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Je le vois descendre de la montagne, le regard vidé de sens, vidé de vie. Un montagnard solitaire, berger à ses heures perdues, qui recherche aux sommets de ses alpages la quiétude, le bien-être, cette sensation de tutoyer les dieux. Dieu, il en sera question, Elohim, tout là-haut, comme une rencontre divine qu'un vent a ramené jusqu'à ma conscience.

Là-haut, l'alpiniste y trouve ce vent teinté d'un profond silence, propice à la réflexion. Là-haut, où qu'il soit, sur le sommet alpin qui se dresse devant sa minuscule personne, il ferme les yeux, se retrouve au Mont Sinaï, et entends des voix, les paroles divines, le décalogue murmuré par le vent.

Là-haut, je ne me suis pas senti à mon aise, pas une question de vertige. En fait, je ne sais pas quelle sensation j'allais éprouver. Me mesurer à la grandeur de la Nature, certes. Mais me mesurer à Dieu, Elohim. Croiser des brebis, des chamois, le Dahu, certes. Mais rencontrer Abraham, Moïse, ce gars de Nazareth…

Là-haut, j'y cherchais la poésie d'Erri de Luca, des moments intenses de silence et de beauté. Je l'ai trouvé dans les premières pages, les tous premiers mots, je m'étais mis en condition pour grimper vers le sommet et découvrir petit à petit la forêt se clairsemer. J'étais prêt à survoler les nuages, dominer la vallée embrumée, sentir les pins et le silence d'un pic. Mais finalement, je n'étais pas prêt à cette montée d'altitude. le Mont Sinaï est loin, je n'ai pas la culture hébraïque nécessaire à la compréhension de ce court récit de poésie biblique. Je ne connais que le silence de la vie.
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Et il dit...
Je suis restée sourde à ses paroles. Moi, la mécréante, je n'ai pas entendu les mots d'Erri de Luca. Je n'ai pas partagé ses images. Pourtant son verbe est beau. Et la poésie légère, soufflée par le vent des montagnes. Mais au bout d'une trentaine de pages, le vertige m'a prise et je suis retombée attirée par le vide. La parole biblique et toutes les tentatives de traduction m'ennuient. Tant pis pour moi...
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Erri de Luca se laisse pénétrer par le vent qui porte la parole et il retranscrit ce qu'il a entendu, donnant vie aux mots par son souffle, ce que fait également tout lecteur à l'écoute du celui qui lui parle à travers les livres, ce que fait Moïse qui entend à travers les nuages la voix d'Elohim lui dicter les dix commandements qui seront gravés par le feu. «L'échange d'énergies passait entre la montagne et le ciel» p 82

«Quand l'écriture se débarrasse de son auteur, elle appartient à celui qui la lit et fait de chaque lecteur suivant son héritier direct.» 

Ainsi en est-il de tout texte dont ceux qui composent la Bible. Et chaque interprétation enrichit la précédente et la suivante.

«Et il dit» est inspiré par l'écoute, c'est un long poème, une suite que le vent joue à travers la poussière qu'il transporte, pleine des résidus venus de temps immémoriaux, du temps où la transmission se faisait oralement autour d'un feu. C'est de là que viennent les textes de la Bible, vent et poussière, feu du ciel et des campements nomades. Et le vent les porte vers les générations futures «L'assemblée du Sinaï transpirait de futur. Avec eux, les lèvres serrées, chantaient les assemblées à venir».
Encore faut-il accueillir avant de transmettre.
«Les paroles pénétraient dans les corps en se frayant un chemin entre les viscères, elles parlaient de l'intérieur....Le vent d'une voix à écouter se plantait dans leur corps» p 81

