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Critique de Tibere


Les antonymes de Déchéance sont des mots comme Ascension, Avènement, Conservation, Gloire, Progrès, Réhabilitation… Tout ce que Yôzô – le narrateur et antihéros de ce roman – a tenté d'atteindre, mais a surtout manqué pour s'enfoncer dans cette déchéance. Sa vie telle qu'il nous la raconte n'est qu'une longue cascade de désespoir vers un abime presque infernal. Alors qu'il avait tout pour réussir au départ – sa famille est riche et influente –, Yôzô échouera à cause de sa nature humaine, à cause de sa sensibilité, son manque d'assurance, sa peur du conflit, de prendre des décisions et d'intégrer la complexe hiérarchie sociale japonaise. Jouant au « bouffon », ses farces ne sont qu'un maigre masque contre la laideur de son existence.

Ayant raté ses études, raté son destin de peintre, raté sa première tentative de suicide et aussi raté son mariage en étant trompé, Yôzô ne supporte plus ce monde trop individualiste et diffus à la fois. Il est évident que ce livre a quelque chose de Dostoïevskien dans l'âme, Yôzô est une sorte de Raskolnikovdont le vrai crime n'est ni plus ni moins de ne pas intégrer ce Monde, cette société nippone. Les interrogations sur ce monde sont nombreuses et amenés finement. Qu'est ce que réellement le monde pour Yôzô sinon un ami de bar et quelques femmes éloignées ? Qu'est ce que réellement cette société avec son carcan et ses obligations culturelles proche de la démence ?

Car au fond, Yôzô a beau joué le bouffon ou le clown devant les autres, il ne fait que s'attribuer un masque, un rôle qui vaut autant que celui de politicien ou de flic. On joue un rôle pour être accepté dans cette société, pour appartenir à cette grande famille qu'est l'humanité (c'est-à-dire tout et rien à la fois) quitte à se mentir parfois à soi même et passer un mauvais quart d'heure devant le miroir.
Une bonne découverte sur la littérature japonaise en tout cas !
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