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EAN : 9791041414949
256 pages
Points (08/03/2024)
4.47/5   35 notes
Résumé :
Ces quinze dernières années, plus de 2 000 femmes ont été tuées par leur (ex-)conjoint en France.
En 2020, 35 % des victimes de féminicide conjugal avaient subi des violences antérieures. Une défunte sur cinq avait porté plainte.
Entre 2015 et 2016, 82 % des plaintes et mains courantes déposées par des victimes de féminicide ont été classées sans suite. (Source : ministère de la Justice.)

Laurène Daycard a été l’une des toutes premières ... >Voir plus
Que lire après Nos absentes, à l'origine des féminicides Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Depuis ma décision de me plonger dans la thématique du genre, et plus particulièrement autour des combats féministes, j'ai déjà lu six ouvrages et cinq articles sont déjà parus sur cet espace. À l'occasion d'une Masse critique, j'ai eu l'opportunité de recevoir Nos Absentes dans lequel il est question des féminicides. J'ai sauté sur cette occasion et qu'importe que l'essai ne fasse pas partie des titres que j'avais sélectionnés au départ de ce « challenge »…

À cette étape de mon cheminement, la question des féminicides n'avaient pas encore été au premier plan. C'est un sujet difficile et, peut-être, qui me faisait un peu peur. Sans la Masse critique de Babelio, je ne me serais peut-être jamais penchée plus particulièrement sur ce sujet.

Il y a des bouquins bouleversants qu'on lit par étape, petit à petit, dans l'espoir, peut-être, de rendre la lecture plus supportable. Et puis il y a Nos Absentes. Que j'ai lu en moins de 24h. Parce que ça faisait trop mal, que ça m'a tordu le ventre et que, du coup, j'ai voulu en finir vite. Comme un pansement qu'on arrache… Car Nos Absentes n'aborde rien de manière superficielle. Laurène Daycard, journaliste, nous emmène dans une quête qu'elle n'hésite pas à relier à sa propre histoire. Bien que ses propres expériences ne prennent jamais le pas sur la réalité des témoignages qu'elle relaye, l'aspect auto-biographique m'a permis, à moi et à titre personnel, que son cheminement devienne un peu le mien. Madame Daycard donne une voix à ces Absentes, ces femmes survivantes et celles qui ont été assassinées… Mais pas seulement… On rencontre aussi les proches des victimes, des soeurs, pères, mères, fils et filles,… L'autrice va encore plus loin en côtoyant des auteurs de violences conjugales, en interrogeant la réinsertion et la réparation.

Tu l'auras compris, Nos Absentes est une lecture dont je ne suis pas sortie indemne. Non seulement je me suis rendue compte de l'ampleur des féminicides mais aussi de celui des dysfonctionnements à tous les niveaux, que ce soit celui des forces de l'ordre, de la justice ou du traitement médiatique et politique. Une prise de conscience vitale étant donné ma volonté de comprendre en quoi et pourquoi je me revendique désormais féministe.

de cette prise de conscience salvatrice, j'en retire autre chose… Alors que je me suis lancée dans ce challenge avec dix titres en tête, avec l'idée d'une limite dans le temps, j'ai compris, grâce à Nos Absentes, que ces questions – le patriarcat, le féminisme, la question du genre, les féminicides ou encore la culture du viol – étaient trop primordiales pour me contenter d'une petit bibliographie en passant. le challenge continuera donc mais sans plus penser qu'il aura une fin. Histoire non seulement de continuer à m'éduquer mais aussi, et surtout, de ne plus jamais m'aveugler…
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Laurène Daycard nous offre un essai qui donne froid dans le dos. Ses recherches colossales et éprouvantes, nous donnent une évolution historique et intime des féminicides en France. Elle y aborde le passage du crime passionnel (encore bien trop utilisé de nos jours) à la reconnaissance d'homicide à cause du genre mais également la prise en charge des victimes et de leur famille qui nécessite encore une nette amélioration…
En mêlant discours intime en plus de tous les témoignages des familles endeuillées, la lecture devient fluide et personnelle. Les mots résonnent réellement, et une colère sourde monte en nous.
J'aurais aimé que le récit s'étire jusqu'en 2023, que l'on parle des supposées avancées gouvernementales : du téléphone grave danger qui ne fonctionne qu'en 2G, du bracelet électronique qui ne peut être porté que si l'agresseur l'accepte, des longueurs administratives au sein de la police…
Ce livre m'a surpris à plusieurs reprises alors que je pensais avoir une connaissance assez vaste sur le sujet : je n'avais jamais pensé avant au coût de l'inaction. Des chercheur.ses missioné.es par le ministère des Droits des femmes estiment que « la violence misogyne au sein du couple coûte une fortune au contribuable » (3,6 milliards d'euros en 2012).
Il m'a ouvert les yeux sur ce qui pouvait être fait et ce qui ne l'était pas encore.

