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Gaston Renondeau (Traducteur)
EAN : 9782070720880
196 pages
Gallimard (10/10/1990)
3.95/5   358 notes
Résumé :
Je suis devenu bouffon.
C'était mon ultime demande adressée aux hommes. Extérieurement, le sourire ne me quittait pas ; intérieurement, en revanche, c'était le désespoir. Ainsi se présente Yôzô, né dans une famille riche du nord du Japon, qui veut être peintre, abandonne ses études au lycée de Tôkyô pour travailler dans des ateliers, mais s'initie plus vite au saké et aux filles qu'au dessin et à la peinture. D'amours malheureuses en amours malheureuses, aprè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Je m'attendais à un roman tragique au vu du titre révélateur mais j'étais bien en deçà de la vérité. L'oeuvre est inconfortable. Elle m'a inspiré non seulement terreur et pitié mais un sentiment de gâchis et d'impuissance terribles.
La Déchéance d'un homme est initialement parue en feuilleton en 1948, l'année du suicide réussi de Dazaï Osamu, qui a mené jusqu'à sa mort une vie tumultueuse et désespérée. Il s'agit donc d' un "shishôsetsu", un roman personnel où figurent de nombreux éléments autobiographiques. Presque des confessions,. Mais c'est aussi une fiction très bien construite, d'une grande sobriété. dans la préface fictive, un narrateur extérieur décrit trois photographies d' un même personnage à trois âges de la vie : l'enfant "plein de rides qui sourit comme un singe"; le bel étudiant au sourire factice, l'homme sans âge au visage de mort. Cette préface est suivie des trois carnets de Yôzo. A la fin l'épilogue nous explique comment ces carnets ont été confiés au narrateur. Il y a donc une distanciation par rapport aux événements qui donne de l'air à la lecture.
Yôzo depuis l'enfance est spectateur de sa vie. Il est timide, hypersensible, susceptible. Il éprouve une profonde honte. Il ne s'intéresse pas à ce qui intéresse les autres, Il ne s'ouvre à personne. Il a peur. Il est terrorisé. Il semble avoir été traumatisé mais nous n'en saurons pas plus. Il ne peut pas dire la vérité. Au Japon, dans ces familles aisées encore très traditionnelles, on ne se livre pas, on ne s'épanche pas, on respecte la hiérarchie et on déjeune en silence. Pour donner le change, Yôzo fait le "bouffon", il s'arrange pour que les autres autour de lui soient contents sans connaître ses pensées. il ne semble pas avoir de désir propre, il ne sait pas comment aimer les autres alors il porte un masque. Plus tard étudiant, il joue au communiste parce que c'est illégal et qu'il peut manger et surtout boire à l'oeil. Il fait une première tentative de suicide en compagnie d' une femme qu'il n'aime pas. Il a joué au suicide romantique et se retrouve en prison. Les femmes qu'il rencontrent sont généralement aimantes et l'entretiennent. Mais les histoires sont finies avant d'avoir commencé. Yôzo se complaît dans la fatalité et s'enfonce dans sa déchéance.
Le roman est dur mais c'est un livre à nul autre pareil qui vous poursuit longtemps.


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C'est l'histoire de la longue descente aux enfers d'un homme au caractère inconsistant et dépressif qui va rater sa vie.
Yôzô est pourtant fils de bonne famille, mais il cache une nature mélancolique, peureuse et apathique et décide de jouer au bouffon, de faire rire par ces facéties...Mais un jour, un élève de sa classe le démasque ("c'est de la frime !"), et c'est le début du naufrage. Yôzô, oisif et indécis dans ses choix échouera dans ses études, et ne parvient pas à trouver un emploi stable. Il ment à sa famille, demande régulièrement de l'argent à son père, qui finira par lui refuser en apprenant la vie dissolue de son fils...Entraîné par des fréquentations douteuses, notamment d'un "ami" qui profite de sa faiblesse pour l'initier aux femmes et à l'alcool, son manque d'argent lui fait rechercher sans scrupules des femmes qui vont s'émouvoir et l'entretenir.
Mais le vague à l'âme est permanent, tenace, et un jour il tente de se suicider avec son premier amour...il en réchappe, mais elle se noie. Une seconde l'accueillera chez elle, mais malgré ses bons soins il finira par se sauver littéralement ! La troisième, épousée, ne sera pas davantage synonyme d'apaisement : après quelques années, elle le trompera, et pire encore, son fameux "ami" le mènera sur la scène du forfait pour surprendre les ébats...
Yôzô, écoeuré de tout le monde et de lui-même, toujours aussi faible, tente à nouveau de se suicider en absorbant une forte dose de médicaments. En réchappant encore, il va sombrer dans des addictions au saké, puis à la morphine...son état de santé physique et mental se détériore, conduisant son frère, qui lui apprend la mort de son père, et sa femme, à le placer un temps en hôpital psychiatrique. Son frère lui achètera finalement une bicoque branlante à la campagne, où il vivra ni heureux ni malheureux, juste les jours passant, devenu un vieillard à 27 ans...mais cependant encore capable d'une pirouette, d'une facétie...

