AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782072860829
176 pages
Gallimard (20/08/2020)
3.9/5   1243 notes
Résumé :
Traduit de l'italien par Danièle Valin

On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l'immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d'une rencontre avec un cerf au franchissement d'une forêt déracinée par le vent.
Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l'alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même grou... >Voir plus
Que lire après ImpossibleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (272) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 1243 notes
« Permettez-moi de vous citer un vers de Phèdre de Racine : Ma vengeance est perdue, S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue. » (page 45)

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé l'écriture d'Erri de Luca et je remercie les Editions Gallimard ainsi que Babelio de m'avoir permis(e) de me replonger dans ses réflexions philosophiques et métaphysiques. Ce qui me subjugue chez Erri de Luca, c'est l'aisance avec laquelle il fait de son style si dépouillé, si fluide, une véritable quête des profondeurs de la psyché humaine.

Un homme âgé, ancien militant de la cause révolutionnaire, passionné de haute montagne, alpiniste chevronné, s'engage sur le chemin escarpé d'une Vire dans les Dolomites en prenant soin de ne pas trébucher. Loin devant lui, à son insu, un autre homme, le précède. Ce dernier n'est autre qu'un ancien militant du même groupe révolutionnaire, à ceci près qu'il a dénoncé, auprès de la police, un certain nombre d'activistes dont notre homme âgé qui s'est retrouvé incarcéré quarante années plutôt. Assistant au loin à la chute de ce supposé inconnu, l'homme âgé alerte les services de secours.

« Impossible » une telle coïncidence, un tel hasard aux yeux du magistrat qui va tenter de faire « trébucher » l'accusé tant il reste persuadé de sa culpabilité avec préméditation.

De cette confrontation à huis-clos à laquelle l'auteur nous convie et des interactions qui en découlent entre le juge et l'accusé, une profonde réflexion s'installe entre le lecteur et l'auteur, c'est ce que j'ai le plus apprécié. Je me suis sentie très proche d'Erri de Luca. Il parvient à créer une proximité, une intimité avec son lecteur propice aux confidences. Son écriture abolit toutes les barrières et c'est de cette sensation de partage, le temps de la lecture, de ses propres pensées sur l'engagement, la fraternité, la fragilité de l'être humain qui m'a rendu cette lecture fascinante. Son questionnement rentre en résonnance avec le mien notamment sur la supposée neutralité d'un juge d'instruction (je pense au juge Burgaud dans l'affaire d'Outreau) comme sur l'emploi du « mot juste » pour éviter les malentendus, règle qui se perd aujourd'hui tant les mots sont remplacés par du franglais ou des anglicismes. Mais dans un débat duquel dépend votre avenir, l'utilisation du mot juste prend tout son sens.

Et il y a ces quelques lettres écrites à « Ammoremio » qui viennent comme un papillon se poser entre les chapitres dédiés à l'interrogatoire, des lettres d'amour, où est citée une très belle phrase de Léonardo Sciascia « Il écrit que la vérité est au fond du puits. Si on se penche, on voit le reflet du soleil ou de la lune. Mais si on descend dans le puits, on ne trouve ni l'un ni l'autre. On trouve la vérité. C'est ainsi, il faut descendre ou tomber dedans. le magistrat par exemple m'interroge de l'autre côté de la margelle. Il ne descend pas, il se penche tout au plus. »

Petit livre intelligent comme je les aime parce qu'il bouscule nos neurones et dont il se dégage une grande richesse de réflexions proposées par un homme de talent qui pose son regard sur sa destinée et dont l'esprit est en perpétuel questionnement. C'est un livre que je relirai.

« La langue est un système d'échange comme la monnaie. La loi punit ceux qui impriment de faux billets mais elle laisse courir ceux qui écoulent des mots erronés. Moi, je protège la langue que j'utilise ». (page 113)
Commenter  J’apprécie          14831
Il fait partie de " la génération la plus poursuivie en justice de l'histoire d'Italie. " Aujourd'hui il est accusé d'avoir tué un de ses anciens camarades membres d'une organisation révolutionnaire armée pour l'avoir dénoncé, lui et d'autres, dans le but d'obtenir une réduction de peine et une remise en liberté. Au jeune juge convaincu de sa culpabilité, il explique pourquoi ce meurtre de vengeance est impossible. Pourquoi aussi il est en mesure de repousser des accusations plus que lui le juge ne l'est de les étayer.

