Un vertige violent le fit vaciller. Il s’appuya à la balustrade. Le produit était en train de monter au cerveau. Et de là, très vite, il allait redescendre dans l’engin. Tandis que le cocktail érectile commençait à faire son effet, un joyeux sentiment d’invincibilité l’envahissait. Tout le monde disait d’y aller mollo, tout le monde disait qu’on dansait au bord du volcan, tout le monde craignait que les choses changent d’un moment à l’autre. Tout le monde déblatérait sur le spread, la révision des dépenses publiques, la moralité… et bordel ! L’Italie ne changera jamais. Nous serons toujours en haut, et les misérables en bas.
Il avait grandi dans le mythe de la révolution nationale fasciste, il s'était endurci en cognant les rouges au lycée, il était passé aux braquages pour financer le groupe, la prise de pouvoir, l'extermination des juifs et des communistes. Un jour, il vit mourir son meilleur ami sous le plomb des condés. Lui-même n'en réchappa que par miracle. Les flics le dénichèrent. Un salaud avait balancé. Samouraï l'apprit par hasard, par un camarade facho qui fréquentait la même salle de gym que certains superflics des groupes d'intervention. Il se prépara à mourir dans l'honneur.
[...] Pour quelle raison le parquet devait s’en prendre à ceux qui travaillaient pour procurer pain et travail à une ville durement frappée par la crise ? Ce n’était quand même pas un délit de bâtir des maisons et des ports. Qui les croirait s’ils essayaient d’expliquer qu’il n’y aurait pas d’expansion mais de la corruption, pas d’emplois mais de l’esclavage.
[...] Tu veux changer le monde. Mais le monde ne se change pas. Il se gouverne.
[...] Ce qui était en jeu, c’était une guerre de la pègre comme on n’en voyait plus depuis longtemps à Rome.
[...] Un vieux machin vorace du facholand du bon vieux temps romain qui, en raison de son aspect gélatineux et de son absence totale de scrupules, avait gagné le surnom de Jabba, le batracien criminel de la Guerre des Étoiles.
[...] Ils vendent la dope des Anacleti et se prennent pour les rois du monde. Dommage que ça soit que des pauvres cons. Mais je vous l’ai dit. C’est plus Rome, ça. Même les oiseaux y sont devenus mauvais. L’autre jour, là devant, une mouette s’est bouffé un chat tout vif.
[...] Comme si cette ville n’était pas en mesure de progresser sur ses ruines, mais seulement de les entasser les unes sur les autres.
Il eut un geste pour la toucher mais elle se rétracta, indignée, sans lui permettre même de l'effleurer.
- Ne me touche pas, ne t'y risque pas!
- Tu as raison, excuse-moi.
- Et arrête de t'excuser.
- Oui, excuse-moi!
Tu n'es pas une mauvaise personne, Marco. Mais tu as un problème. Un gros problème. Tu ne sais pas de quel côté te mettre. Avec ceux qui cognent ou avec ceux qui encaissent. Tu n'arrives pas à te décider. Alors tu es un peu d'un côté et un peu de l'autre. Et ça veut dire que tu n'es nulle part.