L'ambiance de ce roman est très sombre. Cependant, curieusement, l'émotion n'est ressentie qu'en de rares moments. le récit est assez court, condensant l'action, parfois peut-être trop peu détaillée, pour privilégier les réflexions du "héros" sur sa vision amère et désespérée de lui-même et de la vie, même s'il conserve souvent une pointe de dérision. Cela provoque une forme de distanciation, de détachement chez le lecteur, peut-être voulus car c'est bien finalement l'état de Yôzô à la fin, devenu un peu spectateur de sa vie passée.

Cette histoire fait très fortement écho à la propre vie, tragique, de l'écrivain, qui pour autant se garde bien de revendiquer cet évident caractère autobiographique : en une préface et un épilogue, il crée un narrateur qui aurait récupéré les carnets de notes de Yôzô chez la femme qui fut son second amour, les deux se demandant d'ailleurs si Yôzô est toujours en vie dix ans après son installation dans sa dernière demeure.
Il faut rappeler qu'Osamu Dazaï, après une vie aussi dissolue que son héros se suicidera par noyade à 39 ans, après plusieurs tentatives commencées à 20 ans !

Dernier élément à souligner, le romancier nous donne à voir des aspects intéressants de la société japonaise, dans les années 1930, avec le sens de l'honneur (ici perdu), l'obligation de cacher ses émotions, de dissimuler, la place de la femme dans la société, bien basse, elle qui doit être docile et entièrement dévouée à son mari...

Au final, une belle découverte que cet écrivain maudit, très renommé au Japon et trop peu connu dans notre pays.
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Souvent écrit avec un style particulier, parfois difficilement abordable, et racontant des histoires particulièrement complexes ou terriblement liées aux us et coutumes, les classiques littéraires d'un pays ne sont pas toujours faciles à aborder. Même en aimant plus que tout la lecture, nous ne pouvons pas tous nous vanter d'avoir lu les plus grands classiques de la littérature de notre pays. Je ne parlerai pas ici de la littérature française ou belge, mais bien de la japonaise dans laquelle j'aime me plonger ces derniers temps. Après avoir lu quelques romans de littérature contemporaine, je me lance maintenant dans les classiques, dans les ouvrages que tous les Japonais ont découverts pendant leurs années de collège ou de lycée. Pour commencer cette nouvelle aventure – aidée par le challenge de littérature japonaise -, j'ai choisi La Déchéance d'un homme d'Osamu Dazai.

Vous raconter le récit de la Déchéance d'un homme est plus compliqué qu'il n'y parait car il s'agit « simplement » de la vie d'un homme, parmi tant d'autres. Pourtant Yôzô n'est pas comme tout le monde. En effet, il a en lui une mélancolie, une tristesse, une solitude, une sensibilité extrême et inexplicable qui le différencie d'autrui et qui l'exclut de la société dans laquelle il peine à s'intégrer. Effrayé d'être détesté par son entourage, il se crée un faux visage, celui d'un idiot naïf, pour faire rire et ainsi se faire aimer. Mais un jour, un de ses camarades de classe le démasque, déclenchant ainsi le point de départ de la descente aux enfers progressive de notre personnage principal. Passionné d'art, il monte plus tard à la capitale pour devenir un grand peintre. Mais très vite, encouragé par un « ami », il se met à sortir et à dépenser son argent sans compter en alcool et en femmes et s'éloigne du droit chemin que son père souhaitait pour lui. Il ment sans arrêt à sa famille pour recevoir de l'argent, s'endette fortement et finalement n'arrive à survivre qu'en vivant sous la coupe des femmes qu'ils rencontrent alors qu'il est soûl. Menant une vie des plus honteuses pour la société japonaise de l'époque, ce pauvre Yôzô n'attire à lui que des personnes et des situations malheureuses et désastreuses qui l'enfonceront toujours davantage dans ses ténèbres. On assistera ainsi à sa déchéance progressive, qui finira par le rendre indigne d'être qualifié « d'humain ».