Erri de Luca comme souvent fait appel à ses expériences personnelles et à ses passions pour construire son oeuvre. Ici il associe son passé d'activiste politique à la montagne, dont il est un pratiquant chevronné, pour livrer une réflexion sur la fraternité, sur l'engagement révolutionnaire, sur l'impossible vengeance d'une trahison liée à un temps révolu. Un livre, alternant une passe d'armes remarquable entre le juge et l'accusé et des lettres d'amour, certes moins poétique que d'autres oeuvres de l'écrivain italien mais néanmoins d'une grande sensibilité.

" Prendre connaissance des événements d'une époque à travers les documents judiciaires c'est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang. "
Commenter  J’apprécie          1114
Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour ce roman de la collection "du monde entier", petit par le format mais grand par son contenu et son auteur : Erri de Luca. Impossible est un roman qui fleure bon les vacances et le dépaysement ( même si c'est un sujet sérieux ) avec sa superbe vue des Dolomites et quelques mots d'italien qui essaiment le roman, merci à la traductrice.
Dans ce roman un homme est soupçonné de meurtre, coupable, non coupable ? C'est ce que nous allons essayer de découvrir. À travers cette histoire, deux portraits très intéressants et une analyse du vingtième siècle et vingt-et-unième siècle où l'homme est passé du collectivisme à l'individualisme.
Le suspect a vécu sa vie suivant ses idéaux, a fait de la prison mais ne s'est jamais renié et n'a pas trahi ses camarades. Il est malin, joue avec les mots, mène la danse par sa sagesse et sa maturité.
Le magistrat est jeune, croit à la justice et va entrer dans cet espèce de bras de fer, il est intrigué par ce prévenu, témoin d'une autre époque, porteur d'autres valeurs.
Quant à la victime, elle a trahi tout son groupe et ses amis pour rester libre, a-t-il fait une chute en montagne où a-t-il été poussé.
Erri de Luca nous sert un récit intelligent, une critique de notre société sans jugement des personnages.
Avec son jeu du chat et de la souris, Erri de Luca nous laisse réfléchir à nos propres valeurs, un excellent roman et de belles pensées comme toujours avec cet auteur.

Rentrée littéraire 2020
Commenter  J’apprécie          1074
Encore…un petit trésor que ce dernier ouvrage traduit d'Erri de Lucca, dont j'apprécie infiniment le style, la simplicité et la force de ces récits. Ce dernier ne fait pas exception ; Un texte court et d'une intensité toujours époustouflante !

Ce dernier opus d'Erri de Luca que je souhaitais lire dès sa parution…a été détrôné très momentanément. Je me souviens qu'un autre ouvrage a capté toute mon attention dans l'instant et a reporté momentanément mon élan. …Voilà, je répare mon retard !!

Le narrateur (comme un double de l'écrivain) se trouve accusé d'un homicide ; homicide d'un ancien ami de lutte qui a trahi…ses camarades. le narrateur, passionné par la montagne, fait une escalade, voit de loin un homme qui le précède dans cette marche… Notre « héros » progresse dans sa grimpe, et découvre cet homme au fond d'un ravin, il appelle , prévient les secours… et il se retrouve emprisonné ; le mort , dans la montagne, étant un de ses grands amis de lutte et de militantisme… qui deviendra un traître et fera basculer la vie de ses compagnons en les dénonçant, en les envoyant en prison. le magistrat, en charge de cette affaire, devant ce hasard des plus incroyables , est convaincu que cela ne peut pas être une simple coïncidence, qu'obligatoirement, notre héros est « coupable », a voulu se venger de cette trahison ancienne. Il s'acharnera à le faire avouer, à le pousser dans ses retranchements. Les interrogatoires tout à fait étonnants du magistrat envers le « présumé coupable m'ont fait étrangement songer à un autre face à face , redoutable et ambigü ; Je voulais nommer le film de Claude Miller (1981) interprété par Lino Ventura et Michel Serrault, « Garde à vue »

