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R.M. Guéra (Illustrateur)Chris Peterson (Illustrateur)
EAN : 9781616557386
128 pages
Image Comics (11/08/2015)
4/5   1 notes
Résumé :
Check your good taste at the door, because Grindhouse is back, and it's meaner, badder, and dirtier than ever, with two brand-new exploitation opuses from writer Alex de Campi (Smoke/Ashes)! Take a "Slay Ride" with R. M. Guéra (Scalped) through a snow-covered West terrorized by child-flaying demons! Go around the world with Afua Richardson (24 Seven) and that superfly black super spy, "Lady Danger: Agent of B.O.O.T.I.," as she tussles with Thai drug lords and sticks... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le troisième d'une anthologie de récits courts revendiquant les spécificités du genre Grindhouse. Chaque histoire étant autonome, il n'est pas besoin d'avoir lu le tome précédent. Celui-ci contient les épisodes 1 à 4 de la deuxième série, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Alex de Campi. Il contient 2 histoires complètes.

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- Slayride (dessins et encrage de R.M. Guéra, mise en couleurs de Giulia Brusco) – le soir de Noël, dans un patelin paumé sous la neige, aux États-Unis, Jake (un jeune homme) arrive pour les vacances chez son père. Celui-ci est étendu sur le sol du salon, avec le crâne explosé. Jake se fait buter d'une balle dans le crâne. Les 3 coupables passent devant sa grand-mère restée dans le pick-up, et la laissent tranquille. Une fois ces drôles de gugusses disparus, elle descend de voiture, et appelle la police depuis le salon. Puis elle demande à Shayla, sa petite-fille, de venir la chercher.

Ça fait plaisir de voir qu'Alex de Campi continue d'écrire ses petites histoires sans conséquence, avec une bonne dose de gore, de monstres improbables et de réparties bien senties. Ça fait encore plus plaisir quand elle bénéficie d'un dessinateur de renom : R.M. Guéra, l'artiste qui a illustré la série Scalped de Jason Aaron (à commencer par Indian Country). Dès la première page, le lecteur constate que Guéra a accordé la même attention pour ce récit court que pour la série Scalped. Les lieux sont impeccables, qu'il s'agisse d'un extérieur sous la neige, ou d'un intérieur avec le détail de l'aménagement de la pièce (tapis, meubles, pot de fleurs, table basse, etc.).

Le lecteur éprouve l'impression d'être sur place : dans une salle de bains, dans un diner, ou dans une grange. Il a l'impression d'entendre la neige crisser sous les pieds des personnages. Il voit la masse imposante du traîneau trainé par 2 chevaux. Comme dans Scalped, les visages sont légèrement burinés, avec les marques du temps inscrites dans la peau, et les morphologies sont réalistes. le dessinateur a pris le temps de concevoir et de représenter des vêtements adaptés aux conditions climatiques, et accordés aux personnages. La cane de la grand-mère dispose d'une poignée finement ouvragée, la marque d'un artisan soigneux et doué, mais aussi la marque d'un choix d'une personne avec des goûts affirmés.

La scénariste a construit une trame de scénario assez basique, comme pour l'ensemble de ces récits estampillés grindhouse. Il ne s'agit pas de bâtir une intrigue complexe, ou une enquête cérébrale. Il s'agit de mettre en scène des personnages qui se battent contre un monstre, ou qui se vengent d'un forfait particulièrement cruel. En 2 épisodes, de Campi réussit à donner une personnalité réelle à Shayla et à la grand-mère, ainsi qu'une dimension tragique à l'une comme à l'autre, du fait d'une vie qui les a marquées. le suspense repose sur la confrontation inéluctable avec les 3 gugusses qui dessoudent les braves gens du coin. Grâce à Guéra, ces 3 entités deviennent l'incarnation surnaturelle de la mort, avec une présence digne des meilleurs livres de Stephen King. Bien sûr, ils parsèment leur passage de cadavres éventrés.

À nouveau les compétences de dessinateur de Guéra font des merveilles pour donner une apparence vraiment horrifiques à ces boucheries. Les manifestations surnaturelles flanquent les jetons par leur aspect impitoyable. Lorsque Shayla regarde par une fenêtre et voit une famille massacrée, le lecteur ressent toute l'horreur de ces éviscérations sanglantes. L'artiste transforme une histoire linéaire et basique en une survie pour exister face à des forces immémoriales et sans pitié. Les dessins donnent une épaisseur peu commune aux personnages, aux environnements et aux tensions, jusqu'à en faire ressortir l'élan vital. 5 étoiles pour un récit de genre Gindhouse qui tient toutes ses promesses, des plus noires aux plus humaines.

