » (p.155-156, éd. Sabine Wespiesser, 2012)
L'auteur décrit très subtilement les ambivalences , les méandres de cette amitié au fil des années ; amitié exclusive qui a engendré les plus grandes joies comme d'inévitables déceptions, à la hauteur de cette intensité…..Mes sentiments sont aussi très partagés, après cette lecture..je suis restée sur « ma faim »…
Un sentiment d'un trop plein d'amour qui a dérapé, dégénéré, provoqué des gâchis qu'il n'est plus possible d'effacer…
Je relirai ... sûrement...