Manet, qui fut surtout un artiste français, voyant d'abord dans les choses leur surface pittoresque, aimant la nature et la vie par leurs dehors brillants, me paraît devoir être expliqué ainsi, par ses taches lumineuses, par ses idées claires, sans grand souci des sombreurs caverneuses et lugubres, où se complait et nous plonge la science de l'esthétique, fille de l'Allemagne aux bottes lourdes.
Olympia marque l'étape de 1865. Cette toile achève « d'exaspérer Paris contre l'artiste », a écrit M. Zola dans la préface du Catalogue. En 1866, à la veille de l'exposition du pont de l'Aima, le même écrivain avait fait sur ce tableau une étude parue dans le volume intitulé Mes Haines, étude qui sent la poudre, où le mot chef-d'œuvre éclate, où tout enfin se ressent à la fois des fureurs de la lutte et d'une vigoureuse admiration.
C'est que Manet, esprit de recherches, est un artiste nouveau autant que notre siècle, qui ajoute son numéro dix-neuf au chiffre cinq du siècle de Périclès et au nombre douze du siècle d'Homère, peut comporter un homme nouveau. Et, dans l'état actuel des esprits, nous n'avons pas une grande entente de l'inédit.