Et pour que le feu des paroles ne se perde pas totalement, il leur faudra la force de transmission véhiculée par les lettres qui «se sont chargées de l'énergie du Sinaï et la prolongeront».
«Le judaïsme a été pour moi une piste caravanière de consonnes accompagnées au-dessus et au-dessous de la ligne par un volettement de voyelles. Entre une ligne et l'autre, dans l'espace blanc, c'est le vent qui gouverne.» p 103
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Un homme est parti seul dans la montagne depuis longtemps, depuis si longtemps que les hommes qui l'attendent désespèrent de le voir revenir. Ils étaient prêts à lever le campement lorsqu'ils le trouvèrent épuisé, sans mémoire.
Un alpiniste solitaire? Un homme qui a sorti son peuple d'Egypte où ils étaient esclaves.
Avec une écriture comme toujours magnifique, Erri de Luca qui "partage le voyage du judaïsme" fait revivre Moïse lorsqu'il reçoit les tables de la Loi.
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Il y a très longtemps que j'avais noté que je voulais lire ce livre. Je l'ai lu aujourd'hui en moins d'une heure après avoir entendu une conférence d'Erri de Luca en forme de master classe en début de semaine. J'ai retrouvé dans ce livre certaines idées qu'il a partagées durant la conférence et aussi des réponses à des questions que je me posais sur lui.
"Et il dit" est l'une des premières paroles de la Bible, dans le livre de la Genèse. C'est celle de l'acte créateur et de la parole agissante. Là ce terme s'applique au moment où le peuple juif reçoit les dix commandements, dans le livre de l'Exode. Et cette parole est aussi écriture car les commandements s'écrivent dans la roche sous les yeux des Hébreux.
Avant d'arriver à ce passage, pendant vingt-cinq pages, nous sommes en présence de Moïse, même s'il n'est pas nommé. C'est un berger, un meneur d'hommes qui a rencontré Dieu et cette rencontre ne le laisse pas indemne. Il ne veut plus vivre, mais tout d'un coup il se met à parler au peuple hébreu. Et là Erri de Luca reprend chacun des dix commandements et sa traduction et son interprétation sont bien plus larges que ce que l'on entend habituellement. Sa narration englobe toute l'histoire du peuple juif. Il y a des événements antérieurs à cet épisode avec Adam et Eve, Caïn, Abraham ou Isaac. Mais aussi des éléments postérieurs avec David, d'autres auteurs de psaumes ou un passage de l'Evangile, et même des références contemporaines, avec l'évocation de la Shoah.
Cet épisode central des dix commandements (qu'il faudra que je relise en le comparant avec le texte habituel du Décalogue) est suivi de deux petits textes, comme dans d'autres oeuvres d'Erri de Lucas où des chansons ponctuent parfois le déroulement. le premier texte "Adieu au SInaï" - au passage, j'ai appris que le SInaï et l'Horeb sont la même montagne - relate comme une nouvelle création ou un retour au paradis puisqu'après avoir reçu les commandements, le peuple voit toutes ses blessures guérir.
Le deuxième texte précise comment Erri de Luca se situe vis-à-vis de judaïsme : il est "en marge du campement", comme s'intitulent ces trois pages. Il suit l'histoire du peuple juif, il l'étudie, il en est pénétré, mais il ne va pas jusqu'à se poser la question de la foi. En même temps que ce livre, je lis "Jours de Royaume" de Marie-Laure Choplin. Et elle a une belle phrase pour parler d'Erri de Luca, tout à fait en résonance avec ce que je viens d'écrire :" Comme longuement le fait Erri de Luca. Lire et laisser pour plus tard ou pour jamais la question de croire."

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Très intéressante, cette revisite contemporaine des dix commandements. "Tu ne voleras point", "Tu ne tueras point" ... Un court récit poétique et spirituel, inondé de lumière, et un portrait de Moïse ardent et efficace.
«Il était heureux dans le vent, il l'accueillait, à l'écoute. Il était de ceux qui saisissent une phrase là où les autres n'entendent que du vacarme. Par la gorge tendue d'un lion, dans une rafale, dans une avalanche, dans un coup de tonnerre, il reconnaissait le son d'une voix. Tout en l'écoutant, il la lisait aussi, écrite et couchée. Celui qui voit un fleuve regarde le sens dans lequel il coule, vers où il descend selon le courant. Mais l'avenir d'un fleuve est à sa source. Lui regardait du côté de l'origine du vent. Son nez droit coupait comme une proue le souffle et les nuages.»
Le texte est court, mais l'enseignement sur l'histoire de l'Egypte notamment, y est riche.
Avec du recul, c'est un livre que j'ai lu trop vite, survolant les passages abstraits, et suis, de ce fait, passée à côté de la dimension spirituelle de cet écrit.
Ce livre est à aborder, à mon sens, comme une méditation; elle doit bénéficier de toute l'attention du lecteur, pour que l'envolée spirituelle puisse être au rendez-vous.
À bon entendeur ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Un homme est retrouvé épuisé après avoir marché plusieurs jours au sommet d'une montagne. Cet alpiniste semble avoir perdu la raison et la parole. Au campement, il reprend des forces puis décline un à un les dix Commandements.