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- Blood lagoon (dessins et encrage de Chris Peterson, mise en couleurs de Nolan Woodard) – Wayne (une femme blonde, avec un bandeau sur l'oeil droit) emmène Garcia (le shérif du coin) voir son père dans une maison isolée. Ce dernier est vautré sur son canapé, à descendre des bières et à bouffer des nouilles. Il accueille avec fraîcheur son fils. Il refuse l'entrée de sa maison à Wayne parce que c'est une femme de couleur. L'après-midi va être longue. L'invasion de tiques géantes amène un peu de divertissement, mais elles ont la fâcheuse attitude de se repaître du sang des vivants.

C'est le grand retour de Wayne ! Qui ça ? Mais si la dame avec une attitude qui avait réglé leur compte aux abeilles tueuses dans le premier tome. Ce n'est pas grave, elle rappelle elle-même l'histoire en quelques mots, et on passe à la suite. Pour le deuxième récit de ce recueil (toujours en 2 épisodes), Alex de Campi reprend un de ses personnages dures à cuire et la met face à une nouvelle invasion de monstres pas beaux qu'il s'agit d'exterminer, de préférence en les faisant exploser. Tout l'enjeu est donc de trouver des armes à feu, de tirer un maximum de cartouches, et de trouver comme enrayer l'invasion.

Le début est assez déconcertant, car la scénariste fait bien son boulot, et le lecteur se retrouve aux côtés de Wayne et Garcia, face à l'accueil puant du paternel de Garcia. Non seulement il est ouvertement raciste, mais en plus il est homophobe jusqu'à la moelle, et il ne s'aime pas au point de se négliger à un point morbide. En face, son fils se sent une obligation morale de lui rendre visite et de supporter ses humeurs quoi qu'il lui en coûte. Il lui en coûte d'ailleurs beaucoup car il se trouve qu'il est homosexuel et qu'à son âge (environ quarante ans), il n'a toujours pas trouvé comment en informer son père. Il lui en coûte également parce que les remarques homophobes de son père ont pulvérisé son amour propre, jusqu'à un stade proche de la dépression.

À côté de cet aspect relationnel assez juste, le lecteur observe le personnage de Wayne, une bad girl jusqu'au bout des ongles. Aucune nuance ou sensibilité à chercher de ce côté-là, juste une capacité pour la violence et pour l'extermination. de Campi met la dose, puisque la scène finale voit cette dame se mettre en culotte et soutien-gorge pour plonger dans un étang de sang afin d'exterminer le monstre. Tout cela est narré de manière premier degré, sans même avoir à cherche une quelconque allégorie avec le sang, de Campi jouant le côté bête et méchant des tiques géantes suceuses de sang.

Pour mettre en images cette histoire à 2 vitesses (relation avec le paternel / extermination de bestioles), Chris Peterson revient, car c'est déjà lui qui avait dessiné la première histoire de Wayne. La comparaison avec R.M. Guéra est cruelle. Pas trop au début, parce que Peterson dessine de manière descriptive, avec un trait un peu lâche, des segments de contours pas toujours exactement jointifs, mais une bonne capacité à évoquer les bâtiments à un étage d'une petite ville de campagne américaine, des gens en jean et T-shirt ou Marcel, un barbecue de fortune, une nature toujours en lisière de l'activité humaine, toujours un peu polluée. le premier chapitre est vraiment sympathique avec ces dessins transcrivant bien le côté redneck et bouseux de l'environnement.

Arrivé au deuxième épisode, il est temps de passer aux scènes de populace en fuite et d'extermination de monstres à gogo. Alex de Campi est plutôt en forme, avec un second degré agréable, du monster truck, à cette immersion littérale et délirante de l'héroïne dans un bain de sang. Par contre, Peterson choisit d'appuyer le second degré avec des dessins n'hésitant pas à caricaturer les expressions, et à gonfler la poitrine de Wayne. le lecteur se retrouve face à un récit qui prend un virage dans la parodie franche et massive, en décalage avec la sensibilité initiale de la relation père-fils.

Ce deuxième récit emploie également les conventions d'un récit grindhouse. La comparaison entre R.M. Guéra et Chris Peterson n'est pas à l'avantage de ce dernier, surtout quand il change de ton narratif arrivé à mi-parcours. le récit d'Alex de Campi est plus nuancé dans sa première partie que dans la deuxième. le finale grand guignol finit par neutraliser toute nuance, au profit d'une grosse farce manquant d'intensité et d'originalité. 3 étoiles.
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