A ces interrogatoires incroyables, déroutants, alternent les lettres qu'il écrit à la femme qu'il aime… L'occasion de parler, réfléchir, discuter de thèmes chers à l'écrivain : La beauté de la Montagne, La Nature, l'engagement politique, l'idéal premier du communisme, la fraternité dans le partage des convictions, la mort, la liberté, le sens et la valeur que l'on souhaite donner à son existence, l'amour, le silence, le refus d'obéissance et de soumission à un gouvernement, la colère des injustices sociales, les méfaits du capitalisme…La foi, l'Amitié, et cette passion de la nature, de la montagne qui fait oublier la folie des hommes…

Un style sobre , élégant, efficace, poétique qui va à l'essentiel, à l'universel d'un parcours d'homme… Toujours de magnifiques passages pour parler de cette Montagne…tant chérie par Erri de Luca !

« La montagne, immobile par nature, est un mobile. C'est exactement ça : elle attire à elle. Chacun a ses propres raisons d'y aller. La mienne est de tourner le dos à tout, de prendre de la distance. Je rejette le monde entier derrière moi. Je me déplace dans un espace vide et aussi dans un temps vide. Je vois comment était le monde sans nous, comment il sera après. Un endroit qui n'aura pas besoin qu'on le laisse en paix. (p. 20)”

J'achève ce “billet”… par cet extrait explicitant au plus près le noyau de cette narration:

« Tu sais qu'on m'accuse d'avoir poussé dans le vide du haut d'un sentier un camarade de nos vieilles luttes politiques, devenu ensuite un délateur. A l'époque, nous étions amis. On dit amis pour la vie, mais cette expression ne lui suffisait pas, car la vie est imprévisible. Il disait que nous étions amis par le sang. Mais nous n'avons pas fait le pacte en nous entaillant la paume de la main et en mêlant nos deux sangs. Il me l'a demandé, mais je n'ai pas voulu. Ce geste aurait exclu les autres camarades.
Dans ces années agitées, l'amitié était un échange d'aide, en sachant qu'elle serait immédiate et sans explications. On était unis par une volonté commune.
Nous nous étions coupés de nos familles à l'arrachée (...) Nous pratiquions une autre appartenance. L'amitié remplaçait l'affection familiale en faisant de l'autre un frère, un père, un fils. « (p. 99)

Restent un vrai suspens, une attente d'une réponse…Mais cela c'est une autre histoire qui peut laisser sur une sorte d'inachevé ou de frustration… mais la progression du récit est telle que la réponse, au final, n'est plus l'urgence première… ! Un très , très fort moment de lecture et de réflexion, à la lumière de cette histoire-fable !


Commenter  J’apprécie          8512
J'ai découvert Erri de Luca il y a plusieurs décennies, à travers un petit livre peu connu, « Première heure », dans lequel l'auteur revient sur sa lecture quotidienne de la Bible en hébreu ancien. « Tous les matins, la tête vide et lente, j'accueille les paroles sacrées. » Agnostique, Erri de Luca extrait de ses lectures matinales son interprétation toute personnelle du texte « originel » et offre au lecteur son « exégèse », marquée par une fraîcheur étonnante, de textes bien connus de l'ancien Testament, tels que « David et Goliath » ou « Samson et Dalila ».

En poursuivant ma découverte de l'oeuvre prolifique de l'auteur italien, j'ai saisi que celle-ci creusait deux sillons en parallèle. le premier sillon que l'on peut qualifier de mystique, explore le texte hébreu de l'ancien Testament et nous en propose l'interprétation originale et inspirée de l'auteur au travers de plusieurs recueils dont les plus saillants sont « Première heure » et « Noyau d'olive ». le second sillon nous propose une oeuvre romanesque plus classique, dont les thèmes de prédilection sont l'amour indéfectible d'Erri de Luca pour la montagne que « Le poids du papillon » nous restitue avec une grâce touchante, ainsi que l'engagement politique qui marqua ses années de jeunesse, un thème exploré dans un roman inoubliable, sans doute son chef d'oeuvre, « Trois chevaux ».

Paru en 2019, « Impossible » est la dernière publication de l'auteur, alpiniste chevronné, et se présente sous la forme d'un roman au sens classique du terme, même si un lecteur assidu perçoit ici et là l'influence des lectures « bibliques » de l'auteur, notamment lors des digressions philosophiques dont il est friand.

Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme, le narrateur, donne l'alerte. Les deux hommes faisaient partie du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, au cours des « années de plomb ». le premier a livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Il a ainsi échappé à la prison, contrairement à ses camarades, dont le narrateur, qui ont purgé de lourdes peines. S'agit-t-il d'une « impossible » coïncidence ou d'un crime ? Au travers de l'interrogatoire du narrateur par un juge qui a la moitié de son âge, « Impossible » explore les thèmes chers à Erri de Luca.

Le roman alterne les passages où le narrateur est longuement interrogé par un juge d'instruction, qui estime que l'hypothèse d'une simple coïncidence est « impossible » et place l'alpiniste en détention, avec les lettres d'amour aussi introspectives que touchantes, que celui-ci adresse à sa bien-aimée depuis la prison, où il séjourne le temps que la vérité sur l'étrange accident du traître soit établie.

Lors des premiers interrogatoires, le jeune juge tente d'établir, de la manière la plus précise, le déroulé des faits. On comprend que le narrateur (qui n'est jamais nommé autrement que par la simple lettre R.) est un alpiniste expérimenté qui effectuait une marche ardue dans les Alpes italiennes lorsqu'il a aperçu au loin un homme qui empruntait le même sentier que lui, avec plusieurs heures d'avance. L'homme accélère et le héros le perd de vue. Il le voit à nouveau deux heures plus tard, marchant craintivement le long d'un passage difficile, appelé vire. Lorsqu'il emprunte lui-même la vire, il aperçoit les signes d'un éboulement récent, ainsi que des vêtements indiquant qu'un corps est tombé au fond de la crevasse créée par l'éboulement. Il appelle immédiatement les secours, reste sur place pour indiquer à l'hélicoptère la position exacte du drame et rebrousse chemin.

A son retour, il est immédiatement convoqué par la justice. le juge estime que le caractère fortuit de l'histoire racontée par le héros est plus qu'improbable. La seule explication est selon lui, un meurtre prémédité, maquillé en coïncidence ou éventuellement la survenue d'une bagarre tragique entre les deux anciens amis.

Le narrateur endure son nouvel emprisonnement avec stoïcisme et ne change pas son récit d'un iota, malgré l'insistance du juge, qui tente désespérément de lui faire avouer le meurtre de celui qui a autrefois trahi ses camarades, pour préserver sa liberté, quitte à perdre son honneur. Il a décidé d'assurer lui-même sa défense et refuse toute coopération avec l'avocat commis d'office nommé par le ministère public.
« A mon âge, la prison prive de peu. Une peine appropriée serait de retirer les montagnes de mon passé, de les effacer de mes mains, de ma respiration. Mais elles sont en sécurité dans la soute de mes sens. Votre pouvoir sur moi se limite au petit présent ».

« Impossible » est un roman où la tension va crescendo, le juge se montre particulièrement insistant lors des longs interrogatoires qu'il inflige à son prisonnier qui est prêt à aller jusqu'au procès. La structure narrative du livre interrompt à intervalles réguliers cette tension, en nous proposant les longues missives que le narrateur adresse à celle qu'il nomme « ammoremio ». Ces lettres reviennent sur son amour indéfectible pour la montagne ainsi que sur les fameuses « années de plomb » auxquelles il a participé activement, une participation qu'il paiera au prix fort, celui de longues années de réclusion.

« Impossible » est roman à la construction habile, dont l'enjeu dépasse la disparition d'un homme dans une crevasse alpine. le tour de force de l'auteur réside dans cette faculté à construire un récit haletant, qui se dévore tel un roman policier, tout en creusant une nouvelle fois le sillon des thèmes qui lui sont chers : l'immanence et la beauté de la montagne, les failles de la justice des hommes, la trahison qui voit le traître renier avant tout ses propres convictions, le sens de l'honneur, l'engagement, la profondeur de l'amitié qui unit des « camarades » engagés pour une cause qui transcende leur lien, et l'amour aussi.
Commenter  J’apprécie          7527


