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EAN : 9782203040687
120 pages
Casterman (09/05/2012)
3.47/5   18 notes
Résumé :
Mehdi et Soraïa, frère et sœur, survivent au sein d’une famille très pauvre de la région du Rif, au Maroc. Mais un coup du sort – la destruction par la police des plantations de haschich, unique ressource locale – contraint la famille à vendre Soraïa à des bourgeois de la grande ville de Tetouan. Une destinée qui n’a rien d’enviable : surexploitée, humiliée, battue et en butte à la lubricité de son patron, la jeune fille devient vite l’une de ces esclaves modernes q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Récit bouleversant autour des « petites bonnes » du Maroc, ces très jeunes filles de la campagne vendues à des couples de bourgeois urbains qui les emploient comme bonne à tout faire. Soraya fait partie de celles-là. Sa famille a du mal à vivre, la culture de kif ne rapporte pas suffisamment de ressources, elle est contrainte de partir à la ville où on lui a promis qu'elle irait à l'école. A l'arrivée c'est une toute autre histoire : d'abord émerveillée par le confort de l'appartement, Soraya découvre très vite la cruauté de sa patronne qui la bat comme plâtre, la lubricité de son patron qui profite des absences de sa femme pour assouvir ses désirs. Réduite à l'esclavage elle vieillit avant l'heure.
Son frère s'inquiète de ce départ, et décide d'aller à la ville pour la retrouver. Mais en chemin il rencontre des fondamentalistes religieux haineux et violents qui tentent de le détourner de sa quête (quel intérêt de vouloir porter secours à une femme, créature du diable et cause de tous les malheurs d'un homme ??). Blédard perdu dans la grande ville, il finit tout de même par revoir sa soeur, mais ne pourra rien faire pour elle.
Très beau dessin, un soin particulier apporté aux couleurs. Un climat d'inquiétude et de violence. le sujet est bien traité, ni complaisant ni larmoyant. Un choc.
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Le Belge Renaud de Heyn, auteur de Soraïa, est versé dans les carnets de voyages qu'il a rapportés des quatre coins du monde et qu'il publie sur le site Grandpapier. Son style, plus proche du croquis, nous éloigne du style académique de la bande-dessinée, parfois un peu trop rhétorique et asservi à la démonstration que la bande-dessinée est « un art comme les autres ». R. de Heyn parvient à accommoder sa technique au récit, qui n'est pas ici de fiction, mais plutôt une sorte de portrait-charge de la société marocaine. Soraïa est en effet une jeune paysanne marocaine vendue comme bonne à une famille bourgeoise citadine, et que son frère veut sauver des griffes de ses nouveaux maîtres. Cette démarche aventureuse pour un jeune paysan qui ne connaît pas les règles s'appliquant au-delà de son village du Rif, où la culture du cannabis est un moyen d'enrichissement plus efficace que l'élevage des chèvres, instruit le lecteur des aspects les moins reluisants de la société marocaine.

Les représentants d'un islam « intègre » croisés par le jeune paysan au cours de son périple, tirent de cette traite de jeunes filles paysannes (plusieurs dizaines de milliers seraient concernées) un argument de mobilisation contre la corruption des élites marocaines citadines « occidentalisées ». C'est ici un aperçu sur un islam activiste proche des méthodes et arguments de la théologie de la libération marxiste en Amérique du Sud. L'athéisme, qui revêtait dans les mouvements révolutionnaires ouvriers en Europe un aspect contestataire des valeurs bourgeoises, n'a pas de prise sur des consciences paysannes pour qui l'athéisme est au contraire une valeur bourgeoise.

Cette BD n'est pas sans rappeler la charge plus violente encore de certains artistes contre la traite similaire que subirent de jeunes paysannes issues des provinces françaises au XIXe siècle du fait de la bourgeoisie industrielle (en particulier Forain).

Le cas des jeunes Africains sans ressources ni emplois qui franchissent la Méditerranée pour vendre leur force de travail à l'étranger n'est pas abordé ici, mais on ne peut s'empêcher de penser que, décidément, l'ère industrielle rime avec esclavage.

