PAUL GUIGOU
ON me permettra, en venant parler de Paul Guigou, de débuter par des souvenirs personnels. Guigou est mort en 1871, il y a 41 ans. De ceux qui l'ont connu, bien peu doivent vivre aujourd'hui. Il me semble que ce que je puis dire de lui, comme témoin, sera d'un certain intérêt.
Comment fus-je amené à entrer en rapports avec lui ? Sans doute après avoir vu quelques-uns de ses tableaux. Mais où et dans quelles circonstances?
Je me rappelle toutefois que ce qui m'attira surtout vers lui, était son souci de peindre en plein air, procédé qu'adoptaient alors les plus osés des jeunes paysagistes et qu'il pratiquait lui-même systématiquement.
PAUL GUIGOU
Il expose pour ses débuts deux toiles, en 1859, à Marseille, à la Société des artistes des Bouches-du- Rhône. Il envoie, pour la première fois, à Paris au Salon, en 1863 et continue ensuite à s'y produire. Il vient alors à Paris. Il n'y fait guère qu'un séjour intermittent, retournant fréquemment se retremper resté négligé de ses compatriotes les Marseillais et il n'avait pas suffisamment attiré l'attention à Paris, pour qu'enlevé prématurément, il pût exciter l'intérêt. Guigou et son oeuvre disparaissent donc. Il n'en n'est plus question. On ignore l'homme et les tableaux restent ensevelis.
PAUL GUIGOU
Cet oubli devait durer trente ans. Enfin en 1900, commence ce. que l'on peut réellement appeler une résurrection.Deux œuvres de l'artiste apparaissent à l'Exposition centennale et, au même moment. M. André Gouirand publie son livre sur les peintres dans l'air natal. Pendant qu'il demeure à Paris, il va peindre des paysages aux environs, en 1865 à Moret, en 1866, à Triel. Il commençait à entrevoir le succès et à pouvoir échapper aux difficultés que tout débutant doit surmonter ; lorsque la mort le frappa, le 21 décembre 1871. Il avait trente-sept ans.
ALBERT MARQUE
A plusieurs reprises, déjà, dans cette chronique, je me suis attaché à analyser l'oeuvre de peintres ou de sculpteurs qui, en vérité, ne s'occupaient pas précisément d'architecture, de meubles ou d'aménagements intérieurs, mais qui se préoccupaient dans leurs tableaux ou leurs statues de la destination décorative: c'est ainsi qu il a été question, ici même, d'Albert Besnard, de Caro-Delvaille, parce qu'ils revenaient à la tradition des maîtres d'autrefois qui, dans leur esprit, ne séparaient jamais l'oeuvre d'art de sa place future, de Dejean, de Bernard, parce que dans leur sculpture monumentale, ils prenaient soin de s'adapter à l'ambiance, au milieu qui leur était imposé. Aujourd'hui, il s'agit d'un jeune sculpteur, Albert Marque, qui, par ses origines, sa culture et le milieu où il évolue, fut tout naturellement amené à considérer la sculpture non pas d'une manière abstraite et absolue, mais comme devant collaborer à une organisation de l'intimité et du décor de la vie.