critiques presse (8)
LaCroix
17 novembre 2020
Erri De Luca raconte le face-à-face entre un juge et un vieux montagnard. Un récit singulier et magistral.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LesInrocks
17 novembre 2020
Sur fond d’accident de montagne, un ancien militant d’extrême gauche affronte un jeune magistrat.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Actualitte
28 septembre 2020
Une joute où la force et l'ascendant ne seront pourtant pas l'apanage de l'accusateur vis-à-vis de l'accusé, pas plus que de la jeunesse sur l'âge mûr. Tous les engagements d'Erri de Luca sont le ferment de ce duel oratoire entre les deux personnages : la montagne, le militantisme, l'écriture,...
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
24 septembre 2020
L'écrivain italien signe un roman désillusionné mais jamais amer.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
24 septembre 2020
Un concentré serré, façon expresso italien, de tout ce qui nourrit la vie et l'œuvre du romancier italien depuis ses débuts.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
21 septembre 2020
Avec Impossible, court roman aussi épuré que dense, l'auteur de Montedidio traite, à travers le dialogue entre un vieux combattant de la lutte armée et un jeune magistrat, de justice et de morale, de vengeance et de pardon.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
16 septembre 2020
L’écrivain italien livre un roman cinglant, sec, où se retrouvent les thèmes qui hantent toute son œuvre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
24 août 2020
Superbe nouveau livre d'Erri De Luca qui évoque la lutte nécessaire, la fraternité et sa passion pour la montagne.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (275) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais qu’on m’accuse d’avoir poussé dans le vide du haut d’un sentier un camarade de nos vieilles luttes politiques, devenues ensuite un délateur. A l’époque, nous étions amis. On doit amis pour la vie, mais cette expression ne lui suffisait pas, car la vie est imprévisible. Il disait que nous étions amis par le sang. Mais nous n’avons pas fait le pacte en nous entaillant la paume de la main et en mêlant nos deux sangs. Il me l’a demandé, mais je n’ai pas voulu. Ce geste aurait exclu les autres camarades.
Dans ces années agitées, l’amitié était un échange d’aide, en sachant qu’elle serait immédiate et sans explications. On était unis par une volonté commune.
Nous nous étions coupés de nos familles à l’arrachée, en renonçant, et en la reniant aussi, à la vie domestique. Nous pratiquions une autre appartenance. L’amitié remplaçait l’affection familiale en faisant de l’autre un frère, un père, un fils.
Commenter  J’apprécie          220
impossible c'est la définition d'un évènement jusqu'au moment où il se produit. Vous aurez beau mettre tous les zéros que vous voulez, la statistique et vous ne pouvez nier les coïncidences. Elles existent en dépit des zéros.
Quantités de découvertes en ont été la conséquence, et aussi quantité de désastres. Une personne passe sur un pont au moment où il s'écroule. Tant d'autres y sont passées juste avant.
Les coïncidences sont une constante, elles n'ont rien de rare.
Commenter  J’apprécie          300
... j’aime cette langue italienne, ses précisions qui protègent des falsifications. La langue est un système d’échange comme la monnaie. La loi punit ceux qui impriment de faux billets, mais elle laisse courir ceux qui écoulent des mots erronés. Moi, je protège la langue que j’utilise.
Commenter  J’apprécie          460
J'avais déjà été amoureux avant de te connaître, mais jamais longtemps. Je cessais de l'être aux premières contradictions.
Avec toi, j'ai appris qui maintient sa prise et sa durée au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu'à les aimer aussi. C'est l'amour pour ton air contrarié, les explosions et le retour des sourires ensuite.
C'est comme en montagne, toutes les expressions me plaisent, même la pluie, la saucée prise en grimpant qui ne refroidit pas le corps et n'a pas besoin d'abri.
Aussi ai-je décidé que ma définition du mot "amour" était ; "toi".
Commenter  J’apprécie          210
Je lui ai parlé du sentiment de la fraternité. Elle est avec la liberté et l'égalité dans la devise de la Révolution française, mais elle est différente. On se bat pour obtenir ou pour défendre une liberté, une égalité. Pour la fraternité, on ne peut pas.

La fraternité est un sentiment politique par excellence. Elle n'exclue personne. Un manifeste du peuple kurde dit que la victoire ne dépend pas du nombre d'ennemis tués, mais du nombre de ceux qui se sont ralliés. L'ennemi peut aussi faire partie de la fraternité.

Le communisme est une fraternité. Quand il la perd, il cesse immédiatement et se change en hiérarchies et en nouveaux privilèges.
(P 160-161)
Commenter  J’apprécie          160

Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature italienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (2450) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
825 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..