Je ne rentrerais pas davantage dans les détails du noir récit de la Déchéance d'un homme pour vous laisser un minimum d'intérêt pour ce court roman. Seulement composé de cent pages, si vous pensez qu'il se lit rapidement, vous feriez fausse route. Il est pénible à lire tout comme l'est Yôzô et c'est justement cela qui fait la force de ce livre ! le roman d'Osamu Dazai reflète en effet parfaitement la personnalité de l'individu que l'on suit jusqu'à ses 27 ans. Après une brève introduction écrite par un personnage inconnu, le récit est écrit en focalisation interne, nous permettant de suivre de très près tous les faits, gestes et réflexions de notre antihéros. On découvre ainsi son mal-être, ses bouffonneries factices, ses vains efforts, sa mélancolie constante, ses dépendances maladives, son égoïsme enfantin, etc. Alors que la narration à la première personne du singulier offre généralement l'opportunité aux lecteurs de s'identifier au héros, ici aucun rapprochement n'est possible. On a comme l'impression que l'auteur construit un mur invisible entre nous, lecteurs, et son personnage. C'est ce qui m'a particulièrement plu dans ce roman : tout comme Yôzô qui semble être séparé de la société par un immense vide, le récit, dans sa manière stylistique, suit cette même logique. Jamais l'auteur ne nous donnera l'occasion d'aimer son personnage, qui n'est en réalité qu'un monstre en son for intérieur.

Dans un style direct et simple, le récit nous livre Yôzô à nu, comme un auto-portrait sur une toile. Ceci fait que jamais nous ne le prenons en pitié et que l'on a même du mal à comprendre ce qui attire tant les femmes chez cet énergumène. En réalité, celles-ci n'ont jamais accès à son véritable lui, et tombent amoureuses d'un pauvre malheureux qui ne désire qu'être aimé. Car en effet, notre personnage, qui n'est doté d'aucune sorte d'amour et qui est terrifié par les hommes de manière générale, est en permanence en recherche d'affection pour réchauffer son coeur froid et vide.

Si l'ambiance générale qui englobe le récit est morose et pessimiste, il arrive parfois qu'un petit sourire se décroche sur notre visage car le style frôle de temps en temps la comédie, permettant de reprendre en quelque sorte notre souffle dans cette histoire si étouffante. On notera également de nombreuses conversations ou réflexions philosophiques remettant en question les valeurs humaines et la société japonaise du début du 20e siècle en pleine crise identitaire. Je fais ainsi référence par exemple à la question du bonheur, à celle de l'hypocrisie des gens, à celle concernant le regard d'autrui ou encore à celle au sujet du lien existant entre les individus.

En lisant La Déchéance d'un homme, qui est un livre semi-biographique d'Osamu Dazai, on découvre également un auteur talentueux mais surtout torturé et malade de l'esprit. Cet ultime roman se présente en quelque sorte comme un aveu, une confession de ce qui ‘il était réellement. D'ailleurs, l'écrivain réussira finalement à se suicider quelque temps après cette dernière publication, qui est aujourd'hui considérée comme son plus beau chef-d'oeuvre.

La Déchéance d'un homme n'est très certainement pas un « chouette » livre. Pénible à lire car l'on suit une vie sans intérêt d'un pauvre homme qui semble finalement se complaire quelque peu de son malheur, on ressort de cette lecture presque sans aucune émotion. Tout l'intérêt de ce roman, que l'on pourrait presque considérer davantage comme une nouvelle, se trouve dans son style littéraire parfait.

Ce livre a inspiré plusieurs adaptations au Japon, dont un film d'animation disponible chez Kaze et en streaming sur ADN. Pour faire court, celui-ci est plus facilement abordable que le livre, même si cela ne reste toujours pas agréable à regarder. Il faut cependant noter qu'il y a plusieurs points qui diffèrent de la version originale. J'ai ainsi par exemple beaucoup aimé l'incorporation de fantastique dans le récit. Par contre, le réalisateur a fait en sorte que l'on s'apitoie plus sur le sort de Yôzô et lui laisse encore une certaine forme d'humanité – ce qui diffère complètement du roman !