Je finirai sur une citation du père d'une victime, qui m'a profondément émue : « Tant que ça ne vous touche pas, vous n'y prêtez pas attention ». S'il vous plaît, lisez-le.
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Même si nous avons l'impression d'avancer en matière d'égalité femmes/hommes, que l'écoute de nos paroles devient plus intense, nous continuons à comptabiliser le nombre de femmes tuées par leurs (ex)conjoints.

Depuis quelques récentes années, le mot féminicide est entré dans nos vocabulaires et les meurtres de femmes par des hommes en raison de leur genre, ne sont plus relégués dans les pages des faits-divers mais bien en une, plaçant cela comme un grave fait de société. Bien mais qu'est-ce que cela change foncièrement ? Y a-t-il moins de femmes qui meurent ? Les hommes reconnaissent-ils leurs fautes ?

Laurène Daycard recueille dans ce livre la parole des familles endeuillées, reconstitue les dossiers et suit, si elle le peut, le procès et les mises en accusation des tueurs. Elle rencontre des proches perdus, qui ne comprennent pas comment la relation de leur fille, soeur ou amie a pu dégénérer de cette façon. Qu'est-ce qui explique une telle violence ? Car les féminicides sont un acharnement sur le corps d'une femme, il faut pour l'homme toucher à l'intégrité physique de sa victime. Dans la grande majorité des cas, ils retournent l'arme contre eux et aucunes réponses ne peut ainsi voir le jour.

L'autrice est également partie dans un centre qui accueille des groupes de paroles d'hommes lorsque la compagne a porté plainte et qu'une obligation de soin leur est ainsi imposée. C'est dans ce type de contexte que les auxiliaires tentent de leur faire prendre conscience de leurs actes, de la violence qui gangrène bien souvent leur vie depuis leur enfance et non pas depuis la première gifle.

Un essai plus que glaçant qui rend compte d'une société malade, dans laquelle nous nous enfonçons jour après jour...
Lien : https://topobiblioteca.fr/
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Une vraie lecture coup de poing, que j'ai dévorée en moins de 24h.

Journaliste qui s'est "spécialisé" dans les féminicides, Laurène Daycard parle de plusieurs cas, donne des statistiques éclairantes sur le sujet, mais aborde aussi sa vie personnelle pour expliquer ses choix de carrière.

Elle a rencontré des familles de victimes, des survivantes, a assisté à des procès.