R. de Heyn se contente de rapporter des faits et de les mettre en scène, sans militer dans un sens ou un autre. Sa BD est plus neutre que d'autres, sur le sujet des « révolutions arabes », qui traduisaient une vision occidentale assez manichéenne de ces révolutions, masquant le lien entre les politiques économiques occidentales et maghrébines.

Il ne faut pas s'étonner du caractère utopique ou religieux des mouvements révolutionnaires, dans la mesure où le plan social, dès qu'on l'étudie de près, apparaît limité à des rapports de domination ou de soumission, plus ou moins consentis par tous.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Cette histoire dénonce les travers de la société marocaine à travers une fille qui est vendue à une famille pratiquant l'esclavagisme. Son frère va tenter un long périple pour la sauver. Il sera confronté à l'intégrisme religieux le plus haineux qui soit.

Bref, ce récit ne montre pas la société marocaine sous son meilleur jour. du coup, j'ai un peu la crainte que l'oeuvre soit rejetée sous couvert d'un racisme rampant.

Pourtant, le traitement est parfaitement neutre et le propos est juste. C'est très dur par moment avec une fin assez poignante. L'auteur évite tous les clichés du genre dans une démonstration plutôt réussie. Il faut savoir que cela existe et accepter l'idée que chaque pays peut avoir ses problèmes internes.

J'ai bien aimé cette histoire malgré quelques temps morts et un graphisme pas spécialement de toute beauté. Cependant, cette oeuvre interpelle et c'est bien le principal.
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il s'agit là d'une BD dans laquelle un jeune homme Mehdi, va tout faire pour retrouver sa soeur Soraïa vendue à des bourgeois de la ville. Très belle histoire mais aussi très triste dans laquelle on peut voir un grand amour d'un frère pour sa soeur mais aussi les viols répétés de la jeune fille et la maltraitance qu'elle subie.
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Soraïa est une bande-dessinée très forte qui met en scène les conditions de vie des "petites bonnes" au Maroc. Vendues par leur familles paysannes à des bourgeois de la ville, ces jeunes filles sont traitées comme des esclaves et souvent très mal traîtées (violées, battues...). Leur maigre salaire est directement envoyé à leur famille qui ne peut pas vivre sans.

Dans cette BD, Mehdi ne supporte pas de savoir sa soeur à la ville. Malgé ce qu'on lui dit, il se doute bien que quelque chose ne va pas. Il décide alors de partir sur les routes pour aller la chercher, même s'il n'a jamais été à la ville et qu'il ne pourra finalement rien pour elle.

Pendant ce long trajet, d'autres thèmes sont évoqués à travers les rencontres qu'il fera : le trafic de drogue, l'islam intégriste.

Parallèlement, le lecteur suivra Soraïa qui, effectivement, ne vit pas du tout aussi bien que ce que sa tante lui a laissé croire.

C'est une bande-dessinée très intéressante et enrichissante sur ce phénomène des "petites bonnes" dont on entend peu parler. A la fin, un petit topo explique où en sont les lois aujourd'hui. Cela dit, à part la splendide couverture, je n'ai pas du tout aimé le dessin de cette BD, j'ai donc eu beaucoup de mal à m'y accrocher et à rester concentrée pendant la centaine de page. Dommage car le propos est intéressant.
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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critiques presse (3)
BoDoi
04 octobre 2012
[Le] manque de mesure, qui touche tous les niveaux du récit, dessert le sujet, sérieux et dramatique, du statut des petites bonnes au Maroc.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Auracan
22 août 2012
[…] Une histoire proprement incroyable où la réalité dépasse, hélas, la fiction.Bel album, dur, bouleversant où la candeur de cette jeunesse vole bien malheureusement en éclats.
Lire la critique sur le site : Auracan
ActuaBD
11 mai 2012
Après un début très lent, voire déstabilisant, Soraïa se dévoile crescendo, plein de surprises, suscitant une désagréable sensation d’injustice. Après avoir exploré l’autobiographie et l’adaptation littéraire, ce cri humaniste consacre Renaud De Heyn comme un auteur incontournable.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Plus je voyage, plus je m'éloigne géographiquement du Maroc, plus ce pays, sa lumière, ses odeurs, ses contradictions, ses incohérences, ses bruits, sa musique, sa beauté, me manquent. Un psychanalyste dirait que c'est l'aveu d'une relation compliquée.
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