Ce livre d'Erri de Luca est très différent de ce j'avais pu lire de cet auteur auparavant. Il s'agit aussi d'un livre qui offre aux mots leurs sens les plus profonds. Avec une écriture toujours aussi ciselée, l'auteur reprend les dix Commandements de l'Ancien Testament. Les hommes et les femmes du campement écoutent cet alpiniste revenu miraculé. Chacune de ses paroles est chaque parole est riche de sens. L'alpiniste , figure de Moïse, ne se fait pas moralisateur ou imposteur mais interprète les écrits. La poésie alliée à une certaine philosophie (ou sagesse) frappe en plein coeur ! le mot comme analysé donne sa quintessence à ces textes religieux. Comment ne pas être touché par la description de ces hommes et de ces femmes qui écoutent l'alpiniste, qui boivent ses paroles ?


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/06/erri-de-luca-et-il-dit.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Au début, j'ai beaucoup aimé l'histoire de cet homme, de cet alpiniste chevronné, qui redescend d'un sommet complétement épuisé et perdu. Les phrases d'Erri de Luca sont de petits bijoux de simplicité et de force.

Et puis, l'histoire devient confuse, et je me suis perdue dans cette longue divagation sur les Dix Commandements, une divagation trop hermétique pour l'athée, pour l'inculte que je suis. Tant pis !
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Dans un style narratif très poétique, Erri de Luca se livre, avec ce roman, à une sorte d'exégèse de la transmission des dix commandements à Moïse.
Une réflexion stimulante sur ces commandements mais aussi sur le peuple juif en transhumance dans le désert. Quelques passages délicieux sur la différence entre les hommes et les femmes avec référence aux premiers d'entres-eux Adam et Eve…
Un excellent moment de lecture pour tous ceux, érudits ou non, qui s'intéressent à la Bible…
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Un début qui part léger, empreint de poésie comme des ailes d'anges se faufilant au "bord de la frontière entre le fini et l'immense", là où le sommet de la montagne survolant une calotte de blancs nuages permet d'accéder au divin.
"Je suis Adonai (Yod) ton Elohim".
Une voix résonne au creux de l'oreille de l'alpiniste. Vertige. Vide. Effroi. Il est le meilleur grimpeur. le vent se lève.Sa mémoire se trouble.
"Qui suis-je?"
Pris plus de cinq semaines dans la tempête son frère le redescend, déshydraté, confus dans le campement dont il est le berger. Sa compagne Hirondelle l'entoure de ses bons soins et les souvenirs reviennent peu à peu.
Et là, pour moi légère déception, après ce début quelque peu fantastique, où le doigt de Dieu dessine des lettres sur une muraille, le lecteur bascule dans l'histoire de Moïse et du peuple hébreux.
On se souvient du Pharaon qui fait jeter les enfants mâles israélites dans le Nil.
On se souvient de la fille du Pharaon qui sauve Moïse des eaux.
On se souvient du passage miraculeux de la Mer Rouge.
On se souvient du peuple Juif dans le désert.
On se souvient de la manne céleste envoyée par Dieu pour les nourrir alors que Moïse les a conduit au pied du Mont Sinaï.
On se souvient que Moïse invoque Dieu durant quarante jours puis ramène les Tables de la loi écrites du doigt de Dieu.
Erri de Luca, lui aussi, avec beaucoup de sagesse et de spiritualité,se souvent de tout ça et des dix commandements aussi, puis confie au lecteur qu'il est le "gher", l'étranger,il suit la caravane et "partage l'aube avec celui qui se tait et écoute".
Malgré quelques formules lumineuses comme des "paroles scandées à gouttes de syllabes", je préfère de loin la leçon de vie de: le poids du papillon ou l'enchantement de ses romans: Montedidio (prix Fémina étranger 2002) et le jour avant le bonheur.
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