J'ai été absorbée par son style, j'ai même dû m'obliger à arrêter de lire à cause de l'heure tardive ! Evidemment, c'est une lecture difficile qui me suit encore depuis quelques jours. Une lecture qui met en colère, qui fait mal au ventre. Mais indispensable.
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Entre cheminement sur son histoire personnelle et cheminement à la rencontre des victimes pour leur donner voix, l'autrice circule avec ses mots dans cette noirceur. Un ouvrage d'une force qui s'impose tout comme le courage qui lui a fallu pour échanger avec les proches des absentes. Un sujet difficile que l'on aborde toujours avec sa propre histoire, comme nous le démontre l'autrice. Un ouvrage qui s'impose.
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
23 janvier 2023
Laurène Daycard signe en ce début d’année un essai bouleversant, à mi-chemin entre l’enquête et le récit intime, dans lequel elle tente de comprendre les origines des féminicides, et redonne une voix à toutes celles qui ne peuvent plus s’exprimer parce qu’elles ont été tuées par un conjoint ou un ex-conjoint.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeMonde
16 janvier 2023
A l’enquête-récit s’ajoutent ainsi les références théoriques et militantes produites ces dernières années. La rigueur et l’étendue du travail de Laurène Daycard leur apportent un indispensable prolongement, en faisant résonner la voix des « absentes » au cœur du débat public.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La rédaction avait ajouté un petit encart
à mon texte pour apporter une définition du terme, encore méconnu 13,
« féminicide » : « des meurtres de femmes commis par des hommes parce
qu’elles étaient des femmes ». Le mot avait fait son entrée dans Le Petit
Robert avec l’édition 2015 : « féminicide, nom masculin. DIDACTIQUE
Meurtre d’une femme, d’une fille en raison de son sexe. Reconnaissance
juridique du féminicide par plusieurs pays d’Amérique latine. »
Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud ont retrouvé une première trace du
mot, orthographié « femmicide », dès le XVIIe siècle, dans une pièce du
dramaturge Paul Scarron, Les Trois Dorotées, ou le Jodelet souffleté. Selon
les historien·ne·s, il est utilisé de manière discrète par des journalistes au
XIXe et au XXe siècle, pas toujours sous la même acception. Hubertine
Auclert est l’une des premières à l’avoir employée dans une perspective
féministe. En novembre 1902, cette écrivaine et figure incontournable du
féminisme tricolore a parlé de « loi féminicide », en opposition à un projet
de loi sur le divorce, dans un article pour le quotidien Le Radical. J’ai pu
consulter cette archive : « Lorsque cette loi feminicide aura été abrogée,
quand l’homme et la femme seront dans le mariage deux associés égaux et
libres, le divorce par la volonté d’un seul des époux ne nous effraiera plus
pour la femme. »
Sous sa définition actuelle, le terme a été prononcé dès mars 1976, à
l’occasion du « Tribunal international des crimes contre les femmes », à
Bruxelles. Simone de Beauvoir avait salué ce tribunal comme étant « le
commencement d’une décolonisation radicale des femmes ». Deux mille
activistes, venues d’une quarantaine de pays, en Europe, mais aussi du
Mozambique, du Yémen, des Philippines, d’Australie, avaient convergé
vers la Belgique pour siéger, en non-mixité, à ce sommet retombé dans les
limbes de l’oubli.
Sur scène, il fut question de viol, de stigmatisation du célibat, de la
vieillesse, de la double oppression d’être femme et migrante, et d’autant de
maux qui allaient dessiner l’agenda féministe des décennies suivantes. La
sociologue sud-africaine Diana Russell avait appelé à « reconnaître la
politique sexuée du meurtre » : « Des bûchers de sorcières du passé
jusqu’au meurtre plus récent des femmes au nom d’un supposé “honneur”,
nous réalisons que le féminicide perdure depuis un long moment. »
En 1992, Diana Russell 14 codirige, avec la criminologue britannique Jill
Radford, l’anthologie Femicide : The Politics of Women Killing 15. Par ce
biais, l’universitaire espère que « désigner cette forme extrême de violence
sexuelle entraînera une résistance généralisée ». J’y ai surligné ce
passage 16 : « Le fémicide se situe à l’extrême d’un continuum de terreur
antiféminine incluant une grande variété de violences sexuelles et
physiques, telles que le viol, la torture, l’esclavage sexuel (en particulier