La Déchéance d'un homme, bien que difficile à aborder, est très clairement l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature japonaise. Confession intime d'un personnage en mal-être, ce court roman est construit avec brio et nous est rendu dans un style à la fois pessimiste, froid mais également quelque peu poétique. Si le récit est sans intérêt, il se pose en miroir parfait, nous reflétant ainsi dans les moindres détails la non-humanité de son personnage principal.
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Dazaï peint ici l'auto-portrait d'un homme sans confiance en lui et donc sans véritable désir de s'affirmer et d'impulser une direction à sa vie. Sachant pertinemment que sa personnalité apathique est mal vue par ses semblables, il craint leur jugement plus que tout. Un jugement qui s'incarne par diverses figures d'autorité, Dieu inclus. J'ai d'ailleurs été un peu étonné de retrouver des concepts chrétiens dans un roman japonais : la culture nippone n'est peut-être pas si éloignée de la nôtre que je le pensais. Ainsi, avec une obsession tragi-comique, le narrateur entrevoit la faute dans la moindre de ses actions. Pour retrouver un semblant d'équilibre mental, il se créé un alter-ego farceur, "le bouffon". Celui-ci lui permet de faire rire les autres pour alléger en surface sa pesanteur intérieure. Une action qui, par ricochet, résume sans doute la démarche de Dazaï dans ce roman proche de l'autobiographie : il se caricature de façon parfois risible, mais ne fait que donner le change à ses démons, les mêmes que ceux de son anti-héros... qui, au fil du récit, est amené à devenir caricaturiste. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Les femmes sont les personnages secondaires les plus présents. Les deux derniers tiers du récit sont rythmés par leurs apparitions dans la vie du narrateur, et leur départs, toujours amers. Elles sont tout aussi imperméables au narrateur que les autres hommes, et il ne parvient guère à instaurer une relation au-delà du rapport charnel. Les prostituées, qui n'ont pas besoin d'être considérées au-delà de ce rapport, lui paraissent d'ailleurs étrangement compréhensibles et réconfortantes au point d'en devenir des saintes à ses yeux :

"J'ai vu certaines nuits, sur ces prostitués stupides ou demi-folles,
se dessiner l'auréole de Marie"

Ce retournement des valeurs religieuses n'est pas qu'une simple moquerie : il témoigne aussi de la mauvaise conscience du narrateur. Tout en montrant de façon désabusée le caractère relatif des valeurs religieuses, il ne parvient pas à s'en défaire, et il en souffre. le caractère tragi-comique de ce passage nous révèle l'essence du rire du "bouffon". Un rire aigre. Je n'ose pas écrire jaune, par crainte de faire un mauvais jeu de mot.

Pour noyer et faire taire son esprit tourmenté, l'anti-héros a recourt à des méthodes telles que le sexe et la drogue… ce qui donne raison à sa peur du pêché, bien évidemment. Cette auto-destruction, les autres ne font que la retarder. Ils sont capables de protéger physiquement le narrateur, mais jamais d'influer sur ses dispositions mentales. Ainsi ne font-ils que prolonger son supplice, dont la fin reste en suspension, peut-être par pudeur, ou peut-être pour laisser espérer un jugement favorable, un rachat des pêchés. Hercule sera-t-il sauvé de son bûcher ? le Christ ressuscitera-t-il ?

En tout cas, dans la réalité, Dazaï se suicidera sans ambiguïté, après nombre de tentatives avortées qui lui auront au moins laissé le temps d'écrire (et de s'épanouir ?) davantage que son triste personnage, ce qui confirme la nature auto-caricaturale de cette autofiction. Là réside cependant la seule distinction claire entre la vie de l'auteur et celle de son personnage.

Le titre du roman résume sans fioritures cette spirale irrésistible, à l'image du style de l'auteur. Simple, sobre, pas un adjectif de trop. Cela n'alourdit pas le caractère pathétique du récit, mais ne le rend pas plus agréable à lire non plus, dans ses passages les plus démoralisants. Cependant, le côté caricatural sous-jacent permet à Dazaï de s'autoriser quelques fantaisies pour mieux dépeindre la peur du narrateur, qui voit souvent les autres comme des monstres, des spectres ou des esprits incompréhensibles. A ceux qui apprécient cette facette de Dazaï (très légèrement esquissée ici), je ne peux d'ailleurs que recommander les recueils où Dazaï réécrit les récits merveilleux du folklore asiatique, avec la même sobriété désabusée mais pas cynique, de celui qui ne connaît « ni le bonheur ni le malheur ».
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Les antonymes de Déchéance sont des mots comme Ascension, Avènement, Conservation, Gloire, Progrès, Réhabilitation… Tout ce que Yôzô – le narrateur et antihéros de ce roman – a tenté d'atteindre, mais a surtout manqué pour s'enfoncer dans cette déchéance. Sa vie telle qu'il nous la raconte n'est qu'une longue cascade de désespoir vers un abime presque infernal. Alors qu'il avait tout pour réussir au départ – sa famille est riche et influente –, Yôzô échouera à cause de sa nature humaine, à cause de sa sensibilité, son manque d'assurance, sa peur du conflit, de prendre des décisions et d'intégrer la complexe hiérarchie sociale japonaise. Jouant au « bouffon », ses farces ne sont qu'un maigre masque contre la laideur de son existence.

