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Critique de Luniver


Cet essai de Dawkins commence à dater puisqu'il a été écrit en 1976. L'auteur y présente et développe son idée principale, à savoir que l'unité fondamentale sur laquelle s'exerce la sélection naturelle n'est pas l'individu, mais le gène.

Dawkins commence cependant par donner sa propre définition du gène : « une unité génétique suffisamment petite pour durer pendant de nombreuses générations et se répandre sous forme d'une multitude de copies ». Il avoue quelques lignes plus loin : « Ce que j'ai fait, c'est définir le gène d'une manière telle que je ne puisse vraiment pas ne pas avoir raison ! »

Les implications de cette définition sont nombreuses : l'individu, à la durée de vie bien plus brève que ses gènes, est réduit à sa plus simple expression et n'est plus qu'une machine pratique destinée à les propager efficacement. Une autre conséquence, et de mon point de vue la plus intéressante du livre, est d'expliquer les comportements altruistes : un gène peut se permettre de perdre une machine si cela lui permet de sauver plusieurs autres machines qui détiennent des copies de lui-même. Ces comportements altruistes sont analysés en détail, en partant de la simple molécule aux organismes complexes, en utilisant la théorie des jeux pour expliquer leur équilibre et leur domination sur les autres types de comportement.

Plusieurs critiques à faire cependant : tout d'abord, j'éprouve une certaine antipathie envers l'auteur, que je trouve très suffisant. À plusieurs reprises, il souligne le fait qu'il est le seul à avoir compris la théorie de la sélection naturelle depuis Darwin (et encore, pour Darwin lui-même, rien n'est moins sûr) et que ses collègues qui le contredisent (Gould, Lorenz) sont pleins de bonne volonté, mais sont quand même des billes sur le fond. Un peu de modestie ne ferait pas de mal.

Aucune explication préalable de l'influence qu'exercent les gènes non plus. Je les avais toujours associés à des manifestations physiques, et pas à des comportements, et sa définition du gène (parfois un petit morceau, parfois de plus grands morceaux, parfois un assemblage de morceaux séparés) contribuent aussi à ma confusion.

Côté pédagogique, Dawkins utilise beaucoup d'images et d'anecdotes, mais pour préciser quelques lignes plus loin que ça ne se passe pas exactement comme ça, propose une autre image, qui ne se révèle pas exactement correcte non plus. Au final, on en arrive à ne plus croire quoi que ce soit.

J'ai par contre trouvé que les critiques de « personnification anthropomorphique du gène » qui reviennent souvent sont de mauvaise foi, l'auteur mettant en garde à chaque chapitre contre de telles conclusions. Certains raccourcis sont nécessaires pour ne pas surcharger inutilement le texte.

Le livre est agréable dans l'ensemble, et assez stimulant sur le plan intellectuel. Mes connaissances en biologie ne sont pas assez développées pour savoir si tout est exact, mais la théorie que propose Dawkins a au moins le mérite d'expliquer tout le déroulement de la sélection naturelle des molécules aux animaux, sans laisser beaucoup de trous et sans faire appel à des « principes premiers » qui sortent de nulle part.
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