dans la prostitution), les incestes et les violences sexuelles extrafamiliales
envers les enfants, les violences physiques et émotionnelles, le harcèlement
sexuel (au téléphone, dans la rue, au bureau et en classe), les mutilations
génitales (clitoridectomies, excisions, infibulations), les opérations
gynécologiques inutiles (hystérectomies gratuites), l’hétérosexualité forcée,
la stérilisation forcée, la maternité forcée (en criminalisant la contraception
et l’avortement), la psychochirurgie, la sous-nutrition des femmes dans
certaines cultures, la chirurgie esthétique et les autres mutilations au nom de
l’embellissement. Quand ces formes de terrorisme entraînent la mort, ce
sont des féminicides. »
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Chaque cas est consigné sur mon ordinateur dans un fichier Excel où je
renseigne, dès que possible, l’identité, l’âge, la profession de la victime
comme du suspect, s’il y avait des enfants, le nom de leur ville et de leur
département, ainsi que le lieu du crime. J’inscris des éléments sur le mode
opératoire, si l’homme s’est ensuite suicidé, s’il a plutôt tenté de prendre la
fuite ou, au contraire, joint les secours. Des tendances se profilent. Ce sont
des « sur-meurtres ». Il ne s’agit pas d’une simple mise à mort, mais d’un
véritable acharnement contre le corps des femmes. Les meurtriers
enchaînent souvent les coups de couteau, de poing, ou criblent de balles la
dépouille. Les personnes âgées représentent une forte proportion des
défuntes. Je relève de nombreux cas de maladies comme Alzheimer. Le
contexte de séparation est fréquent, dans un laps de temps de six mois.
L’ensemble du territoire national est concerné mais, en 2018, La Réunion
est le département le plus endeuillé. L’extrême majorité des meurtres a lieu
à domicile. Élément le plus saillant : je repère des antécédents de violences
dans un tiers des cas. Soit sur des ex, à l’instar de Sofiane, soit la victime
avait déjà alerté autour d’elle, appelé à l’aide les forces de l’ordre. Ce ratio,
de 35 à 40 % d’antécédents connus de violences, reste constant, année après
année. Par exemple, en 2020, selon le ministère de l’Intérieur, 35 % des
victimes de féminicide conjugal avaient subi des violences antérieures.
Cette année-là, une défunte sur cinq, 18 %, avait porté plainte. En vain.
Quatre fois sur cinq, cette même plainte est classée sans suite. Un
rapport de l’Inspection générale de la justice commandé par le ministère de
la Justice et diffusé fin 2019 5 a révélé que 82 % des plaintes et mains
courantes déposées par des victimes d’homicides conjugaux n’avaient pas
donné lieu à des mesures prises par les services enquêteurs. « La chaîne
pénale n’est pas satisfaisante », avait concédé, à grand renfort
d’euphémismes, la garde des Sceaux de l’époque, Nicole Belloubet.
Le féminicide n’est pas seulement un crime genré. C’est aussi un crime
d’État. L’anthropologue mexicaine Marcela Lagarde y de los Ríos, une
autre pionnière de la recherche sur les féminicides 6, recourt à la notion
d’impunité pour caractériser ces assassinats : « Le féminicide implique la
rupture partielle de l’État de droit, car l’État est incapable de garantir la vie
des femmes, de respecter leurs droits fondamentaux, d’agir en suivant les
lois et en les faisant respecter, de rechercher et de rendre la justice, et de
prévenir et d’éradiquer la violence qui en est à l’origine 7. »
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Un soir, alors que Laetitia est âgée de 24 ans, elle appelle son père à l'aide. Une dispute a éclaté. Laetitia est enceinte de son premier enfant. Et ce n'est pas un détail : les premières violences physiques se déclenchent souvent au moment d'une grossesse, parce que le conjoint agresseur peut avoir la sensation de perdre le contrôle sur sa compagne.
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Les enfants exposés aux violences conjugales ressentent un traumatisme plus lourd que s'ils avaient été en zone de guerre.
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Vidéo de Laurène Daycard
Avec « Nos absentes », Laurène Daycard nous emmène aux origines des féminicides 28 janv. 2023 À travers les récits de survivantes et de familles endeuillées, la journaliste Laurène Daycard enquête sur les origines des féminicides dans "Nos Absentes", un récit à la première personne et le fruit de nombreuses années de travail. Interview.
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