Ayant raté ses études, raté son destin de peintre, raté sa première tentative de suicide et aussi raté son mariage en étant trompé, Yôzô ne supporte plus ce monde trop individualiste et diffus à la fois. Il est évident que ce livre a quelque chose de Dostoïevskien dans l'âme, Yôzô est une sorte de Raskolnikovdont le vrai crime n'est ni plus ni moins de ne pas intégrer ce Monde, cette société nippone. Les interrogations sur ce monde sont nombreuses et amenés finement. Qu'est ce que réellement le monde pour Yôzô sinon un ami de bar et quelques femmes éloignées ? Qu'est ce que réellement cette société avec son carcan et ses obligations culturelles proche de la démence ?

Car au fond, Yôzô a beau joué le bouffon ou le clown devant les autres, il ne fait que s'attribuer un masque, un rôle qui vaut autant que celui de politicien ou de flic. On joue un rôle pour être accepté dans cette société, pour appartenir à cette grande famille qu'est l'humanité (c'est-à-dire tout et rien à la fois) quitte à se mentir parfois à soi même et passer un mauvais quart d'heure devant le miroir.
Une bonne découverte sur la littérature japonaise en tout cas !
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critiques presse (2)
ActuaBD
14 avril 2021
Œuvre atypique et poignante, l'adaptation du roman d'Osamu Dazai relate la descente aux enfers du jeune Yôzô, délaissé par sa famille prospère, sombrant peu à peu dans l'alcoolisme et de nombreux travers.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
MangaNews
18 mars 2021
Ce premier tiers de l'adaptation manga par Junji Itô du célèbre roman de Dazai est un véritable réussite, la rencontre de ces deux grands auteurs donnant lieu à une oeuvre plus que prometteuse.
Lire la critique sur le site : MangaNews
Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
Je trouve étrange, extraordinaire, que pas une seule fois elle n'ait dit : "Je me sens seule sur terre...". Ces mots auraient certainement éveillé en moi de la compassion, mieux qu'un déluge de lamentations sur la destinée des femmes. Cependant, bien que ces mots de solitude ne soient jamais sortis de ses lèvres, tout son corps était enveloppé des effluves d'un isolement affreux; à son contact mon propre corps s'enveloppait des effluves de la mélancolie plus ou moins cuisante que je portais en moi; toutes ces émanations se mêlaient. Comme "la feuille morte qui descend au fond de l'eau pour se poser sur le rocher", j'étais prêt à m'éloigner, par crainte et par angoisse.
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A l'heure actuelle je ne connais ni le bonheur ni le malheur. La vie passe.
Jusqu'ici, j'ai vécu dans l'enfer. Dans le monde des humains, c'est la seule chose
qui me semble vraie.
La vie passe, rien d'autre.
Cette année, je vais avoir vingt-sept ans. Mes cheveux ont blanchi très sensiblement. De l'avis général je parais plus de quarante ans.
Page 174
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Les moments les plus pénibles de mon enfance étaient ceux que l'on passait à table. Dans la maison que nous habitions en province vivaient au total une dizaine de personnes. Les petites tables individuelles étaient alignées sur deux rangs. Comme j'étais le plus jeune, ma place était naturellement la dernière. La place où l'on prenait les repas était assez sombre. A l'heure du déjeuner, la famille, composée de dix personnes environ, mangeait en silence. j'en avais froid dans le dos.
(Premier carnet)
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Il y a des gens qu’on appelle des réprouvés, des oiseaux de nuit. Ces mots semblent indiquer parmi les humains des êtres pitoyables, des vaincus, des vicieux. Cependant, depuis que je suis né, je me suis senti porté vers ces êtres ; quand j’en ai rencontré un que le monde montrait du doigt comme tel, je me suis toujours senti de la compassion pour lui.
Commenter  J’apprécie          170
C'est pourquoi je suis devenu bouffon. C 'était mon ultime demande d'affection que j'adressais aux hommes. Tout en les craignant au plus haut point je crois que je n'étais pas résigné à tout supporter d'eux.
Page 18
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